Mon regard s'attarde un instant sur la jeune femme qui se dirige vers moi, son chien dans les bras. Je me faisais la réflexion que, longtemps, la particularité créé par sa couleur de cheveux avait dû pousser les gens à l’étiqueter, instinctivement. Elle était La Rouse. Elle n'avait rien à craindre de ce point de vue là au sein de Fake Lover : on avait des roux à ne plus savoir qu'en faire. Mais elle était devenue La Femme au Chien. J'aurais presque envie de lui demander si ce n'est pas gavant, d'être sans cesse rattachée à un petit animal, aussi mignon qu'il soit, mais je réalise que c'est finalement faire comme tout le monde, d'une certaine manière. À la place, je préfère concentrer mon attention sur le paysage, à l'instar de ma camarade. « C'est magnifique. À couper le souffle. » je confirme doucement, respectueusement. C'est que ça m'impressionne un peu. Je n'ai pas le droit à ce genre de vue, en Alabama. Et je ne fais pas parti de ces chanceux qui ont bien roulé leur bosse au travers des états-unis, se régalant les mirettes comme c'est pas permis. « Je vois ce que tu veux dire. Moi je me sens infiniment petit. Ça me remet à ma place, et je me dis que mes soucis ne sont pas si importants. » Et que la vérité est ailleurs, ce genre de banalités... Mais elles ont beau être banales, ces réflexions, je les aime bien quand même. « Enchanté de te rencontrer Elin, moi c'est Errol. » je lui réponds, un sourire amical aux lèvres. Je ne me sentais pas nécessairement en phase avec tous les candidats, ici, mais à priori celle-ci me faisait une bonne impression. Il ne me suffisait après tout de pas grand chose, et je me sentais à l'aise en sa compagnie. « J'ai envie de te poser des questions banales, je peux ? Tu sais, genre "Que viens-tu faire dans cette aventure ?" etc. ? » je demande, spontanément. Bien sûr, c'est le genre de choses qu'on répète mille fois en arrivant ici. Mais ça me semble important et, là, d'un coup, je me sens d'humeur curieuse.