+ adnan

Ah, les poils. J’étais malheureusement bien souvent confronté à eux à cause de mes origines espagnoles. Alors autant dire que je n’étais pas trop gâté de ce côté là. Je n’étais pas chubaka, non, loin de là, on ne pouvait même pas me qualifier de particulièrement poilu. J’étais juste… quelqu’un qui n’était pas imberbe, voilà. Je ne savais même pas trop comment le définir moi-même, à vrai dire. Quoi qu’il en soit, même si j’étais loin de ressembler à un ours, cela ne m’empêchait pas de m’épiler régulièrement le torse. Comme aujourd’hui, pour la première fois dans l’aventure. Je n’avais certes pas grand chose, et pourtant je me retrouvais là, dans la salle de bain, avec une bande de cire collé à mon pectoral droit. Et je m’observais dans le miroir, me demandant si j’aurai le courage de l’enlever un jour ou l’autre. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée d’avoir fait ça sans avoir la motivation et le courage d’enlever soi-même la bande. Pourtant, je prends une grande inspiration, prêt à tirer sur la bande d’un coup sec, mais à ce moment là quelqu’un fait son entrée dans la salle de bain, et j’en perds aussitôt le courage que je venais d’accumuler. Mon regard se pose un instant sur Adnan sans avoir aucune honte de me présenter devant lui de la sorte. Oui, je m’épilais le torse, et alors ? «  T’es un homme, un vrai, n’est-ce pas ? » Je lui demande, sans attendre pour réponse un « non ». Evidemment que c’était un vrai homme. «  Alors tu vas tirer d’un seul coup sur la bande, même si je te supplie de ne pas le faire, d’accord ? » Je lui demande, même si ça ressemble plus à une obligation qu’à une demande, pour le coup. Non parce que sinon, je sentais que j’allais rester comme ça toute la soirée. Et j’avais clairement mieux à faire, moi.

Un bon petit footing plus tard, et voilà que je transpirais de tous mes pores. Rohlala, c'est qu'en plus je m'étais perdu dans la forêt en revenant, ça n'avait pas été franchement amusant. De toute façon, j'aurais du savoir qu'il ne fallait pas que je m'aventure hors des sentiers, parce que c'était forcément ce qui allait arriver. J'étais nul, voilà. Nul, nul, nul, et encore une fois, je le payais de mon temps. Et puis de mes forces aussi, puisque j'avais l'impression d'être totalement vidé. Et ce qui devait être une petite demi heure de footing s'était prolongée d'une bonne heure. Ahlala, pauvre moi. Du coup, je comptais bien prendre ma douche et ce sans que personne ne vienne m'interrompre. Traversant le nid, je m'essuyais le front en passant le pallier de la salle de bain, mon tee shirt collant à moitié contre mon corps tandis que Lou se postait devant moi avec... une bande pour s'épiler collée sur le torse ? Oh non, je ne la sentais pas sa question d'un coup là. Il voulait sérieusement que je tire là dessus ? « Erk, même pas en rêve ! » Faut pas exagérer non plus, j'étais peut-être quelqu'un de serviable, et plutôt sympa, mais toute sympathie avait ses limites, et non, je ne comptais pas m'occuper des poils du garçon, nous n'étions pas aussi intimes. « T'es un grand garçon, tu peux bien le faire tout seul non ? » lui dis-je sans une seule once de pitié, comme un gamin de cinq ans lâcherait à un adulte juste pour faire plus grand qu'il ne l'est réellement. Abandonnant mon tee shirt ainsi que mon short, je restais en boxer, passant sous le jet d'eau qui me donnait l'impression de revivre, mes épaules se détendant peu à peu. « Ou demande à ta partenaire, elle a l'air d'être prête à tout pour tes beaux yeux. » m'amusais-je en me souvenant des images que j'avais pu voir au prime et de ce que j'avais pu entendre à leur sujet.

Il était certain que je ne comptais pas l'aider avec sa bandelettes, oh ça non, c'était même sacrément étrange de me demander un truc pareil lorsqu'on savait que l'on ne se connaissait au final pas tant que ça. C'était plutôt quelque chose que l'on demandait à quelqu'un que l'on fréquentait régulièrement et qui était habitué à avoir affaire à "notre côté sombre". Oui bon, ça n'était peut-être pas très sympa de son point de vu, mais je vous assure que du bien, ça l'était carrément. Il inventait même une histoire de maladie, et un léger sourire amusé était venu étirer de mes lèvres. « Fallait y penser avant de le faire alors, parce que là, t'es dans un sacré pétrin. » me moquais-je après m'être débarrassé de mes vêtements pour me rendre sous la douche. L'eau chaude me faisait toujours un bien fou, je ne saurais trop vous dire pourquoi mais ça avait tendance à me relaxer un maximum. Je lui dis donc qu'il peut toujours aller demander à sa partenaire, vu qu'elle a l'air de le suivre comme un brave petit toutou, ce à quoi il me répond qu'elle est complètement dingue de lui. Ah ça, on l'avait tous remarqué je crois bien. « La paauvre... » bon, il allait sérieusement falloir que j'arrête de taquiner ce pauvre Lou. Mais en même temps c'était plus que tentant, et puis je ne savais trop pourquoi, mais j'étais d'humeur à jouer. Le beau brun me demanda par la suite sur qui je souhaitais jeter mon dévolu... C'est à dire ? Il parlait du fait d'être avec quelqu'un ? C'est vrai que plus le jeu avancé, et plus les relations s'affinaient, et que les candidats commençaient à se fréquenter quelque peu différemment. Il n'y avait qu'à voir Auguste et Aaron. Et puis je crois que ce dernier avait tenté quelque chose avec le jeune homme ici présent. « Sur toi, évidemment. » dis-je en haussant les épaules, plus pour me laisser le temps de réfléchir à la question qu'autre chose. « Non, à vrai dire, je ne sais pas... J'aimerais bien... Tu sais, trouver la bonne personne mais... Enfin, je risque de la décevoir plus tard, me connaissant, alors il vaut mieux que je reste tout seul. » Pourtant j'étais un grand romantique, le genre de garçon à aimer les trucs clichés comme les diners aux chandelles, et tout ce qui touchait un peu trop au feu de l'amour.