Ghika a toujours eu des goûts assez variés en matière de nourriture, il aime tout ou presque. Le café fait partir des rares choses qu'il n'aime pas. Il déteste le goût mais il en adore l'odeur. Heureusement pour lui d'ailleurs, car dans le nid, la machine à café marche quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Par mimétisme et par esprit d'intégration il s'est mis à boire de l'or noir. Un café buvable pour Ghika, c'est une dose de décaféiné -excité comme il l'est en permanence, il n'a pas besoin de la caféine pour le maintenir éveillé- une dose de lait de soja et une dose de crème légère. Le résultat est une substance tout à fait agréable aux arômes légers de café sans en avoir l'amertume. A huit heures le matin les gens dormaient, hier trois personnes avaient quitté l'aventure. Aucun de ses proches camarades, mais des membres de leur groupe quand même. Au final Ghika pensait que ce serait plus dur que ça ne l'était vraiment. Il a passé des semaines à étudier le sentiment d'appartenance à un groupe et le processus d'identification à l'ensemble de la communauté avant de venir dans Fake Lover, juste pour être sûr de comprendre ce qu'il allait expérimenter. Et il se retrouve maintenant confronté à un tout autre sentiment. Il appartient au groupe sans aucun doute, mais il n'est pas concerné par le sort de près d'un tiers d'entre eux. Perdu dans ses pensées matinales, il n'a pas entendu Pia arriver dans la cuisine. C'est quand il se retourne qu'il l'a voit. « Oh god. Pia ! » s'écrie-t-il pris par surprise. « T'es bien matinale ! T'as pas réussi à dormir ? » lui demande-t-il conscient que la veille a été une soirée importante pour elle et qu'elle a dû sortir du prime à la fois vidée mais aussi débordante d'énergie. « Un café ? » lui propose-t-il en appuyant déjà sur la machine pour lancer une tasse. Pia et Auguste sont autant accros l'un que l'autre à cette boisson, alors cette question était plutôt rhétorique, il s'assoit à table, en attendant que Pia le rejoigne pour un petit-déjeuner entre roux.

Elle a eu du mal à s'endormir, Pia. Le flot d'émotions qui l'avait submergée hier à la manière d'un tsunami ne l'avait quitté que vers une heure du matin et elle n'avait finalement eu que peu de répits puisqu'elle s'était réveillée à sept heure et demi, chose tout à fait improbable pour elle qui hibernait plus qu'elle ne dormait de manière générale. Elle avait décidé de rester un peu au lit, écoutant la respiration régulière de son partenaire qu'elle avait eu la chance de ne pas devoir quitter hier, puis était allé prendre une douche à ce moment de la journée où personne d'autre ne serait là pour la presser. Ayant enfin retrouvé face humaine, elle se dirige maintenant vers la cuisine dans le but de prendre le premier café d'une longue série, en tant que caféïnomane attitrée de la saison, titre qu'elle partage un peu avec Auguste parce qu'elle est généreuse la rouquine. Elle est surprise de voir que quelqu'un est déjà debout mais son visage s'éclaire lorsqu'elle comprend que c'est Ghika. « Salut doc. » Une pointe d'ironie. Inutile de préciser qu'elle aime bien les running gag. « Pas vraiment non. Le stress du prime, tout ça.. Mais toi ? Auguste t'a poussé du lit ? ». Elle avait peine à croire qu'on puisse volontairement se réveiller aussi tôt, mais peut-être que c'était le cas de Ghika ? Un grand sourire se colle à ses lèvres lorsqu'il lui propose le café. « Tu me prends par les sentiments là. ». Elle vient se poser sur le tabouret à côté du sien et s'étire longuement avant de reprendre ; « On s'est pas beaucoup vu la semaine dernière, t'avais disparu ? Ou tu t'étais caché dans le placard à balais avec Auguste.. ». Pour compter les produits ménagers, s'entend.

Il aime bien qu'elle continue à l'appeler Doc, ça lui donne un aperçu de ce que pourrait être sa vie un jour, dans un univers idéal. Leur première rencontre a été plutôt romanesque, un roman comique à l'évidence, digne d'une vraie comédie romantique, la romance à moins. Il lui sourit en sirotant sa tasse de latte, avant de le jeter dans l'évier. Il a pas vraiment envie de se forcer, un Chaï latte sera plus apprécié à cette heure de la journée, à n'importe quelle heure de la journée en réalité. « Je suis pas un gros dormeur, puis j'aime bien être seul le matin, ça me donne l'impression d'être chez moi, pas en colocation avec une trentaine de personnes. » lui répond-il tout sourire, même s'il commence à saturer un peu que tout le monde ramène son existence à Auguste. C'est pas comme s'il était le plus discret des deux dans le couple, c'est à Auguste qu'on devrait parler de lui en permanence, qu'on l'évoque à chaque conversation commence à être usant. « Non, le placard à balais je le réserve à Lou, il manie le manche avec une dextérité impressionnante. » blague-t-il en se remémorant sa rencontre hasardeuse avec le beau partenaire de Tilda dans ledit placard. Bien sûr à la façon dont il le dit, il laisse passer l'impression que c'était une rencontre un peu plus sensuelle que ça ne l'avait été. Mais ça l'amuse, alors pourquoi pas ? C'est pas comme si ça allait revenir aux oreilles de Lou et puis même si ça le faisait... Ghika s'en moque. « Mais c'est vrai que la semaine dernière a été plutôt... intense, niveau relations humaines. » admet-il. Il a passé une bonne partie de la seconde semaine à rencontrer les gens avec qui il n'avait pas eu l'occasion de parler durant la première. Maintenant, après deux semaines, il estime qu'il a rencontré assez de monde pour se permettre de choisir avec qui il a envie de passer du temps.

Ça l'étonne de l'entendre dire qu'il aime bien avoir l'impression d'être le seul ici, parce que Ghika c'est un peu le genre de type que tout le monde aime et qu'on a envie d'aimer, qui donne l'impression d'être entouré en permanence et d'adorer ça. Mais d'un autre côté, elle le comprend. Même pour elle, vivre entourée d'une foule de personnes qui semblent tourner autour de toi en permanence ça a un côté pesant. « Je viens briser ta solitude alors. J'espère que tu ne m'en veux pas. ». Elle sourit en coin. Être avec les autres ce n'est pas comme être avec lui. Il est une des personnes du nid qu'elle pourrait supporter même à trois heure du matin et mal grès son seuil de tolérance-bonne humeur élevé, il y en a peu. Lui, c'est différent. C'est une de ses premières rencontres de l'émission, on peut même dire qu'il lui a été d'une importance vital. Il est drôle et il l'a aidé à tenir le coup durant le premier prime. Rien que pour ça elle est capable de lui montrer ses dents alors qu'on est à peine le matin et qu'elle n'a pas bu son café. Elle rit même à sa blague connotée à propos de Lou et d'un manche à balai. C'est pas spécialement fin mais il n'est que huit heure et elle n'a pas besoin d'un humour sophistiqué pour se faire les abdos à cette heure là. Jamais, d'ailleurs. Elle l'écoute avec intérêt lorsqu'il lui explique que la semaine passée a été plutôt intense d'un point de vue relationnel. « T'as fait de bonne rencontres, à part celle d'un beau brun dans un placard à balai ? Ou tu t'es rendu compte que certains candidats méritaient qu'on laisse tomber par erreur du poil à gratter dans leurs sous-vêtements. ». Il n'y a pas de vengeance plus savoureuse à infliger aux têtes de con. « Oublie pas mon café hein. ». Elle garde les pieds sur terre, quand même. Chose promise chose due.

Elle sait bien qu'il n'est pas dérangé par sa présence. Ghika n'est jamais dérangé par la présence de personne, ou presque. Mais Pia ne fait pas partie de la liste des « presque », depuis leur première rencontre il la considère comme une personne agréable et digne de son attention. « Juste un peu... » taquine-t-il en retirant sa tasse de la machine, frôlant de se brûler. L'odeur âpre de café noir lui fait chavirer les narines. Il sirote une gorgée de son Chaï Latte pour nettoyer et éliminer de son système la présence indésirée du café. Ouh la perfide ! Elle montre son visage de vengeresse à peine masquée derrière un visage poupon. Ghike serait presque impressionné s'il n'avait pas un minimum de compassion pour les victimes imaginaires des représailles de Pia. C'est quand même pas tous les jours qu'il entend quelqu'un avoir des plans aussi diaboliques pour les parties intimes de ses congénères. « Je ne souhaiterais pas le poil à gratter dans le boxer à mon pire ennemi ! Je ne suis pas aussi cruel que ça. Mais je commence à voir qui sont les gens avec qui je vais réussir à m'entendre et les autres. Et toi ? » répond-il du tac-o-tac. Elle fait partie de la bonne liste, ceux avec qui il a envie d'avancer. L'autre liste... elle est pleine des cadavres à venir des candidats qu'il souhaite voir éliminés. Ce n'est pas de la méchanceté, c'est du pragmatisme, dans le but de remplir les objectifs qu'il s'est fixés, Ghika doit absolument rester encore quelques semaines dans le nid. Après ça, son secret, sa présence, n'auront plus d'importances. Il aura atteint la ligne d'arrivée. Gagner ? Bien sûr ce serait un plus, même arriver en finale, repartir avec les honneurs. Mais son objectif premier n'est pas celui-là, ça, évidemment, personne ne peut le comprendre. Ils sont tous là pour gagner. « Madame est servie ! » lui dit-il tout sourire en lui tendant la tasse brûlante et en se rasseyant en face d'elle. Il fait glisser le sucrier vers elle, bien qu'il doute qu'elle s'en serve. Les accros de la caféine ont tendance à boire leur nectar pur. « J'avoue que je ne comprends pas votre amour du café, c'est beaucoup trop amer à mon goût. » commente-t-il toutefois.