J'ai décidé de profiter des rayons du soleil pour aller me balader en forêt. C'est un passe-temps que j'apprécie toujours, un moyen de décompresser et de se vider la tête sans pour autant faire du sport. C'est également un bon moyen pour respirer l'air frais et pour ne pas rester enfermée entre quatre murs en attendant que le temps passe. C'est seule que je décide de m'y rendre, sans pour autant me dire que je le resterai forcément puisqu'ici, on croise toujours quelqu'un. C'est ça que j'aime dans ce genre d'émission, la vie en collectivité est ce que je préfère. Et en parlant de collectivité, je viens de voir une candidate, une rousse, qui a exactement la même activité que moi. Joueuse, je me cache derrière un arbre avant de siffler. Juste pour qu'elle se retourne, juste pour voir ce qu'elle va faire. Sauf que je ne siffle pas assez fort et que mon plan échoue lourdement. Nul. Je ne sais pas trop quoi faire et me contente de ramasser quelque chose au sol, quelque chose que je lance de toutes mes forces pour le faire ricocher sur un arbre à proximité de la candidate. J'espère que cela marchera cette fois, histoire de se divertir un petit peu. J'espère cependant ne pas lui faire peur et ne pas la laisser croire que je suis une imbécile. hum.

Il est quatorze heure et Pia se traîne la même face que lors des jours de forte grippe ou de lendemain de soirée difficile. Pas étonnant étant donné que son partenaire a eu la gentillesse de la réveiller à quatre heure du matin. Bon, il ne l'a pas fait exprès, mais le résultat est le même et il se caractérise par des valises qui traînent sous ses yeux, lourdant ses paupières au point qu'elle peine à les garder ouvertes. Déréglez son horloge interne et son monde est bouleversé. Elle décide d'aller prendre l'air un peu, dans l'espoir naïf de se remettre les idées en place même si elle sait pertinemment que seule une sieste de douze heures pourrait parvenir à bout de son mal. Ses pas la guident machinalement vers la forêt, suivant le sentier avec soin parce qu'elle serait bien incapable de faire l'effort d'éviter la moindre racine et alors la chute lui paraîtrait même agréable puisqu'elle lui permettrait de dormir paisiblement. Elle déambule donc, la démarche un peu hésitante, quand soudain l'improbable se produit. Un caillou lui arrive en plein visage. « Aïe ! ». Elle couine, plaintive, tournant la tête de tous les côtés pour voir qui lui a jeté ce projectile sans réussir à apercevoir ne serait-ce que l'ombre d'une silhouette. « On ne lapide plus les roux, de nos jours. Promis, je n'ai pas pactisé avec le diable, alors arrête de me jeter des cailloux ! ». Sa voix traîne, dramatique. Pour un peu elle en pleurerait. Le monde entier en veut à sa tranquillité aujourd'hui.

J'observe la scène avec attention et remarque que le caillou ne finit pas exactement sa course là où je m'y attendais. Il a bien percuté l'arbre comme cela était prévu dans mon plan mais il a finit sa course sur la tête de la candidate et je me sens fautive maintenant. Honteuse même. J'ose à peine relever la tête. Puis, sous les plaintes de la candidate je me dénonce. Faisant un pas, je la laisse finalement apercevoir ma silhouette et je quitte l'arbre. Je me mords la lèvre inférieur, me gratte nerveusement la tête. «C'est de ma faute. Pardon.» Je suis morte de honte et mon regard tourné vers le sol. «C'était pas ce que je voulais faire... Je ... J'ai vraiment rien contre les roux, je promets.» Je me mords nerveusement la lèvre inférieure et décide de me rapprocher de Pia. Les quelques mètres qui nous sépare sont vite effacés. «Tu penses que tu peu me pardonner ? » C'est officiel, je ne jouerai plus avec des cailloux. Je suis beaucoup trop maladroite. Pourtant quand on y pense, même au paintball j'avais pas réussit à faire un headshot. Cupipi, tu peux me rajouter des points ? Hum.

Elle se frotte le crâne à deux mains, à peine dans l'exagération. Étant donné l'état de fatigue dans lequel elle se trouve on peut lui pardonner d'être dans l'excès, elle est complètement incapable de doser ses réactions. Son regard balaye les arbres et buissons, cherchant le coupable pour peut-être lui faire ravaler son caillou, tiens. Ce serait bien fait. Elle laisse son attention traîner sur le sol à la recherche du dit galet. Elle redresse la tête brusquement lorsqu'elle l'entend parler. Ses yeux se figent sur la jolie brune qui vient de s'excuser. Elle a l'air tellement gênée qu'elle n'a pas le courage de lui en vouloir d'avantage. « C'est contre moi que tu en as personnellement alors ? ». Elle tente, un léger sourire en coin sur ses lèvres pour lui montrer qu'elle plaisante, quoi que son ton oscille entre le sérieux et l'humour histoire de faire douter la demoiselle, juste pour s'amuser. Et puis qui sait, peut être qu'elle lui en veut réellement ? C'est vrai qu'elle a fini le café ce matin, mais bon, elle est pardonnable, elle en avait besoin. Et puis parfois elle passe une heure sous la douche et il lui arrive de chanter alors elle peut avoir importuné la petite dame. « Je sais pas si je peux te pardonner.. ». Elle laisse le suspens, le regard rieur. « C'est d'accord, si tu me chantes une chanson. ». Aucune raison valable à cela. Elle a juste l'intime conviction que la brune chante très bien, et elle adore jouer à Pia a dit. Et mieux vaut ne pas la contrarier lorsque son quota sommeil se compte sur les doigts d'une main.