Il m'arrive certains soirs de ne pas avoir envie de dormir, de ne pas avoir envie de rejoindre le monde des songes. Certains soirs, je m'accroche obstinément à la réalité et je refuse de me laisser emporter ailleurs. Ce soir est l'une de ces soirs. Je suis accoudée au balcon depuis une vingtaine de minutes, je laisse une cigarette se consumer doucement entre mes doigts sans que je ne la porte à mes lèvres. Je l'ai allumé sans pour autant en avoir réellement envie. Juste comme ça, pour la sentir entre mes doigts, pour accompagner ma solitude d'un peu de lumière. Mon regard se perd dans l'horizon, mes pensées se perdent ailleurs. Errol doit certainement déjà dormir, je n'ai pas envie de le réveiller, je n'ai pas envie de le déranger en le rejoignant si tardivement et c'est pour cela que je reste là. Je ne fais rien de spécial, je laisse simplement passer le temps. Jusqu'à ce que la brise se lève et me pousse à aller chercher une veste. Abandonnant ma cigarette, l'écrasant dans l'un des cendriers, je rejoins rapidement le dressing pour m'emparer d'une veste. J'sais pas trop à qui elle appartient mais elle fera l'affaire. Je me sens déjà un peu réchauffée. Je prends la décision de retourner sur le balcon. Balcon qui n'est plus aussi désert qu'à mon départ puisqu'un candidat s'y trouve. Silencieusement, sur la pointe des pieds, je me rapproche de ce dernier après avoir refermé la porte derrière moi. J'ai essayé de ne pas faire de bruit et il semblerait que cela ait fonctionné puisqu'il ne s'est même pas retournée. Victorieuse, je me place dans son dos pour placer mes deux mains sur ses yeux «C'est quiiiiiiiiiii ? » que je chantonne aussitôt, sur la pointe des pieds pour parvenir à atteindre la hauteur de Lou.

Impossible de dormir, je pense trop. Beaucoup trop. Mes pensées me ramènent à ma petite fille, et puis sa peste de mère… Ça me hante un peu, si bien que je n’arrête pas de me tourner et de me retourner dans mon lit, tandis que Tilda dort à point fermé. C’est au bout d’un long moment que je décide que ça ne pouvait plus durer ainsi. Je connaissais les nuits comme ça. C’était les nuits où je ne dormirai que deux, ou trois heures, tout au plus. Tout ça parce que mon esprit était trop occupé à penser à mon enfant. Ce qu’elle serait en train de faire, ce qu’elle pourrait me dire… Je l’imagine me sourire. En me levant de mon lit, vêtu seulement d’un tee-shirt et d’un caleçon, je me dirige instinctivement vers le balcon, histoire de respirer un peu d’air frais. J’en avais besoin. Même si en cet instant j’avais plus besoin d’un somnifère qu’autre chose. Qu’importe. Je m’accoude contre le balcon, le regard sur l’horizon, plutôt rêveur. Sauf que quelque chose, ou plutôt quelqu’un, me sort de mes pensées. Je sens des mains froides sur mes yeux, et une voix cristalline qui me fait sourire. Au moins, ça avait le don de me faire oublier ce à quoi je ne voulais pas penser. «  Hm.. Je sais pas… je dirais Percy ? » Comme si Percy pourrait faire un truc pareil. Evidemment que j'ai reconnu la voix d’Elsa les petits bras, si bien que je pose ma main sur les siennes pour les enlever, souriant, avant de me retourner. «  Oh non… Je suis déçu. Moi je voulais Percy. » Je prends une fausse mine boudeur, comme si je m’attendais à quelqu’un d’autre. Alors qu’en fait, pas du tout.

Positionnée dans le dos de Lou, mes mains sur ses yeux, j'attends simplement que celui-ci se décide à devenir mon identité. Je me dis que c'est assez facile parce que j'ai une voix assez reconnaissable quand même. Enfin, j'espère qu'il me reconnaîtra. Ce qui n'arrive pas. Plutôt que de citer mon joli prénom, il cite celui de Percy. «Percy ! T'es sérieux ?» commençais-je avec un air faussement outrée, me doutant bien que lou faisait certainement ça pour me taquiner. La bouche arrondie comme si une poule avait pondu dedans, je joue l'offusquée. «J'suis quand même plus charmante que Percy. Puis ma voix est mille fois mieux que la sienne, tu me déçois.» C'est de la comédie bien entendu, je ne pense pas réellement toutes mes paroles. Sauf peut-être pour le côté plus charmante que Percy, ça c'est vrai. Normal quoi. Je m'offusque presque une fois de plus, lorsqu'il ajoute qu'il aurait préféré que ce soit Percy à ma place alors qu'il vient de retirer mes mains de ses yeux pour se retourner. Il me regarde et je sais qu'il n'est pas sincère, il ne peut pas préférer Percy ! C'est vraiment pas possible. Surtout quand on sait qu'il l'a nominé lors de la première semaine de jeu.  «Arrête tes conneries ! On sait tous que c'est moi ta préférée.» que je lui lance alors. Puis je rajoute  «Enfin, après Tilda. Sinon elle va me faire la guerre.» mon rire éclate alors sur le balcon, résonnant bruyamment.  «Qu'est-ce que tu fais encore debout à cette heure Lou ?

Evidemment que je reconnais la voix d’Elsa malgré sa main sur mes yeux. Ce n’était pas comme si elle m’avait bouché les oreilles, non plus. Et comme elle était une des candidates que je côtoyais souvent ces dernières semaines, j’avais automatiquement appris à reconnaître le son de sa voix, qui était bien évidemment loin de ressembler à celle d’un homme malgré ce que je peux dire. Et sa réaction ne se fait pas attendre, ce qui me fait lâcher un léger rire. «  Quoi, ce n’est pas Percy ?! » que je dis sur un air beaucoup trop théâtrale pour qu’elle puisse me croire sincère. Et puis, j’étais bien content que ce soit elle et pas le dit Percy, justement. Je m’entendais beaucoup mieux avec Elsa, ça paraissait évident. «  Ah, plus charmante, ça, je ne sais pas trop… » Je dis avec ironie. Bien évidemment qu’elle était plus charmante. J’avais beau être attiré par les hommes et par les femmes, Percy ne correspondait tout simplement pas à mon type. Oh, je n’avais rien contre lui, vraiment pas, c’était juste que j’avais l’intuition que nous n’avions pas d’atomes crochus. Je me retournes alors afin de pouvoir poser mon regard sur la charmante Elsa. Et je ne peux pas m’empêcher de rire à ses paroles, particulièrement lorsqu’elle me parle de Tilda. «  Plus aucun candidat ne veut m’approcher parce qu’ils ont peur d’elle. » Je dis alors comme si j’étais une pauvre victime, alors que ce n’était pas vraiment le cas. «  C’est vrai que tu es ma préférée, mais chut, il ne faut le dire à personne ! » je dis d’une voix plus basse alors en posant mon index sur mes propres lèvres, alors qu’un sourire amusé éblouit mon visage. Et puis à sa question, j’hausse les épaules. Pourquoi est-ce que j’étais debout ? Il y avait tout pleins de raisons. «  Je n’arrive pas à dormir… ma fille me manque. » Je lui confie alors, en soupirant un peu. «  Et toi ? »

Lou se joue un peu de moi, il essaie de me faire croire que je suis Percy. Enfin, il n'essaie même pas, il a juste envie de me taquiner un peu. J'en ai bien conscience et c'est pour cette raison que je ne vexe absolument pas lorsque il s'étonne du fait que je ne sois pas Percy. Je ne me vexe pas non plus lorsqu'il annonce que je suis moins charmante que percy ou alors qu'il l'est plus que moi, ça dépend de quel côté l'on se positionne. «Tu dis ça pour m'embêté» Je lui lance une légère tape sur l'épaule, un geste spontané que j'ai l'habitude de faire lorsque je me trouve avec mes amis et qu'ils cherchent à m'embêter. Cela montre certainement que je considère Lou de cette façon, comme un ami. Me plaçant à ses côtés, je m'accoude sur le balcon pour regarder la nature qui se dresse devant moi. Une nature qui me ferait presque oublier que je me trouve dans un jeu de télé-réalité. «J'ai peur qu'elle me morde, elle est sauvage.» Mes paroles ne sont pas du tout vraies, tout le monde s'en rend bien compte. Je ne connais pas tellement Tilda, je ne sais pas vraiment comment elle est. Je me contente simplement de faire des commentaires qui n'ont ni queue, ni tête. «Enfin, y a des mecs qui aiment ça, les filles sauvages.» Je lui adresse un clin d'oeil qui sous-entend beaucoup de choses. Mais c'est une réalité de ce monde, les hommes sont généralement bien plus attirés par les femmes que je caractérise comme tigresses que par les filles un peu trop sage, une image qui me correspond bien plus que celle de la tigresse. Il se rapproche et baisse d'un ton tandis qu'il m'annonce que je suis sa préférée. «Ça tombe bien alors parce que je t'aime bien aussi » bah oui, on s'entend plutôt bien tous les deux depuis que nous sommes entrés dans ce jeu. Puis, surprise, je lui ai demandé ce qu'il fait encore debout et il me répond qu'il s'ennuie de sa fille. Il a une fille Lou ? «Je savais pas que tu avais une fille...» Je me sens soudainement moins seule et j'ai enfin trouvé quelqu'un qui pourrait me comprendre. «Elle s'appelle comment et elle a quel âge ?.» Et c'est à moi de répondre étant donné qu'il me retourne la question. «Des tas de pensées qui me hantent. Mais on a un autre point commun, une grosse partie de mes pensées étaient destinées à ma fille..»

Adnan, Elsa… Tout le monde me parlait de ma partenaire. À croire qu’elle me volait réellement la vedette. J’en serai presque jaloux. En tout cas, je ris lorsqu’elle parle d’elle comme une sauvage. J’étais presque certain qu’elle pouvait l’être, en plus, sauvage. Tilda avait sûrement été une lionne dans une autre vie. «  J’espèce que tu es vaccinée contre la rage. » Je lui dis, comparant indirectement Tilda a un animal. Who cares ? Et j’arque un sourcil à son clin d’oeil, alors qu’elle dit très clairement que j’aimais bien Tilda parce qu’elle était sauvage. «  Ca dépend, quand même. » Je dis tout simplement, parce que bon il y avait des limites tout de même. Même si je n’étais pas forcément plus attiré par tel ou tel type de femme. Mais qu’importe, ce n’était pas important. Pourquoi parler de Tilda, j’étais tellement plus intéressant ! «  Tant mieux alors » je dis en souriant, alors qu’elle venait de dire qu’elle m’aimait bien. C’était réciproque, ça tombait bien. Et puis sans vraiment savoir pourquoi, je lui confie que ma fille me manque. Je sais que je ne devrais pas. Je ne devrais pas dire ce genre de choses, pas à voix haute, mais je ne peux pas m’en empêcher. Il est tard, je suis fatigué, et les mots sortent sans prévenir d’entre mes lèvres. C’était peut-être étonnant, mais oui j’avais une fille. Si bien que j’hoche la tête en regardant l’horizon lorsqu’elle me dit qu’elle ne savait pas que j’avais un enfant. «  Cecilia, elle a 3 ans. » je dis en souriant tristement. Un prénom espagnol, évidemment. Ce n’était pas comme si j’avais eu un mot à dire sur le choix, hm. Et je tourne alors la tête lorsqu’elle annonce à son tour qu’elle avait une petite fille, elle aussi. Et je ne peux pas m’empêcher de froncer un instant les sourcils en observant Elsa. Elle avait l’air aussi jeune… Je n’étais même pas sûr qu’elle ait plus de la vingtaine. «  On est debout pour la même chose alors. » Je fais remarquer en souriant légèrement, sans savoir s’il y avait de quoi sourire, finalement. «  Et toi, elle s’appelle comment et elle a quelle âge ? » Je ne peux pas m’empêcher de lui demander, curieux.

Evidemment, il me fût impossible de ne pas rire lorsqu'il fit référence à sa partenaire en parlant d'elle comme un animal. L'image qui me passait par la tête à ce moment-là était tout simplement priceless puisque j'imaginais la tête de Tilda sur le petit corps de Milou. J'eu du mal à contrôler mon rire durant un moment dont je n'arrive pas à déterminer la durée. Un moment sans doute suffisamment long pour que Lou se demande ce qu'il m'arrive. «Si tu savais ... Mon dieu, si tu savais l'image que j'ai en tête.» Mes épaules se secouent au même rythme que mon rire que je ne parviens toujours pas à stopper clairement. Il faut que je le lui dise, il faut que je partage cela avec lui. . «Je...imagine la tête de tilda sur le corps de milou. Mon dieu.» Mes pensées sont vraiment trop absurdes parfois. Mon rire se calme peu à peu, mes épaules arrêtent de valser et je récupère le souffle que je perdais petit à petit à cause de ce rire incessant. Je me reconcentre sur les paroles de Lou qui m'annonce que tous les hommes ne recherchent pas forcément une tigresse. Oui, d'accord, tous les hommes ne sont pas forcément comme ça mais moi, j'aime faire des stéréotypes. Je sais que ça n'est pas correct mais j'aime coller des étiquettes sur les gens, j'aime me faire de fausses idées et m'en amuser. Souvent, cela n'a rien de très sérieux. Je ne prends pas grand chose au sérieux à vrai dire. Et comme nous nous apprécions tous les deux, j'en profite pour faire un pas vers lui. «Est-ce que je peux te faire un câlin alors ? » Il n'y a aucune raison qu'il ne dise non alors je lui laisse pas vraiment le temps de répondre avant de laisser mes bras contourner son corps musclé, ma tête suit le mouvement et se colle à son épaule. J'ai besoin d'affection et je suppose que lui aussi puisqu'il m'annonce qu'il pense à sa fille, qu'elle lui manque. Une chose que nous avons en commun. Lys n'est jamais très loin, elle est toujours présente dans mon esprit et à chaque fois que je ferme les yeux, c'est elle que je vois. Son visage, son sourire, ses yeux bleus et ses boucles brunes qui dansent autour de son minois, je les connais tous par coeur. «Cecilia, c'est joli. » est la réponse que je lui donne lorsqu'il m'annonce qu'il s'agit du prénom de sa petite fille et qu'elle a trois ans. «T'es plus avec sa maman ? » Je pense que non, sinon elle ne serait absolument pas ravie de voir ce qu'il se passe ici. De voir ou d'entendre puisque nous ne sommes pas certains de ce qu'il s'est passé dans la loveroom avec Sacha. Et puis il me retournait cette question. «Elle s'appelle Amalys mais je l'appelle Lys la plupart du temps. Elle a cinq ans et demi, presque six et c'est sans aucun doute l'amour de ma vie. » Ha et hum, il serait peut-être temps que je lâche mon emprise non ?

Elsa éclate de rire à mes paroles. Vraiment. Je savais que j’étais drôle, mais pas à ce point tout de même. Peut-être que j’avais sous-estimé mes talents d’humoriste, dans ce cas. Enfin, je ne me fais pas trop d’idée, je me rends bien compte qu’elle ne rit pas comme ça forcément à cause de ce que j’ai dit. Alors bien évidemment, ça me rend curieux. J’ai envie de savoir ce qu’elle a dans la tête. Qui ne voudrait pas, après tout ? Et puis à ses paroles, c’est à mon tour d’éclater de rire. Tilda sur le corps de Milou. J’ai l’image en tête, et il faut dire que c’est assez traumatisant. Mais extrêmement drôle en même temps. «  Je ne la verrai plus jamais de la même façon. » Je dis alors que je me calme un peu. De toute façon, c’était déjà fait. Avec l’annonce à la fin du dernier prime, je m’étais surpris à éviter peu à peu la présence de ma partenaire. Peut-être que j’étais désormais trop gêné d’être avec elle, mais j’avais aussi surtout peur. C’était peut-être idiot, mais j’avais la certitude d’être dangereux pour elle. Et finalement la jolie Elsa demande si elle peut me faire un câlin. Je n’ai pas vraiment le temps de répondre qu’elle passe ses bras autour de moi, alors je fais de même, afin de la serrer contre moi. Je crois que c’est ce dont j’avais besoin, au fond. Juste un câlin. Je souris à son commentaire sur le prénom de ma fille, mais je ne rajoute rien, préférant rester silencieux à son sujet en cet instant. «  Oh, non. Depuis longtemps. Elle était une sorte de Tilda en un milliard de fois pire, tu vois le genre ? » Bon, pas comme la vraie Tilda. Je parlais de l’image que les gens se faisaient de Tilda, c’est à dire la femme jalouse et possessive. Et mon ex était l’incarnation même de ces deux défauts, et ça m’avait rendu trop dingue. Je n’étais pas tellement fier de moi de l’avoir trompé, mais je n’avais pas vraiment eu le choix. Bref. Elle m’annonce elle a une fille de 5 ans, bientôt 6. «  Tu dois drôlement lui manquer. » Je dis, supposant qu’elle habitait avec. Moi, je ne la voyais jamais, alors au final ça ne changeait pas grand chose. «  Tu l’as eu à quel âge ? » J’ose lui demander, parce que oui, ça me trottait encore dans la tête le fait qu’elle soit aussi jeune avec une fille aussi « vieille ». Et pendant ce temps, je ne me rends même pas compte que j’ai toujours mes bras autour d’elle.