Mes prunelles curieuses finissent par capter la présence de Mallaury, il passe non loin de moi sans me voir. Il est sérieux ou comment ça se passe ? Je suis presque vexée pour le coup. J'envisage un instant de faire demi-tour, mais je me demande ce qui peut-être plus important que moi dans l'instant. Si bien que je finis par le suivre, sans aucune gène, ni remord, je suis très très très bien. Je finis par pousser discrètement la porte de la salle de surveillance, apparemment, je suis réellement invisible pour lui, je suis dans même à deux doigts de m'offusquer là ! Si bien que je croise mes bras sur ma poitrine, mon pieds tapotant légèrement le sol en attendant que monsieur daigne bien me remarquer. Ça risque d'être long. Ha non ! Enfiiin ! « Présente ! » je claironne avant de m'approcher de lui. Il a toujours la manie de m'apostropher quand je suis, comme s'il voulait vraiment vérifier que je suis bien là. Non non, tu ne rêves pas (ou cauchemardes pas, au choix), je suis bien là.  Il tente de se justifier comme il peut, je secoue la tête de droit à gauche. « Quelles idées ? » je fais mine de ne pas comprendre, en affichant un air innocent sur mon minois, en me tournant vers lui. « Mais tu sais, ce n'est pas grave, je t'accepte comme tu es, va » je fais mine de lâcher, avec un vague geste de la main, je suis grand seigneur ! « Bon alors, tu regardes qui ? » je lui demande du bout des lèvres. « Ou devrais-je dire observer, voire même espionner ... » je continue en faisant exprès d'utiliser des termes de plus en plus fort. Pour attendre le verbe suprême. « ou mater ? »  je lâche en feignant un air outré, fronçant mes sourcils avant que mes lèvres ne s’entrouvrent en un parfait 'o'. « Quand même pas Mallaury ?   » je demande en ronronnant, comme si l'idée était crédible, une seule seconde. Franchement, ça ne colle pas du tout avec la personne de Mallaury. Je m'approche de l'ordinateur qu'il venait juste de délaisser à cause de ma présence, et je lui jette un simple regard de biais. C'est bien les images en direct de la salle de musique, non ? Ou je rêve ?

Mallaury panique, ou presque, je peux le sentir. Juste pour une histoire de vidéo. Il s'inquiète du fait que je puisse le voir comme un pervers ? Parce que ce n'est pas le cas. Je reste debout, face à lui, qui s'agite un peu, se vexant parfois, si bien que cela me fait rouler les billes. Pourquoi qui je le prends ? « Pour Mallaury » je réponds, ingénue, comme si je ne comprenais pas sa question, faisant ainsi honneur aux nombreuses blagues sur ma couleur platine. Il continue à vouloir se justifier, alors que j'espère qu'il sait que je le crois. « Tu sais très bien que je ne le pense pas » je ronronne alors quand il s'offusque, je finis par tirer une chaise, grimaçant lorsque ses pieds raclent bruyamment le sol. Je lui adresse un sourire contrit. Je finis par poser mon fessier dessus en l'observant. Mallaury tente une énième fois de m'expliquer la situation, mais au pire, ce n'est pas la mort non ? Je ne comprends pas trop son comportement stressé pour rien. Je finis par pousser un léger soupir agacé par la tournure de choses, si bien, que je vais rapidement y mettre fin. Et après on pourra tout reprendre à zéro, même la scène, je rentre et il est super content de mon arrivée ! Voilà comment ça devrait se passer normalement. Bref. « Bon Mallaury, on ne va pas épiloguer dessus pendant deux heures non ? » je finis par lui demander de ma voix fluette, sans filtre, cash, vrillant mes prunelles claires aux siennes, en haussant les épaules face à son regard. La preuve, l'importance que j'avais accordé à l'écran n'avait pas dépassé la seconde. « On a mieux à faire» je lui dis en le regardant. Non ? Il continue dans je-ne-sais-quel délire. Il me questionne, qui est sorti de la salle de surveillance ? Il pense que j'ai attendu des heures devant la porte ou comment ça se passe. « Si quelqu'un était sorti, tu l'aurais vu aussi, j'étais juste derrière-toi » je déclare parce que c'est lui que j'avais suivi, tout simplement. Je m’assois en tailleur sur la chaise, les talons sous mes fesses. « Pourquoi ? Tu imagines quoi ? » je finis par lui demander, mais cela ne veut pas dire que je cautionne son délire parano et de persécution. Ce n'est qu'un ordinateur qu'on a simplement mal fermé, je me demande où peut bien être le mal ! Il est quand même un peu grave.

Pourquoi j'en suis persuadée ? C'est une bonne question. « Parce que tu es comme ça, tu as déjà du mal à parler aux autres alors ton coeur ne pourra supporter le fait d'espionner alors que tout le monde entrer dans la pièce et te surprendre » je réponds, je ne suis pas sûre que mon argument soit réellement valable. Mais tant pis, je n'ai rien d'autres en stock. J'ai l'intime conviction que Mallaury n'a rien d'un voyeur, il s'excuse déjà d'exister alors il serait bien trop gêné de s’immiscer perfidement dans la vie des autres. Je crois à mon raisonnement. Le candidat ignore ce que je peux penser de lui. « Que du positif » je raccourcis alors, pour faire court. Je ne pense pas que l'on peut faire plus court, plus concis et plus  clair. « Je ne suis pas sûre que cela soit réellement important » j'esquisse alors de ma voix fluette. Il s'excuse mais cela ne l'empêche pas de continuer son délire parano. Je rêve  J'hallucine ! Il faut vraiment qu'il se stoppe maintenant, c'est presque gonflant. « Non, aucune » je réponds simplement, docile. Pas d'autres sorties à ma connaissance. Il commence à me narrer un scénario de film tout en incrustant le prénom de Percy dans la discussion. Comment ça ? « Mais tu m'avais dis qu'il ne te calculait plus ? » je l'interroge en fronçant les sourcils en évoquant notre dernière discussion, quand il me parlait du fait que les deux candidats n'avaient pas du tout accroché au dernier prime. De toute façon, je suis en générale la dernière au courant. « Sans vouloir te vexer ... » je commence alors délicatement, en étirant un mince sourire sur mes lèvres rosées. « Je pense qu'il a un peu mieux à faire » je continue. J'observe pour l'une des premières fois de l'aventure les sourcils de Mallaury se froncer et je ne suis pas sûre que cela soit bon signe. Alors, patiemment, j'attends ma sentence. Je pousse un bref soupir. « Je n'ai plus le droit de t'observer ? » je lui demande en feignant de m'étonner, de m'offusquer, parce que je crois que faire l'idiote, c'est bien plus reposant. Si je le prends pour un fou, à bien y réfléchir ... « Ce n'est pas le cas ? » je plaisante alors en esquissant un sourire. Enfin, cette fois, il serait peut-être capable de mal le prendre encore une fois. « Bon et si tu te calmais, pour commencer »  je lui propose en lui lançant un regard interrogateur parce que sur le coup, cela me semble une bonne idée. « Je ne sais pas, prends une chaise, mais arrête de rester debout, tu me stresses maintenant » je lui dis, j'ai l'impression de voir un lion en cage. Enfin plutôt une peluche de lion en cage, ou un chaton. Mais il est suffisamment agité pour me troubler.

Je lui expose ma théorie, il semble adhérer, de toute façon, on s'en fout. Je lui fais savoir que je ne pense que du bien de lui, sauf quand il nous fait sa crise de parano, là, dans ce cas, je ne suis pas sûre de pouvoir dire la même chose. Il prend la peine de dire que c'est réciproque. « Oh mais je sais » je réponds sans que cela passe pour de la prétention mais cela me paraît évident. Sinon il ne chercherait pas ma compagnie et préférerait fuir la salle or ce n'est pas le cas. « Arrête de te prendre la tête Mallaury» je lâche presque agacée par le fait qu'il insiste encore une fois, il met même Percy en doute. Ce n'est pas possible ! J'esquisse un vague geste de la main pour exprimer mon ressenti.  « C'est vraiment gonflant » je finis par expirer alors, en doucement avant qu'il ne continue. Il finit par insinuer que ça ne tourne pas rond dans son crâne, je prends plaisir à ne pas le contredire, je l'avoue, en gros chieuse que je suis.  « Ne t'inquiète pas, je t'internerais quand il faudra» je lui annonce avec un battement de cil insolent. Selon Mallaury, je reste assez calme, c'est vrai, c'est un peu la seule chose sensée qu'il me sort depuis un moment. « C'est parce que je ne suis pas complètement agacée par ta personne, j'imagine » je souffle alors un brin amusée en le regardant en espérant non plus qu'il ne le prenne pas mal. J'ai l'impression que nous ne sommes pas raccord aujourd'hui, on n'est pas du tout sur la même longueur d'onde. C'est d'ailleurs très étrange et dommage. Je le regarde, en espérant qu'il ne gaspille pas le reste de ma patience parce que c'est pour bientôt là. Je déplie mes jambes pour les croiser alors que mes prunelles ne s'accrochent à mon visage. « Oui » je lui réponds alors avec un léger sourire parce que j'espère qu'il ne s'attendait pas à une réponse comme "non, ce n'est rien que pour toi" parce que ce n'est pas du tout le cas. Il en faut vraiment beaucoup pour que je sois à bout, mais il est vrai que son agitation me tape sur les nerfs. « Bon, tu venais pour faire quoi, à la base ? » je m'informe simplement en arquant un sourcil avant de rapprocher ma chaise, avec habilité, de la sienne. Vu qu'apparemment ce n'était pas pour espionner les autres ...