“ laughter lines ”

w/clémentine

De toutes les choses que ne maîtrisait pas Percy, le tact était certainement l'une des plus handicapantes, du moins au sein de ce jeu, parce qu'autant à l'extérieur il n'était pas souvent confronté aux états d'âmes de ses semblables, autant ici il était plus souvent placé face à ceux de ses camarades qu'il le voudrait bien, parce que l'enfermement avait cette tendance à intensifier les choses, à les faire apparaître aux yeux de chacun comme des situations insurmontables, et ça n'était pas évident à vivre pour quelqu'un comme lui qui, globalement, savait se désintéresser de tout ce que les autres pouvaient prendre à cœur. C'est pour ça qu'il ne savait jamais comment réagir face à une détresse manifeste, qu'il n'avait jamais ni les bons mots, ni les bons gestes pour apaiser, tranquilliser. Et c'est assurément pour ça qu'il se retrouvait maintenant comme un con, après avoir cherché Clémentine à travers tout le nid, sans même avoir eu la prétention de penser qu'il saurait lui changer les idées après le départ d'Hadrien - tout le monde avait de toute façon déjà du s'employer à lui tenir gentiment la main - parce qu'il ne pouvait pas être certain que le ton doucement sarcastique qu'il pensait lui réserver serait de bon goût, même s'il était généralement toujours prêt à prendre ce genre de risques. Ainsi se glissa-t-il derrière elle alors qu'elle semblait affairée à ranger quelques affaires, et vint-il bientôt souffler, d'une voix faussement désolée, quelques mots à son oreille. « Tu sais, Hadrien m'a demandé de prendre soin de toi dans l'hypothèse où il ne pourrait plus le faire directement. » On pourrait presque trouver ça glauque, la façon qu'il avait de le dire, mais c'était assurément sa façon à lui de lui rappeler qu'il était justement toujours de ce monde, des fois que certains aient eu la main un peu trop lourde niveau réconfort et aient fait plus de dégâts qu'autre chose. « Tu me connais, j'étais évidemment gêné qu'il me le demande, mais j'ai fini par accepter. Et à présent, je compte prendre mon rôle très à cœur. » Évidemment, il n'y avait jamais eu le moindre échange de ce type entre les deux anciens partenaires, mais quitte à risquer de mettre les pieds dans le plat, autant essayer de tirer avantage de la situation. D'ailleurs, sa main n'avait pas mis longtemps à se placer sur l'épaule de la blonde, dans un geste entièrement désintéressé bien sûr.

Je range mon dressing, essayant de trier les fringues d'Hadrien, les survivantes, qui se mélangent aux miennes. Je les plie pour les mettre de côté. La voix de Percy sonne près de mon oreille. Je sursaute, prise de court. Je fais mine de l'écouter lorsqu'un Sa main se pose carrément sur mon épaule, surprise du contact, je pivote sensiblement la tête avant que mes grands yeux ne l'observent. J'attends une chute, une suite, ou n'importe, que je puisse rebondir. « Ça me parait peu crédible » je ne peux m'empêcher de penser à voix haute. Tout d'abord parce qu'Hadrien me l'aurait dis, et puis une seconde, peut-on l'imaginer me confier consciemment à un gars comme Percy ? Il se serait plus tourné vers Mallaury je pense. Cette solution me plait plus, déjà. « Tu ne sais pas ce que tu as loupé pendant le prime » je commence alors parce que je préfère changer de sujet, complètement. Je tente de me raccrocher aux branches, un sujet qui pourrait simplement éveiller sa curiosité, titiller ses sens pour qu'il me lâche avec son ancien partenaire. « Concernant Elsa » je balance parce que je suis à peu près sûre que capter sa petite et si précieuse attention. J'hausse les épaules, détachée, avec qu'un fin sourire taquin se fraye un chemin sur mon chemin. « Reste à voir ce que tu pourrais mettre pour obtenir cette information » je lâche de ma voix de gamine avant de lui tourner le dos pour faire mine de finir de ranger mon dressing, consciencieuse que je suis. Je suis ouverte à toute négociation, parce que j'ai un peu besoin d'un mini esclave, qui me fasse surtout la lessive. Et puis selon lui, il devrait prendre soin de moi, ne voit-il pas le poids de la tristesse sur mes épaules, la douleur dégoulinant de ma personne. Aller, un petit effort, Percy.

Percy était gonflé, ça n'était pas bien nouveau. Ainsi, prétendre qu'il s'était vu demander par son ancien partenaire de prendre soin d'une certaine blonde n'était qu'une preuve de plus qu'il avait au moins autant de culot que de prétention. Dans le fond, ça le faisait un peu chier de ne pas avoir eu l'occasion d'échanger quelques derniers mots avec Hadrien, mais là tout de suite il se devait de faire croire à Clémentine qu'il allait avoir une très bonne excuse pour la coller légèrement, dans les prochains jours, histoire qu'elle pense que tout ça avait été décidé le plus officiellement du monde, avec son cher Hadrien, et pour son bien.  L'anglais alla même jusqu'à prétendre qu'il avait été un peu gêné de se voir confier de pareilles responsabilités, mais qu'après s'être laissé convaincre, il avait décidé de prendre son rôle à cœur. Sauf que la blonde, apparemment pas si blonde que ça, sembla ne pas gober un seul mot de son petit baratin, l'amenant très vite à déchanter, mais à ne rien perdre de sa mine déterminée. « C'est vrai, parce qu'en fait il me l'a pas simplement demandé, il s'est carrément mis à genoux pour ... me supplier, hein, te méprends pas. » Ouais non parce qu'ils n'avaient jamais franchement franchi ce degré d'intimité, Hadrien et lui, même s'ils s'étaient toujours bien entendus. Clémentine attira en tout cas son attention au moment où elle laissa entendre qu'il avait raté quelque chose pendant le prime, parce que forcément il s'imaginait bien que certains trucs lui avaient échappé, mais le fait qu'elle évoque bientôt Elsa l'amena à se poser un certain nombre de questions. « Elle avait pas mis de culotte et elle a pas croisé les jambes de toute la soirée ? » qu'il fit spontanément, à la manière d'un petit obsédé, sans bien sûr imaginer qu'elle miserait autant sur le suspense s'il n'était question que de ça. Non, elle avait plutôt l'air de détenir une information suffisamment précieuse pour supposer qu'elle intéresserait l'anglais, vu qu'elle sembla même disposée à marchander avec lui. « Je me propose de venir te border tous les soirs » qu'il suggéra, l'air convaincu, pensant peut être que n'importe quelle fille sauterait sur l'occasion. En vérité, il n'était pas encore tout à fait certain de vouloir connaitre une information dont il ne pouvait pas précisément estimer la valeur. Si ça se trouve, la blonde bluffait.

Il espère que je vais réellement le croire en plus. J'étire un simple sourire moqueur lorsqu'il en rajoute une couche. N'importe quoi, il vient de perdre le peu de crédibilité que je lui donnais. « Menteur » je lâche alors sûre de moi parce que je sais qu'Hadrien a un minimum de fierté, le le connais par coeur, il ne faut pas non plus me prendre pour une blonde, une débile de premier ordre. Je finis par faire dévier la conversation sur Elsa, et parce que je sais qu'ils sont assez proches. Et d'ailleurs la rubrique d'Akela a dévoilé un moment d'intimité qu'ils avaient partagé tous les deux. Evidemment, ici, personne ne peut avoir un moment privilégié, soyons clair ! C'est la vie, tout simplement. J'attends que Percy devine ce qu'il a pu se passer. La proposition de Percy me fatigue. « Tu n'as pas une idée un peu plus évoluée ? » je finis mine de lui demander en soupirant légèrement. Percy et Isaac font bien la paire, ces deux pervers. Bref, autant lui dire qu'il a côté de la plaque. Je tente de négocier un peu, parce que je suis un peu en position de force. Pour une fois. Il veut venir me border, pardon ? Je le dévisage longuement. « Tu peux mieux faire » je lâche un brin boudeuse en roulant des yeux. « Je te rédige un contrat que tu signeras toute à l'heure va ! » je ronronne alors, de toute façon, selon lui, il a promis de prendre soin de moi. Et puis, je suis sensée lui inspirer compassion et pitié, comme ça, esseulée sans Hadrien. Cela devrait quand même pouvoir émouvoir un minimum Percy, je sais qu'il préfère prétendre avoir un coeur de pierre mais tout de même ! « Donc je te disais » je reprends d'un air un peu plus sérieux. « Il semblerait qu'Elsa commence à ressentir je-ne-sais-quoi pour toi » je lui dis alors en vrillant mes prunelles azurées aux siennes. Dans un sens, c'est une très mauvaise nouvelle pour moi. Parce qu'il va surement la refroidir ou la blesser, ça craint pour elle. J'ai envie de dire qu'elle est foutue, parce qu'elle n'a pas choisi le candidat le plus tendre.

Bon, apparemment, c'était mal parti pour que Clémentine gobe son histoire de demande, et ça ne l'arrangeait pas du tout, parce que l'anglais comptait dessus pour excuser le fait qu'il doive la coller. Peut être avait-il été un peu loin en prétendant qu'Hadrien s'était mis à genoux, oui, bon. Il se vit en tout cas traiter de menteur, et un soupire lui échappa. « Je me demande bien quel intérêt j'aurais à inventer tout ça. Je veux dire, c'est pas comme si j'avais une idée derrière la tête, ça se saurait si c'était mon genre. » Bah ouais, ça n'était pas comme si jouer les tacticiens pour se rapprocher d'une fille était habituel chez lui. Toujours est-il que la blonde attira hautement son attention lorsqu'elle laissa entendre qu'il avait loupé quelque chose durant le prime, quelque chose qui impliquait de près ou de loin Elsa, et qu'il aurait d'après elle assez envie de savoir pour marchander cette information. Visiblement, il ne devinerait pas tout seul de quoi il s'agit. « N'oublies pas à qui tu t'adresses » qu'il souffla à la réflexion de Clémentine, comme pour lui rappeler qu'il n'était après tout que ce crétin impliqué dans une compétition sordide qui consistait à noter les filles du nid. Beaucoup devaient maintenant le réduire à ça, alors bon. L'anglais se proposa en tout cas de la border toutes les nuits, mais semble-t-il que mademoiselle ne trouvait pas cette idée enthousiasmante. Elle parla alors d'un contrat, et il haussa les sourcils. « J'en lirai jusqu'à la dernière clause, des fois que tu cherches à me piéger. Je suis pas novice dans les affaires, faut que tu le saches. » Ouais parce que signer un contrat sans le lire, c'était l'erreur type du débutant. Lui, il se méfiait, car elle avait l'air de lâcher un peu vite l'affaire. Pour preuve, la blonde leva finalement le mystère quant à cette chose qui concernait Elsa et qu'il aurait apparemment envie de savoir. Sur le moment, ce qu'elle lui apprit le laissa perplexe. C'est qu'il n'était pas certain de savoir comment prendre ce qu'elle lui disait, parce que c'était relativement vague. « Un désir frénétique ? Ouais, je suis au courant, j'ai même encore des griffures dans le dos qui peuvent en témoigner. » Le fait qu'il ironise pouvait signifier qu'il n'était pas tout à fait à l'aise avec la façon dont tournait la conversation. Parce qu'à bien réfléchir, elle n'aurait pas laissé planer un tel suspense s'il n'était pas censé prendre ses propos très au sérieux, en l'occurrence ça voudrait dire qu'il était peut être question de quelque chose de problématique. « Bon. Est-ce que tu veux dire par là qu'elle est entrain de ... s'attacher ? » demanda-t-il alors, d'une voix relativement sobre. S'attacher, ça restait encore assez général, mais il y avait bien une façon dont elle pourrait s'attacher qui pourrait poser problème. « Qu'est-ce qu'elle a dit, exactement ? » Il ne savait pas dans quel contexte elle avait pu entendre parler de ça, donc si ça se trouve elle avait mal interprété certains propos de la brune. A noter qu'il ne mettait pas sa parole en doute, pensant qu'elle n'aurait aucun intérêt à lui faire perdre son temps avec ça.