~ TILDA

Le public m'avait sauvé. Onze pour cent. Je devrais être contente de cette petite réussite. Je le suis, mais mon engouement est gâché par le départ d'Auguste. Je m'étais levée d'un bon pied. Prête à redémarrer une semaine. A contenir mes sentiments, discuter avec Errol, Eryk et Auguste. Tout était préparé à l'avance pour que ces sept jours soient agréables. Mais le destin en a décidé autrement ou plutôt mon colocataire de chambre. Le fait qu'il abandonne le jeu m'agace, me fait mal au coeur. Je ne comprends pas et je déteste être dans cet état. Une petite pilule me ferait passer tout ça, mais j'ai tout fait pour ne plus y toucher. Je décide donc de retourner dans mon lit. Quoi que, lorsque je m'y retrouve devant, mon regard s'évade vers celui d'Auguste. Je me laisse diriger par mes pieds et vais m'enrouler dans sa couette. De toute façon il ne peut plus rien dire maintenant. Il y a encore quelques semaines je n'aurais pas été dans cet état, mais ce n'est plus la même chose, je dois affronter ces différents sentiments dont je n'ai pas l'habitude de ressentir. Qu'est-ce que cela peut-être fatiguant. Ma tête ressortant tout juste, je remarque que je ne suis pas la seule à me cacher sous le lit. J'aperçois une petite tête brune du côté de chez Tilda. Je crois bien même que c'est elle. Déprime-t-elle de nouveau? Je devrais me tenir un peu plus au courant des rumeurs de la maison. Pas que cela m'intéresse, mais au moins je pourrais connaître les causes des baisses de régime. "C'est à cause de l'autre débile ou.. fatigue?" Peut-être qu'après le prime, mademoiselle Tilda avait fait la fête, pour ma part j'étais bien contente que Jaheim s'en aille. Qu'Eryk et Auguste restent. Mais maintenant c'est le contraire... Jaheim est de retour et une certaine mauvaise humeur m'a envahi et n'est pas prête de s'en aller. Pas aujourd'hui. Je continue d'observer le lit de la candidate lorsque des souvenirs me reviennent, plus particulièrement un moment, une voix... celle d'Eryk. Tilda est enceiiiiiiiiiinte? Quel boulet. Je me relève alors, file en direction du lit de Tilda est m'installe sous la couette. "Sympa comme igloo." dis-je en esquissant un bref sourire. "Tu es vraiment enceinte?" Si c'est le cas alors une discussion va s'imposer. Une aide dont elle s'attend, mais alors pas du tout.

J'ai l'impression d'être de retour à la première semaine où le luxe de mon lit me tenait éveillé toute la nuit. Je le trouvais trop confortable et alors qu'il aurait du me faire sombrer dans un sommeil sans fin et bien je restais éveillé à compter les moutons. Cette semaine c'est un la même chose, sauf que la cause de mon éveil est bien différent. Il y a trop de choses qui se passent dans ma tête à l'heure actuelle, je ne sais même pas comment je fais pour pouvoir avoir des pensées structuré. Non clairement c'est tout simplement le chaos, même s'il y a une sorte de structure la dedans, tant que je ne me laisse pas submergé par toutes ces émotions contradictoire. Je n'ai pas encore pu me sentir heureuse à propos de tout ça. Et je ne sais pas si je le serais un jour. Pourtant je suis certaine d'avoir ce bébé, alors il serait peut être judicieux que je me mette un coup de pied au cul et que je commence à accepter tout ça. Sinon je vais vivre une mauvaise grossesse, alors qu'il paraît que c'est censé être un moment d'épanouissement personnel. Oh à mon avis c'est une blague, juste pour pas trop nous dissuader d'avoir des gosses. Parce que entre le poids que je prends à vive allure et les nausées, courbatures, fatigue, vitamine à prendre, les trucs que je peux pas manger... les odeurs qui me dérangent, les envies soudaine de dévorer un éléphant et le faite que je suis sans arrêt entrain de penser à des torses luisant et fesses rebondis... non je vois pas en quoi c'est un moment d'épanouissement. Quoique pour la partie sexuelle ça peut encore être un truc assez intéressant. Mon sommeil à été beaucoup trop court et parsemé, alors c'est avec une tête à faire peur que je m'éveille tout doucement vers les onze heure. Je voudrais juste me replonger dans le sommeil, mais maintenant que je sais qu'il n'y a personne pour réchauffer ces draps orientaux et bien je pense que c'est juste impossible. La voix d'Ana me parvient aux oreilles, alors que je frotte mon visage endormis et endoloris par les pensées qui se trimbalent dans ma tête. L'autre débile ? Ah oui lui. Ben dans un sens vu que c'est ma grossesse qui me tient éveillé et qu'il est le père y a quand même un peu de ça. « Les deux. » Je lui avoue alors en m'enfouissant encore plus sous les couvertures, comme une enfant qui ne souhaite pas se réveiller le matin pour aller à l'école. La petite ma rejoins dans mon igloo comme elle l'appelle. Et elle n'a pas tord parce que moi je grelotte sous ces couvertures. Et enfin elle aborde le sujet que tout le monde a à la bouche. Je commence à m'y faire, mais bon faut dire que m'associer à une grossesse ça me fout toujours autant de frissons dans le bas du dos. « Oui pourquoi tu connais un moyen de plus l'être sans passer par la case hôpital ? » Je lui demande pas vraiment sérieuse. Si vraiment j'avais voulu avorter, même si je dois avouer que l'idée s'était implanté dans mon esprit au tout départ, je ne serais plus là depuis longtemps.

Sa phrase me fait échapper un rire. Si seulement tout cela pouvait être plus simple. Ce serait tellement plus facile. Malheureusement c'est une épreuve comme une autre. Bonne ou mauvaise cela dépend notre état d'esprit. Nos conditions, nos modes de vie. "Non. Moi je l'ai gardé avant de le faire adopter à la naissance." dis-je tout simplement, dans une sincérité et nonchalance inquiétante. Mes mains se mettent à trembler. Peut-être parce que c'est bien la première fois que j'en parle. Que je le dévoile à une personne. Même le père n'est pas au courant. Tout est resté dans la confidence... jusqu'à maintenant. "Je comprends tes sentiments, enfin je crois les comprendre. Mais si tu as besoin de quelqu'un." dis-je sans terminer ma phrase. Je prends une petite inspiration, puis expire tout doucement. "Chaque choix que tu vas prendre va avoir des répercussions, des conséquences pour ta vie future. Je ne peux pas t'en conseiller un plus qu'un autre. Je ne te connais pas assez... et je ne sais pas si en ce moment même ma présence t'aides. Mais sache que dans tous les cas, c'est quelque chose qu'on n'oublie pas. J'ai réussi, pendant un temps à le rendre flou." Rien que de le dire me donne des frissons.Car ses mots ont un poids atrocement lourd et cruel. "Mais maintenant cela devient plus clair." dis-je en tapotant délicatement ma tempe. "Et ce n'est pas aussi simple." Oui. Non. Je ne regrette pas ma décision. Je n'aurais jamais été capable de le garder, de l'élever. Je ne pense pas être un jour capable d'être mère. "Le garçon dont je te parlais la semaine dernière.. C'est lui le père." Autant tout lui dire. Je lui dois bien ça, elle qui dans un sens vit ce que j'ai vécu il y a de ça quelques années. Même si je ne suis pas naïve et que nous n'avons pas le même âge, pas la même vie. Que nos chemins se sont croisés par hasard et qu'elle va certainement m'envoyer balader à la minute qui suit. Parce que cette discussion à des tendances à être trop sérieuse. "Ce que j'ai détesté lorsque j'ai appris que j'étais enceinte c'était le regard des autres." Farfouiller dans ma mémoire n'est pas une bonne idée, je le sais au plus profond de moi, mais je dois rajouter de la légèreté à mon discours. "Je n'ai jamais été une fille normale." dis-je en complétant ma phrase de guillemets. "J'étais la fille inaccessible et cette image, cette réputation me plaisait. Mais lorsque le lycée appris pour ma grossesse je suis très vite devenue un ventre. Qu'est-ce que ça pouvait être agaçant." Heureusement et pendant un court laps de temps j'avais eu le droit à un soutien. Mais très vite, comme un château de carte, tout s'effondra. Et moi... je ne pu que fuir l'Angleterre. "Si je te dis ça c'est parce que si ta envie, après ces petites confidences, je ne t'en reparle plus. Je fais comme si de rien. Ce qui se passe dans l'igloo reste dans l'igloo." Suis-je, malgré moi en train d'agir comme une amie?

Encore une fois elle tape dans le mile. Je dois dire que m'impressionne assez. Je m'étais faite une petite idée de sa personne, je pensais que c'était qu'une gamine étrange et pas toujours agréable. Et je m'en accommodais très bien d'ailleurs, c'est pas a qui me l'aurait fait fuir. Et puis je découvre une nana débrouillarde, courageuse et vraiment impressionnante. Je la trouve vraiment très intéressante. Et je dois dire que je n'aurais jamais pensé m'en faire une amie ou tout au moins une alliée. Et pourtant plus je passe du temps en la compagnie de la demoiselle et bien plus je l'apprécie. Comme beaucoup elle me demande si ma grossesse est réelle ou si c'est juste une blague stupide. Franchement même si c'est de mauvais goût j'aurais préféré que ce soit une blague, un canular. Et puis elle m'annonce qu'elle, elle l'a gardé avant de le faire adopté à la naissance. Je la regarde, les yeux ronds. Si je m'attendais à ça de sa part... non clairement pas. Elle ? Elle a eu un bébé ? Et puis il y a l'adoption aussi, je dois dire que j'y ai pensé, juste après avoir pensé à l'avortement. Mais finalement je crois que je suis juste pas assez forte pour faire un truc comme ça et puis j'ai tellement peur d'être pleine de regret et de remords après. De devenir une personne amer, distante avec le monde parce qu'elle a décidé de laisser son bébé à d'autres. Je ne crois pas avoir de bonnes raisons de le faire. A part la frousse et l'impression de pas être prête. Parce que j'ai de l'argent, j'ai des amis. J'ai l'impression d'être seule là dedans mais enfin de compte je pense que je pourrais trouver du soutien. Si je laissais mon bébé à l'adoption ce serait juste parce que je n'ai pas envie de perdre ma liberté. Ne serait-ce pas égoïste ? Je l'écoutes parlé, mais je dis rien. Stupéfaite de l'entendre dire une telle chose et puis aussi très surprise qu'elle se livre à moi avec autant de facilité. Elle va jusqu'à me révéler que le garçon dont elle me parlait était le père du bébé. J'ai l'impression qu'on est assez semblable elle et moi, sur nos expériences en tout cas. Sauf qu'elle était bien plus jeune que moi à l'heure actuel. Et pourtant je crois que tout ça c'est certainement pas une question d'âge. « Il est au courant? » Je murmure alors calquant son expérience avec la mienne. Parce que dans mon cas le père n'était pas au courant et ça se trouve que c'est toujours le cas il est bien trop occupé pour passer le temps à regarder une télé-réalité. D'ailleurs je suis même pas certaine que là où il est il capte la chaîne qui diffuse l'émission. Et encore une fois elle ajoute quelque chose qui pour moi est assez semblable. Je déteste la façon dont Lou m'a regardé quand je lui ai annoncé la nouvelle, je déteste les réactions dé-proportionné des gens face à quelque chose d'assez naturel qui en réalité ne regarde que moi. « T'étais au lycée ? » Je lui demande le cœur brisé quand elle m’annonce qu'elle se baladait dans les couloirs du lycée son ventre énorme attirant tous les regards. « Je veux pas devenir un ventre. » J'ajoute floue, émue, déconcerté, perdue. Ce qui reste dans l'igloo, reste dans l'igloo. Je souris, un sourire mélancolique. Sa petite révélation m'a juste chaviré le cœur. Moi qui est capable de regarder Titanic sans verser aucune larme. C'est peut être le mythe des hormones, cette excuse totalement misogyne que les hommes invente quand leur femme sur le point d'accoucher leur dise qu'ils ont une tête de gland. Moi je crois juste qu'elle dise simplement la vérité. « J'ai peur. » Alors je lui confie dans un souffle chevrotant. Comme ça restera dans l'igloo je peux bien le dire à voix haute. « Peur de pas être à la hauteur, peur d'être toute seule avec un monstre parce que beaucoup d'enfant deviennent des monstres. Peur de changer, de grossir, de ne plus être la fun Tilda qui sort avec ses copines. Peur de ne pas prendre la bonne décision. » La peur, elle paralyse et j'ai toujours évité que ça m'arrive. Je préfère la transformer en adrénaline alors que je grimpe un mur de roche sans aucune sécurité.

Je crois qu'aujourd'hui je suis las. Je devrais pourtant m'activer, ne pas trop m'étendre sur des sujets personnels... Pourtant, étonnamment je me sens protégée par cette couette, cet environnement qui dans un sens nous coupe de la réalité tout comme des caméras. Je me sens protégée, en confiance et écoutée. J'ai une véritable discussion avec une authentique personne. Je me sens capable de lui apporter de l'aide. Qu'importe la décision qu'elle va prendre par la suite, qu'importe l'avis qu'elle peut porter sur l'abandon que je viens d'avouer. Je décide de la soutenir. "Il est au courant de la grossesse... Nos chemins se sont séparés par la suite." En soit le fait de ne plus le voir ne m'avait pas spécialement attristée à l'époque. J'étais trop énervée pour laisser place à un autre sentiment. "Je l'ai re-croisé quelques temps après. Un an ou deux." C'est encore flou. Ma fierté ayant pris le dessus, tout comme une certaine froideur... j'ai commis ce qu'on peut appeler une erreur. D'autres l'intitulerait l'envisagerait comme irréparable. Pour ma part je trouve que ce fut bien mérité au vu de ses actes. Maintenant, avec du recul, je pense que je dois réparer ça et d'une quelconque manière. "Je lui ai dit que j'avais avorté. Je ne voulais pas lui donner ce plaisir... Je ne voulais pas lui montrer que j'avais été faible." Parce que maintenant c'est ce que je ressens. Je n'ai jamais ressenti avoir abandonné mon enfant, je n'ai jamais pensé au fait que c'était le mien et que je devais l'élever. Je lui ai offert un bon foyer. Je le sais. Car tant bien même je ne voulais pas recevoir de nouvelles, la mère adoptive en a décidé autrement. Elle m'a recherché, puis trouvé. Je lui ai fermé les portes dans un premier temps. Mais, juste avant de rentrer dans le jeu, j'ai pris la décision de la contacter. "Tout à fait, ce n'était pas très drôle comme année. C'est pour ça que j'ai décidé de partir au bout d'un moment." Pas que les regards des autres me gênait. Je n'y avais tout bonnement plus ma place. Le fait qu'elle m'annonce qu'elle ne veut pas devenir un ventre, comme moi j'ai pu l'être me rassure. Je lui attrape alors la main et la regarde bien fixement dans les yeux. "Tu ne le seras pas. Je le sens." Je l'écoute attentivement se dévoiler. Prends note de chacun de ses mots. Je ne pensais pas m'entendre de nouveau avec une personne au sein du nid. Pas après Auguste. "C'est normal de ressentir ça, d'avoir des peurs. De penser héberger le diable en personne juste ici." dis-je en détachant ma main de la sienne et en tendant le doigt juste sur son ventre. "Mais tout va bien se passer. évidemment ta vie va prendre un tournant qui n'était pas dans tes plans. Mais c'est comme ça qu'est la vie. C'est une multitudes d'imprévus, bons et mauvais." Pour ma part ils ont plutôt été intense. "Qu'importe ta décision, tu changeras oui. Mais cela ne va pas t'empêcher de t'amuser, car c'est ta nature." et je le ressens. Je ne dis pas que je suis doté d'un sens spécial qui me permet de le capter. Mais je suis mon instinct, qui ne me trompe pas généralement.