good night good morning (le 25/02, à 10h30)

ft. mickey

Nuit courte, très courte. Voila ce qui expliquait le rude silence entre les candidats et Nadan ce matin. Un peu grognon et encore dans le pâté, l'anglais n'avait tout simplement pas envie de décrocher un mot, ayant encore la fin du prime en travers de la gorge. Non pas sa nomination, c'était le jeu après tout et il y aurait bien un moment où il se serait encore retrouvé sur la sellette, mais bien sûr l'histoire avec Bob et compagnie. Bref, pour ne pas rendre son humeur encore plus massacrante qu'elle ne semblait l'être, Nadan tenta de ne pas y repenser, se concentrant sur son thé qu'il s'était soigneusement préparé. Ce matin pas de café, étrangement (alors qu'il en aurait bien besoin). Mais une envie de thé, et de renouer avec des souvenirs bien à lui. Quand sa tante faisait le thé par exemple. Avec le temps, il avait perdu cette habitude d'en boire, alors qu'il aimait ça. Mais caféine oblige, il s'était empêtré de cette mauvaise addiction, délestant ainsi le thé pour de bon. Et ce matin, quel plaisir de le retrouver pour se réveiller.

Assis à table, savourant silencieusement son petit-déjeuner presque uniquement composé de ce qu'il avait dans sa tasse, Nadan remarqua à peine l'arrivée de Mickey. Mais quand la présence de ce dernier s'imposa à lui, il leva les yeux vers lui et proposa une tasse.

« Je t'en sers? » demanda-t-il d'une voix enrouée et mal réveillée.

Il en oubliait les politesses, genre bonjour, etc.

Voilà deux bonnes heures maintenant qu'il était debout. Il n'aurait de toute façon pas pu dormir d'avantage, son organisme s'étant depuis le temps habitué à ce rythme : couché avant minuit, levé avant neuf heures et environ huit heures et demi de sommeil au total. Ça lui suffisait amplement, il faisait des nuits tout à fait convenables quand, toutefois, il trouvait le sommeil... Cette nuit ça avait été plus que compliqué. D'atroces brûlures d'estomac l'avaient gardé éveillé une ou deux heures avant qu'enfin, il ne s'endorme. La faute au champagne ingurgité la veille. Et puis la faute à Emmeline aussi, surtout. Bref. Ce matin il avait accompli quelques unes de ses tâches ménagères quotidiennes, bien qu'il avait encore pas mal de boulot. Néanmoins il décida de s'accorder une petite pause, et se rendit donc dans la cuisine pour avaler un petit quelque chose. Et en pénétrant dans la pièce, l'écrivain tomba sur son camarade Nadan. Il resta face à lui jusqu'à ce que ce dernier ne remarque - enfin - sa présence. Un peu plus et il passait inaperçu. Hm, apparemment il prenait du thé au petit-déjeuner, remarquez pourquoi pas. Et Mickey aimait beaucoup ça d'ailleurs. « Je t'en sers? » Il détailla un instant la tasse tendue par Nadan, puis reporta le regard sur le candidat lui-même. Hm, ça n'était visiblement pas la grande forme. Et il ne mangerait donc rien ? Même pas une petite biscotte, un petit fruit ?... Mickey fit un pas en sa direction, le fixant toujours de ses prunelles vertes. « Oh toi, tu as fait une petite nuit. » En témoignaient ses traits tirés, ses yeux creusés et son teint pâle. Il ne semblait pas bien fringuant, mais peut-être cela s'expliquait-il aussi par le fait que la veille, Nadan n'avait aucunement été épargné lors du prime. Il avait écopé d'une nomination, au côté d'une jeune femme qu'il, aux dernières nouvelles, appréciait. Mais Mickey avait également cru percevoir certains différends avec le chevelu. Allons bon ! Il n'était peut-être pas le seul à ne pas s'entendre avec Bob, finalement. Cette perspective le rassurait presque, car il ne comprenait pas ce qu'on pouvait bien trouver à un type dans son genre. S'avançant plus encore vers Nadan, l'anglais reprit. « Mais oui, ça me dit bien. J'ai encore pas mal de ménage à faire, j'ai donc besoin de me requinquer un peu avant de m'y remettre. » Mickey n'arrêtait jamais de toute façon. Et malgré la fatigue, sa motivation demeurait intacte. Et dire qu'il faisait tout cela par contrainte, initialement. Oui, ses troubles obsessionnels compulsifs, encore et toujours. En attendant que son camarade ne lui remplisse sa tasse, l'anglais poursuivit. « Est-ce que tu te serais toi aussi rendu compte combien Bob est un jeune homme impertinent, sot, et provocateur hier soir ? » Il ne tenait pas à se montrer indiscret, il tentait juste d'engager la conversation comme on le lui avait appris. Il semblerait qu'évoquer directement les petits tracas des autres pouvait les amener à se confier facilement, plutôt que de partir sur quelque chose de plus général, comme la météo, dont tout le monde se fichait bien d'ailleurs, pour instaurer l'échange. Alors, envie d'en parler ?

On ne pouvait rien cacher à Mickey, c'était sûr. Enfin, n'importe qui aurait deviné à la gueule qu'il tirait que la nuit avait été courte, plutôt tendue, et arrosée un petit peu trop d'alcool. C'est qu'il n'en faisait pas souvent de ces soirées où il abusait volontairement de la buvette. Ce n'était pas son style. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, il n'allait pas dans des boîtes, dépenser des milles et des cents pour jouir de la compagnie d'escorts, de l'alcool et de la musique... Il dormait, dans une chambre d'hôtel le plus souvent. Ca vend tout de suite moins de rêve? Mais disons que ce n'est pas tout le temps comme ça, ça arrive des fois, les galas et compagnie. Il faut quand même se payer une tranche de plaisir dans la vie.

Nadan hocha la tête légèrement à l'affirmation de l'anglais. Il tendit un bras pour se saisir d'une tasse renversée sur le centre de la table, pour venir la remplir. D'ailleurs, il se demanda qui préparait la table pour tout le monde. Bref, il se saisit de la tellière et en versa dans le bol.

« Ma parole, si tu t'en va, cette baraque va s’effondrer sans toi. »

Il le pensait sincèrement. Le PDG ne manquait pas de remarquer son camarade virer à droite et à gauche dans tout le nid d'amour pour en nettoyer chaque coin, tous les jours. Les femmes de la saison n'avaient pas à se plaindre : elles avaient une raison de se la couler douce et c'était Mickey. S'il partait, ça ferait tout drôle aux gens, il en était sûr. Lui le premier, d'ailleurs.

« Je ne me faisais pas d'illusions sur lui. Il m'a juste prouvé qu'il était encore plus stupide qu'il le laissait voir. » répondit le milliardaire, se renfrognant un peu. « Il s'est passé quelque chose entre vous deux? » demanda-t-il ensuite, n'étant pas au courant de grand chose et sentant une pointe de rancoeur dans les paroles de Mickey.

C'est qu'il l'avait oublié ce guss, pendant un instant. Il se retenait bien de parler de lui, sinon, il serait obligé de se montrer désagréable dés le matin.

Il n'était jamais contre une petite tasse de thé, encore moins le matin. De toute façon, il était présentement apte à avaler n'importe quoi, tant que s'en restait sain, et peu calorique. C'est qu'il avait ses petites habitudes, quand même. Il ne lui était pas désagréable de tomber sur Nadan dans cette cuisine. Surtout que son camarade se montra fort cordial, lui proposant une tasse qu'il accepta bien rapidement. Il avait encore une tonne de vitres à faire derrière, sa journée ne faisait que commencer. « Ma parole, si tu t'en va, cette baraque va s’effondrer sans toi. » Enfin quelqu'un de réaliste, cela faisait un bien fou. Et il semblait sincère, ne débitant pas cela comme pour se moquer de lui plus qu'autre chose. Mickey ne pouvait que lui donner raison, et c'était bien normal. « Oui je le pense aussi, oui. » Il restait humble, estimant qu'en effet sa présence dans le nid en arrangeait plus d'un et qu'en cas de départ, le chaos règnerait à l'intérieur de celui-ci. « Je pense que si je venais à quitter ce nid prochainement, beaucoup ici perdaient tous leurs repères. Ils se rendront compte à quel point je leur suis indispensable quand je ne serai plus là. » Qu'on ose le contredire ! Il faisait tout ici, lavait les vêtements de tout le monde, les assiettes de tout le monde, faisait les lits de tout le monde, rangeait le cellier, la bibliothèque, la salle de bain, lustrait les escaliers, les lavabos, les cuvettes... Impossible de lister toutes les tâches accomplies quotidiennement par Mickey, elles étaient bien trop nombreuses. Se souvenant du différend auquel il avait, de loin, assisté la veille l'anglais se risqua à évoquer celui-ci. Enfin, il était question de savoir, surtout, si comme lui Nadan avait pris conscience que ce jeune homme effronté nommé Bob était tout bonnement irrécupérable. « Je ne me faisais pas d'illusions sur lui. Il m'a juste prouvé qu'il était encore plus stupide qu'il le laissait voir. » Il ne le comprenait que trop bien. La bêtise de Bob n'était plus un secret pour lui non plus. Il en avait fait étalage plus d'une fois. « Il s'est passé quelque chose entre vous deux? » reprit Nadan, tandis qu'à l'entente de cette question les lèvres de Mickey s'étirèrent en un fin sourire. Oh, alors il n'était pas au courant... Pourtant, l'affaire avait fait le tour du nid aux dernières nouvelles. Hm, ça n'était pas plus mal, il allait enfin pouvoir donner sa version des faits, la seule qui se devait d'être prise en compte d'ailleurs. « Il m'a cherché, il m'a trouvé. C'est aussi simple que ça. » Puis il poursuivit. « Bob a cru bon de se payer ma tête, de me menacer également. Il m'a provoqué, s'est montré infect, un vrai petit merdeux. J'ai de mon côté tenu à produire une sorte d'électrochoc afin de lui faire savoir qu'ici, on était pas là pour faire le mariole. C'est une décision qui n'a pas plu à tout le monde mais encore aujourd'hui je considère que c'était nécessaire. Je sais de source sûre - sa petite partenaire - qu'il l'a plutôt mal vécu. Et c'est tout ce qui m'importe. Si ça l'avait laissé parfaitement indifférent, j'aurais raté mon coup. Ça l'a atteint, c'est ce que je voulais. » Oui, il était satisfait et ne regrettait rien. Regretter quoi ? Allons. Il ne fallait pas tenir tête à l'anglais en espérant qu'il passerait outre. Bob avait vraiment été trop loin ce jour-là. Au point que le seul recours de l'anglais avait été de le faire réagir, quitte à ce que cela puisse sembler franchement radical pour beaucoup. Que cela plaise ou déplaise, il s'en fichait éperdument. Bob n'était qu'une misérable vermine méritant le sort qui lui avait été réservé par l'anglais. Jamais, il ne changerait d'avis sur le propos. Mais hm, Nadan avait-il saisi qu'il était question d'une nomination d'office ?... « Et hier soir, qu'est ce qu'il a fait au juste ? » Mickey, vouloir en savoir plus ? Eh oui, il ne s'en cachait pas. Les ennemis de ses ennemis étaient ses amis après tout.

Certaines personnes pourraient mal prendre les paroles de Mickey, par rapport à son petit discours sur son utilité au sein du nid. Il pouvait passer pour quelqu'un d'égocentrique et de pas très modeste. Mais pas pour Nadan. Il aimait ça d'ailleurs. Que le candidat connaisse sa place au sein du groupe, qu'il se sache indispensable. C'était la vérité et il aimait cette franchise naturelle qu'il avait. Cependant il n'ajouta rien, se contentant d'hocher la tête pour approuver ses paroles, en reprenant une gorgée de son thé.

Quand le britannique lui expliqua les raisons de ses relations plutôt houleuses avec Bob, Nadan ne put s'empêcher d'avoir un léger rictus, qui pourrait passer pour sadique. Il était content en fait, de voir qu'il n'était le seul à insupporter cette énergumène. Il s'était bien gardé de le montrer ces dernières semaines, mais hier soir, les masques étaient tombés. En l’occurrence, un de ses nombreux masques.

« Je me demande ce que tu serais capable de faire à l'extérieur, contre quelqu'un que tu n'aimes pas. »

Ba oui, là, ils étaient dans un jeu. La nomination était une punition possible dans le cadre de la production. Mais l'ecrivain semblait prendre cette affaire au sérieux, quand il s'agissait de personne. Alors Nadan se demandait ce qu'il aurait fait dehors si il s'y était retrouvé avec Bob. Oh que sa nomination serait passée comme un baume si le frisé les avait quitté hier soir. Mais non, en plus d'avoir passé une sale soirée, il apprenait qu'il devait encore supporter son visage pendant une semaine. Voila un avantage s'il sortait en fin de semaine : il ne le verrait plus.

« Il touche à mes affaires. » répondit sombrement le milliardaire en faisait référence à Isis.

Ce n'était pas très valorisant pour la jeune femme mais c'était une façon simple de clarifier les choses.

Ceux qui prétendaient qu'il était irréfléchi et agissait sans penser aux conséquences ne connaissaient tout simplement rien de Mickey. Il était tout sauf ce genre d'hommes, et la nomination de son camarade il l'avait planifiée, bien avant de communiquer sa décision à la production lors du prime. Maintenant, il savait que même en rétablissant les faits et en faisant savoir que Bob n'avait aucunement démérité le sort qu'il lui avait réservé, on continuerait à lui reprocher de l'avoir mis en danger de cette façon. De toute manière il ne regrettait rien, alors c'était perdre son temps que de s'attarder là-dessus. « Je me demande ce que tu serais capable de faire à l'extérieur, contre quelqu'un que tu n'aimes pas. » Oh et bien c'était vite vu en fait. Parce qu'à l'extérieur, aucun Bob ou jeune impertinent du même genre ne venait lui chercher des poux. « J'ai la chance de ne pas côtoyer d'individus aussi insignifiants et odieux en dehors. Je ne côtoie en fait pas grand monde. C'est pourquoi j'ai mis un certain temps avant de me faire à la cohabitation avec vous tous, c'est une habitude que j'ai dû prendre ici, mais que par ailleurs je n'aurai aucun mal à perdre une fois sorti. » Rien ne valait sa petite solitude d'anglais cloitré chez lui à écrire, écrire, écrire... Il ne sortait au final que très rarement, et son entourage était des plus restreints. Il n'aurait pas le moindre mal à revenir à cette petite vie qu'il avait délaissée pour venir ici. Il quitterait ce nid sans regret, sans le moindre au revoir également. Parce qu'il n'était attaché à personne et que cela resterait comme tel jusqu'à la fin de son aventure. Il se savait incapable de nouer un véritable lien avec qui que ce soit. Ses camarades il les quitterait comme il avait quitté sa femme. Sans cérémonies, sans s'éterniser sur la chose. Il ne prévoyait pas encore de partir, en tout cas pas dans les prochains jours, mais il serait probablement le seul ici à accepter son sort sans la moindre amertume. Car cette aventure n'était rien de plus à ses yeux qu'un passe-temps. Mais alors, que s'était-il passé exactement entre Nadan et le chevelu la veille ? Il y avait eu une querelle, et comme cette aventure avait développé sa curiosité il tenta d'en savoir plus. « Il touche à mes affaires. » fut la réponse qu'il obtint alors. Hm, vague, mais étrangement il pensait saisir à quoi Nadan faisait référence. Ce devait être pour les beaux yeux d'une demoiselle, Isis, que tous deux avaient haussé le ton. Il ne comprenait pas que l'on puisse se disputer pour une femme. Mais en même temps il était plutôt mal placé pour juger son camarade. « J'ai bien vu qu'il t'avait provoqué. Est-ce qu'il aurait des vues sur Isis... lui aussi ? » Parce qu'il semblait évident que la jeune femme ne laissait pas Nadan insensible, initialement. Maintenant, si Bob lui tournait aussi autour, c'était effectivement problématique. Enfin il supposait qu'il n'était guère agréable pour son acolyte britannique de voir un petit merdeux marcher sur ses plates bandes et empiéter sur son territoire. Ah ces mâles... Pourvu qu'ils n'en viennent pas aux mains quand même.

Nadan comprenait Mickey. Lui même était à la fois très entouré, mais avait peu d'amis. En fait, il les comptait sur les doigts d'une seule main. La vie en communauté, c'était tout nouveau pour lui lorsqu'il est arrivé. Et il a pas mal apprécié, à l'instar de son collègue. Mais son niveau de vie ne lui permettrait pas de remettre le couvert à la sortie, si bien même il l'aurait voulu. Après tout, c'était marrant quelque temps mais bien vite lassant.

« Tu garderais contact avec certains candidats? » demanda-t-il avant de réfléchir à ce qu'il lui dit.

Nadan n'aime pas partager. Depuis petit en fait. Gamin, il n'avait pas autant de choses qu'à présent. Ses affaires n'étaient pas aussi luxueuses et se trouvaient même être très bas de gamme. Il n'avait pas eu souvent de très beaux jouets ou de belles affaires pour l'école. Alors il en prenait grand soin. Et ca n'avait pas changé, malgré la nette évolution de son confort personnel. Maintenant, il pouvait offrir ce qu'il voulait à ses proches, et même à lui même, et quand il voulait quelque chose, il l'obtenait. Il le méritait. Son investissement en était la preuve. Il avait droit aux fruits de son dur labeur pendant de longues années.

Isis n'était pas une affaire, c'est vrai. Mais Nadan l'aimait bien. Elle avait tout ce qu'une femme devait avoir pour l'anglais : elle était belle, avait tout pour plaire et avait un charme sans égale. Il y avait certes quelques petits défauts chez elle qu'il appréciait moins, mais c'est comme si elle les gommait en sa présence. Elle était faite pour lui, et peu lui importait si c'était réciproque. Elle était simplement à lui.

« Oh, il peut avoir des vues sur elle. C'est tout ce qu'il obtiendra au final. » dit-il avec mépris en serrant un peu trop sa cuillère dans sa main, si bien qu'elle se plia. « Il perd son temps. »

Mickey était un solitaire né. Il avait grandi au sein d'un foyer où il était le fils unique de qui on attendait beaucoup, et qui avait déçu en empruntant une voix différente de celle qu'on avait voulue pour lui. Ses parents étaient morts sans jamais avoir prêté le moindre intérêt à ses écrits. Il leur en avait beaucoup voulu d'avoir rejeté sa passion. C'est en partie pour ça qu'il avait rapidement fait son deuil. Enfin, encore fallait-il qu'il ait été attristé, or, pas du tout. Il avait toujours rejeté le contact avec les autres, à cause de ses troubles névrotiques qui faisaient qu'il ne les supportait tout simplement pas. Et son isolement l'avait peu à peu déshumanisé. Oh il avait essayé de vivre comme tout le monde, d'ailleurs, il s'était même marié. Un véritable échec, qu'il considérait d'ailleurs comme la plus grosse erreur de son existence. Donc la vie en communauté, bien sûr, ça lui faisait tout drôle. Est-ce qu'il appréciait ? Pas vraiment, non. La plupart des candidats étaient fades, insignifiants, à l'image de Bob que, fort heureusement, il ne reverrait pas à l'extérieur. Ah non celui-là, merci, il ne le regretterait pas. « Tu garderais contact avec certains candidats? » Dans la mesure où rares étaient les individus ici qui parvenaient à susciter son intérêt, c'était relativement peu envisageable pour l'anglais, en fait. D'ailleurs il ne lui fallut pas bien longtemps pour donner une réponse à Nadan. « Tu sais, cette aventure ne m'apportera rien, j'en ressortirai comme j'y suis entré. Alors il n'est pas improbable que je tire un trait sur tout ça rapidement. » Il avait cru pouvoir changer. Foutaises, il quitterait ce nid toujours aussi névrosé, il le savait, il ne se faisait pas la moindre illusion. « Et puis avec qui garder le contact ? Je sais pertinemment que dès mon élimination, ils sortiront le champagne et les cotillons. Ça leur fera des vacances à tous, avant qu'ils ne se rendent compte que Mickey, c'était le pilier du groupe. » Quand il commençait à parler de lui à la troisième personne, ça n'allait pas. Boh, ce n'était pas comme si son égocentrisme était inconnu de tous. Au contraire. Ainsi donc Bob s'amusait à toucher aux affaires de Nadan. Le saligot ! Il était question d'Isis, l'anglais l'avait bien compris. Et apparemment Bob non plus n'était pas insensible aux charmes de la métisse. « Oh, il peut avoir des vues sur elle. C'est tout ce qu'il obtiendra au final. » Ah oui, Nadan était à peine accro, à peine. Et visiblement, il prenait tout cela très à cœur, à en juger cette cuillère qu'il vint tordre avec la force d'une seule main. « Il perd son temps. » En était-il sûr, persuadé ? Il parlait comme au nom d'Isis, mais il n'était pas elle. « Et toi, tu n'as pas l'impression de perdre ton temps ? » Attendez, il allait s'expliquer. « Parce que, il me semble évident que tu t'appropries Isis car elle te plait. Beaucoup, même. Mais elle, de son côté, est-ce qu'au moins elle s'intéresse un minimum à toi ? » La désillusion pour un homme n'était jamais bien loin. Il n'avait pas dans l'idée de lui saper le moral, seulement, Nadan devait aussi être réaliste. Isis n'était pas sienne, enfin, sauf si c'était la volonté de la jeune femme de lui appartenir. « Comment peux-tu être certain que c'est tout ce qu'il obtiendra d'elle, qu'Isis ne désire pas plus ? » Peut-être qu'Isis était elle aussi grandement intéressée par Bob. Ce qui était inconcevable, certes, mais pas impossible. Bon, ce n'étaient jamais que de simples hypothèses. Mickey n'y connaissait rien, son domaine à lui c'était la littératures, les sciences... il ne savait rien de ce qui unissait Isis à Nadan, mais ce dernier paraissait sûr du fait que Bob n'avait pas la moindre chance. Peut-être trop sûr, au final.

La réponse de Mickey invita Nadan a réfléchir lui aussi à sa propre question : allait-il garder contact avec quelqu'un ici? L'anglais en avait fait des rencontres, ici, des rencontres différentes de celles qu'il avait l'habitude de faire. En général, il portait peu d’intérêt aux gens, n'ayant jamais eu une fibre très sociable depuis gamin. Mais il devait avouer qu'il avait plus ou moins apprécié changer d'air, de venir ici. C'était un renouveau pour lui. Mais le jeu prendrait bien fin à un moment ou un autre pour lui, et il faudra bien revenir à la réalité.

« Je ne te sens pas si détesté que ça par les autres. On va juste dire qu'aux premiers abords, tu es plutôt... difficile à cerner. »

Nadan parlait surtout de son propre ressenti. Lui-même s'était fourvoyé sur l'individu. Il s'était fait de fausses idées à son propos. Il n'était pas prétentieux, juste franc. C'était en gros, ce que pouvait penser un paquet de personnes dans le nid. Mais si ils faisaient l'effort de côtoyer l'écrivain, ils comprendraient qu'il n'avait juste pas la même manière de penser qu'eux.
Le milliardaire écouta d'une oreille distraite les questions de Mickey alors qu'il jouait avec sa cuillère tordue entre ses doigts. Un soupir lui échappa. Son interlocuteur avait dans un sens raison mais quelque chose chez Nadan le forçait à croire en cette histoire. Il n'était pas du genre romantique, fleur bleu, à croire au destin, loin de là. Il était réaliste. Mais quand il regardait Isis, il savait juste que c'était elle. Un sourire maladroit étira ses lèvres quelques secondes et il se frotta le visage, dans un geste lent et fatigué.

« Je le sais. » se contenta-t-il de répondre, las de jouer et de se poser les même questions.

Sujet: Re: good night good morning (le 25/02, à 10h30) Ven 1 Mar 2013 - 1:23

Pour lui cela relevait de l'évidence. Il ne garderait le contact avec aucun candidat à l'extérieur puisqu'il comptait bien retrouver sa petite solitude d'écrivain anglais cloitré le plus clair de son temps chez lui à écrire. Et puis, qui se sentirait de renouer avec Mickey une fois dehors ? Il n'était vraiment pas du genre à prendre les numéros d'untel et untel, car ça n'était pas lui ça. Il n'était pas ici pour se constituer un petit cercle d'amis à revoir une fois sorti, non, son parcours au sein de cette émission différait totalement de sa vie en Angleterre. Il faisait la part des choses, savait que cette expérience avait un caractère unique et dépaysant de par le fait que tout ceci n'aurait pas la moindre continuité à l'extérieur. Et il n'était pas non plus assez apprécié pour donner envie à ses petits camarades de garder le contact, il en avait pleinement conscience, et ne se berçait absolument d'aucune illusion. « Je ne te sens pas si détesté que ça par les autres. On va juste dire qu'aux premiers abords, tu es plutôt... difficile à cerner. » Oui, enfin selon lui il y avait un peu des deux quand même. « Détesté ou non ça ne m'importe en rien. Je sais que je n'ai rien à prouver à qui que ce soit, encore moins à des individus que bientôt je ne verrai tout simplement plus. » Quant au fait qu'il était difficile à cerner Nadan n'avait certainement par tort. Mickey ne se livrait pas, gardait tout pour lui. Il s'auto-décrivait comme étant un homme insensible, réfractaire et détaché. Rien ne l'atteignait vraiment. Et il ne s'était pas encore totalement dévoilé, loin de là même. Au fond personne ne pouvait prétendre réellement savoir qui il était. Il conservait une petite part de mystère, comme sans doute beaucoup ici. Parmi les candidats que Mickey ne connaissait pas ou vraiment très peu, on trouvait la jeune métisse, Isis. L'anglais ne savait rien d'elle, il la trouvait même très discrète mais son camarade ici-présent semblait particulièrement accro à la jeune femme. Il le sentait même légèrement sur la défensive lorsqu'ils évoquèrent le cas Bob, ou le type qui lui aussi donnait l'impression d'avoir des vues sur elle mais qui, selon Nadan, perdait tout bonnement son temps. Il avait l'air sûr de ce qu'il avançait, mais comment pouvait-il s'en assurer ? Isis pensait-elle la même chose, à savoir qu'elle lui était promise ? « Je le sais. » Ah bien, s'il le savait alors... Bon Mickey ne pouvait pas tellement s'avouer convaincu mais d'un autre côté il ne savait rien de cette situation, ni de ce que son camarade pouvait ressentir exactement. « D'accord. Je suppose que le moment est plutôt bien choisi pour te souhaiter que tout fonctionne comme tu le souhaites. » Non à vrai dire il ne savait pas vraiment quand et s'il fallait dire de telles choses, s'il y avait réellement un moment opportun pour ça, n'étant jamais vraiment à l'aise avec ce qui se rapportait aux conventions sociales adoptées par tous... sauf lui. Il était peut-être maladroit, hors contexte, allez savoir. Mais il n'en était pas moins sincère par contre, parce que Nadan semblait être un homme bon méritant d'obtenir ce qu'il voulait. Et là, vraisemblablement, c'était la jeune Isis. Il n'y avait plus qu'à espérer que son acolyte britannique ne se faisait pas des films, et ne dégringolerait pas après avoir été rattrapé par une potentielle dure réalité qu'il refusait pour le moment de considérer.

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