La nuit fut dure, j'avoue. Tellement que j'ai essayé de gagner encore quelques minutes de sommeil qui se sont facilement transformées en heures à cause de mes paupières lourdes. Si bien que lorsque j'émerge enfin et que ma main tate le matelas du côté de mon partenaire - vide - je me découvre seule. C'est bien la première en deux semaines qu'il me devance, je suis sûre qu'il va être fier en plus. Je pousse un léger cri mêlé à un baillement ainsi qu'un à long étirement. Je tends mes jambes au maximum et je brandis mes bras au dessus de ma tête, pour bien m'étendre. Je me relâche et essaie de m'insuffler un peu de force pour quitter le cocon qui me sert de lit. Finalement, je repousse les draps loin de moi, retire le pull que Louis m'a prêté et je m'habille. N'ayant pas grand chose à portée de main, je me contente de mon short en jean et débardeur, ça fera l'affaire pour aller jusqu'à la salle de bain, je ne compte pas faire un défilé de mode, c'est clair. Je dois traverser la cour pour arriver jusqu'à la salle de bain, c'est d'un pas lente et lourd que je m'y rends. J'entre dans la pièce et ballaye les affaires des candidats d'un coup d'oeil. Je cherche les miennes. J'ignore si c'est de le fait de m'être à peine levée du lit qui m'a fait perdre la moitié de mes neurones mais mon premier réflexe est de m'emparer de ma brosse à dent -sans avoir encore pris mon petit déjeuner- et d'y enduire mon dentifrice. Je commence à me brosser les dents quand une autre candidats arrive, elle a l'air aussi morte que moi. Je me retourne, en guise de salut, je crois qu'elle a saisi, entre mal-reveillées, on se comprend.

J'accueille vaguement Branca en me tournant vers elle. « Sale nuit ? Ton partenaire t'emmerde peut-être ? » J'hoche la tête vigoureusement parce que je ne peux pas lui répondre, j'ai la bouche pleine de dentrice à la menthe, qui pique, au passage. Je me brosse énergiquement les dents avant me pencher au dessus de lavabo, retenant mes chevux d'une main, je recrache le tout. Je rince rapidement ma brosse à dent, et la bouche par la même occasion. Du revers de la main, j'essuie les quelques goutelettes d'eau. « Les deux. » Je réponds enfin. Bien que Louis ne m'embête pas tellement, mais seule sa présence suffisait à m'empêcher de dormir. J'aimais dormir seule, et là, je devais partager, c'est un peu dur, d'un coup. « Et toi ? C'est quoi ton excuse pour ça ? » Je lui demande, amusée, en désignant vaguement sa mine. Très matinale en somme. Pas très fraîche comme moi. On est tous dans le même état je crois, j'imagine la tête des télespectateurs quand ils tombent sur une séquence comme cela, c'est juste ridicule. Je m'empare d'un de mes élastique et attache mes cheveux pas encore coiffés dans un chignon qui ne fera que rajouter des noeuds supplémentaires, je m'en moque. J'ouvre l'eau et je recueille celle-ci dans mes mains qui forment une coupe, j'approche mon visage avant de m'y balancer de l'eau. J'ai opté pour la méthode ra-di-ca-le ce matin.

« Pas de chance alors. » J'esquisse en vague sourire en haussant les épaules. J'imagine qu'il va me falloir un peu de temps, c'est tout. Enfin j'espère, j'ai un peu de mal en fait. « On a du mal à s'habituer, faut croire. » Je réponds alors en haussant les épaules, ça varie selon les personnes, et nous, on galère ou alors on aime se plaindre, je ne sais pas. Les deux peut-être. « C'est qui ton partenaire toi ? » Première réaction interne: un blond. Mais je ne pense pas que cela va l'aider des masses. « C'est Louis. » Je lui annonce avec une simplicité, bien que je ne pense pas qu'ils se connaissent parce que je passe un certain temps avec lui, et on ne l'a jamais croisé. Enfin, c'est n'est qu'une supposition. « Et toi ... c'est ... » Je commence alors en perdant mes yeux dans le vague pour m'obtenir un petit temps de réflexion, je cherche. J'ai son prénom sur le bout de la langue, mais ça ne vient pas. C'est toujours quand on a en besoin que le "savoir" se casse. On peut plus compter sur rien de nos jours. Je vais chercher ma serviette, diversion peu subtile pour me faire gagner un peu de temps pour ma mémoire. Je pivote légèrement ma tête en sa direction. « Une fille surexcitée et presque toujours de bonne humeur dont j'ai oublié le nom ... » J'abandonne alors avant de m'essuyer rapidement le visage avec mon tissu.