Je ne suis pas particulièrement fan des ascenseurs mais il faut admettre que parfois ils ont du bon. Je pense notamment à lorsque vous avez une flémingite aigüe et que la simple idée de grimper quelques marches pour monter à l’étage vous donne de l’urticaire, c’est un peu ce qu’il m’arrive ce soir et c’est ce qui me motive à utiliser cette énorme boite qui, à mes yeux, n’a rien de rassurant. Je ne suis pourtant pas claustrophobe, nos attractions ressemblent parfois à des ascenseurs, le danger est le même puisqu’il suffirait d’un petit problème technique pour condamner la vie d’innocentes personnes, les vérifications qui sont effectuées très régulièrement sont là pour éviter des drames qui traumatiseraient tout le monde. J’entre donc serein dans cet ascenseur, rapidement rejoint par Gaëtane que je salue poliment d’un sourire aimable. Les portes se referment et nous débutons notre ascension quand tout à coup le moteur s’arrête en même temps que les lumières, nous nous retrouvons dans le noir total, isolés dans une boite qui stagne. « Que... qu'est-ce qu'il se passe ? » La rouquine est à bout de souffle, la réaction typique d’une claustrophobe qui panique. « Hé ho ! Allô ? Y'a quelqu'un ? On est coincés ! Allô ? » Elle panique, tape sur les boutons comme une hystérique et hurle, il faut qu’elle se calme, je peux comprendre que l’on puisse être effrayé dans une telle situation mais elle doit vraiment respirer. Pris dans un élan d’héroïsme je glisse ma main le long de son épaule. « Calme-toi, ce n’est rien, l’ascenseur va redémarrer dans quelques minutes maximum je te le promets ! »

L’ascenseur s’est arrêté net et les lumières se sont éteintes pour laisser place à une obscurité angoissante. C’est en tout cas ce que je suppose puisque je ne suis pas vraiment effrayé, peut-être que je ne pourrais plus dire cela dans une dizaine de minutes si la cage ne se remet pas en route mais d’ici là je compte bien rester calme et ne pas perdre mon sang-froid. Je ne peux pas dire que ce soit le cas pour ma camarade, Gaëtane panique même complètement et il me parait vraiment très difficile de trouver les bons mots pour la rassurer. Je serais probablement resté silencieux si elle ne s’était pas lancée sur les boutons comme une hystérique en hurlant et en cognant les portes. A ce stade c’est elle qui va abimer l’ascenseur et nous bloquer ici pour un petit moment et je ne tiens pas vraiment à ce qu’une telle situation se produise. Je tente donc d’être le plus rassurant possible en glissant l’une de mes mains sur son épaule pour qu’elle ressente ma présence, sait-on jamais si ça l’apaise. « Ne- ne me touche pas... » Elle retire ma main et, honnêtement, j’ai l’impression pendant une seconde qu’elle me snobe. « ...s'il te plaît. » Je glisse ma main dans ma chevelure, laissant échapper un petit soupir tout en m’appuyant contre l’un des quatre murs qui composent la cage d’ascenseur. « C’est comme tu veux, mais évite d’appuyer sur les boutons comme une malade, ça n’arrangera rien ! » J’sais être gentil mais pas tout le temps, je n’y peux rien, je n’ai juste pas un tempérament de ce genre. « Désolée... » La petite rousse se laisse glisser au sol jusqu’à ce qu’elle puisse s’asseoir, espérons qu’elle se calme parce que je ne suis vraiment pas certain d’avoir la patience de la rassurer pendant le temps que prendra le redémarrage de l’ascenseur. « Je... je peux me contrôler, ca m'est déjà arrivé mais... » Mais ? Je suppose qu’elle va me faire une confidence, c’est en tout cas ce qui arrive généralement lorsqu’on termine une phrase de cette manière. « Est-ce que tu veux bien me parler de quelque chose... ? De n'importe quoi... » Parler de quelque chose ? Difficile, elle me prend un peu de court et j’ai étonnamment nettement moins de conversation tout à coup. « Je dois juste essayer de me distraire... » Et si je racontais une blague de merde par exemple ? Non parce que c’est actuellement la seule chose qui me vient à l’esprit pour être honnête. « Tiens, tu sais ce qui est transparent et qui sent la carotte ? »