Les primes laissent un goût amer, toujours. Mais celui-ci est le premier qu'elle trouve aussi déchirant parce qu'elle ne s'attendait pas à son issue et parce que pour une fois, un départ la touche. A moindre mesure, bien entendu, elle connaissait très peu Hadrien mais il faisait partie de ceux qu'elle avait envie d'apprendre à connaître plus intensément, de ceux qui possèdent en eux, sur eux, ce truc en plus. Cette beauté terrible, cette souffrance intérieure, à demi-mot, qui fascine et fragilise. Le départ d'Hadrien laisse un goût d'inachevé et surtout, il lui donne l'impression de s'être reçu de l'acide en pleine gueule. Paloma n'arrive pas à passer outre les adieux déchirants avec Clémentine, sa détresse si palpable, son besoin impérieux - vital - de se raccrocher à lui, de pas le laisser partir, de le supplier. Et puis ses larmes... Paloma a le coeur mou, trop mou, il est mal armé, il est toujours là pour se prendre des coups même quand ils lui sont pas destinés, pour se mêler de ce qui le regarde pas et s'y attacher démesurément quand même. Il est plus bien capable d'aimer maintenant, il est un peu cassé, fêlé, brisé, en poussière, en lambeaux, en morceaux qui à force d'être trop rapiécés, recousus à la va-vite, ne s'assemblent plus très bien. Il a la mécanique rouillée, qui brûle et ne parvient plus à s'enrayer correctement mais si y'a un truc que son coeur sait toujours très bien faire, c'est éprouver du chagrin, de la peine, tout le temps, en permanence, même quand il est même pas en ligne de mire. Paloma dort mal ce soir, elle dort mal parce qu'elle réfléchit trop et surtout parce qu'elle entend une silhouette qui se tourne et se retourne, qui dort pas et qui parfois laisse échapper de légers souffles lancinants qu'ont l'air de la plus déchirante des complaintes. Paloma sait qu'elle devrait lui laisser de l'espace, du temps aussi, mais en fait elle peut plus supporter de rien faire, de rester là, les yeux grands ouverts et les bras croisés en se demandant à quel point Clémentine souffre et combien c'est injuste. Elle et Hadrien, dans son esprit, ils sont inséparables. Ils ne sont qu'une entité en deux corps, comme les âmes soeurs du mythe de Platon qui se retrouvent. Ils sont des héros tragiques qui refusent les coups du destin, qui se battent pour les déjouer quitte à mourir ensemble mais l'un sans l'autre, non, ça va pas. Ca peut pas fonctionner. Paloma hésite, entend une nouvelle fois le bruit des draps qui se froissent sous le poids d'une silhouette qui pivote et elle se lève. C'est une impulsion. Elle se lève, le coeur au bord des lèvres, ignorant comment agir. Elle rejoint à tâtons le lit de Clémentine déserté par Alistair et discerne dans la pénombre sa silhouette recroquevillée sur le côté. Lentement, précautionneusement, Paloma se glisse entre les draps immaculés sans savoir comment agir. Elle a simplement envie d'être là pour elle, à sa manière, même si c'est inutile, même si c'est peut-être même mal venu. Mais la douleur de Clémentine vibre en elle, lui effleure l'âme et lui implose le coeur et Paloma n'a pas la force de la laisser toute seule, de l'abandonner à son sort même si c'est peut-être ce qu'elle voudrait. Elle dit pas un mot, se contente de se rapprocher d'elle et de laisser ses doigts glisser doucement dans sa chevelure blonde et indomptable. C'est juste pour espérer l'apaiser, montrer un soutien, une présence, une épaule dont elle ne sait pas témoigner autrement que par cette douceur rassurante, maternelle. La pulpe de ses doigts descendent lentement vers sa nuque, dans son dos, qu'elle caresse comme on bercerait un enfant épris de chagrin, aux prises d'un cauchemar effrayant. Sauf que le cauchemar de Clémentine, il est bien réel.

Il a promis de m'attendre. Cette pensée adoucie mon immense peine aujourd'hui. Pas assez pour que je puisse parvenir à plonger dans un sommeil plus que bienvenu. Je m'interrogerais sur la nouvelle façon de vivre, d'appréhender mon aventure un autre jour, mon esprit est trop embrumé par la colère. Alors je sors prendre l'air pour éviter les candidats et leur faire payer le choix de sauvetage des téléspectateurs. Je m'attarde un moment à l'extérieur, en errant, sans croiser d'âme qui vive, heureusement. Ce n'est que lorsque je me rentre dans mon lit, me glisse dans les draps que la solitude et la douleur s'abattent sur moi, telle une chape de plomb. Parce que Clémentine ne vit qu'à travers Hadrien, comme ils disaient tous. Et je suis sensée faire comment maintenant sans lui ? Tout perd de sa saveur, de son intérêt. Parce que l'aventure avait été pour moi une excuse pour le faire réapparition et tenter de recoller les morceaux d'un "nous", de nous réparer pour nous permettre enfin d'aller mieux. Maintenant ce n'est plus possible. Face à la contrariété, un mal de tête s'installe. Je ne trouve pas le sommeil, tout simplement parce que je voulais dormir avec lui, maintenant. Je veux ce que je ne peux plus pas avoir. Son départ me fait l'effet d'une énième rupture. Je sens une main qui s'échoue dans mon dos, je ne peux m'empêcher de sursauter de surprise. Je tente de deviner le propriétaire de cette main suicidaire. Il ne peut que s'agir de Paloma, parce que tout d'abord, c'est réellement son genre de venir consoler les autres en pleine et aussi parce que c'est à elle que j'avais commencé à me confier. La seule qui semblait découvrir les liens emmêlés, étriqués qui me rattachaient avec Hadrien. « Quatre semaines pour quatre ans » je lâche simplement d'une voix blanche, tremblante, en tentant de ne pas parler fort car les autres dorment. Parce que j'ai l'impression qu'il m'échappe une nouvelle fois, ce n'est pas de sa faute, mais cela fait remonter des souvenirs que je pensais avoir scellés une bonne fois pour toute. Une déception qui n'a pas lieu d'être. Une sensation d'abandon qui s'infiltre progressivement alors qu'il n'y ait pour rien cette fois-ci. Je suis injuste quand je suis énervée. « Je dois me contenter de cela » j'ajoute parce que je me fais l'effet d'une gamine capricieuse. Je m'en veux aussi parce que j'ai mis tout ce temps avant de reprendre contact avec lui, parce que j'ai écouté tous ceux qui déclaraient notre relation comme malsaine. Elle l'est, surement, mais elle nous convient bien comme cela. Et maintenant il est parti, alors que j'ai pas eu le temps de vivre mon aventure à ses côtés. Je me sens démunie. Ma bulle s'est éclatée. Une nouvelle fois, mes yeux s'humidifient. Je fais chier. Je sais. Mais cela fait longtemps que je ne m'étais pas laissée aller, alors je m’octroie cela. Ma seule satisfaction est qu'il ne verra pas cela. Je me retourne délicatement, faisant face à Paloma que je distingue vaguement, à cause de la pénombre et que ma vision brouillée par des larmes que je retiens difficilement de couler. Et en quête d'une affection que personne ne peut m'offrir à présent, je ferme les paupières avant d’apposer mon front le sien, toujours en position foetale.

La voix tremblante de Clémentine lui fait l'effet strident et désagréable d'ongles sur un tableau noir. Sauf que c'est son coeur qui fait office de tableau à labourer. Paloma sent son palpitant convulser douloureusement dans sa poitrine sous l'effet des mots de sa camarade. C'est con, d'être à ce point empathique mais c'est ainsi. Elle reste souvent sur la réserve, à distance, pour mieux observer et analyser avant d'apprécier et puis parfois, la machine s'enraye et n'en fait qu'à sa tête et c'est comme ça. Y'a pas de marche arrière possible. C'est ce qui se passe avec Clémentine, forte et fragile à la fois. Elle l'a touchée et maintenant c'est trop tard, y'a une petite place pour elle dans un renflement de son coeur, un petit trou de rien du tout qui demande qu'à être grignoté, qu'à vibrer, qu'à souffrir si elle peut rien lui donner d'autre. Paloma l'écoute en silence parce qu'elle ne sait pas quoi dire pour alléger sa peine. Le fait est qu'elle sait rien d'eux, elle ignore tout de leur relation et ne peut que constater sa véracité, sa puissance, sa passion. Y'a que la passion pour élever autant qu'elle détruit, y'a que la passion pour tout dévorer quitte à laisser que des cendres fumantes. Y'a que la passion, pour coller aux tragédies grecques et aux drames romantiques, aux insomnies, aux larmes et à cette façon désespérée de se raccrocher littéralement à l'autre pour jamais le laisser partir. Elle croit comprendre qu'avant l'aventure, y'a eu un trou de quatre ans entre eux. Quatre ans, c'est beaucoup, surtout si jeune. C'est beaucoup mais ça veut rien dire parce qu'ils ont la vie devant eux pour faire... et bien ce qu'ils veulent. Peu importe leur secret, peu importe les jugements, Paloma est certaine que ça ne changera pas sa vision. Comment peut-on se permettre de juger quand on voit l'intensité de leurs sentiments ? Ça devrait tout excuser, un amour aussi fort. Ça devrait faire fi de toutes les barrières, toutes les conventions et continuer à s'épanouir parce que sinon, il se consumera en les cramant au passage. Paloma continue à caresser son dos du bout des doigts, dessinant des arabesques sur sa peau, pianotant des notes imaginaires pour créer une mélodie suffisamment belle pour chasser son chagrin, ne serait-ce que pour ce soir. « C'est qu'une parenthèse » qu'elle souffle sans cesser ses gestes. Fake Lover, bien entendu. « Tu vas le retrouver à l'extérieur et vous aurez la vie devant vous » chuchote-t-elle d'un timbre apaisant. Pas seulement parce qu'il est doux mais parce que Paloma croit réellement à ce qu'elle avance. Elle se rapproche sensiblement de Clémentine, doucement, jusqu'à se presser contre son dos pour l'entourer de ses bras quand elle la sent faiblir. « C'est rien quatre ans, à l'échelle d'une vie entière... » Clémentine s'en rend pas compte parce que ce soir, y'a son monde qui s'écroule, mais Hadrien est toujours là, juste de l'autre côté de ce mur. Il l'attendra, c'est certain et c'est rassurant dans un sens. L'homme qu'elle aime, elle, l'attend nulle part parce qu'il s'est barré dans un endroit qu'elle peut pas atteindre. Et eux, ils ont même pas eu le droit à des adieux, fussent-ils déchirants. Antoine a toujours caché son cancer et le fait qu'il était mourant. Paloma sait que c'était pour lui épargner une souffrance inéluctable et sa compassion qui fait mal mais en fait, la vérité, c'est qu'elle lui en voudra toujours un peu. Parce que y'a des choses qu'elles auraient aimé dire, faire, demander, comprendre et que maintenant, tout ça, c'est que des questions sans réponse. Des milliers de points d'interrogation sur une relation qui conservera à jamais un triste goût d'inachevé. Alors oui, quatre ans, c'est beaucoup, mais ils ont le reste de la vie pour les rattraper et Paloma est persuadée qu'ils le feront. Que Fake Lover les aura aidés, dans un sens. Et cela, même si elle ignore encore tous les paramètres. Dans sa vision chevaleresque des sentiments, ceux-ci peuvent pas toujours perdre. Parfois, ils triomphent et Clémentine le mérite. Doucement, Paloma la libère de son étreinte quand elle la sent se mouvoir et lui adresse un maigre sourire difficile à percevoir quand elle lui fait face. La pénombre la dissimule partiellement mais ses yeux brillants de larmes ne lui échappent pas, tout comme sa lèvre qui tremble sous les sanglots. Paloma reste ainsi, longtemps, le front pressé contre le sien, sa main caressant délicatement la peau toute fine et douce de l'intérieur de ses poignets. Et puis, elle s'écarte, juste pour déposer un baiser sur sa tempe, comme on le ferait à un enfant. Clémentine est loin d'en être une mais ce soir, elle réveille tous ses instincts maternels. La vérité, c'est qu'elle ressemble plus que jamais à une poupée. Une jolie poupée de porcelaine, si fragile qu'il faut la manipuler avec la plus grande douceur, une précaution essentielle pour ne pas qu'elle se brise en fragments irrémédiables entre ses doigts. « Promets-moi que ça va aller mieux » demande Paloma, doucement, en la couvant du regard. « Que tu vas te battre pour deux maintenant. Pour lui, pour votre secret. » Parce que c'est peut-être qu'un jeu, mais Clémentine a décidé d'y participer pour une raison. Une raison qu'elle doit pas oublier, une raison qui doit pas être avalée par son chagrin, sa souffrance, sa peine, son sentiment d'abandon. « Je veux pas que tu baisses les bras » qu'elle souffle enfin, comme un aveu.

Elle est lucide, raisonnable, mais ce n'est pas ce que j'ai envie d'entendre. Parce que je veux que le monde aille dans mon sens, ce n'était pas déjà le cas sur le prime, qu'elle ne s'y mette. « C'est vrai » je me contente de relativiser d'une voix éteinte. Paloma me confie que quatre ans, ce n'est rien. J'ai envie de lui hurler que c'est faux, qu'elle ment. J'imagine que je n'ai simplement plus de force pour protester, pour m'énerver contre elle. Alors je la laisse faire, je ne réagis même pas lorsque son corps se voulant rassurant colonise de force le mien. Je me contente simplement d'expulser un léger soupir d'entre mes lèvres. Je sais qu'on se verra, peut-être pas tout de suite, ou pas immédiatement à la sortie, il a beau promettre, il restera toujours un électron libre. Il pourrait être déjà en route pour Vienne, changeant subitement d'avis. Je secoue la tête pour chasser cette pensée qui me chamboule. « Un battement d'aile de papillon » je déclare en tentant de me raccrocher à cette idée comme je le peux, aussi fort que mes doigts fébriles agrippent le drap. Parce que l'image me rassure. Parce que la sagesse de Paloma pourrait presque déteindre sur moi, pas ce soir, je ne suis que moyennement réceptive. « Tu penses que je pourrais partir ? » je lui demande simplement d'une voix délicate parce que c'est ce qu'elle laisse entendre. Honnêtement, j'y ai pensé pendant une poignée de secondes. Mais je me connais lorsque je suis énervée, je suis impulsive et je ne veux pas agir sous le coup de la tristesse. Je ne veux pas regretter ou même déclarer une nouvelle fois qu'Hadrien était le responsable de mes regrets si je quittais l'aventure, en claquant la petite porte. Même si c'est vrai, l'extérieur me paraissait bien plus tentant que ce qui risquait de m'attendre ici, je pourrais retrouver ses bras, par exemple. Mais je n'ai pas envie de me faire tuer par Hadrien qui déteste lorsque j'abandonne, que je renonce. Chose que j'ai tendance à beaucoup pratiquer ces derniers temps. Le bout de mes doigts s'en va essuyer définitivement mes yeux, perdant surement un cil ou deux dans l'opération tant je frotte pour retrouver une peau sèche mais rougie. Peu importe. « Tu dors avec moi ce soir ? » je finis par lui demander avant d'ouvrir mes paupières pour capter son regard brillant à cause de l'obscurité. Mon partenaire a déserté mon lit depuis belle lurette si bien que parfois j'accueillais Hadrien le temps d'une sieste, et puis le sien, de partenaire, il ne compte pas. De toute façon, il ne se manifeste pas. Je n'ai pas envie de dormir seule, je veux une présence à mes côtés, un souffle, une poitrine qui se soulève en respirant, et ça serait encore mieux s'il s'agissait de Paloma. Je ne veux pas être seule. C'est la seule chose que je me rends compte depuis qu'elle m'a rejointe. Je me retourne, lui faisant dos une nouvelle fois. Mes fins doigts tâtonnent pour chercher ses bras et ses mains, puis je les remets comme avant, autour de moi, ils avaient trouvé leur place pour la nuit.

Clémentine va dans son sens mais Paloma sent bien que c'est du vent, qu'elle en pense pas un mot. Elle dit ça pour se débarrasser de son intrusion ou juste pour changer de sujet parce qu'elle est pas d'accord ou... peu importe la raison en fait. Elle doit en avoir une et une excellente s'il vous plaît alors elle n'insiste pas l'espagnole. Elle reste là, à caresser ses cheveux, à essayer de se gorger de sa peine comme une éponge pour l'en libérer et puis l'ajouter à toutes les épines plantées sur son palpitant. Paloma a l'habitude d'avoir mal même avant de souffrir à en crever, c'était déjà ancré en elle. Certains naissent avec des dons, des habiletés particulières, elle, elle a ouvert les yeux sur le monde déjà entourée de mélancolie. C'est ainsi, la mélancolie, ce joli vague à l'âme qu'on a tendance à idéaliser, l'a toujours accompagnée comme une ombre bienveillante mais qu'en reste pas moins collée à ses chevilles. Lester un peu plus ou un peu moins le plomb de ses semelles, quelle différence. Mais ça marche pas comme ça. Paloma a beau essayer, elle n'a pas le pouvoir d'absorber la peine de Clémentine. Et même si elle détenait tous les paramètres pour la mesurer, ça fonctionnerait quand même pas. Alors elle n'a pas grand chose à lui ouvrir, quelques mots qui se veulent rassurants, sages, mais qui ne font pas mouche ; quelques caresses qui effleurent sa peau et espèrent y imprimer quelque chose. Un antidote. Un remède. De quoi chasser les tourments de Clémentine jusqu'à sa sortie, leurs retrouvailles. Clémentine lui pose une question et Paloma se pince les lèvres sous le poids de la réflexion. La vérité c'est qu'elle en sait rien. Elle pense qu'elle aurait pu mais ça sonne faux parce que dans sa tête Clémentine n'est pas du genre à jeter l'éponge. C'est le genre à s'accrocher, à s'entêter, à planter ses ongles et à rester là même si elle est indésirable, même si elle sait que c'est vain, inutile. Mais ça c'est sa vision biaisée, poétique, qu'est pas forcément vraie parce que Paloma a tendance à la voir d'une façon plus éblouissante, plus tragique, plus excessive en fait. Comme une héroïne de drame romantique ou la muse d'un artiste ou quelque chose de beau et poétique à la fois, une figurine qu'aurait la force de sa volonté et la fragilité de son physique de poupée. Paloma stoppe ses gestes tendres le temps de la réponse. Y'a ses doigts qui se suspendent à quelques millimètres de la peau d'albâtre de Clémentine, remplacés par ses yeux qui coulent sur elle avec l'indolence d'une rivière en été. « Je pense que tu le feras pas. » qu'elle confie dans un murmure soyeux. « Mais que tu aurais pu le faire et j'ai pas envie que tu le regrettes » qu'elle ajoute d'une voix tout aussi basse. Paloma ne veut pas appuyer là où ça fait mal alors elle occulte les détails mais n'en a pas moins les images déchirantes qui viennent assiéger ses paupières. Clémentine, accrochée avec tout le désespoir du monde à Hadrien, incapable de le laisser partir. Elle a cru qu'elle le suivrait ou alors qu'un membre de la production moins insensible que les autres le laisserait revenir, juste pour pas les séparer. Mais non. Hadrien est parti et Clémentine est toujours là alors qu'ils sont fonctionnels qu'ensemble. Ou dysfonctionnels mais Paloma a cru comprendre que peu importe ce qui les lie, ça leur convient. Clémentine la fixe de ses grandes billes claires qu'elle peine à distinguer et sa question arque ses lèvres dans un sourire tendre. « Bien sûr » c'est écrit, qu'elle doit rester. Même si Clémentine n'avait rien demandé Paloma serait restée auprès d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme ou lui intime de partir, pas avant. La blonde reprend sa position initiale et noue ses bras autour d'elle mais elle se dérobe à son contact. « Attends juste une minute » dit-elle en quittant ses draps pour retrouver à tâtons son lit et sa table de nuit où git son iPod. Paloma l'attrape et retourne se coucher près de Clémentine. Elle cherche la piste qui lui convient, l'enclenche et tend un écouteur à sa camarade. Elle attend qu'elle s'en saisisse pour faire de même, à un volume raisonnable, et glisser de nouveau ses bras autour d'elle. « Quand ça va pas fort, la nuit, j'écoute ça, ça me calme » Parfois. Parce que sinon, ça ouvre juste les valves et sauter la digue. Paloma conserve précieusement son étreinte autour du corps tout fin de Clémentine et ferme les yeux pour se laisser porter, bercer, par la musique. Elle espère qu'elle effleurera le coeur de la blonde autant que le sien et qu'elle allégera un peu sa peine. Mieux qu'elle.