+ C'est bien la première fois que je me promène par ici en pleine nuit. C'est assez différent de d'habitude. L'atmosphère est plus douce, mais aussi plus sombre et puis les étoiles brillent par milliers au-dessus de ma tête. C'est là que je me rends compte que le plafond de la chambre stellaire est vraiment très réaliste, mais c'est quand même mieux de voir les constellations en vrai, même si je suis incapable de les reconnaître. Ce ne sont que des astres, des trucs brillants, des points lumineux dans le ciel, dans la nuit noir, un peu comme des lucioles ou des vers luisants. Si ça se trouve, c'est une arnaque toutes ces histoires d'étoiles, oui, et ce ne sont que des insectes qui illuminent les cieux. Ce serait bizarre, mais c'est amusant à imaginer. Je souris un peu bêtement, je sais. Mes fines semelles traînent sur la pierre, celle-là même où je m'étais cassée la figure quelques semaines plus tôt, parce que j'étais venue en talons hauts, ou parce que ça glissait ce jour-là, ou je ne sais pas. Je soupire en m'arrêtant un instant pour contempler la vue. Je ne vois pas vraiment plus loin que le bout de mon nez, la lune ne s'est vraisemblablement pas décidée à sortir ce soir, mais je m'imagine les vagues que j'entends rouler et se jeter sur les rochers. Je sentirais presque quelques gouttes sur mes pieds. Avec ce doux vacarme, je n'entends pas Alistair arriver, mais dès que je sens sa présence, je me tourne vers lui et lui adresse un sourire. « Je trouve que c'est super reposant, pas toi ? » En tout cas plus reposant que le boucan que certains candidats sont capables de faire. Et puis, avec lui au moins, je suis sûre de ne pas être trop dérangée, il n'est pas du genre bruyant, je l'ai bien compris depuis le temps.

Comme à chaque fois qu’il ne sait pas comment s’occuper, Alistair opte pour une promenade à l’extérieur. L’heure et l’obscurité quasi-totale ne lui font pas peur, il est capable de déserter le nid au milieu de la nuit juste pour profiter de l’air nocturne. De plus, l’enfermement ce n’est vraiment pas pour lui, il a déjà donné et s’en passe très bien. Et même si la superficie du nid est différente de ce qu’il a autrefois connu, il n’aime pas cette sensation, c’est tout. Il laisse donc ses pas le guider, mais il presse ceux-ci quand il traverse la forêt. Il a entendu dire qu’un sanglier y rôdait et que certains avaient eu la chance de tomber nez-à-nez sur celui-ci, c’est une rencontre que lui-même aimerait éviter, d’autant plus qu’il ne peut se fier qu’à ses oreilles pour le coup et qu’il n’a aucune envie d’être surpris par la bête au détour d’un arbre. Arrivé au bout de la forêt, il tombe sur la falaise et il n’en faut pas plus pour qu’il se décide à s’éloigner de la forêt pour squatter le banc dont il a l’habitude. Il ne se lasse pas encore de la falaise, il prend toujours un certain plaisir à venir s’isoler ici même si le paysage qui s’offre à lui n’a plus le charme de la première fois. Il remarque une silhouette déjà présente, mais est incapable de l’identifier compte tenu de la faible lumière des lieux. Il s’approche un peu plus et découvre Jessica quand celle-ci se retourne. Il ne l’aurait pas imaginée se balader ici à une heure qui peut sembler tardive. Il aimerait bien répondre à son sourire, mais comme il n’en est pas encore là, il pince simplement les lèvres. « Ce n’est pas pour rien que je viens régulièrement ici. » Une façon pour lui de répondre à sa question sans pour autant se contenter d’un simple oui, comme il en a trop souvent l’habitude. C’est cette sensation qu’il recherche à chaque fois qu’il vient ici et si certains n’ont pas encore compris l’effet apaisant de cet endroit, il en est désolé pour eux. « Tu fuis quelqu’un ? » Il finit par lui demander, un peu par hasard. Simplement, s’il se fie à son opinion sur elle, elle n’a pas l’air du genre à s’isoler, alors il se risque à poser cette question. En attendant sa réponse, il sort son paquet de cigarette avant d’en coincer une entre ses lèvres qu’il ne tarde pas à allumer, on ne change pas les vieilles habitudes.

C'est paisible ici, en pleine nuit surtout quand on est pratiquement sûr de ne croiser personne. Et pourtant, on me rejoint rapidement. Je ne trouve rien d'étonnant à ce qu'il s'agisse d'Alistair, et j'engage la conversation en lui demandant s'il ne trouve l'endroit particulièrement reposant. Apparemment si, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il y vient régulièrement. Je lui adresse toujours le même sourire, mais peut-être plus en signe que j'ai compris, cette fois. Je le vois très bien rester dans ce genre d'endroits des heures durant, en solitaire, face à la quiétude de l'endroit, le bruit des vagues et du vent pour seuls compagnons. En fait, l'imaginer comme ça, ça me fait avoir un peu de peine pour lui, et à la fois je l'envie, de pouvoir s'isoler, s'éloigner des autres comme ça sans que ça ait l'air de le déranger plus que ça. Après tout, c'est son choix. Et moi j'aimerais être capable de rester loin des autres parfois, mais j'ai étrangement beaucoup de mal à ce que ça arrive. Ce soir, c'est un peu une exception, que j'ai voulue. Je crois que j'avais besoin d'un petit moment en tête à tête avec moi-même. Mais maintenant qu'il est là, je ne vais pas le chasser, non, ce n'est pas mon genre. Si ça se trouve, je ne serai plus en jeu dans quelques jours, là je pourrais profiter de mon éternelle solitude, une fois de retour à Chicago. Je soupire doucement alors qu'il me demande si je fuis quelqu'un. Je hausse les épaules. « Oh non, personne en particulier. » Un peu tout le monde en fait, mais si je le disais, il pourrait penser que ça vaut aussi pour lui, et il se braquerait sans doute, et il s'en irait, alors que sa présence ne me gêne absolument pas. « Je voulais juste voir à quoi ça ressemblait de nuit. C'est joli. » Et c'est un mensonge. Je m'en fiche bien de la falaise, de la mer en pleine nuit, ça m'est égal, mais il me fallait bien une excuse, un prétexte un peu bidon, et il doit surement sentir que je mens un peu, mais tant pis. « Et toi, comment ça se fait que tu viennes souvent par ici ? » Surement pour la même vraie raison que moi, je ne sais pas, on ne se connaît vraiment pas tant que ça.

Compte tenu de l’heure, il s’imaginait seul. Rares sont les candidats osant s’aventurer une fois la nuit tombée, mais lui en a l’habitude puisque se promener parfois à l’extérieur l’occupe durant ses nuits d’insomnie. Mais à choisir, s’il devait miser sur une présence ici, il n’aurait pas parié sur celle de Jessica. Pas qu’elle lui semble trop peureuse pour sortir dans le noir, mais parce qu’il s’imagine mal la candidate tenter de s’isoler pour échapper à la présence des autres. Et à vrai dire, bien que cette falaise offre une vue jolie, elle n’a pas particulièrement d’intérêt, si ce n’est celui d’aspirer au calme total en venant ici. Et vu l’heure, ce n’est certainement pas la vue qui l’intéresse en priorité. Il en vient à se demander si elle fuit quelqu’un en particulier. Personne en particulier selon la candidate, ce qui veut dire tout le monde à la fois. Il n’est pas dupe, la façon dont elle a répondu à sa question veut bien dire qu’elle cherchait la solitude, et qu’il est là pour la gâcher. La réflexion qu’elle a par la suite finit de le convaincre que peut-être, sa présence gêne. Mais puisqu’elle n’a pas émis la moindre réticence envers celle-ci, il ne va pas lui demander s’il peut rester ou non, il se contentera de ne pas s’éterniser, comme il en a l’habitude. Il hoche simplement la tête aux paroles de Jessica, que ce soit un mensonge ou un moyen d’esquiver sa question, peu importe, il est vrai que c’est joli par ici, de nuit. Enfin, pour ce qu’on peut en distinguer. Il tourne légèrement la tête en sa direction par la suite. « C’est tranquille, je peux m’isoler. » Il prend la peine de répondre, même s’il reste persuadé que cela parait évident. L’autre possibilité à sa présence ici étant de se jeter dans le vide, mais puisqu’il est encore bel et bien là, face à elle, cette théorie n’a pas de sens. « Je pense que tu ne risques rien. » Il déclare par la suite, sans grand rapport avec ses paroles précédentes et il juge utile de se montrer plus précis. « Pour dimanche. » Le prime, sa nomination grâce à la charmante roulette russe qui l’a également inclus lui dans les dommages collatéraux. « Les gens t’apprécient, il n’y a pas de raison que tu sortes. » Elle lui semble plutôt appréciée parmi les candidats et le public ne se trompe généralement pas, d’autant plus qu’elle a le profil de la candidate agréable et sympathique que l’on souhaite voir loin dans l’aventure. Enfin, il le pense, ce n’est pas un expert puisqu’il n’a jamais regardé cette émission. Mais pour le peu qu’il la connait, elle n’a pas franchement l’air dans son assiette et même s’il se sait peu adroit avec les mots quand il s’agit de réconforter quelqu’un, il essaie, parce que c’est également un point sur lequel il doit travailler.

Je ne crois pas l'avoir vexé en avouant ne fuir personne en particulier, mais plutôt tout le monde à la fois. En tout cas, sa présence ne me gêne pas et même si c'était le cas, je ne pense pas que je lui dirais. Je lui demande à mon tour ce qu'il vient faire ici, ou plutôt pourquoi il vient souvent. C'est parce que c'est tranquille et qu'il peut s'isoler. Oui, je m'en doutais, c'était peut-être stupide de poser la question. « Hm, t'as l'air de bien aimer ça, t'isoler. » Oui, c'est vrai, il a souvent l'air tout seul dans son coin, et même quand il est avec d'autres gens, il m'a l'air un peu distant, mais ce n'est peut-être qu'une impression. « Moi c'est pas trop mon truc, mais parfois, c'est pas si mal. » J'ajoute en haussant les épaules. Non, je n'aime pas être seule généralement, mais il faut bien quelques exceptions à la règle, comme ce soir. Enfin techniquement, je ne suis plus toute seule à présent, mais je l'ai été avant qu'il n'arrive, et ça ne m'arrive vraiment pas souvent ou alors c'est que j'ai une bonne occupation qui demande toute mon attention. La voix d'Alistair s'élève à nouveau, mais je ne comprends pas tout de suite de quoi il parle. Il pense que je ne risque rien, mais à propos de quoi ? Pour dimanche. Ah, oui, c'est vrai. Je lâche un petit soupire en haussant à nouveau les épaules d'un air las. Il dit que les gens m'apprécient, il n'y a pas de raison que je sorte. « Je sais pas. » Je dis juste avant de lui adresser un petit sourire. C'est gentil de sa part d'essayer de me rassurer, j'apprécie ce geste, inattendu, surtout venant de lui. « Toi, tu m'apprécies ? » Je demande. La question aurait peut-être plutôt dû être tournée autrement, comme par exemple : toi, si tu regardais l'émission, tu m'apprécierais ? Mais le fait est qu'il n'est pas téléspectateur mais candidat et que la vision qu'il a de l'intérieur est totalement différente de celle qu'on a de l'extérieur. Je sais de quoi je parle, moi j'ai expérimenté les deux côtés de ma télé. « J'espère que tu vas rester toi aussi. » Qu'on reste tous les deux, oui, et d'autres, même si on ne se connait pas forcément très bien et que ça n'a pas si bien commencé que ça entre nous. « Parce que j'aurais sans doute encore besoin de ton aide la prochaine fois que je perdrais une boucle d'oreille. » Et s'il n'est pas là pour m'aider, ce sera la fin du monde, je n'aurais plus qu'à jeter toutes les boucles qui n'ont plus leur jumelle sans jamais prétendre à les retrouver. Ce serait trop bête.

Il lui avoue qu’il vient régulièrement ici. Si la raison lui semble évidente à ses yeux – que faire ici à part s’isoler ? – ça n’est pas le cas pour Jessica. Pourtant, il est persuadé qu’elle est venue ici pour la même raison pour laquelle il s’isole régulièrement sur cette falaise. Le besoin de s’isoler du nid et de l’agitation constante qu’abrite celui-ci. Pour peu, la remarque de Jessica pourrait le faire rire, tant elle pointe du doigt une évidence. « Je suis percé à jour. » Il rétorque simplement, accompagné d’un léger haussement d’épaules. À vrai dire, il n’est pas dans la tête des autres, mais il lui semble que c’était plutôt évident jusqu’ici, bien même s’il s’isole beaucoup moins qu’il le fait à l’extérieur. Qu’il ne le faisait, car il espère que ça ne continuera pas après sa sortie. En tout cas, il ne s’est pas trompé, ce n’est pas vraiment le truc de Jessica, même si elle reconnait que ça ne fait pas de mal de temps en temps. « Tant que ça ne devient pas une habitude. » Et là, elle a le droit de lui rire au nez, tant c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Pour autant, il n’a jamais admis que s’enfermer dans la solitude était une bonne idée. Par la suite, il ferme le sujet de la falaise pour ouvrir celui des nominations. Jessica n’a rien demandé, mais le voilà qui s’essaie à la réconforter. Peut-être qu’il aurait dû s’abstenir, surtout qu’elle n’a pas déclaré à voix haute que cette nomination la plombait ou qu’elle appréhendait le prime de dimanche, mais parfois, il n’est pas trop logique dans ses conversations et il passe du coq à l’âne sans grande raison. Il ne pense pas qu’elle risque grand-chose, il est presque certain qu’elle verra son aventure rprolongée, et il l’espère pour elle. Elle n’a pas l’air aussi convaincue que lui et il regrette déjà de s’être lancé sur un sujet pareil. La question qu’elle lui pose par la suite le surprend, parce qu’il ne pense pas qu’il soit le mieux placé pour parler de ses affinités, vu qu’il a de la peine à se lier aux autres. Mais ce n’est pas pour autant qu’il va la laisser dans l’ignorance et ne pas répondre.  « Oui. » Il ne compte pas en faire sa meilleure amie dans l’immédiat, mais oui, il l’apprécie actuellement, même si leur première rencontre ne s’est pas passée de la meilleure des façons, il a su faire abstraction de sa première impression. Et à vrai dire, il aimerait bien en savoir plus sur elle s’ils ont l’opportunité de continuer l’aventure. Il ne se fait pas de souci pour elle et il espère qu’il a raison, même si les estimations ne sont pas sa spécialité. En parlant de nominations et du prime, elle espère également qu’il va rester. Il tourne légèrement le visage en sa direction, ça l’étonne qu’elle puisse dire ça, même dans l’hypothèse où c’est simplement par pure politesse, il ne se serait pas imaginé qu’on puisse vouloir qu’il reste dans ce nid. Ce qu’elle ajoute par la suite le fait sourire l’espace d’une fraction de secondes. Pas un petit rictus bien dissimulé, pas non plus un grand sourire à s’en faire mal aux joues, mais un sourire franc comme il n’en a pas souvent. « Ne compte pas trop sur moi, je ne serais pas toujours là. » Quand tout ceci sera terminé, elle ne devra compter que sur sa mémoire et dieu sait le nombre de boucles d’oreilles qui se retrouveront orphelines. « C’est quoi la première chose que tu feras quand tu seras à l’extérieur ? » De retour dans le monde réel. C’est sympa cette aventure, mais leurs repères sont chamboulés. Et bien qu’il ne lui souhaite évidemment pas de retrouver l’extérieur cette semaine, il n’empêche que le contexte se prête à une telle question.

Spoiler:

J'énonce un fait que chacun à sans doute remarqué, Alistair à l'air d'aimer s'isoler. Il est percé à jour, en effet. J'en serais presque désolée pour le coup, s'il voulait rester discret, tout ça. Non mais en réalité, je me sens un peu idiote parce qu'il est évident qu'il apprécie la solitude, vu le temps qu'il passe seul. C'est sa façon d'être j'imagine, même si au début c'était peut-être parce que les autres le mettaient de côté, il en a pris l'habitude à présent et ça lui est sans doute plus agréable, ou ça lui semble plus naturel de rester seule dans son coin que d'aller vers les autres. Moi, c'est tout le contraire. Si je n'ai pas vraiment été très entourée du côté parental, entre une mère incapable de s'occuper de moi et un père pratiquement absent à longueur de temps, j'ai tout de même toujours eu beaucoup d'amis, et encore aujourd'hui, et maintenant que je suis adulte et que j'ai donc un travail, je peux même compter mes collègues dans le lot. Dit comme ça, on dirait que je ne suis seule que lorsque je retrouve mon appartement, sauf quand je ramène un gars, mais non, c'est tout le contraire. Je me sens souvent seule, même entourée. J'ai l'impression que personne, dans mon entourage, ne comprend. Mais ce n'est pas grave, j'ai toujours su le supporter, alors je souris, et quand ça ne va pas fort, je m'isole, parce que j'en aussi besoin, parfois. Il ne faut tout de même pas en faire une habitude comme le dit le candidat. Et ça me fait doucement sourire parce que c'est lui qui ça, quoi. Oui, lui, le grand solitaire de l'aventure, enfin, on pourrait sans doute le mettre en concurrence avec Noah, il est pas mal dans son genre, lui aussi. Enfin bref. Alistair me surprend un peu à essayer de me rassurer pour demain soir. Je lui en suis assez reconnaissante, mais je n'en suis pas si sûre que lui. Je ne sais pas, tout peut arriver. Je ne pensais pas que ce serait Hadrien et Errol qui partirait la semaine dernière, et pourtant si ! Alors bon. Le brun pense que les gens m'apprécient, je lui demande donc si c'est son cas, même si je doute qu'il réponde non, même si c'était la vérité. Il ne voudrait pas me miner un peu plus le moral, hm. Enfin, je comprendrais, on n'est pas forcément partis du bon pied tous les deux, mais j'ai l'impression que ça s'arrange doucement avec le temps, c'est une bonne chose, hm. Mais sans aucun doute une question idiote. Il répond à l'affirmative, ce qui réussit à me décocher un petit sourire. Je ne peux être sûre qu'il me dit là la vérité, mais peu importe, ce qu'il m'a dit me suffit. Quoi qu'il en soit, j'espère également qu'il restera, ce qui pourrait sembler sonner faux dans ma bouche, ou en tout cas pas très sincère, mais je le pense. C'est que j'aurais bien besoin de son aide la prochaine que je perdrais un de mes bijoux, et oui. Je crois bien que j'ai réussi à le faire sourire, et j'en suis assez fière, je ne vais tout de même pas insister là-dessus, je préfère savourer ma petite victoire en silence, si seulement s'en était vraiment une. Il me conseille tout de même de ne pas trop compter sur lui, il ne sera pas toujours là. Je veux bien lui accorder ce point, dans une petite moue et un haussement d'épaules, avant qu'il ne me demande ce que sera la première chose que je ferais une fois à l'extérieur. « Oh bah j'en sais rien, j'y ai pas vraiment encore pensé, mais je devrais peut-être, si jamais ça devait arriver dimanche. » Je dis avant de soupirant. Je reste muette un instant, juste le temps de réfléchir un peu et de trouver une réponse quelconque à sa question. « Je pense que j'irais adopter un petit animal de compagnie, à défaut d'avoir un copain à la maison pour guetter mon retour. » Ouais, j'aurais dû y penser avant de partir pour l'Irlande, puis l'Australie, mais le pauvre, je lui donné l'impression d'être une bien mauvaise maîtresse de l'adopter et de le laisser seul ou aux mains d'un autre pour aller m'amuser dans un jeu avec tout un tas d'inconnus et une bestiole. D'ailleurs, c'est un peu Milou qui m'a fait réaliser que ça pourrait être cool d'avoir un vrai compagnon, pas comme le chat profiteur qui venait squatter devant la fenêtre de mon appartement quand il avait faim et qui repartait en suivant sans que j'ai le temps de le caresser plus de deux secondes. « Et toi ? » Oui, maintenant qu'il m'a posé la question, j'aimerais savoir ce qu'il en est de lui, ce qu'il fera quand il sera à l'extérieur, bien que je ne lui souhaite pas que ça arrive trop tôt, comme j'imagine qu'il ne me le souhaite pas non plus, hm.

Il est vrai qu’il est surpris quand Jessica avance le fait qu’il a l’air de bien aimer cela, s’isoler. Ça le surprend, parce qu’il pensait que tout le monde était au courant depuis le temps, d’autant plus que certains ont tendance à le laisser tranquille lors des primes ou des soirées, sachant justement qu’il n’est pas forcément la meilleure des compagnies si l’on veut passer un moment agréable à discuter ou simplement apprécier la présence de quelqu’un. Alors oui, elle l’a percé à jour. Un peu tard, mais elle l’a fait. Elle lui avoue ensuite qu’à elle, ce n’est pas vraiment son truc de s’isoler. Et c’est un peu paradoxal que ce soit lui qui lui conseille de ne pas en faire une habitude. Il s’attend à un soupir moqueur, à un rire non retenu, mais non, elle ne réagit pas, excepté un maigre sourire. Ou du moins, elle ne lui fait pas comprendre qu’il se fout un peu de monde et ce n’est pas désagréable qu’elle garde son opinion pour elle-même si l’on fait abstraction de son petit sourire. Il tente ensuite de la rassurer, maladroitement et il n’est pas certain que ce soit vraiment efficace ou qu’il soit suffisamment convaincant. Quant à savoir s’il l’apprécie, il lui répond par l’affirmative. Il faut dire que si chacun lui posait la question, il y aurait peu de monde qui essuierait une réponse négative. Sans être proche de beaucoup de monde, il apprécie la plupart des candidats. De son côté, il apprécie qu’elle souhaite le voir rester, même s’il ne sait pas si elle est sincère ou si c’est une simple marque de politesse. Quoi qu’il en soit, sa prochaine réflexion le fait sourire, il est vrai que sans lui, elle n’aura plus rien à mettre à ses oreilles. Il lui demande ensuite quel sera la première chose qu’elle compte faire une fois à l’extérieur. Il s’imagine que c’est une question qui s’est peut-être frayée un chemin jusqu’à son esprit vu sa nomination, mais visiblement non, elle n’y a pas encore réfléchi. Peut-être qu’elle devrait, en effet, si son aventure se termine demain soir. « Je ne te le souhaite pas. » Il déclare rapidement pendant qu’elle marque une courte pause. Depuis le temps qu’il se répète ça dans son esprit, il peut bien lui l’avouer à voix haute. Il s’imagine qu’elle réfléchit à une réponse précise et c’est effectivement ce qu’elle fait. Il n’a pas la moindre idée de la réponse qu’elle pourrait lui donner, où à la rigueur, il s’imagine qu’elle profiterait certainement de sa sortie, de sa nouvelle notoriété et peut-être dans son chèque pour faire la fête. Oui, il la voit bien comme une fille assez festive, mais peut-être qu’il se trompe. En tout cas, ce n’est pas ce qu’elle compte faire en premier lieu, elle va plutôt adopter un animal de compagnie, à défaut d’avoir un copain qui l’attend. Ça le surprend, d’ailleurs, Jessica étant très belle en plus d’être plutôt sympathique. « Peut-être que Milou est disponible à l’adoption, maintenant. » Elin avait tout de même l’air de l’apprécier cette horreur sur pattes, mais peut-être que ce n’était pas dans ses plans de repartir d’ici avec une bestiole et si ça se trouve, le chien n’a pas fait long feu avec elle à sa sortie du jeu. Il ne sait pas si Jessica faisait partie du clan des adorateurs de Milou (faut dire qu’elle avait plus d’ennemis que d’amis, cette pauvre bête), mais peut-être qu’elle le retrouvera à sa sortie. Enfin, ça, c’est si elle veut un chien. « À moins que tu optes pour un autre animal. Je te verrais bien avec un serpent. » Il émet cette hypothèse, mais peut-être qu’il devrait s’abstenir puisqu’il ne la connait pas plus que ça et qu’il n’est pas particulièrement doué quand il s’agit de cerner les gens qui l’entourent. De plus, un serpent ne fait pas vraiment partie de la catégorie ‘’petit animal de compagnie’’. Si ça se trouve, elle a une véritable phobie des reptiles et posséder un serpent relèverait du cauchemar pour elle. Mais compte tenu de l’activité professionnelle de Jessica (même s’il ne lui a jamais posé la question directement, l’information a fait le tour du nid à plusieurs reprises), il s’imagine naïvement que c’est peut-être une bestiole qu’elle utilise parfois dans ses spectacles (bien qu’il n’y connaisse rien dans ce domaine) et que par conséquent, ça ne doit pas lui faire peur. En tout cas, c’est un plan tout à fait normal si elle vient à sortir demain soir. Quand elle lui retourne la question, il marque une courte pause, le temps de remettre ses idées en place. Il a plusieurs choses de prévues, reste à savoir dans quelle ordre il les effectuera. « Je me ferais discret, loin de toute l’agitation médiatique qui peut avoir lieu. » Même s’il n’a jamais regardé cette émission, il n’est pas pour autant un ignorant, il sait que la presse à scandales s’intéressent particulièrement aux pseudos célébrités et donc aux candidats qui vont sortir de cette émission. Lui, il espère ne pas avoir le profil pour qu’on le harcèle, même s’il en doute. « Et je déménagerais. » Il ne sait pas encore où, il ne sait pas même si c’est une idée vraiment réalisable vu ses problèmes d’argent, mais c’est surtout une solution qui s’imposera à lui sans qu’il n’ait vraiment le choix. « En parlant d’animaux, peut-être que j’adopterais un chien, ça pourrait pas me faire de mal. » C’est qu’elle est parvenue à lui implanter l’idée dans la tête. Ce serait bien un chien, ça l’obligerait à pointer le bout de son nez dehors sans forcément se forcer à communiquer avec autrui s’il n’en a pas l’envie ni le besoin. C’est une idée à approfondir.