Les deux semaines qui viennent de s’écouler ont été les plus calmes de toute mon aventure d’un point de vue pression. La semaine passée car j’ai fait mon grand retour après avoir été éliminé face à McKayla lors d’une activité stupide et que je me suis bien trop concentré sur les bons côtés pour percevoir le reste, la coupe à moitié-vide vous voyez le délire ? Je n’ai pas eu à me plaindre non plus cette semaine, la roulette russe a été plutôt généreuse avec moi en m’apportant une immunité que j’ai pu savourer à sa juste valeur, le stresse des nominations a été complètement chassé et j’ai donc pu profiter sans trop me poser de questions. Que demander de plus à présent ? Ah oui je sais, ne pas subir les idées sadiques de Cupidon serait un bon début, il ne devrait pas nous proposer la même activité à deux reprises et que dieu le bénisse pour cela, l’originalité n’a pas que du mauvais à bien y repenser. A la veille du prime je n’ai donc qu’à prendre le temps d’apprécier tout ce qu’il va m’être offert de retrouver la semaine prochaine et la plage figure au-dessus de la pile, avec les beaux jours qui nous apportent un peu de gaité et de chaleur il est aisé d’en profiter de la plus simple des manières. Enfin, quand vous ne vous retrouvez pas à côté d’une tomate… Euh pardon, de McKayla ! « Pitié, dis-moi que le soleil a épargné mon visage. » Je me mordille la lèvre, pas certain de parvenir à lui mentir. « Les yeux seulement, mais c’est probablement grâce à tes lunettes de soleil et tu as deux gros ronds blancs à présent à cause de cela ! » Comment appelle-t-on ce que je viens de faire ? Retourner le couteau dans la plaie. « Maintenant j’ai plus qu’à porter un col roulé et un pantalon pendant plusieurs jours. Quoi, que ça doit faire mal non ? Alors je peux rester en maillot, et je marche à reculons. Mais du coup, ça ne marche pas si quelqu’un arrive dans l’autre sens … » Difficile à dire, je n’ai jamais pris le moindre coup de soleil de toute ma vie, peut-être parce que je ne reste jamais trop longtemps au soleil sans rien faire. La bronzette très peu pour moi. « Tu risques de souffrir le martyr et de devoir combattre de terribles démangeaisons aussi sous un aussi imposant tas de vêtements. Tu devrais… Je ne sais pas… Assumer tout simplement, lance une mode ! » Je doute fort que certaines personnes soient intéressées à l’idée de cramer au soleil pour avoir l’air cool mais bon, on peut parfois être surpris par la folie de quelques individus. « Sinon t’as pas de la crème sur toi, pour limite les dégâts ? Ou de la Biafine ? Ou je sais pas, quelque chose. » Je me suis contenté d’apporter une serviette de plage pour pouvoir m’allonger lorsque l’envie se présentera. « Je n’ai rien de tout cela mais tu pourrais par exemple te mettre à l’ombre… Genre tout de suite pour éviter d’empirer la situation ? »

Il y a certains spectacles qui valent la peine d’être vécus, y assister est un plaisir coupable et c’est de cette manière que je perçois le moment que je partage avec McKayla. La pauvre n’a pas pensé aux conséquences d’une petite sieste au bord de l’eau avec un soleil de plomb. Il m’est arrivé la même chose une fois mais une amie est très vite arrivée pour me réveiller, une chance sinon j’aurais probablement vécu la même expérience humiliante. Pour ne rien arranger, elle a la peau très blanche en temps normal, rougir n’a donc pas été un problème, bien au contraire ça a été surement très simple et quelques dizaines de minutes ont dû suffire. J’essayerais bien de trouver un petit quelque chose à dire pour lui remonter le moral mais je n’ai rien qui me vient, elle va être rouge, ses coups de soleil vont la brûler et affreusement la démanger et le pire ne sera pas derrière elle après ce passage obligé. Non, elle devra ensuite faire face à la chose la plus horrible au monde pour la peau, peler… Le truc le moins sexy qui soit ! « Génial ... J’imagine que je suis moche maintenant ? T’as le droit de détourner les yeux si tu veux. » J’aurais pu être compatissant et souffrir avec elle mais j’opte pour une autre approche, je ris, véritablement amusé par sa petite remarque. « Lorsque tu es belle au naturel, même avec des coups de soleil et la peau aussi rouge qu’une tomate tu restes sexy. » Ce n’est pas qu’une affirmation, c’est un constat. Puisqu’il faut lui donner des conseils je trouve de vieilles excuses, tiens, et si elle lançait la mode du coup de soleil ? Les gens sont tellement stupides qu’ils pourraient réellement se prendre au jeu, je n’en doute même pas. « Ah oui tu crois que ça marcherait ? Que les gens me suivraient ? Non, je pense pas tout de même. Et puis ce serait mauvais pour la santé, je peux pas lancer une mode qui ferait du mal aux gens. Parce que mine de rien, ça fait mal. » J’hoche les épaules, pas persuadé que ça puisse réellement fonctionner mais bon, ce monde a le don de toujours me surprendre, négativement bien entendu. « Les gens se font bien écarter les lobes des oreilles, certains se tailladent la peau alors pourquoi pas ? C’est un truc que les sadomasos devraient apprécier. » Autant vous dire que cette mode ne pourra pas me conquérir. Je n’entre dans aucune de ces catégories. « Oh non, j’ai plutôt envie de profiter encore un peu du soleil. » Je souris et je lui signale, taquin. « Fais-donc, si tu es obligée de sortir du jeu parce que tu as été brûlée par le soleil ça m’évitera de me faire virer à nouveau contre toi ! » Je lui adresse un clin d’œil complice. Elle prend quelques précautions en s’installant au sol, sa serviette sur le dos et la mienne sur la tête, elle a une touche assez spéciale en se trimballant de cette manière mais ça lui donne malgré tout un certain charme, elle m’amuse. « Viens par là. Toi et moi on a des choses à se dire. » Ais-je le droit de m’inquiéter de ce qu’elle a à me dire ? Il me semble qu’elle aime bien les potins et je pense donc immédiatement à Aaron, je ne suis pas encore très à l’aise sur le sujet il risque donc d’être difficile de me sortir les vers du nez. Je m’installe malgré tout bien sagement à côté d’elle, les fesses à même le sable. « C’est qu’on a un problème. Ça fait un mois qu’on est ici, et je sais toujours rien de toi. » Voilà la première chose vraiment intelligente qui aura été dite depuis que nous sommes tous les deux. « Tu veux savoir quoi ? » Que je demande, curieux de pouvoir lui apporter quelques précisions sur des sujets qui font naitre un certain intérêt chez elle. « J’peux déjà commencer par les bases, j’ai eu vingt-trois ans mardi, je suis anglais et forain, j’ai parcouru toute la Grande Bretagne pour proposer un tour de mon manège et… Cette aventure me permet pour la première fois de ne pas vivre avec ma famille sur le dos, d’être indépendant et de prendre mes décisions moi-même. »

Le soleil est un vilain ennemi. Il réchauffe le corps et probablement le cœur, il permet à notre peau de gagner de la couleur et nous remontons notre dose de vitamine D à bloc mais à côté de cela nous ne faisons pas attention aux coups de soleil, aux cancers de la peau qui peuvent être développés à cause de lui. McKayla vient de commettre l’une des erreurs les plus fatales pour la peau en s’endormant sans être à l’abri du soleil, mais qu’elle se rassure, même avec la peau rouge et brûlée elle reste très attirante. Je reste fidèle à moi-même et je salue donc la beauté de cette jeune femme qui, depuis le départ, m’a fait très bonne impression d’un point de vue physique. Bon, elle est également très plaisante caractériellement, elle m’a l’air d’être une très bonne personne, le package est présent et ça n’a probablement pas joué en ma faveur lorsque nous avons été confrontés tous les deux lors du prime qui nous a envoyé tous les deux à la case nomination d’office et élimination immédiate de l’un d’entre nous. Je plaisante d’ailleurs avec cela, lui adressant un clin d’œil rassurant pour ne pas qu’elle prenne ma réflexion au premier degré. Ce n’est pas l’objectif, pourquoi lui en tenir rigueur alors qu’elle a été autant victime que moi des autres candidats ? « Tu sais, moi je suis contente que tu sois revenu. J’ai trouvé ça vraiment nul les éliminations comme ça. » Voilà une confession très plaisante. « Moi aussi, j’ai trouvé ça un poil cruel et inutile mais bon, le principal c’est que nous soyons tous les deux encore là. » Toujours se lancer à la recherche des points positifs plutôt que de broyer du noir. La petite blonde me lance sur un sujet de conversation plus intime, elle est bien la première qui s’intéresse plus en détails à ma vie, je décide donc de faire un effort de me confier à elle. « Oh on a le même âge maintenant ! J’espère que t’as eu un anniversaire digne de ce nom tout de même. C’est dommage j’aurais bien aimé te faire un gâteau moi pour fêter l’occasion. J’aime bien faire des gâteaux tu sais. Mais je peux t’en faire un pour tes vingt-trois ans et une semaine ! En tout cas ça doit être trop bien d’être forain. T’as beaucoup de frères et sœurs dis ? » Elle est intéressée par ce que je dis et ça me fait plaisir, il n’y a rien de pire que les gens qui posent des questions par politesse et qui se fichent d’entendre la réponse. « Je n’ai pas eu de gâteau d’anniversaire non, je serais donc plus qu’heureux d’en partager un pour mes vingt-trois ans et une semaine ! Être forain c’est assez spécial mais si tu aimes la liberté alors tu es le roi du monde. J’ai un frère biologique, mais j’ai trois sœurs et deux autres frères de cœur, ceux qui sont comme la famille pour moi. » Je souris en repensant à eux, il n’est pas toujours facile de tous bien nous entendre mais on passe des moments magiques tous ensemble. « Mais c’est une bonne chose pour toi, t’es libre comme l’air ici ? T’aurais pas des potins à me raconter dis ? » Je ne parviens pas à contenir le rire moqueur qui m’échappe naturellement lorsqu’elle me demande si j’ai des potins à lui raconter. « Et si tu essayais d’être plus précise ? Tu veux savoir quoi ? N’aies pas peur de poser les bonnes questions ! »