Ft felice

Le sixième prime de cette saison se tiendra dans un peu plus de trois heures heures. Certains ne se préoccupent même pas encore de celui-ci et se baladent d'un côté à l'autre du nid tandis que moi, je panique un peu. Je ne sais absolument pas choisir la tenue que je mettrais ce soir, j'ai l'impression d'avoir déjà fait le tour d'une grosse grosse partie des choses que j'avais emporter avec moi. Debout dans le dressing, un bras arqué et une main posée sur ma hanche, j'observe l'étagère qui m'est attribuée. Une robe blanche. Déjà mise au premier prime. Je zappe. Un pantalon. Est-ce que j'ai vraiment envie de mettre un pantalon ? Non. Enfin je sais pas. Je suis une éternelle indécise. Je risque bien de rester plantée là durant un long moment. Je ne bouge pas d'un poil, je suis imperturbable. Ou presque. La porte s'ouvrant sur une candidate parvient à me faire quitter l'étagère des yeux, je lui accorde un sourire. Il s'agit de Felice et nous ne nous connaissons pas tellement toutes les deux, nous n'avons pas vraiment les mêmes fréquentations non plus je crois. «Alors, toi aussi t'es venue prendre un peu d'avance par rapport à ta tenue ? » Ce n'est pas parce que l'on ne se connait pas tellement que nous ne pouvons pas discuter toutes les deux. Au contraire, je me dis que c'est le moment parfait pour en apprendre plus sur elle, parce que je dois être au niveau zéro. Je ne sais rien dire à son sujet, en dehors de son prénom et de son métier aussi. Parce que ce n'est pas un métier quelconque non. C'est un métier qui lui correspond assez bien. «Perso, je suis dans le néant. Je ne sais absolument pas quoi mettre. »

Les jours de prime je ne suis pas vraiment moi-même. D'ordinaire je me fous un peu de tout et ne suis pas du genre à m'affoler pour un rien mais les dimanches dans Fake Lover me stressent particulièrement. Le prime et tous les rebondissement qu'ils engendrent me mettent dans un état proche de la paralysie. Même quand je ne suis pas nominée j'ai peur de sortir ou que quelqu'un que j'apprécie parte sans avoir eu le temps de m'y préparer. Alors maintenant tous les dimanches je traîne des pieds, sans but. La plupart du temps je reste dans mon lit jusqu'à ce que je décide de m'activer pour me préparer. Il est peut être un peu tôt pour commencer à m'habiller mais je ne tiens pas à devoir me frayer un chemin jusqu'à la salle d'eau pour une simple douche. A cette heure-ci j'ai tout le loisir de pouvoir passer une demi-heure tranquille sous un jet d'eau brûlant. J'entoure mon corps encore mouillée d'une serviette moelleuse et je me dirige vers le dressing. J'y retrouve une Elsa complètement perdue devant son placard. Je ne sais pas grand chose d'elle, son prénom tout au plus. Nous n'avions jamais pris le temps de nous parler et je le vivais bien jusque là. Sauf que l'occasion était trop belle pour garder le silence entre nous. Alors elle engage la conversation me demandant si je suis venue ici pour prendre de l'avance par rapport à ma tenue. « Oui, j'aime bien être tranquille quand je choisis ce que je vais mettre ». Pas par pudeur, juste pour avoir avoir le dressing pour moi tout seul et d'étaler mon petit bordel sans gêner qui que ce soit. Je passe du temps à trouver mes tenues, alors je comprends tout à fait ce qu'elle ressent. « Je serai pas en mesure de t'aider tu sais, mes goût sont un peu particuliers ». Jamais dans les bonnes grâces de Zoey, la Cristina Cordula de Fake Lover, je n'étais pas un modèle à suivre. Mon style était particulier, très personnel et ne ressemblait en rien à ce que les autres filles portaient. « Mais tu peux voler dans le placard d'une des filles je ne dirai rien ». Je lui dis en levant ma main droite. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en Enfer.

Je caresse du bout des doigts, distraitement, l'étoffe d'une robe qui ne m'intéresse pas vraiment. Je suis à cours de vêtements, j'en ai déjà fait le tour et c'est de plus en plus difficile de savoir quoi mettre pour le prime qui est tout de même l'événement à ne pas louper sur notre semaine. Je m'y suis prise longtemps à l'avance mais c'est uniquement pour ne pas être trop juste avec mon timing. J'ai la mauvaise habitude d'arriver en retard lors de tous les primes et j'aimerais bien que cela change un peu. Je ne suis pas la seule à prendre cette initiative, je suis rejoins par Felice qui me confirme la chose, elle aime être à l'aise. C'est sûr que c'est pas toujours facile d'avoir de la place quand les grosses fesses de tilda prennent toute la place, oups. Mes yeux se posent sur la candidate à qui j'adresse même un sourire lorsqu'elle m'explique qu'elle ne pourra pas beaucoup m'aider parce qu'elle n'a pas des goûts très commun en matière de vêtements. Oui, c'est vrai qu'elle n'a pas un look passe partout. «Moi je trouve ça bien d'avoir ton propre style, ça te va assez bien au teint en plus.»  Lui répondis-je sincère tandis que je reportais mon attention sur les étagères devant moi. «C'est une proposition alléchante mais je me vois mal emprunter quelque chose à quelqu'un sans le lui demander avant... Je n'aimerai pas que l'on me le fasse.» Lui expliquais-je avec une voix douce et posée tandis que je saisissais finalement un t-shirt blanc et une jupe en cuir noir. J'attrape ensuite un cardigan. N'étant pas perturbé par la présence de la candidate, je me change directement et enfile les trois vêtements choisis. «Tu crois que ça peut aller ça ? » la questionnais-je une fois que tout est enfilé. «D'ailleurs, je me demande, qu'est-ce qui t'amène dans ce jeu toi ? »

Je ne suis pas la plus rapide du nid lorsqu'il s'agit de me préparer un jour de prime. Je m'y prends bien en avance pour éviter les heureus d'affluence et d'arriver en retard même si je suis toujours prête au moins une bonne heure à l'avance. Le plus compliqué pour moi reste le choix de la tenue. Je passe des heures dans le dressing à examiner les moindres vêtements présents dans mon armoire pour arriver à faire quelque chose de bien, une tenue qui me ressemble. Dans ma vie de tous les jours je suis toujours en pantalon, difficile d'être à l'aise pour tatouer avec une jupe ou même une robe. Si bien que j'en ai oublié ma féminité. Alors je me rattrape doucement ici même si le changement n'est pas encore trop violent. En tout cas on ne pouvait pas me reprocher de ne pas avoir fait d'efforts surtout après avoir porté cette robe rose lors du dernier prime surtout quand on sait à quel point j'affectionne le noir. Alors pour aujourd'hui je vais arrêter mes efforts et me faire plaisir vestimentairement parlant. Je pousse la porte du grand dressing avec pour simple tenue une serviette soigneusement nouée autour de mon corps. Elsa est là aussi, elle choisis déjà sa tenue pour le prime. Je ne risque pas de lui être d'une quelconque aide étant donné que nos goûts sont peut être aux antipodes l'un de l'autre. J'étais loin de faire l'unanimité mais elle trouvait ça plutôt cool d'avoir son propre style. « Oh ... merci » . Je réponds naturellement. C'est le genre de chose qu'on dit lorsqu'on reçoit un compliment, non ? Devant sa mine dépitée à l'idée de n'avoir rien à se mettre je lui propose de piquer dans le placard d'une autre fille. Elle pouvait compter sur moi, je serai aussi muette qu'une tombe. Parce que c'est le genre de chose qui se fait dans le nid de piquer les affaires des autres. Je n'approuvais pas forcément mais je n'allais pas non plus aller la dénoncer si elle se laissait tenter. Ce n'est pas son genre non plus, ce n'est pas très morale ni très sympa pour les autres. « Ça n'empêche pas certains candidats de le faire. Tu fais bien de ne pas te laisser tenter » . Pour ma part je n'emprunte pas, je me contente d'observer et dévorer des yeux. C'était moralement plus excusable comme comportement. Elsa est soudainement prise d'inspiration pour sa tenue du jour. Ni une, ni deux elle se déshabille devant moi et enfile une tenue qui est plutôt à mon goût. « C'est bien, j'adore la jupe » . Inutile de préciser que j'adore le cuir dans n'importe quelle vêtement. Elle semble convaincue par son choix et engage la conversation vers une direction bien plus personnelle. Pourquoi je suis venue ici ? C'est bien la question que je me pose depuis plusieurs jours sans vraiment trouver de réponse convenable. J'ai tiré des conclusions de mes heures de réflexion et je suis en mesure de pouvoir lui fournir une réponse. « J'avais besoin de changer d'air, de faire de nouvelles rencontre, de me jetter dans le vide en affrontant l'inconnu » . C'était suffisant comme réponse, hm ? Je suis certaine qu'elle se contentera de ça même s'il y a aussi une autre raison supplémentaire derrière tout ça. « Et aussi parce que j'ai l'espoir de retrouver quelqu'un si jamais cette personne me regarde » . Un mince espoir, tellement mince qu'il ne se réduit plus qu'à une peau de chagrin mais cet espoir ne quitte plus mon esprit. L'espoir fait vivre, on dit souvent. « Et toi, tu voulais quoi en arrivant ici ? Tu as pas peur que tout s'arrête brutalement toi ? » . Je lui demande inquiète à l'idée de devoir affronter une nouvelle soirée de rebondissements et de surprises.