Il était quatorze heures, et je venais de terminer mon jogging à travers la forêt. Je ne sais pas vous, mais j'adorais courir les jours de beaux temps. Je m'étais dans un premier temps dit qu'il serait bien d'aller faire un tour du côté du stade, mais... je ne sais pas... je crois que j'avais besoin d'un décor un peu plus naturel pour cette fois. La plage, c'était compliqué, avec le sable j'avais peur de me tordre la cheville en m'enfonçant un peu trop, et me connaissant, ça serait très certainement arrivé. D'ailleurs, je l'aurais très certainement mal vécu puisque je ne m'imaginais pas une seule seconde pouvoir vivre sans sport. J'avais toujours besoin de surpasser mes limites et de courir jour après jour. A l'extérieur, je pratiquais régulièrement la natation, mais ici, la piscine n'était pas vraiment adaptée pour faire des longueurs comme j'avais l'habitude de faire. Ainsi, après avoir terminé ma course à travers les arbres, j'avais fini par rejoindre l'intérieur du nid, me dirigeant vers la cuisine pour me rafraichir un petit peu. Mouillant mes mains à l'aide du robinet, j'essuyais mon front qui n'était pourtant pas transpirant -ayant la peau sèche, je ne transpirais que dans de réels efforts- lâchant un léger soupir à la sensation de l'eau glacée coulant le long de mon visage. Je m'essuyais ensuite celui ci à l'aide du bas de mon tee shirt et attrapais l'une des pommes trônant sur le bol central de la table. Rien de mieux qu'une pomme pour terminer un parcours des plus sains, n'est-ce pas ? C'est sur ces belles pensées que Clémentine arriva, clamant qu'elle était fière de moi en se hissant jusqu'à ma hauteur pour me tapoter la tête. Je restais là, bête, mâchouillant ma pomme comme le premier des imbéciles, sans trop savoir quoi dire ou quoi répondre. Bon, là je n'étais plus trop présentable, mais je crois que les filles aimaient bien savoir que les hommes faisaient du sport, alors je me disais que ça n'était pas si grave, surtout que mon jogging n'était pas affreux. Il était même plutôt banal en fait, gris, et mon tee shirt ample et blanc. J'hochais la tête lorsqu'elle me disait que ma muse était inspirante. « C'est vrai, je l'avoue, Ghika est une vraie source d'inspiration. » m'amusais-je pour la charier. Oh non, il était hors de question que je m'habille un jour comme lui. A mes yeux, ce qu'il portait était encore bien pire que tout ce que j'avais dans ma garde robe. Comme quoi, tout n'était pas perdu pour moi. Le ventre de Clémentine me rappela cependant à l'ordre tandis qu'elle me demanda si je pouvais lui faire la cuisine. Non, plutôt si je comptais la lui faire. « Oh et bien je... C'est à dire que j'ai tendance à tout faire cramer, c'est pas moi qui fait la cuisine à la maison... Mais une pizza ? C'est simple à faire une pizza. » En fait, ça pouvait sonner comme une affirmation, mais c'était en réalité une question. Oui, j'avais besoin qu'elle me rassure sur ce sujet. Surgelée, la pizza, évidemment. Nouvelle plainte, tandis qu'elle me demande si je ne trouve pas qu'elle a la peau sur les os. « Je me demande surtout comment tu fais pour être si fine et faire pourtant autant de bruit. » ajoutais-je en arquant un sourcil, amusé. J'ouvrais donc le frigidaire, mon regard parcourant les tranches des cartons d'emballages, comme si je me trouvais dans une librairie. « Fromage, chorizo ? Je sais, c'est probablement l'une des décisions les plus importantes de ta vie. » Oh oui, assurément même.