Soudainement envahie par l'ennuie, je ne veux pas me laisser abattre et préfère prendre les devants. Je ne reste pas avachie dans le canapé du salon et préfère me rendre dans la salle de contrôle où je pourrais admirer mes camarades s'occuper sans se soucier des caméras. Il faut dire qu'après un mois d'aventure, on a tendance à les oublier et à en faire abstraction. Elles font parties du décors mais ne dérange en rien mes petites habitudes. Ou du moins, ne les déranges plus. Cela n'était pas si facile que cela au début. Debout devant les écrans, les deux bras croisés dans le dos, je scrute les écrans en quête de certains indices. Quitte à être ici, autant montrer que cette activité peut être utile. J'observe avec beaucoup d'attention le comportement de mes colocataires, les liens qui se nouent et se dénouent en permanence dans ce nid. Finalement, je me laisse tomber sur un siège mais mon regard ne quitte pas l'écran. Pas une seule seconde. Sauf lorsque des bruits de pas m'y oblige. Mon regard détaille et identifie rapidement Clémentine à qui je souris de façon assez naturelle. Nous n'étions pas si proches que cela au début de l'aventure mais je l'apprécie de plus en plus. Je la perçois comme quelqu'un de vrai, de sincère et j'ai l'impression que cela est bien trop rare dans ce jeu. Pas uniquement dans ce jeu en fait. C'est rare partout.  «Dis Clém, si j'suis éliminée dimanche ... Est-ce que ça te fera quelque chose ? » Est-ce que je lui manquerait par exemple, est-ce qu'elle continuera de penser un peu à moi ?

Sa réponse n'est pas si surprenante que cela. A question idiote, réponse idiote. Je suppose que c'est ce qu'elle veut me montrer en affirmant qu'elle se tailladerait les veines. Puis, sa main se pose sur mon épaule et celle-ci répond finalement à la question que je me posais sans que je n'eu le courage de lui demander directement. Peut-être parce que j'ai pas franchement l'habitude de poser ce genre de question, peut-être parce que je ne me soucis pas souvent de l'impression ou du sentiment que peut laisser mon départ. Lorsque j'ai quitté les Etats-Unis pour venir vivre en Australie, je l'ai fais sans me retourner. Je n'ai pas regardé les gens que je laissais derrière moi, je me suis contenté de partir en espérant trouver mieux ailleurs. Je n'avais pas franchement l'habitude de nouer des liens solides et j'avais souvent été déçue par les amis que je m'étais fait. Ici, ça n'était pas le cas et je ressentais un réel attachement envers certaines personnes, clémentine en faisait partie. «Toi aussi, tu me manquerais.» Les moments que l'on passe ensemble surtout, les discussions entre filles. Je suis un peu nostalgique, alors que je n'ai pas encore réellement le droit de l'être. Le verdict n'est pas encore tombé et je ne devrais pas me montrer si fataliste. C'est ce que Clémentine semble vouloir me dire. « On verra bien, c'est pas à moi de décider.» Malheureusement. « Alors, qui est-ce que tu venais épier ici ? » Si l'on vient ici, c'est pour espionner quelqu'un en particulier non ? Il doit bien y avoir une personne qui l'intéresse plus que les autres, un secret qui l'intrigue ou qui lui donne envie d'appuyer sur le bouton rouge. Moi, je veux savoir, je veux pouvoir me changer les idées et discuter avec elle me paraît être une bonne option.