Après avoir englouti un bon croissant et avalé une bonne quantité de jus d’orange et de café, il faut que j’aille me soulager. Je ne me suis pas rendu au cabinet depuis hier soir alors ma vessie est pleine. Rien d’extraordinaire. Comme approximativement tous les jours, je me rends donc machinalement aux toilettes. Je fais ce que j’ai à faire, tire la chasse, puis sors du seul et unique cabinet du nid. Je me retrouve alors nez à nez avec Ghika. Je lui offre un maigre sourire avant de regarder sa tenue. « Salut. » On pourrait croire que je matte son entre-jambe mais non. Point du tout. « T’aurais bien aimé être une fille ? » Je pose cette question l’air de rien sans insinuer quoi que ce soit alors que j’ai bel et bien une idée derrière la tête. Mais je suis sérieux. J’essaye de mieux le cerner. « Je comprends pas ce que ça te procure de porter des jupes, je veux dire, c’est pas agréable et pas sexy du tout. » C’est comme une nana qui porterait une moustache, berk. Tue l’amour. Après, Ghika n’est pas du tout mon genre donc ça ne change rien mais c’est pas forcément agréable à voir. « Et puis, t’as le zizi à l’air il paraît et selon Jess’, suffit que tu t’assoies pour l’écraser. Mais moi, je pense surtout que t’es dans la merde si y’a un coup de vent. Puis tu pourrais choquer des gamins et… » Et voilà qu’il me coupe la parole. Je crois que je suis parti trop loin dans mon délire aussi. Mais fallait que j’en parle.

Ghika le sent, cette discussion va être pénible. Il n’est pas du genre à chercher des noises gratuitement, parfois il s’amuse juste à titiller un peu, mais les allégations de Sacha à son égard commencent à le gonfler dès la première phrase. « Qui te dit que je n’en ai jamais été une ? » répond-il avec un sourire narquois. C’est limite offensant comme question, c’est surtout ridicule. De nos jours si on veut changer de sexe, c’est largement faisable. « Cela ne me procure rien de plus que porter un tee-shirt et un jean ne te procure à toi. » se targue-t-il face à la première partie de l’assertion de Sacha. Au fond c’est assez navrant d’en venir à tenir des propos aussi peu tolérants. Ghika ne sait pas pourquoi mais il sent qu’il va dégommer Sacha. S’attaquer à Ghika c’est assez facile sur le papier, il a l’air gentil, un peu doux, mais ne vous y trompez pas. Il est plus incisif que beaucoup et sa répartie est mordante. « Ce n’est pas agréable ? Désolé j’ai raté le moment où tu m’avouais que tu avais l’habitude de porter des jupes ? Pour être tout à fait honnête ne pas avoir de tissus sur les jambes et assez agréable. En ce qui concerne le caractère sexy ou non de la jupe…  Je pense que si tu trouves une jupe sexy sur Jessica ou Paloma, c’est uniquement parce que tu es un peu étroit d’esprit que tu ne peux pas trouver ça sexy sur un homme. A moins que ce ne soit juste sur moi que tu ne le trouves pas sexy et sur ce point je ne peux rien pour toi. » lâche-t-il  corrosif. Sacha ne semble même pas se rendre compte d’à quel point il est à côté de la plaque. Mais Ghika va se faire un plaisir de mettre le doigt là où il faut pour le lui faire comprendre.  Voilà qu’il prend Jessica comme source d’informations… Ghika pourrait lui rire au nez mais il va plutôt lui remuer le nez dans la merde. « J’en ai entendu des conneries mais là je pense que tu bats des records. Selon Jessica ? Vraiment ? Je me doute bien qu’entre Jessica et toi vous avez l’habitude de vous asseoir sur des queues mais si tu t’es un jour promené nu chez toi et que tu t’es assis tu as dû remarquer que s’auto-écraser la bite est assez compliqué. » On dit souvent du sexe masculin qu’il est le cerveau de l’homme. A ce niveau là Ghika ne doute pas que Sacha a dû s’asseoir sur son centre de réflexion un certain nombre de fois pour arriver à tenir de tels discours. « Et puis je porte des sous-vêtements et ça ne serait pas plus choquant pour un gamin que de voir des images de toi et Lou vous pompant le dard… » Voilà c’était dit.

A croire que les toilettes m’inspirent, j’en viens à parler d’anatomie avec Ghika. Enfin de sexe plutôt mais c’est du pareil au même. Est-ce que Ghika aurait bien aimé être une fille ? Je le saurais jamais visiblement puisque le candidat contourne ma question. « Maintenant que tu le dis, c’est vrai que Ghika ça fait un peu fille. Je connaissais une tigresse qui s’appelait Djina. Ça ressemble un peu. » Si ça se trouve, je viens de découvrir son secret en vrai. Il a changé de sexe et avant c’était une fille. Ça pourrait expliquer pourquoi il aime tant porter des jupes. Il est nostalgique du temps où il avait un vagin. « Hm. » Si ça lui procure rien de plus que des habits de mecs, pourquoi il porte des jupes ? C’est pas agréable et sexy du tout. Le garçon se plante. Que ce soit lui qui en porte ou Lou, ça ne change rien du tout à ce que je pense. C’est un véritable tue-l’amour au même titre que Conchita Wurst. « Mais non. C’est juste que toi t’as des poils et pas Jessica et Paloma. Donc c’est pas pareil. » Enfin même si le candidat avait pas de poil aux jambes au fait, ça changerait rien. Un garçon, ça n’est pas fait pour porter des jupes, voilà. Je trouve d’autres explications pour le prouver et Ghika semble penser que tout ça n’est que pure connerie. Il affirme même que Jess’ et moi on aime s’asseoir sur des pénis. Il est vraiment trash pour le coup. C’est pas très respectueux puisque lui semble pas très bien placé pour parler non plus. « C’était la théorie de Jess’, ça. Et puis, désolé mais moi je me balade pas à poil chez moi. » Il fait ce qu’il veut lui mais moi c’est pas mon trip. Je passe pas mon temps tout nu donc j’en sais rien si oui ou non on peut écraser sa bite si elle est à l’air en s’asseyant. J’ai pas testé après tout. « Ce que j’ai pu faire avec Lou ne te regarde pas. En plus, on s’est pas exposé devant les caméras. » Les images de nos ébats n’ont jamais été diffusés puisqu’ils se sont toujours déroulés dans la loveroom à l’abri.  « Et me juge pas sur ça. Si ton ancien partenaire était encore là, tu te serais pas gêné pour lui demander de te soulever la jupe et de baisser ta culotte. » J’aime pas vraiment ses insinuations mal placées. Moi je le taquinais, lui, s'est montré vraiment trash et indiscret pour le coup.

De mieux en mieux, voilà qu'après avoir été comparé à une fille ou du moins, après que Sacha lui ait demandé s'il aurait aimé en être une, Ghika était mis en relation avec des animaux. « Je suis sûr que tu as connu beaucoup de tigresses... » le sous-entendu est notable. Ghika se fout royalement de sa gueule sur ce coup là. Par tigresse il entend bien sûr parler de femmes, le monde du cirque Ghika n'y connaît pas grand chose mais il se doute que Sacha a dû y fréquenter des bêtes féroces. Il ne serait même pas surpris si la prochaine question était quelque chose du genre « tu voudrais pas être un lion ? »[/color] vu le niveau du débat. Ghika éclate de rire quand Sacha parle de poils. Non seulement Ghika n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un garçon poilu, on pourrait même dire de lui qu'il est imberbe, mais en plus de ça c'est complètement ridicule comme argument, ça ne tient pas debout une seule seconde. Si la côte sensualité d'un homme se mesurait au fait qu'on voit ou non ses poils, pourquoi porter des débardeurs et des shorts ? « Arf... ouais j'avoue les poils... j'espère que me voir en short en ce moment ne te donne pas envie de vomir. Tu sais que ça a un nom hein ? La pogonophobie. Tu devrais consulter avant de commencer à t'arracher la barbe ou celle de Lou. » La connerie pouvait en être un autre. Mais Ghika ne comptait pas l'insulter, pas tout de suite du moins, selon comment évoluait la situation il finirait probablement par lui dire le fond de sa pensée, mais pour l'instant il est encore capable de se mettre au niveau du débat. « Une théorie que tu as trouvé digne d'assez d'intérêt pour me la rapporter. Je ne te voyais pas du tout puritain mais si tu le dis, j't'encourage à essayer d'écraser ton anaconda et de venir me dire à quel point c'est douloureux. » réplique-t-il complètement désabusé. Le type essaye-t-il vraiment de lui faire croire qu'il n'a jamais porté une serviette en sortant de la douche ? Qu'il ne s'est jamais assis sans porter de sous-vêtements ? Soit il se fout de sa gueule, soit il est vraiment très con, soit il est tout simplement hypocrite. « Qu'on soit clair, ce que tu fais avec Lou regarde tous les gens qui vivent avec vous et tous les spectateurs qui suivent l'émission. Et si ce n'était pas le cas, je pense que tu pourrais reprendre tes petits jugements de valeur sur ma façon de m'habiller et appliquer à tes opinions le même refrain « Ce que fait Sixte ne me regarde pas ». » lâche un Ghika visiblement exaspéré. C'est quand même fou d'être aussi obtus. Ça lui rappelle les débats qu'il avait au lycée où les gens se mettaient à hurler des injures parce que l'autre avait fait preuve de la même hypocrisie qu'eux. Sacha au fond c'était pareil. Il voulait pas qu'on se mêle de ses affaires, par contre foutre son nez dans celles des autres c'était tout à fait concevable. « Je te juge un peu sur ce que je veux Sacha. Et je l'ai dit dès le départ, je n'aurais jamais rien fait dans l'émission avec Auguste ou avec qui que ce soit d'autre. Si tu n'es pas capable de garder tes pulsions pour toi pendant trois mois tu m'en vois désolé, mais je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas le droit de te juger. » Libre à lui de ne pas le croire. Quelle que soit l'image que Ghika a pu donner, il n'aurait jamais couché avec Auguste, il le sait et il ne voit pas de raison de s'en cacher. Il n'est pas un mec facile, passer l'étape du sexe c'est pour lui un grand saut. Un grand saut que les gens ont tendance à résumer à un moment balancé. Ou à plusieurs moments balancés consécutivement, cela dépend de leur endurance.

C’est vrai que quand on y réfléchis, c’est plutôt féminin comme prénom Ghika. Le jeune homme pourrait donc avoir été une femme dans le passé. Cela expliquerait bien des choses. « Plus que toi j’ai l’impression. » Je ne suis pas sûr qu’il y ait un sous-entendu ou non, mais si c’est le cas, ma phrase fonctionne étant donné qu’il ne semble pas être attiré par la gente féminine et si c’est pas le cas, elle marche aussi car bien entendu, j’ai dû voir beaucoup plus de tigre dans ma vie que lui. « N’importe quoi. Tu comprends décidément rien. » J’ai jamais dit que j’aimais pas les poils, non, sauf que voir une femme poilu ça ne m’attire pas du tout au même titre que de voir un homme avec une jupe. Alors voilà le lien. Je suis las de devoir tout lui expliquer alors j’abandonne. Il n’est vraiment pas perspicace. « Laisse mon anaconda là où il est. Il a rien demandé, lui. » Comme si j’allais essayer de me mettre nu et de m’asseoir nu ensuite quelque part pour voir si j’écrase mon pénis ou non. J’ai d’autres choses à faire que ces expériences inutiles. Bref, qu’il arrête toujours de parler de moi et de Lou. Je vais commencer à croire qu’il fait une fixette sur nous ou qu’il est jaloux tout simplement. « Très bien. Ça ne te regarde pas et tu fais ce que tu veux avec tes jupes. T’as gagné. » Il a entendu ce qu’il voulait entendre, là, non ? Alors il va me lâcher la grappe. Je commence à en avoir marre de ces insinuations déplaisantes. J’ai pas été méchant moi, je plaisantais juste. Alors le fait qu’il s’enflamme comme ça et qu’il m’attaque sur des choses dont il ne devrait pas, ça ne me plait pas. Mais il continue et il affirme qu’il a le droit de me juger s’il veut. Je soupire. « Juge moi comme bon te semble, c’est pas mon problème. Si ça t’amuse de te ridiculiser devant des millions de téléspectateurs avec des jupes toutes plus affreuses les unes que les autres et que tu penses que c’est moins grave que d’embrasser un candidat, alors soit. » Bon, là, les mots ont surement dépassé ma pensée. Il faut dire qu’il m’a légèrement agacé. Pourtant, je suis patient comme garçon. Il m’en faut pas mal. Pour autant, je vois pas rouge non plus. Je suis juste détaché de la situation et j’ai maintenant envie de partir. J’ai fait ce que j’avais à faire aux toilettes et je me suis lavé les mains alors je crois que je peux m’en aller. J’ai pas envie qu’il continue à me dénigrer injustement. Il m’a dit ce qu’il pensait, je lui ai dit aussi alors voilà. Je pense qu’on n’a plus rien à se dire maintenant.