+ andreja

J’avais pris de mauvaises habitudes depuis que j’étais entré dans ce nid. Je buvais beaucoup trop. Beaucoup, beaucoup trop. Et j’avais conscience qu’il fallait que je me calme sur la bibine, au risque de ne plus pouvoir m’en passer. Ça commençait toujours comme ça, et ça finissait généralement aux alcooliques anonymes. Je n’étais pas assez débile pour devenir dépendant d’un liquide magique. Non, il fallait que je me contrôle, et que je stoppe cette mauvaise influence que le serbe avait sur moi. Bon, c’était bien facile de mettre tout ça sur le dos de Andreja… Je préférais le porter responsable plutôt que d’assumer ma responsabilité sur ma hausse de consommation d’alcool. C’était toujours plus simple, et malheureusement je choisissais toujours la solution de la facilité. Et j’en payais le prix, presque tous les jours. «  Cap ou pas cap de ne pas boire pendant un mois ? » Je demande alors à Andreja que j’aperçois venir vers moi alors que je suis assis sur l’un des bancs du kiosque à musique. Non, parce que quitte à prendre de bonnes résolutions, autant entraîner l’homme de l’est avec moi. «  Mais il faut qu’on trouve une sanction digne de ce nom si on ne tient pas le pari, parce que sinon ça serait trop facile de briser le pacte. » Oui oui, je parlais comme si le pacte était déjà formé. En fait, je ne laissais pas trop le choix à Andreja, il se devait de me suivre dans ma quête de sobriété. Nous avions tous les deux pu voir que l’alcool ne nous allait pas bien au teint avec les images que Akela avait diffusé au prime dernier.

Il n'avait pas fait grand-chose de constructif aujourd'hui, pour ne pas dire absolument rien. Il n'avait même pas mis les pieds au gymnase, et il n'était pas encore allé courir, preuve que quelque chose clochait. Il ne savait simplement pas quoi, il avait simplement l'esprit préoccupé. Et sans doute encore un peu brumeux de l'alcool qu'il avait bu la veille, ne se rappelant plus trop quoi du Whisky ou du livre qu'il avait entrepris de lire l'avait assommé en premier. Il avait pris une résolution à son réveil pourtant, et surtout tandis qu'il préparait le thé qu'il avait partagé avec Clémentine pour le petit déjeuner : il fallait qu'il se calme sur la boisson, au moins pour le reste de la semaine, au moins assez pour qu'Akela cesse de les faire passer Lou et lui pour des alcooliques en devenir. Est-ce que c'était ce qui lui pendait au nez ? Il était tenté de dire non, il ne pensait pas avoir encore dépassé ses limites, la boisson était simplement quelque chose de culturellement très accepté par chez lui, son père ne buvait pas moins par exemple et il n'avait jamais considéré son père comme un alcoolique. Du moins c'était à l'époque où il vivait encore sous son toit, et dieu sait qu'au fond de lui il savait que depuis la situation n'était pas allée en s'arrangeant ... Mais que pouvait-il faire, à des milliers de kilomètres de ses racines désormais ? Pas grand chose, malheureusement. Donnant machinalement un coup de pied dans le caillou venu buter contre sa chaussure il avait soupiré, las. C'était sans doute pour le mieux, s'il ne buvait plus pendant quelques jours, cela lui éviterait peut-être d'avoir la langue trop déliée pour évoquer l'hécatombe familiale qui était la sienne à nouveau. Même si c'était à Lou, et même s'il lui faisait confiance, parce qu'ils finissaient bien tous par comprendre maintenant qu'ici rien ne restait jamais secret très longtemps. En parlant de Lou justement, le voila qui prenait racine sur un banc, et sans trop savoir si c'était pour sortir le marin de sa solitude, ou bien si c'était pour combler sa solitude à lui, il était allé se poser à côté de lui, retirant les mains des poches de son jean une fois assis. « Cap ou pas cap de ne pas boire pendant un mois ? » Un brin de stupeur se lisant certainement sur son visage le serbe avait questionné Lou du regard, presque persuadé l'espace d'un instant que le barbu avait une quelconque capacité à lire dans les pensées, pour que sa proposition reflète à ce point ce à quoi pensait Andreja juste avant. Dubitatif pourtant ce dernier n'avait pu s'empêcher de demander d'un air presque incrédule « Un mois ... ? » Est-ce qu'il ne voyait pas un peu trop grand, là ? Un mois c'était long, c'était même plus que n'importe quelle autre période durant laquelle le serbe n'avait pas bu d'alcool depuis que son père estimait qu'il avait l'âge d'en boire. « Je droit à un exception pour le matin ? » C'est que cela devenait presque une habitude maintenant, une goutte de Whiksy dans son thé ; Presque. Mais soit, sur le principe l'idée émise par Lou n'était pas mauvaise, elle était peut-être même presque nécessaire dans un sens. « Mais il faut qu’on trouve une sanction digne de ce nom si on ne tient pas le pari, parce que sinon ça serait trop facile de briser le pacte. » Bon, une sanction cela risquait de ne pas être des plus simples à trouver, à vrai dire Andreja n'avait pas d'idée lumineuse à proposer de ce côté-là, à moins qu'il ne prenne le problème dans l'autre sens et ne finisse par suggérer « Ou un récompense si on tient, pour se donner du courage. » C'était un peu le système de l'âne et de la carotte, certes, mais à la guerre comme à la guerre, comme disait le dicton. « Mais, je pense il falloir faire un exception ... de pouvoir briser le pacte, si son secret est découvert. » Parce que si tel était le cas ils auraient une raison tout à fait légitime de boire, selon lui. A la fois pour la perte de leur cagnotte et du seul truc qu'on leur demandait de protéger depuis qu'ils étaient ici, mais également pour les conséquences qu'une telle révélation pourrait engendrer. Andreja ne savait bien évidemment pas ce que pouvait cacher Lou, mais il avait comme le sentiment que cela devait être lourd à porter pour lui aussi, alors ils étaient dans le même bateau pour cela aussi. Andreja savait pertinemment que lorsque sons secret serait révélé, que ce soit de manière anticipée ou bien en fin de jeu, il serait bien content de pouvoir se noyer dans un verre d'il ne savait encore trop quel alcool. « Mais je avoir raison la dernière fois, je boire trop. Et toi aussi. Même Akela le remarquer. » Et Akela n'en savait rien au fond, peut-être qu'ils n'étaient pas comme ça à l'extérieur, mais c'était l'image qu'ils donnaient tous les deux dans le nid et ce n'était pas une image des plus positives. Personne n'avait besoin de savoir qu'en dehors du nid la consommation d'Andreja était au moins aussi élevée, bien qu'il n'y ait là aucunement matière à se sentir fier de ce fait.

Il fallait qu’on arrête de boire, Andreja et moi. On buvait trop. Enfin, il buvait trop, et il m’entraînait dans sa descente aux enfers. Ou pas, hm. J’étais le seul responsable de ma consommation si forte d’alcool, en fait. Et j’en avais pleinement conscience. Alors il fallait que j’arrête. Et Andreja aussi. Je n’y arriverais pas tout seul. Pourtant ce dernier semble un peu choqué par la durée d’abstinence que je lui impose. Mais justement, il fallait s’abstenir longtemps pour s’assurer que nous n’étions pas dépendant. « Non, même pas le matin. Ni le midi, ni l’après-midi, ni le soir, ni la nuit, ni dans tes rêves. » Oui, bon, j’exagérais un peu. Je ne pourrai pas l’empêcher de rêver d’alcool. Mais tout de même… Ça ne l’aiderait pas à résister que de rêver de l’alcool, j’en étais quasiment certain. « Tu veux qu’on se retrouve aux alcooliques anonymes en sortant d’ici ? Non ! » Je pose la question et répond pour lui en même temps, oui. Parce que de toute manière, qui répondrait par la positif à cette question, hm ? Pas quelqu’un sain d’esprit, en tout cas. Alors oui, on devait se prendre en main. Ensemble. Main dans la maaaaain. Et au lieu d’une sanction, Andrej a la bonne idée de parler d’une récompense. C’est peut-être une meilleure idée, oui. «  Tu veux quoi comme récompense, toi, si tu réussis ? » Je lui demande alors. «  Tu peux demander touuuuut ce que tu veux. » Il fallait bien le motiver, n’est-ce pas ? Nous avions tous les deux besoin d’être motivé afin d’arrêter d’avoir la descente facile. Je me doutais que ça n’allait pas être simple, et pourtant là j’étais déterminé comme jamais. Je voulais me reprendre en main, de tous les points de vu. Peut-être que demain matin j’aurai perdu toute cette motivation, mais à l’instant elle était là, plus forte que jamais, cette détermination. Je n’avais pas besoin de Sacha, je n’avais besoin de personne, et encore moins besoin d’alcool. Pourtant, Andreja marque un point - encore une fois. Je me mets à hocher la tête à son exception. «  D’accord, mais que dans ce cas là. » Je lui explique. Je n’arrive pas trop à imaginer mon secret percé à jour. Et pourtant, je sais déjà quel serait ma réaction si ça serait le cas. J’irai m’enfermer quelque part avec une bouteille de vodka ou de whisky, voir les deux. Je me gratte alors nerveusement la nuque à cette idée, à l’idée qu’on découvre ma lâcheté, ce que j’ai pu faire dans le passé. «  Espérons que cette exception n’aura pas lieu d’être, hein… » je rajoute alors, un peu paniqué face a cette éventualité. Non, je ne pouvais pas raconter tout ça à quelqu’un, ça me paraissait tellement impossible. Les gens me prendraient pour un fou. Je secoue doucement la tête, sortant de ma bulle alors que Andreja reprend la parole. Je reporte mon attention sur lui, c’est plus raisonnable. «  Je bois trop parce que tu bois trop. » Oui, bon, c’était facile de dire ça… «  Mais on passe pour les alcolos de service, ça va pas ça… Il faut leur prouver qu’ils ont tort. » Je dis ça comme si j’étais un coach cherchant à motiver ses soldats. Andreja était le soldat, et moi aussi. Je prends bizarrement et excessivement la chose à coeur, tout simplement parce que j’ai l’habitude de réussir tout ce que j’entreprends. Je ne pouvais pas accepter la défaite. «  Il faut leur montrer à tous qu’on est pas dépendant, tu es in ? »

On pouvait être tenté de pensé qu'il exagérait un peu, qu'il grossissait le trait pour la forme et pour s'en amuser face à Lou, mais la vérité c'était que lorsqu'il était arrivé à la hauteur du marin et que ce dernier lui avait lancé ce pari, de but en blanc, un mois cela lui avait semblé être une période on ne peut plus longue et exagérée à la lueur de ce dont ils étaient supposés se priver. Un mois c'était quatre semaines, c'était autrement dit équivalent à l'idée de ne plus boire d'ici à ce que leur séjour dans le nid se termine ; Dans le meilleur des cas et s'ils n'étaient pas éliminés avant, tout dépendait si l'on préférait se montrer optimiste ou pessimiste. C'était là, et ils étaient bien placés, après deux mois ici, pour savoir qu'il pouvait s'en passer des choses en quatre semaines. Des choses qui peut-être leur donnerait envie de faire la causette à un verre de Whisky plutôt qu'à un candidat. Lou semblait sûr de lui et de son idée pourtant, il ne semblait même pas prêt à la moindre concession. « Non, même pas le matin. Ni le midi, ni l’après-midi, ni le soir, ni la nuit, ni dans tes rêves. » Oh ça qu'il se rassure, ses rêves étaient déjà peuplés de tout un tas de choses, assez pour qu'il n'ait pas besoin de rajouter l'alcool à la liste. « Tu veux qu’on se retrouve aux alcooliques anonymes en sortant d’ici ? Non ! » Sans doute que c'était dit comme une boutade, sur le ton de la plaisanterie, mais pourtant Andreja devait cet après-midi là faire preuve d'une trop forte dose de premier degré puisque piqué au vif il s'était entendu protester sans avoir le temps d'y réfléchir « Je suis pas alcoolique ! » Il s'était étonné lui-même de la façon dont il avait répondu, et avait secoué la tête d'un geste léger, tout en avalant sa salive. Il se faisait une idée clichée de l'alcoolique, s'imaginait un type ivre mort à dix heures du matin, bien trop occupé à vider le bar du coin pour songer à travailler, cognant éventuellement sur sa femme et sur ses gosses ... Il n'avait pas envie d'être associé à ce genre de choses. Il n'était pas comme ça, il n'était pas alcoolique. Et i pouvait s'y tenir en théorie, au défi de Lou, s'il y mettait du sien. Mais plutôt que l'idée d'une sanction en cas d'échec il était plutôt partisan d'une récompense en cas de réussite, pas folle la guêpe. « Tu veux quoi comme récompense, toi, si tu réussis ? Tu peux demander touuuuut ce que tu veux. » Ça à vrai dire, il n'y avait pas vraiment réfléchi ... c'était seulement une idée balancée en l'air, comme ça, une idée sans spécialement d'arrières pensées. Mais à lui dire ainsi qu'il pouvait lui demander tout ce qu'il voulait, Lou venait de lui donner une idée « D'accord. Si je réussir tu devoir répondre honnêtement à une question. » N'importe laquelle, que ce soit clair. « Et je fais pareil si tu réussir. » De toute façon s'ils tenaient un mois ils arriveraient plus ou moins à la révélation des secrets, et après cela il n'y aurait plus aucune question qu'Andreja craindrait. Il n'aurait rien de plus à cacher, si tenté que Lou ne se mette pas à le regarder comme un animal sauvage. A bien y penser d'ailleurs Andreja se disait que si son secret pétait avant il n'était pas certain de résister à la solution de facilité qu'offrait la boisson ; C'était comme ça qu'il réglait ses soucis habituellement, en buvant assez pour s'abrutir et les oublier, momentanément. « D’accord, mais que dans ce cas là. Espérons que cette exception n’aura pas lieu d’être, hein … » Il y avait dans le ton de la voix de Lou une espèce de sentiment qu'Andreja interprétait comme de la panique, légère mais néanmoins un peu présente. « Je sais pas. » Le ton était pensif, la voix basse. « Des fois je pense plus vite on être débarrassé et mieux c'est. » Parfois oui, il se disait que si son secret était découvert maintenant il perdrait peut-être certaines de ses relations ici, parce que le regard que les autres posaient sur lui ne serait plus le même, mais il se disait que ce serait peut-être mieux d'être fixé pour de bon, plutôt que de continuer à se poser des questions. Il avait secoué la tête, comme pour chasser cette idée stupide de son esprit ; Souhaiter que l'on découvre son secret plus tôt c'était presque de l'anti-jeu, ça n'était pas dans sa nature habituellement. Pour en revenir au sujet initial en tout cas, à leur consommation d'alcool, il n'avait pas tort la dernière fois en disant qu'ils buvaient trop. « Je bois trop parce que tu bois trop. » L'air dubitatif sur le visage du serbe valait n'importe quelle réponse formulée. Lou était un grand garçon, il n'avait pas besoin de lui pour boire, et d'ailleurs il avait pris quelques cuites sans lui dans le nid si ses souvenirs ne lui faisaient pas défaut. Andreja aussi, ceci dit. « Mais on passe pour les alcolos de service, ça va pas ça … Il faut leur prouver qu’ils ont tort. » Est-ce qu'ils avaient vraiment tort ? Andreja ne savait pas vraiment. Il ne se considérait pas comme alcoolique mais il avait pour autant conscience que son rapport à l'alcool n'était pas des plus sains. Qu'il s'en servait un peu trop comme d'une solution de facilité, par lâcheté à ne pas vouloir affronter certaines choses. « Il faut leur montrer à tous qu’on est pas dépendant, tu es in ? » Il n'était pas dépendant, du moins il n'en avait jamais eu l'impression. Il tombait facilement dans les travers de l'alcool mais il n'estimait pas non plus en être au stade où il en avait besoin. « D'accord. » Le ton était incertain, comme s'il hésitait encore sur la réponse qu'il venait de donner. Mais il n'hésitait pas, au fond, il savait que l'idée de Lou n'était pas mauvaise, au contraire. « D'accord. » Cette fois-ci le ton était plus résolu, et y ajoutant un léger sourire comme pour essayer de convaincre de sa sincérité, il avait offert son poing à Lou histoire de sceller cet espèce de pacte entre bros qu'ils venaient de faire. « Et puis ça me éviter de parler sans réfléchir. » Comme la semaine précédente, semblait-il. Le pire c'est qu'il ne s'en souvenait même pas, d'avoir évoqué ses frères. Il se souvenait d'avoir eu cette conversation avec Lou au bord de la fontaine mais il était incapable de se rappeler en détail de ce dont ils avaient pu parler, il n'y avait que la rubrique d'Akela pour l'aiguiller. Akela. Pour sûr que si l'un des deux venait à briser le pacte qu'ils venaient de conclure, il se ferait un plaisir de le faire savoir.

Je ne voulais pas être un de ces hommes qui noyait son chagrin dans l’alcool. C’était trop facile, et j’avais décidé d’arrêter de choisir la situation de facilité. Ce choix de facilité, je l’avais trop souvent fait dans ma vie. J’avais choisi de quitter maison, ma famille pour mon envie d’étudier à l’étranger, j’avais quitté Paris parce que je voulais voyager, de pays en pays j’abandonnais les gens auxquels je m’attachais, et pour finir, j’avais quitté ma petite fille seulement parce que je ne voulais pas faire de sacrifice en arrêtant de voyager. Si ce n’était pas choisir la solution de facilité à chaque fois, ça, je ne savais pas ce que c’était… Alors oui, il fallait que j’arrête. Je ne pouvais plus continuer comme ça. Andreja, quant à lui, ne semble pas aussi déterminé que moi. Et j’ai l’impression de l’avoir quelque peu vexé également. J’arque un sourcil, étonné par sa réaction. «  Un alcoolique aurait exactement la même réaction que toi. » Je commente, préférant m’en amusé plutôt que de le prendre personnellement. Bien évidemment je n’étais pas en train de dire que Andreja était un alcoolique. Pas un vrai de vrai, du moins. Quoi qu’il en soit, il avait un mois pour faire ses preuves à ce sujet maintenant. Et s’il réussit, il aura une récompense. Il veut que je réponde honnêtement à une question, et c’est presque instinctivement que mes sourcils se froncent. «  Je peux déjà répondre honnêtement à tes questions. » Je ne suis pas du genre à cacher des choses… enfin à part pour un sujet plus délicat. Mais il n’aurait plus à me poser des questions dessus d’ici un mois puisque je devrais révéler mon secret. Ou peut-être que quelqu’un le découvrirait avant. Andreja lui-même peut-être. Je n’en savais rien. Bizarrement, je préférerais que ce soit Andreja qui le trouve, ou quelqu’un dont je suis proche, plutôt que quelqu’un d’autre. Je me sentais plus à l’aise avec ça, allez savoir pourquoi. Mais ce n’était pas pour autant que je voulais qu’on découvre mon secret. Je le garderai pour moi toute ma vie si je le pouvais. Je ne voulais pas le révéler, et l’idée d’avoir à le dire à voix haute devant pleins de téléspectateurs et tous les candidats me faisaient un peu flipper. J’hausse alors les épaules aux paroles de Andreja, réfléchissant sur ses paroles. Est-ce que ce serait vraiment mieux ? «  Il y a des choses que je préférerai garder pour moi… » Je confie. Parce que si j’étais une personne qui était honnête, je n’étais pas non plus du genre à être à l'aise pour parler de mes sentiments. De toute manière, maintenant que je m’étais embarqué là-dedans, je n’avais plus le choix. Il y avait bien un moment où j’allais devoir tout dire. Peut-être que les gens comprendront mieux la raison pour laquelle j’avais réagi aussi excessivement lorsque j’avais appris que Tilda attendait un bébé. Et encore aujourd’hui ce n’était pas facile, mais je prenais sur moi. J’en avais marre d’être faible. J’avais calqué ma propre situation à la sienne, et ça avait été une erreur phénoménale. Il n’y avait aucune raison pour qu’il lui arrive la même chose qu’il m’était arrivé à moi. Et je n’avais clairement pas le droit d’être jaloux parce qu’elle allait avoir un enfant que je n’avais pas, ou même paniquer pour ça. C’était ridicule. J’étais ridicule et j’en avais bien conscience. Qu’importe. Je secoue doucement la tête pour oublié tout ça alors que mon poing rejoint celui de Andreja, scellant ainsi officiellement notre pacte. C’était parti pour un mois de sobriété. On allait bien voir si nous étions assez fort et déterminés pour ça. Et puis effectivement, l’alcool nous faisait beaucoup trop parler, comme le précisait Andreja. Je me souvenais la première fois où j’avais pris « un » verre avec lui, je m’étais retrouvé à parler de ma fille. Je n’aurai pas dû. Je savais que je n’étais pas censé parler d’elle, que je n’en avais pas le droit. Ce n’était pas sain. Ni pour moi, ni pour personne. Surtout pour moi, en fait. Mais comme d’habitude, je n’avais pas pu m’en empêcher. «  Ça nous délie beaucoup trop la langue ce truc… » je fais finalement remarqué, pensif. Et par « truc » je parlais d’alcool. Je secoue doucement la tête préférant ne pas penser à ce que j’avais pu lui dire pendant que j’avais un coup dans le nez.