Elsa est partie. Ça laisse un vide. A qui je vais pouvoir confier mes insignifiants problèmes ? Parce que c'est clairement pas Paloma ou Mallaury que j'irais emmerder avec ça. Avec Elsa, j'avais réellement l'impression que nous étions au même niveau. Les écouteurs vissés à mes oreilles, je marche tout droit, sans réellement m'arrêter pour faire causette avec les autres. Je n'en n'ai pas envie. Je me pose sur les gradins en me disant que personne n'irait me chercher ici. Mais une dizaine de minutes plus tard, le blond apparaît. Mes prunelles s'accrochent à Mallaury qui s'approche de moi à grand pas, j'observe simplement son avancée. Je l'accueille avec un léger sourire lorsque j'attends avec une infinie patience qu'il s'exprime. Il avait peur que je l'évite. Je pousse un léger soupir amusé. Je lui cogne affectueusement l'épaule. « Non, pas spécialement » je réponds alors avec un léger sourire taquin en roulant les yeux. « Je suis juste allée dormir et je me suis levée tard et puis je ne savais pas où tu étais allé traîner » je raconte banalement parce que même pas 24h ne sont écoulées depuis le prime, alors on ne peut pas déclarer l'état de crise. Tout va bien. Je ramasse mes jambes contre ma poitrine, avant de glisser ma main dans la sienne, pressant doucement ses doigts. Il veut qu'on passe une journée ensemble. Pourquoi pas. « Oui, mais tu as un programme particulier ? » je lui demande alors en arquant un sourcil parce que l'idée de m'isoler le reste de la journée avec lui ne me dérange pas, au contraire. Si je devais passer ma dernière semaine avec lui, c'était avec lui, logiquement.  « Et puis arrête de penser qu'on va plus jamais se revoir  » je ne peux me retenir d'expulser entre mes lèvres parce que j'imagine bien que c'est ce qu'il pense depuis hier soir, depuis que j'ai appris que je suis nominée. Il est limite plus stressé que moi. A vrai dire, je suis totalement indifférente puis que j'ai l'impression que cela fait quelques semaines que je ne suis déjà plus là. « Parce que je sens que c'est cela que tu penses sous ton petit crâne » je lui explique en tordant légèrement ma bouche en une petite moue. Qu'il me fasse pas encore des adieux alors que je ne suis même pas dehors.

Mallaury m'annonce qu'il n'a rien prévu en réalité. Je finis par soupirer, faussement déçue en esquissant une moue boudeuse sur mon minois. Il me demande si j'ai une envie particulière. Euh, pas spécialement à vrai dire. « Parler » je balance d'une voix légère en le regardant, avant de déposer un baiser sur sa joue pour ne pas qu'il le prenne mal. On ne sait jamais, il faut croire que Mallaury est quand même un peu susceptible tout de même malgré les apparences. Alors je prends certaines précautions tout de même. Il n'a jamais dit cela, j'esquisse un rictus moqueur. Tout son être le crie pourtant. « Mais tu le penses, je le sais » je lui réponds d'une voix cristalline parce que je le commence à le connaitre tout de même, au bout de presque deux mois d'aventure, encore heureux. « Franchement, je ne sais pas trop quoi te dire, on verra bien» je me contente de lâcher, parce que je sais que j'ai quand même plus de chance de partir que de rester face à mes concurrents. Alors je n'ai pas envie de m'imaginer déjà dehors ni de me faire de faux espoirs. Je préfère rester neutre. Je pose ma tête sur son épaule. Il veut absolument qu'on garde contact à l'extérieur, quoi qu'il arrive. Bon j'imagine que cela veut tout dire. Je me contente de rouler des billes en l'entendant dire cela. « Tu crois pas en moi » je grogne alors parce que je sens bien qu'il imagine que je vais vite jarter. J'aimerais un minimum de soutien ou alors d'espoir venant du candidat dont je suis le plus proche. Il va en avoir besoin. « Je pense que tout dépend de toi » je commence simplement par dire, en douceur. Parce que c'est lui qui a été capable de couper les ponts avec toute sa famille, ce que je serais incapable de faire, j'ai du mal à m'éloigner des gens que j'apprécie, ce qui ne semble pas être un problème pour lui. Donc c'est de lui qu'on pourrait le plus douter dans l'histoire, je tiens tout de même à le signaler. Pas de moi. Moi, j'ai envie de garder le contact après tout cela, évidemment. Je ne peux pas m'empêcher de vouloir en savoir plus sur ce qu'il vient d'avancer. « Pourquoi ?» je l'interroge subitement parce que sa petite précision n'est pas pour me rassurer. « Tu comptes faire quoi à l'extérieur ? » je finis par lui demander, en fronçant mes sourcils perplexes parce sa phrase indique un changement imminent non ? J'ai bien l'impression. Ou alors je me fais complètement des films. « Tu comptes revoir ta famille ? » je propose avec un léger espoir, parce que j'imagine que cela serait une bonne nouvelle pour tout le monde. C'est la seule modification majeure que je vois arriver dans la vie de Mallaury pour l'instant. Et je pense que cela serait une bonne chose.

Mallaury rectifie ses propos. Il croit en moi. De toute façon que ce soit le cas ou non, cela ne changera rien à mon affaire puisque le résultat final ne dépendra pas de la foi qu'il a de mon cas presque désespéré à ce stade de l'aventure. Maintenant, il faut juste prendre son mal en patience jusqu'à dimanche et on verra par la suite. Je laisse entendre que moi, je veux le garder dans mon écosystème à l'extérieur mais que ma volonté, seule, ne suffira surement pas. Je suis son piller dans l'aventure. Un doux sourire s'affiche sur mon minois avant que je n'entoure mes bras autour de mon cou pour lui faire un mini câlin, parce que c'est presque la première fois que Mallaury se livre comme ça. Comme quoi, cette semaine de danger pourrait m'être bénéfique au final. Donc pour lui, tout semble clair, il ne recommencera pas le même schéma avec moi. « T'es sûr ? » je lui demande parce qu'il semble très emballé sur le moment, mais je ne veux pas subir le même sort que sa famille, qu'il m'éloigne des mois après, pour je-ne-sais quelle raison qui me paraîtra toujours fumeuse. Il finit par m'avouer qu'il veut retrouver toute sa smala. Un léger sourire illumine mon visage de poupée. Je l'écoute avec une grande attention. Mallaury pense que sa famille pourrait mal l'accueillir. « Tu n'en sais rien» je me contente de lui répondre en pressant un peu plus ses doigts, le temps d'une seconde. « Tu verras à la sortie» je lui lance d'une voix légère. « De toute façon, tu n'as rien à perdre » je lui annonce sincèrement sans vouloir paraître blessante pour autant mais c'est une réalité. Cela ne lui coûte rien d'essayer de renouer contact avec les siens puisque jusqu'à présent, il reste seul alors autant essayer. Il faut qu'il ose. « [color=steelblue]Il est venu quand ton déclic ? /color]» je l'interroge en lui parlant de sa soudaine envie de reprendre contact avec les siens. Mallaury rebondit sur mes projets personnels en évoquant un éventuel emménagement avec Hadrien. Mais ça ne va pas ! N'allons pas si vite, on vient juste de se retrouver après quatre ans d'absence dans la vie de l'autre, faisons les choses dans l'ordre. « Non, je ne pense pas, c'est un peu trop compliqué en réalité» je tente de dire sans pour autant paraître claire. Je vous jure, parfois ça me tue, j'aimerais vraiment me confier à lui intégralement mais je ne peux pas. « Déjà parce qu'on a jamais habité ensemble» je tiens à rappeler même si on se connait depuis l'enfance. « Alors je ne pense pas que cela soit possible » je souligne parce que ce n'est pas simplement une question de volonté. « Je vais déjà voir s'il veut rester à Paris, ça sera déjà un début ou s'il compte encore se barrer en Autriche, c'est mon projet de base » je lui dis dans un doux sourire. Oui, j'aimerais bien arriver à convaincre Hadrien de rester dans la capitale.

Je relâche immédiatement Mallaury parce que je ne suis pas sûre qu'il soit très fan des contacts tout court, je ne voudrais pas m'imposer non plus. « Tu connais évidemment la réponse » je lui souffle alors en étirant un fin sourire sur mes lèvres. « Oui » je précise tout de même en roulant des yeux tant elle est évidente. Il est la personne en laquelle j'ai le plus confiance ici, clairement. Mais après, à l'extérieur, tout peut changer, beaucoup de facteurs entrent dans l'équation pour chambouler tous nos plans sans qu'on s'en aperçoive alors je veux juste m'assurer qu'il ne me fasse pas miroiter des belles illusions et me donner des faux espoirs. Parce qu'évidemment si Mallaury se casse en Irlande et qu'on finit par ne plus jamais se voir, je serais déçue, très. Je préfère m'interresser au projet de Mallaury à sa sortie, je me sens un peu concernée puisqu'il m'en a parlé dès début et j'ai envie de tout connaitre, jusqu'à la fin. « Tu t'étais éloigné pour tes proches ...   » je rappelle, c'est bien cela. Il ne voulait plus leur imposer sa présence, ou une idée stupide qui y ressemble. « Et maintenant, tu reviens pour qui ? » je l'interroge en arquant un sourcil. « Pour toi ? » je propose simplement. Déjà j'aimerais qu'on se retrouve, cela pas mal pour moi, une grande étape. J'ai un peu attendu cela depuis un an en réalité, au départ, c'était plus simple de le savoir loin de moi, mais finalement, je le veux à mes côtés. Je m'en fous de savoir que notre relation n'est pas simple, qu'elle est ambiguë, je préfère ne poser aucun mot, je m'en moque de l'officiel. Je m'en fous de tout cela en réalité. Selon Mallaury, on doit vivre pleinement notre amour. Cela parait si simple dans sa bouche, si idéal, si tentateur mais ce n'est pas nous. « On verra » je me contente de répondre vaguement en haussant les épaules. Mallaury continue et je l'écoute, un sourire se dessinant sur mes lèvres. « Tu n'es pas objectif   » je souligne alors parce que c'est une réalité. Et tant mieux, j'aime bien qu'il soit dans mon sens, évidemment. Un léger silence s'installe entre nous, pour une fois, il n'est ni pesant, ni tendu, et ça fait du bien. « J'espère que tu jugeras pas une fois que tout cela fini » je laisse échapper d'une voix légère en prenant une mine pensive tout en poussant un léger soupir. Parce que les réactions peuvent être très variées en fait, alors je ne sais pas quoi à m'entendre, c'est ce qui pourrait presque me rendre anxieuse, presque. Je vrille ses prunelles aux siennes. Parce que s'il nous juge, j'ai bien peur qu'on ne puisse pas rester en contact à l’extérieur, cela ne pourra pas être possible. Je ne pourrais pas laisser passer cela.