w/gaëtane

Le prime terminé, il ne s’est pas éternisé, comme à son habitude. D’autant plus qu’il n’a aucune raison de le faire. Certes, il a été sauvé et par une large majorité en plus de cela, mais il se connait et il sait pertinemment que son humeur commence à se dégrader. Peut-être que ce soir, il sera encore à peu près tranquille, soulagé par le fait d’être assuré de passer une semaine de plus. Mais demain, ce sera sûrement le contraire, réalisant qu’une semaine de plus ici n’est pas nécessairement un bon signe. Il a ses raisons de penser ainsi, il sait que c’est stupide, d’autant plus après un prime comme celui-ci qui fut plutôt agréable pour lui. Clairement, ce ne sera pas la meilleure semaine pour taper la conversation avec lui, il retombe dans ses vieux travers. D’ailleurs, dans l’immédiat, son seul besoin consiste à s’isoler. Ce qu’il ne va pas tarder à faire, juste le temps de passer à la cuisine pour y manger un petit quelque chose et attraper une bouteille d’eau avant d’aller se perdre à l’extérieur. Sauf qu’il est interrompu dans son plan par la présence de Gaëtane dans la pièce. Il reste silencieux un instant, le temps de prendre une bouteille d’eau dans le réfrigérateur qu’il ne tarde pas à entamer avant de porter son attention sur sa colocataire. « Comment tu te sens ? » Il s’inquiète sincèrement pour elle. Peut-être parce que bien qu’il ait découvert Gaëtane sur le tard, il s'est attaché à elle, aussi surprenant que cela puisse paraître. Parce qu’elle est la seule qui puisse comprendre son envie de solitude et son manque de tact avec les autres. Alors quand il l’a vue courir dans les coulisses après la rubrique d’Akela, il s’est inquiété, mais ne l’a pas suivie, Tilda étant sûrement d’une meilleure aide que lui ne peut l’être. « Je sais que ça ne changera rien, mais ça m’emmerde qu’Akela ait diffusé ça. » Et par ça, il entend les images de leur rencontre nocturne la semaine précédente, durant laquelle Gaëtane lui avait fait comprendre que le fait de se souvenir n’était pas une bonne chose et que cela risquait de la faire repartir à l’hôpital. Alors il ne veut pas mettre de mots dessus, jugeant que le sujet ne doit pas être abordé directement, sait-on jamais si Akela a de nouveau envie de mettre Gaëtane dans une telle situation. « Je suis désolé. » Il finit par dire, même s’il n’y peut rien, techniquement. Il est simplement agacé et en colère pour elle et il a besoin qu’elle le sache.

Gaëtane est déjà présente dans la pièce et si son envie immédiate consiste à s’isoler, la présence de la jeune femme est bien l’une des seule qu’il sera susceptible d’accepter cette semaine sans sourciller. Reste à savoir si le contraire est valable. Peut-être que le fait qu’elle se soit en partie confiée à lui avant que tout cela soit dévoilé dans la rubrique d’Akela fera qu’elle aura une dent contre lui, puisqu’indirectement, il est dans le coup. Il ne sait pas. Il verra bien. Il ne lui en voudrait pas de l’éviter pour si peu, lui-même n’ayant souvent pas beaucoup de raisons valables pour éviter les autres. Dès qu’il l’aperçoit, il ne tarde pas à lui demander si elle se sent mieux, car malgré tout, il s’est inquiété pour elle après qu’elle ait filé précipitamment dans les coulisses. Mais oui, elle va mieux et de toute façon, ça se voit déjà sur son visage, même si ce n’est pas la grande forme pour autant. Tilda s’est bien occupée d’elle, il n’en doutait pas. « Tant mieux. » Il réplique simplement. Tant mieux, oui, il est ravi qu’elle se sente un peu mieux que lors du prime. Il lui avoue par la suite que ça l’emmerde qu’Akela ait diffusé ses images, bien que ce soit son boulot. Mais s’il faisait celui-ci correctement, il aurait intercepté les bribes de conversations où Alistair déclare que le fait qu’elle ait eu un souvenir peut rester entre eux et que personne n’a à le savoir. Il a bien fait de prendre en grippe le chroniqueur dès le début de l’émission, il n’est pas déçu par son comportement ainsi. Il s’excuse également, mais Gaëtane lui fait savoir qu’il n’a rien à excuser. « Je sais, mais ça ne m’empêche pas d’être sincèrement désolé que ça soit arrivé. » Il ne s’excuse pas parce qu’il se sent fautif, il sait pertinemment qu’il n’y peut rien. Mais il est désolé que ça lui soit tombé dessus, à elle. La nuance est importante. Elle marque ensuite un point. Ce qui est fait est fait, c’est une évidence. Ça ira, ajoute-t-elle ensuite et il aimerait sincèrement la croire. « Tu crois que la production les laisserait venir te chercher ? » Pour te ramener à l’hôpital, manque-t-il d’ajouter, mais il préfère s’abstenir pour ne pas évoquer ce sujet. Dans sa tête, les choses sont claires, il n’évoquera pas directement la situation en utilisant des mots tels que souvenir ou hôpital. D’autant plus maintenant qu’il sait qu’Akela s’en fiche bien de montrer des images de conversations qui sont supposées rester privées, ce n’est pas comme si Alistair avait bien dit que personne n’était obligé de savoir. Mais le bridé a cru utile de faire abstraction de ce passage de leur discussion, entre Gaëtane et lui. « Enfin, je ne crois pas que tu puisses sortir d’ici à moins que tu aies enfreint une règle ou que tu le souhaites. » Il se reprend, réalisant qu’il a évoqué une possibilité à laquelle Gaëtane n’a certainement pas envie de penser : le fait qu’on puisse venir la chercher jusqu’ici pour la ramener à l’hôpital. Mais il ne lui semble pas que les sorties de ce nid se font ainsi. Car jusqu’ici, les seuls départs précipités sont ceux de candidats ayant décidés de stopper volontairement l’aventure, comme Ohana, Zelda ou encore Auguste, ou ayant enfreint les règles, comme ce fut le cas pour Jaheim qui en a trop dit sur son secret. « Du moins, j’espère pour toi. » Il termine, presque dans un murmure, parce qu’il parle plus pour lui que pour elle. Parce qu’il ne peut pas en être sûr, qu’ils ne viendront pas la chercher juste parce qu’elle ne le veut pas. Quand elle le remercie de s’inquiéter, il ne répond rien, préférant opter pour un léger hochement de tête pour lui faire comprendre que c’est normal. Il reprend l’habitude de communiquer par gestes, ce qui n’est pas vraiment l’idée du siècle. Alistair boit une nouvelle fois dans sa bouteille d’eau avant que Gaëtane change de sujet et évoque le fait qu’il n’est pas prêt de dormir avant un petit moment. « Bien vu. » Et pourtant, il est un peu fatigué, c’est vrai, mais il ne cédera pas à l’appel de Morphée. Il ne le veut pas. « Tu vas réussir à dormir, toi, tu penses ? » ça ne sert à rien qu’il s’attarde sur son sommeil capricieux, il n’y a rien à dire si ce n’est qu’effectivement, il n’est pas prêt de se coucher. On ne change pas les bonnes vieilles habitudes, alors il préfère lui poser une question à elle qui ne semble pas avoir de problèmes de mesure outre son cauchemar de la semaine dernière. Mais là, avec leur conversation révélée au grand jour, peut-être que son esprit sera plus tourmenté qu’à l’accoutumée et qu’elle ne parviendra pas à fermer l’œil de la nuit. Dans quel cas, elle pourra toujours se joindre à lui pour la balade à l’extérieur qu’il a prévu quand tout le monde ira rejoindre son lit respectif.

Il ose espérer que la production ne prendra pas la décision d’écourter l’aventure de Gaëtane à cause d’un simple coup de téléphone. Ceci dit, il est mal placé pour émettre ce genre d’hypothèse, il ne connait rien du passé de Gaëtane et de son accident ainsi que l’importance des souvenirs qui peuvent lui revenir, alors peut-être, qu’effectivement, sa place serait à l’hôpital et non ici. Mais il se dit que si elle est là aujourd’hui, c’est bien parce qu’elle a le droit, ce serait donc stupide de lui enlever ce droit pour un souvenir réapparu lors d’un cauchemar, le genre de souvenirs qu’elle ne pourra pas effacer de sa mémoire et qui sera encore bien ancré dans son esprit d’ici plusieurs semaines. Alors ça peut attendre et il espère vraiment que la production ne cèdera pas aux caprices d’un ou deux docteurs. Mais Gaëtane n’est pas du même avis, car selon elle, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. « Ils l’ont pas encore fait. » Il répond du tac-o-tac. Ils ne l’ont pas encore fait, en effet. Car ils auraient pu prendre la décision de ramener Gaëtane immédiatement après le bilan d’Akela, le prime étant diffusé en direct. Et pourtant, elle n’a pas encore reçu le moindre avertissement de la production lui annonçant qu’elle doit faire ses valises, non ? « C’est plutôt bon signe. » Certes, c’est un peu tôt pour juger, mais si vraiment ce souvenir a une si grande importance, ils n’auraient pas attendu une minute de plus. Alors oui, il s’avance encore une fois alors qu’il ne devrait probablement pas, sur ce fait. Elle vise juste par la suite, quand elle lui dit qu’il n’est pas prêt de dormir avant un moment. C’est le cas, mais il préfère lui parler de son sommeil à elle. Est-ce qu’elle parviendra à fermer l’œil, cette nuit ? Elle ne sait pas trop, elle a mal à la tête et ce qui s’est passé au prime ne l’a pas aidée. Alors non, finalement, elle admet qu’elle ne pense pas dormir avant un moment. « Je vais sûrement traîner à l’extérieur avant d’aller dormir, tu peux m’accompagner si tu veux. » Et si ça peut la rassurer, il ne compte pas passer par la forêt histoire d’éviter le fameux sanglier qui a élu domicile là-bas. Il ne l’a encore jamais croisé, mais il préfère ne prendre aucun risque. « Je crois que l’air frais ça fait du bien aux migraines. » Il n’est pas certain de ce dont il avance, mais quand lui est victime de migraines – rarement, en fait – il combat celles-ci avec l’air frais de l’extérieur ou l’obscurité d’une pièce avant de se résoudre à prendre un comprimé. Alors peut-être qu’un peu d’air frais fera du bien à Gaëtane. « Enfin, si tu en as pas marre de moi. » Parce qu’ils ont passé pas mal de temps ensemble ces dernières semaines. Il l’a découverte sur le tard, mais il a envie de rattraper le temps qu’ils ont pu perdre. Et lui s’est attaché à elle, il a l’impression que la réciproque n’est pas forcément vrai, mais qu’importe, il se sent bien avec Gaëtane. « Et si je te mets pas mal à l’aise, aussi. » Il finit par dire, car outre ses tentatives foireuses pour lui changer les idées, il a aussi l’impression d’être un peu collant. Et puis, il y a eu aussi la question du détecteur à propos de la jeune femme et il ne veut pas que sa réponse soit mal interprétée ou la gêne. Alors il préfère évoquer cette hypothèse, histoire qu’elle mette les choses au clair si elle le trouve trop collant, c’est juste qu’il n’a pas l’habitude de s’attacher aux gens qui sont semblables à lui. À vrai dire, il n’en a jamais rencontré, c’est bien pour ça qu’il voit Gaëtane comme la seule personne en qui il pourrait avoir confiance. Elle lui demande par la suite s'il veut du thé, puisqu’elle va en faire. « Volontiers. » Son truc, c’est plutôt le café, mais il reste un anglais comme les autres qui ne dit pas non quand on lui propose du thé. Il s’avance en direction de Gaëtane pour attraper les tasses qu’elle essaie tant bien que mal d’atteindre, mais vu sa taille, c’est peine perdue. Il dépose celles-ci sur le comptoir en attendant que Gaëtane se charge de faire bouillir de l’eau.  

Ils peuvent venir la chercher quand ils le veulent, mais en attendant, ils ne l’ont pas encore fait. C’est plutôt bon signe, dans un sens, parce que si effectivement le fait que Gaëtane puisse se souvenir d’un visage ou d’un événement particulier est si important, il doute que ces fameux ils auraient attendu jusqu’à la fin du prime avant de contacter la production pour réclamer le retour de Gaëtane. Il essaie de la rassurer, maladroitement il en a conscience, parce qu’au final, il ne peut rien affirmer et c’est bien dommage. Quand ils évoquent leur sommeil respectif, il lui avoue qu’il n’est pas prêt de dormir. Elle non plus, à cause d’une migraine notamment. Il lui propose de se joindre à lui pour une balade nocturne avant de rejoindre leurs quartiers, il parait que l’air frais fait du bien lorsqu’on a mal à la tête. Et puis, rien ne les oblige à discuter tandis qu’ils profitent de l’air frais, c’est ça qui est bien avec Gaëtane. Elle est plutôt d’accord, d’ailleurs, mais il préfère lui demander si elle n’en a pas marre de lui. Ce n’est pas le cas visiblement, elle secoue même la tête de façon négative pour lui prouver qu’il se fait des idées. Pourtant, il a l’impression d’être constamment sur son dos et le détecteur n’a pas aidé. Justement, elle en vient à repenser à celui-ci. « J’espère que tu n’as pas été gênée par ma réponse. » Parce qu’il y aurait de quoi être gêné. Si on demande à une candidate s’il pourrait être séduite par lui et que la réponse s’avère positive – ce qui est improbable – il serait sûrement gêné, mais parce qu’il est peu habitué à recevoir ce genre de sollicitations. Si Gaëtane est effectivement gênée, cela peut être pour autre chose. Qu’importe, il préfère demander plutôt qu’elle soit mal à l’aise. Elle lui avoue que ce détecteur n’est pas très fiable, alors elle n’y prête pas attention. Il lui semble qu’il avait déjà évoqué le peu de fiabilité de la machine lors d’un prime, mais il est ravi de constater qu’elle ne croit pas en ce truc. « Tu fais bien. » Il réplique, avant de donner plus de précisions. « D’autant que mes résultats sont du grand n’importe quoi. » Il se permet de le lui dire à elle, elle n’ira sûrement pas répéter cela plus loin. Il ne sait pas si c’est commun à tous les candidats qui passent au détecteur, mais clairement, le sien n’a pas été concluant. Il n’a jamais autant douté que le prétend la machine, il a soit été parfaitement honnête, soit émis un énorme mensonge. Mais même ceux-ci sont passés inaperçus, alors même que la fonction première du détecteur est de les reconnaître, non ? Pire, la machine n’a même pas été en mesure de dire s’il avait menti ou non, se contentant d’un doute. Enfin, quoi qu’il en soit, cette épreuve est derrière lui maintenant. Gaëtane lui propose du thé, il ne tarde pas à accepter, en vrai anglais qu’il est. Il la voit qui essaie tant bien que mal d’attraper les tasses et il s’avance pour sortir celles-ci du placard. Tandis qu’elle met chauffer l’eau, elle évoque le jeu. Elle ne pensait pas que ce serait ainsi et elle n’a plus envie de rentrer chez elle. Il peut la comprendre. « C’est où, chez toi ? » Au final, il ne sait pas grand-chose de Gaëtane, pas même d’où elle vient. Ceci dit, il s’imagine qu’elle est française, comme Clémentine, vu que ce sont deux prénoms totalement inconnus à ses oreilles et plutôt particuliers. Ils sont particuliers les français, il parait. « Et c’est comment, surtout ? » Ou comment lui demander la façon dont elle mène sa vie. Elle l’intrigue, Gaëtane, il ne saurait pas dire si elle vit si chez ses parents ou si elle vit seule, ni même quel genre de vie elle peut mener. Il l’imagine assez solitaire, à vrai dire, comment lui. « J’ai pas envie de rentrer, non plus. » Pourtant, il faut qu’il se fasse à l’idée, après trois nominations, s’il est sauvé cette semaine, la quatrième lui sera sûrement fatale, le public sera sûrement lassé de lui. Et puis même sans ce détail, le jeu touche à sa fin. « J’ai pas envie de retrouver la vie réelle. » Il explique, avant qu’elle mette sur le tapis le sujet de ce qui peut lui manquer à l’extérieur. Il n’y a rien qui lui manque, rien qu’il se réjouisse de retrouver. Il ne veut simplement pas affronter la vie réelle, ou du moins, plus l’affronter comme avant. Le seul problème, c’est que les soucis qui le persécutaient avant qu’il n’arrive ici, seront sûrement décuplé par dix avec la soudaine notoriété – éphémère, certes – avec laquelle il devra composer.

À la place de Gaëtane, il aurait sûrement été gêné. Et puis même sans être à sa place, il l’a été quand il a reçu les questions auxquelles il devait répondre. Certaines l’ont dérangées, comme celle sur Gaëtane, ou encore celle sur Isaac et Paloma. Pour cette dernière question, parce que ce ne sont pas ses affaires et pour la première, parce qu’il n’a aucune envie d’être perçu à travers ses relations amoureuses ou les attirances qu’il peut ressentir. Malgré tout, il a répondu ce qu’il pensait. Oui, il pourrait être séduit par Gaëtane, mais ce n’est pas pour autant qu’il se voit se rapprocher d’elle de cette façon. Aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines candidates lui plaisent, parce qu’il reste un homme qui ressent malgré tout ce genre de sentiments, mais encore une fois, ce n’est pas pour autant qu’il compte se rapprocher de certaines à ce point. Sinon, il l’aurait sûrement déjà fait. Quoi qu’il en soit, Gaëtane ne semble pas avoir été gênée, parce qu’elle ne comprend pas trop… Et c’est tout. Pas de suite, juste ça et Alistair n’est pas assez intelligent, il faut croire, pour comprendre où elle veut en venir. « Tu ne comprends pas quoi ? » Que cette question ait pu être posée, ou qu’il ait pu y répondre ? Ou peut-être que cela n’a absolument rien à voir avec la fameuse question. Enfin, il préfère lui demander, parce qu’il n’a pas vraiment suivi, pour le coup. Elle lui propose du thé, il accepte et l’aide à sortir les tasses du placard pendant qu’elle fait chauffer l’eau. Pendant ce temps, elle en vient à parler du fait qu’elle n’a pas vraiment envie de rentrer chez elle et il en profite pour lui demander plus de précisions sur le fameux chez elle. Parce qu’il ignore tout de Gaëtane et il ne dit pas non à connaître un ou deux informations supplémentaires sur elle. C’est chez elle, c’est donc à Quiberon, en France. Elle fait bien de préciser, car il n’aurait jamais pu deviner, déjà que le nom sonne un peu comme du chinois à ses oreilles. C’est au bord de la mer, mais surtout, c’est calme, même si elle ne côtoie pas beaucoup de gens de son âge. « Si ça peut te rassurer, je ne côtoie pas beaucoup de gens de mon âge non plus. » Il dit cela parce que dans la bouche de Gaëtane, cela a l’air de sonner comme une fatalité, de ne pas côtoyer beaucoup de personnes pouvant avoir son âge. « Tu as quel âge, d’ailleurs ? » Puisqu’en y réfléchissant, il doit admettre qu’il ne sait pas non plus cette information sur Gaëtane. Elle a l’air jeune, plus jeune que lui en tout cas, mais il ne saurait pas lui donner un âge précis. « Je t’envie. J’aimerais bien trouver un endroit calme pour y vivre, aussi. » Le genre de coin où la moyenne d’âge ne descend pas en dessous de la soixantaine, il serait sûr qu’on l’emmerdait pas ainsi, vu la capacité des ainés à ne pas être à la pointe de la technologie ou très intéressé par ce qu’il se passe autour d’eux, peut-être que son identité resterait relativement secrète dans un petit village paumé. Parce que c’est bien ça le problème dans les villes, même les plus petites, les rumeurs se répandent et sa véritable identité est toujours découverte. Quant à lui, il doit reconnaître qu’il n’a pas vraiment envie de rentrer et qu’il n’a pas envie de retrouver la vie réelle. Gaëtane l’interroge sur les raisons qui le poussent à penser de la sorte avant de se rétracter prétextant que c’est impoli. « Il n’y a pas de raison que tu sois la seule à répondre aux questions. » Car lui aussi c’est montré curieux, un peu trop peut-être, d’ailleurs. « J’ai pas vraiment de chez moi, en fait. » Et c’est un peu le problème. Une fois dehors, peut-être que Peter acceptera de l’accueillir quelques jours en attendant qu’il se retrouve un nouveau boulot qui lui permettrait de gagner quelques sous pour qu’il se paie une chambre dans un hôtel miteux. « Et puis, ma vie à l’extérieur, on peut pas vraiment appeler ça une vie, justement. » Ou du moins, c’est sa façon de voir les choses, mais constamment fuir, affronter le regard des autres, s’enfermer pendant des jours dans une chambre d’hôtel ou encore se demander s’il ne serait pas mieux six pieds sous terre, ce n’est pas vraiment une vie.