+ Il fait assez moche aujourd'hui. Des nuages, pas de soleil ou alors pendant quelques rares secondes. Il ne m'en faut pas bien plus pour enfiler la veste d'Eryk en plus d'un pull et d'une paire de grosses bottes de pluie trop confortables à l'intérieur. Il ne va peut-être pas pleuvoir mais on ne sait jamais. C'est d'ailleurs pour ça que j'aimerais bien trouver un parapluie avant de sortir mais je n'arrive à mettre la main sur aucune de ces petites choses bien utiles. Personne n'a dû en amener, logique, puisqu'il fait quand même beau la plupart du temps en Australie. Je vais donc devoir m'en passer, en espérant ne pas me prendre une averse sur le coin du nez comme ça a déjà pu m'arriver. En tout cas cette fois je serais mieux préparée, ça c'est sûr. Mais heureusement pour moi, rien ne vient ruiner mon projet de l'après-midi. Le ciel se fait menaçant mais rien de plus, rien de bien méchant. J'ai eu le temps d'aller jusqu'au fin fond du domaine du nid. Et finalement, je décide de m'arrêter à la cabane de pêcheur un instant parce que j'en ai quand même un peu marre de marcher. J'ai à peine le temps de refermer la porte derrière moi que j'entends une petite pluie s'abattre sur le toit du cabanon. C'est que j'en aurais eu de la chance. Si j'étais arrivée quelques minutes plus tard ou si j'avais décidé de rentrer directement je serais arrivée trempée. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre pour essayer de voir à l'extérieur, si je vois des candidats qui courent se mettre à l'abri mais la rideau d'eau est déjà assez épais et je fais beaucoup de buée sur la vitre. Je vais m'installer sur un siège en attendant que ça se calme un peu, même s'il se pourrait aussi que ça continue comme ça des heures durant. Je pousse un léger soupire de lassitude lorsque la porte s'ouvre à nouveau. Je suis un peu étonnée mais bientôt c'est un sourire amusé qui remplace mon air surpris. « Ah, je vois que t'as pas mis de chapeau de pluie, c'est bête. » J'aurais pu lui donner mon avis, lui dire si ça lui allait bien ou pas, au moins mieux que le béret de la semaine dernière. Bon et puis ça l'aurait protégé de la pluie aussi, c'est un peu à ça que ça sert à la base, je crois.

Il semblerait que je me sois mis à l'abri à temps, mais ce n'est pas le cas de tout le monde, apparemment. Après que je me sois installée dans la cabane de pêcheur, c'est au tour de Mallaury de faire son entrée, trempée de la tête aux pieds, ou presque. Je remarque qu'il n'avait pas mis de chapeau de pluie, ce qui est bien dommage pour lui, ça lui aurait sans doute permis d'éviter quelques gouttes. Mais il s'est laissé surprendre et il regrette à présent de ne rien avoir eu sur la tête pour le protéger un peu de l'eau qui lui tombait dessus. « J'imagine, oui. » Je réplique dans un sourire amusé alors que ça ne doit pas tellement le faire rire, lui, de se retrouver dans cet état, surtout qu'en plus, il pourrait attraper froid, le pauvre. En revanche, il constate que j'ai échappé à l'averse, sans doute grâce à mes vêtements qui sont toujours secs, ou même mes magnifiques cheveux tout propres de ce matin. « J'ai eu de la chance, mais à deux minutes près je me retrouvais dans le même état que toi. » Je sais, c'est pas très gentil de lui dire ça, il doit se sentir encore plus minable et malchanceux maintenant. « Je te prêterais bien ma veste mais je suis trop bien dedans. » Je dis d'un air faussement désolé. En plus c'est pas la mienne. Je sais, je suis pas sympa, en plus je remue le couteau dans la plaie avec mes affaires pas mouillée du tout, mais j'y peux rien, moi, s'il a pas su évaluer les risques et rentrer se mettre à l'abri à temps. Mais bref, il change de sujet, en me demande si je ne suis pas trop déçue par mon nouveau partenariat. Je hausse un peu les épaules. « Non, ça va, il est plutôt sympa, mon nouveau partenaire, j'aurais pu tomber sur bien pire que lui, je pense. » Je dis ça l'air de rien, mais dans un petit sourire en coin tout de même, parce que je parle de lui évidement, mon nouveau partenaire. « Bon et toi, comment tu la trouves ta nouvelle partenaire ? Elle est pas trop chiante ? » Si, si, carrément, je la déteste en fait, elle est trop imbue d'elle-même, je sens que ça va pas coller encore nous. Non, il dirait pas ça, Mallaury, il est trop adorable comme garçon. Mais si ça se trouve il cache bien son jeu, après tout j'en sais rien, je suis pas dans sa tête.

Les vêtements de ce pauvre Mallaury sont trempés alors que les miens sont plus que secs mais je n'ai aucunement l'intention de les lui prêter, je suis bien dedans, j'ai chaud. Je le nargue, oui, je devrais pas, je sais, c'est pas gentil mais il n'a pas l'air de mal le prendre, et heureusement. Il note que je ne fais preuve d'aucune solidarité à son égard, pourtant nous sommes partenaires, mais le froid et l'humidité l'emporte largement là-dessus. « Roh, bon allez viens t'asseoir là, et moi je me mets sur tes genoux comme ça je te tiens chaud. » Enfin, un peu, je suis pas une bouillotte vivante non plus, mais ça me gêne pas de lui faire profiter d'un peu de ma chaleur humaine là tout de suite, à défaut de lui passer ma veste ou quoi que ce soit d'autre. Par contre la seule idée que j'ai en stock pour l'instant qui puisse lui permettre de se réchauffer alors c'est à prendre ou à laisser. Après, je comprends que ça puisse éventuellement le mettre mal à l'aise, c'est vrai que les autres pourraient mal interpréter des images où on nous voit collé l'un à l'autre, l'un sur l'autre pour le coup, mais s'il a froid il devrait s'en foutre. Mais bref, c'est comme il veut. Il tient alors à savoir ce que je pense de mon nouveau partenaire, qui n'est autre que lui, mais je trouve très amusant de faire comme s'il s'agissait de quelqu'un d'autre. Pour ma part, je le trouve très sympa, et j'aurais pu tomber sur bien pire, je ne suis donc absolument pas déçue. Mallaury ajoute qu'il a entendu dire que ce candidat n'avait peur de rien, pas même de la pluie, et qu'il était des plus courageux, j'étais donc chanceux de l'avoir pour partenaire. « Courageux mais un peu tête en l'air, il aurait dû faire attention au temps qu'il faisait dehors, avant de sortir, pour penser à mieux se couvrir. » Je lui fais remarquer dans un petit sourire emprunt de malice. « Mais c'est vrai, je crois que j'ai eu de la chance. » Qu'on se retrouve en "couple" lui et moi. Je voudrais pas dénigrer mes deux partenaires précédents, mais c'est sans doute le meilleur des trois que j'ai déjà eu. J'aurais fini par en avoir marre de Noah mais Elsa était chouette, c'est juste dommage qu'elle soit partie si vite, on a pas eu vraiment le temps d'apprendre à se connaître et je n'aimerais pas que l'erreur se répète à nouveau avec Mallaury. D'ailleurs, je lui demande, indirectement, ce qu'il pense de moi aka sa nouvelle partenaire, trop cool (ou pas). Déjà, il ne me trouve pas chiante, c'est une bonne chose, je suis un peu rassurée. Mais il me reproche tout de même le fait que je ne m'entende pas vraiment avec une certaine candidate, sans lui avoir laissée aucune chance. Je ne suis pas certaine de savoir comment réagir. J'aurais bien envie de l'envoyer balader avec sa remarque à la con, mais je ne suis pas sûre que ce soit la meilleur chose à dire à son partenaire, surtout quand on s'entend plutôt bien avec. Je voudrais pas tout gâcher pour une remarque que j'aurais prise de travers, bien qu'elle soit purement et simplement véridique. « Oh, tu sais, je pense qu'elles auraient pu s'entendre toutes les deux, mais dans d'autres circonstances, sans doute, et si ta partenaire était pas un peu immature et bornée par moment. » Parce qu'elle a raison Paloma, en fait, je suis ridicule et j'ai juste l'air d'une (comment elle a dit déjà ?) "adolescente en mal de reconnaissante" (je crois que c'était ça), quand je pique mes petites crises de jalousies débiles. Il ajoute qu'il l'a, m'a, toujours perçue comme une gentille fille, mais il se dit déçu de ce qu'elle a montré d'elle ses derniers temps. « Ah bon. » Je fais d'une petit voix. Je dois avouer que ça me fait assez bizarre qu'il me le dise, cash, comme ça, mais je préfère qu'il soit honnête, en tant que partenaire, c'est mieux. « Tu sais, je crois qu'elle a juste besoin de quelqu'un a détester, plutôt que de se haïr elle-même, parfois. C'est con, je sais, mais elle est un peu bête ta partenaire aussi, faut dire ce qui est. » Je me mords un bout de lèvre. C'est que c'est un peu étrange de se critiquer soie-même en parlant à la troisième personne, mais ça remet tout en perspective en fait. « N'empêche que... » Palome devrait se sentir flattée de faire partie de mon monde, même en temps que sorte d'ennemie, de personne sur qui se défouler, en vrai ils sont super importants ces gens-là. Mon père est l'un d'eux, certains de mes ex qu'il m'arrive de recroiser parce que tout le monde connaît tout le monde par l'intermédiaire de tout le monde vers là où j'habite, ma mère fait partie de la liste, parfois aussi. Mais « ...non, laisse tomber. » Je finis par dire parce que c'est con ça encore comme excuse. Je soupire doucement en roulant des yeux, l'air de pas trop savoir quoi dire finalement parce que je me sens juste débile face à cette histoire de rivalité ridicule, au final. « Je pense qu'il se pourrait qu'elle essaye de faire des efforts, parce qu'elle aime pas décevoir les gens. » Et Mallaury a dit qu'il était déçu d'elle, de moi, et ça me plait pas.