Si la semaine passée avait été magnifique, au niveau de la météo il semblait qu’aujourd’hui le climat soit beaucoup moins clément avec nous. La pluie tombait, les averses étaient nombreuses nous laissant parfois quelques minutes pour sortir, pour se rendre à la chapelle ou n’importe où d’ailleurs. J’avais personnellement choisi de rester tranquillement à l’intérieur, je n’étais pas fan de la pluie… Sauf en été, n’étant pas non plus un mordu des quarante degrés, j’aimais avoir un climat ni trop chaud, ni trop froid. Histoire de ne pas grelotter ou transpirer à la moindre occasion. Sirotant mon café, je recherchais quelqu’un avec qui passer le temps. Remarquant Sonny, l’un de mes camarades assis à la table du salon, je décidais de briser le silence. M’asseyant face à lui, je lui adressais un petit sourire. « Temps de merde n’est-ce pas ? » Ou comment trouver un sujet de discussion pour, justement entamer une discussion.

Temps de merde, rien de plus désagréable. En plus, je m’ennuie ferme et je suis un peu malade. Je préfère donc rester au chaud à l’intérieur du château et boire un remontant pour éviter d’aller me recoucher. Donc pour le moment, je décide de squatter la cuisine et de m’allumer une clope tout en sirotant un café. Je suis seul dans la pièce. Tant mieux. J’aime la tranquillité et j’ai pas vraiment envie de parler. Malheureusement, ça aurait trop beau pour être vrai puisqu’un candidat se ramène dans la cuisine pour s’installer à la table, non loin de moi. Je le scrute vite fait sans rien dire. Je connais pas tellement le jeune homme. La seule chose que je sais de lui c’est qu’il a faillit se taper Winifred dans le hammam. « Mouai.» Je porte mon regard sur la fenêtre et la pluie qui coule à torrent. Je reste songeur. Si l’homme a envie d’entamer la conversation, bonne chance à lui. J’ai pas spécialement envie de lui faciliter la tâche. « Bon sang ! » Je bondis de la table soudainement en me rappelant qu’une des candidates a laissé son gâteau refroidir sur le bord de la fenêtre de la cuisine. Elle m’a chargé de le rentrer et j’ai complètement oublié de le faire. Zut. J’espère qu’il ne s’est pas prit la pluie. En attendant, j’accours à sa rescousse avant de le déposer sur la table du salon. Visiblement, le gâteau est sec. Je lâche un « Ouf » de soulagement, avant de déposer mon regard sur le jeune homme, qui semble amusé par la situation. « Il s’est pas prit la flotte. On l’entame ? » Pas sûr que la créatrice du gâteau apprécie mais en même temps, il faut bien que ce dernier serve à quelque chose.

Bon, en tout cas c'était très mal parti pour qu'on entame une discussion pleine de profondeur. Ce n'était pas plus mal dans un sens parce que je n'aimais pas les grandes questions sur lesquelles débattre pendant des heures sans pour autant trouver de réponses précises, je n'aimais pas non plus parler de moi. Ma vie ne regardait personne à part moi et peut-être ma famille proche. Non, j'appréciais particulièrement les discussions simples, les blagues, faire le con. Ce genre de choses qui te fait du bien lorsque tu vas mal, des bons souvenirs en perspective que tu te rappelleras dans une vingtaine d'années. Un tout quoi ! Essayant de voir s'il était okay pour faire quelque chose je lui faisais constater le temps de merde dehors. Si, dans un premier temps il semblait réagir d'une manière plus ou moins intéressée quelque chose venait retenir son attention. « Bon sang ! » Me demandant ce qu'il avait pour être si pressé je le suivais du regard, prenant une nouvelle gorgée de mon café. Il s'arrêtait à la fenêtre qu'il ouvrait pour y saisir quelque chose. Il en ressortait un gâteau, bon, à première vue il n'avait pas pris l'eau. Une chance avec cet orage qui nous frappait en ce moment-même. Amusé par la situation je me contentais de le lui faire savoir avec un petit sourire suivi d'un petit rire. « Un peu plus et ton gâteau finissait trempé. » Je ne me doutais pas que ce n'était pas sa confection, après tout ce n'était pas inscrit sur la pâtisserie, ni sur son front. « Il s’est pas prit la flotte. On l’entame ? » Pourquoi pas, après tout il avait l'air bon. « Pourquoi pas, il faut bien que quelqu'un le mange après tout. » Je lui adressais un sourire, me levant pour prendre un couteau dans la cuisine ainsi qu'une bouteille de vodka, bah oui... Le café c'était bien deux secondes...

Mauvais temps, pluie, maladie, café, clope, cuisine, gâteau. Et hop, je me rends soudainement compte en rattachant tout cela que j’ai oublié le gâteau sur la fenêtre de la cuisine alors qu’il pleut à torrent dehors. Heureusement pour la créatrice du délice culinaire, ce dernier ne s’est pas prit la pluie. Ouf. En attendant, le jeune homme qui essaye d’entamer la conversation avec moi se fend la poire face à cette situation. Il a bien raison. Je dois être pitoyable. « C’est pas vraiment mon gâteau. C’est celui de.. merde je me souviens plus de son prénom. Bref. » Un léger rictus sort de ma douche, tandis que j’essaye de me souvenir de la candidate. Non. Son prénom ne me revient pas. Tant pis. Je fais alors constater au jeune homme que le gâteau confectionné est intact et qu’il serait temps de le goûter. Celui-ci ne se fait pas prier et approuve ma proposition. D’ailleurs, sans que j’ai besoin de le faire, il se lève pour attraper un couteau. Good boy. Alors que je le laisse couper les parts, j’aperçois la bouteille de vodka fraichement posée sur la table. Bad boy. « Tu veux oublier un chagrin d’amour ? » Je demande ça de manière ironique. Je me doute bien que ce n’est pas le cas. Simplement, boire de la Poliakov à cette heure-ci, je trouve ça bien étrange. J’ai pas pour habitude de me saouler la gueule en plein après-midi. « Je te laisse soin de le goûter le premier. Autant il est empoisonné ce gâteau. » Je me méfie, après tout, je ne fais aucunement confiance aux autres candidats. Il y a de sacrés phénomènes dans le château.

Peut-être que j’avais eu tort de croire qu’en essayant de connaitre Sonny je perdrais mon temps. Il n’avait pas l’air d’être si… Disons… Solitaire, au contraire, les minutes passaient et il se métamorphosait, le jeune homme froid que j’avais rencontré il y a quelques minutes était devenu un mec sympathique. Je dirais même qu’il était agréable. Me proposant de déguster ce gâteau qui me semblait être le sien, j’acceptais. Partant chercher un couteau et une petite bouteille de vodka. Pas parce que j’étais un alcoolique qui ne tenait pas sans une petite goulée de boisson, plutôt parce que je n’avais aucune autre idée de ce que l’on pouvait bien boire à part du café. Si j’avais eu le matériel nécessaire peut-être que j’aurais préparé des cocktails, avec ou sans alcool comme j’avais appris à le faire pendant un stage de barman, l’utilité de changer très souvent de job. « C’est pas vraiment mon gâteau. C’est celui de.. merde je me souviens plus de son prénom. Bref. » Il me faisait rire, manger le gâteau qu’avais préparé une candidate ne me dérangeait pas plus que ça. Elle ne saurait pas qui avait fait ça après-tout. Peut-être que si on replaçait l’assiette dehors elle croirait que des oiseaux étaient passés par là même si… Même s’il pleut et que les oiseaux ne sont plus trop dans le coin en ce moment. « Si c’est le gâteau de Moore j’accepte d’en manger la moitié. » Un petit rire s’évadait de mes lèvres, alors que je déposais le couteau ainsi que la bouteille sur la table. « Tu veux oublier un chagrin d’amour ? » Je levais les yeux vers lui. Bon, peut-être que j’allais être pris pour un alcoolique en plus d’être déjà considéré comme un chaud lapin. « Pas besoin d’alcool pour un chagrin d’amour… Non… Je voulais faire des cocktails, mais je doute qu’il y ait le matériel adéquat ! » Je m’asseyais prenant une nouvelle fois le couteau pour couper (normal me direz-vous) le gâteau en une dizaine de parts égales. « Je te laisse soin de le goûter le premier. Autant il est empoisonné ce gâteau. » Soupirant, je me relevais pour prendre deux assiettes histoire de déguster cette œuvre d’art un peu cramée comme des gens civilisés. « Désolé, mais j’ai trop vu Astérix mission Cléopâtre… Alors à toi l’honneur. »