Elle tient les pans de la tente tant bien que mal, assise en tailleur de son côté, le tissu s'écroulant sur sa tête en commençant presque à lui cacher les yeux. Sailor aurait presque l'air de fusionner avec la tente, comme ça, ca devait être un tableau cocasse, vu de l'extérieur. Au moins, peut-être que ça arracherait quelques rires aux autres. Leandro s'est réveillé vite après l'effondrement, un peu paumé, mais il a l'air assez bien éveillé. Peut-être qu'il ne dormait pas vraiment, en fait, mais peu importait. A sa question, Sailor secoue la tête, avalée par le tissu de la tente qui tombe entre ses deux bras. « Je sais pas ! » s'exclame-t-elle, en essayant de souffler sur le tissu pour qu'il dégage de devant sa bouche. Elle souffle comme un boeuf, avant que son colocataire ne finisse par dire qu'il vaut mieux sortir. Bonne idée, tiens, elle avait essayé de tout retenir pour ne pas le déranger, mais maintenant qu'ils sont tous les deux réveillés, autant aller réparer les dégâts... Leandro essaye de sortir, et Sailor lui emboîte le pas à quatre pattes, mais la tente s'effondre d'un coup sur sa tête alors qu'elle n'est qu'à mi-chemin, dans un bruit étouffé. « Oumphf... » laisse-t-elle échapper, pour se dépêtrer et sortir enfin de leur abri. Elle a eu l'air d'une belle idiote, pendant quelques minutes, et elle en rirait presque, si Leandro n'avait pas enchaîné sur une enquête concernant la cause de cet effondrement. Elle le suit en tournant autour de leur tente, désormais à plat dans un tas de tissu et de barres de carbone. Mal fixée, sans doute, en même temps, les conditions n'avaient pas été idéales. « Il faisait drôlement noir aussi... ou alors quelqu'un s'est pris les pieds dans les sardines ? Ou peut-être qu'il y a des animaux... c'est quoi comme genre d'animaux ici d'ailleurs ? Des sangliers ? Des chevreuils ? Des ours ? » enchaîne-t-elle en tournant autour de la tente, ses yeux bondissant entre Leandro et la tente, les mots filant aussi vite que ses pensées, mais en même temps amusée de la situation. Elle affiche un sourire joyeux, un peu euphorique à l'idée de vivre autour d'animaux ou de candidats farceurs. « Ils ont dû être attirés par la nourriture d'hier ! » ajoute-t-elle avec une expression d'eurêka intense, comme si elle venait de résoudre l'affaire du siècle. Cela dit, la tente restait à plat, alors elle essaye quand même de récupérer les cordelettes pour les attacher aux sardines, plantant les bouts métalliques à nouveau dans le sol.

Elle se dépêtre tant bien que mal de la tente, et puis elle se dit aussi que si elle revoit les images un jour, elle rigolerait bien, tiens. De toutes façons, elle a un optimisme à toute épreuve, c'est sa marque de fabrique, alors c'est vraiment le genre de situation pour lesquelles elle aime bien rire. Finalement, elle s'en sort, et se lance dans des analyses pour la raison de l'effondrement de la tente. C'est avec un grand sérieux qu'elle écoute Leandro évoquer la présence de traces d'animaux autour, s'il s'agissait de la réelle cause. « Mmh, d'accord... » fait-elle en acquiesçant, et en regardant à terre. En fait, elle n'a pas vraiment d'idée de à quoi peut bien ressembler une trace de sanglier, mais elle cherche quand même, parce que ça l'intéresse aussi. Et puis son colocataire s'exclame. « Ah oui ? » fait-elle en s'approchant, pour observer la trouvaille. Rien de transcendant, juste une trace dans la terre, de la largeur d'une balle de golf, ou quelque chose comme ça, mais elle trouve ça plutôt chouette. « Oh, cool ! J'ai jamais vu de sanglier en vrai, c'est trop bien ! Chez moi c'est surtout les mangoustes, qui viennent voler la nourriture, alors c'est moins impressionnant, et puis y'a des serpents aussi, et des iguanes, aussi ! » s'exclame-t-elle avec enthousiasme. Elle aimerait bien voir ce sanglier, en fait, elle aime bien les animaux, et elle n'a pas souvent l'occasion d'en voir ailleurs qu'à la télé. Les zoo ne courent pas les rues, à Guam. Fort heureusement, oui, le sanglier s'est contenté de passer en décrochant les sardines. Sailor laisse échapper un rire. « Sans tente, on aurait pu dormir dans la cabane, au moins, si tu as faim en pleine nuit, y'a juste à se servir... » fait-elle avec un sourire amusé. Et puis elle se met à l'oeuvre, aidée de son camarade, pour reconstruire leur abri du mieux qu'ils peuvent, tirant sur les cordelettes, replaçant les tiges de carbone. Leandro s'inquiète d'avoir bougé ou gêné la nuit de Sailor, mais elle secoue la tête avec un sourire. « Ah, oh non, pas de problème ! J'espère que j'ai pas trop bougé, moi non plus, j'ai essayé de me faire petite, mais des fois, on sait jamais, avec le début de l'émission et tout, peut-être que je me suis agitée... » fait-elle en riant légèrement. Elle avait été surexcitée toute la soirée, elle avait très bien pu remuer aussi, mais il ne lui semblait pas avoir bougé d'un pouce par rapport à hier soir, quand elle s'était réveillée. Et puis elle enchaîne, puisqu'ils peuvent entamer une conversation digne de ce nom. « Tu viens d'où, toi, d'ailleurs ? T'as l'air vachement doué quand il s'agit de la nature, c'est une passion ? Ou c'est ton métier peut-être ? Tu es guide de montagne ? » fait-elle, au fil de sa pensée, essayant de deviner le job de son colocataire. Cela dit, il a l'air plutôt jeune, alors il est peut-être encore étudiant aussi.

Leandro a l'air de dire que les sangliers peuvent se montrer agressifs. A vrai dire, elle n'en sait trop rien, elle n'en n'a jamais vu en vrai et juste dans des reportages, auxquels elle n'a vraiment jamais prêté grande attention. Alors quand il la met en garde sur l'animal, elle se contente d'afficher un sourire amusé. « Je ferai pas de bruit, promis ! » fait-elle pour blaguer, en faisant une mimique de salut militaire. Et en effet, d'où elle vient, pas de sanglier, mais d'autres animaux. Même des trucs pas très gentils non plus, comme des serpents. « De l'île de Guam, dans le Pacifique... c'est tropical, alors c'est vraiment pas la même chose que cette forêt-là ! » fait-elle avec un rire. Même les bruits, l'ambiance, les odeurs, tout est complètement différent, alors c'est un peu confus. Pas de repères, que des choses nouvelles à découvrir et à gérer. L'idée de dormir dans la cabane ne semble pas trop plaire à Leandro, qui dit ne pas vouloir se mettre à dos les autres candidats. « Même pas peur, » répond Sailor avec un rire amusé et un large sourire. Une plaisanterie, bien sûr, parce que pas sûr qu'elle ne parte pas en courant le jour où un type comme Ronan se met à lui courir derrière pour l'étriper. Finalement, ils se mettent à reconstruire leur abri, petit à petit, et Leandro commence par une plaisanterie au sujet de la tente. « Je suis peut-être somnambule ! » fait-elle en riant. Elle se voit mal détruire la tente, elle ne touche le plafond de l'abri que si elle se tient assise droite les bras levés en l'air. « Ah, bon, ça va, alors... » ajoute-t-elle en souriant quand finalement, il admet qu'elle n'a pas fait de bruit. Elle s'en est bien rendue compte, quand elle s'est réveillée dans l'exacte même position que celle dans laquelle elle s'était endormie. Leandro vient donc du Texas, et aurat donc un accent, mais Sailor affiche une mine déconfite. « Oh, bah, comme je suis jamais partie de Guam, je connais pas trop les accents, tous ces trucs, alors... » fait-elle en gonflant les joues pour faire un bruitage, histoire de mimer le fait qu'elle n'en n'a franchement aucune idée. Son colocataire a donc grandi dans la nature et travaille encore avec les animaux, et ça arrache un large sourire émerveillé à Sailor. « Oh, c'est trop bien, ça ! C'est la classe, tu peux te débrouiller tout seul comme le mec de Man Versus Wild, ou comme Indiana Jones... et travailler avec des animaux, c'est vraiment trop chouette, aussi ! C'est beau le Texas ? Ca ressemble à quoi ? » fait-elle, enchaînant les questions et les remarques au fur et à mesure qu'elle y pense. Avant que le garçon ne lui retourne la question. « Oh moi, rien d'intéressant, j'ai pas encore fini mon lycée, je suis en dernière année... et je sais pas du tout quoi faire après comme études, en fait, je sais même pas si j'aurai les moyens, alors... beh, j'y pense pas trop, voilà ! » fait-elle en haussant les épaules, détachée. Les animaux, c'est cool, mais y'a tellement de choses qui lui plaisent, que vraiment, elle n'en sait rien du tout. Et puis elle est comme ça, de toutes façons, elle n'aime pas trop réfléchir au futur, et préfère vivre au jour le jour, histoire de bien profiter.