Entretenir le feu était probablement l'une des tâches les plus importantes que l'on nous avait confié sur le campement, et il n'y avait qu'à voir le mince débardeur que je portais pour imaginer à quel point celui ci pouvait nous réchauffer une fois la nuit tombée. Chacun y mettait plus ou moins du sien, même si il fallait avouer que l'on pouvait plus compter sur certains que d'autres. J'avais déjà plus ou moins remarqué lesquelles d'ailleurs. C'est fou comme il était aisé de deviner qui était à l'aise dans un environnement comme celui ci, et qui ne l'était pas. Pour ma part, tout ceci m'importait peu. J'avais beau ne pas être familier avec un environnement comme celui ci, il n'empêche qu'il ne s'agissait à mes yeux qu'un défi comme un autre, et que l'affronter relevait de l'évidence. Aussi après une petite inspection du campement, j'avais rapidement remarqué qu'il n'y avait plus rien pour alimenter le feu. J'imaginais déjà la panique que cela ferait si plus aucune lumière ne venait à illuminer le camp. Les filles crieraient probablement, les garçons seraient agacés, et les plus vaillant tenteraient d'en faire un peu trop pour réparer la situation, quitte à se marcher dessus. C'était toujours ainsi. Alors autant m'éviter cette scène et continuer à garder un oeil ouvert jusqu'à ce que le soleil se lève. J'avais bien remarqué qu'une autre personne était dans le même cas que moi, une blonde logée un peu loin, d'ailleurs je n'avais pas pu m'empêcher de m'avancer vers elle. « Il n'y a plus de bois. » mais apparemment, elle ne semblait réaliser ma présence qu'en cet instant, pour une fois que ça n'était pas moi qui paraissait à l'ouest. Pas même le temps de reprendre la parole qu'elle semblait déjà agacée. « Eh bien, on dirait que je n'ai pas eu besoin de me répéter. » haussant les épaules, je me levais à mon tour, constatant que les flammes s'amoindrissaient à vu d'oeil. « Si on ne trouve pas une solution rapidement, le campement va virer au chaos. » Et inutile de préciser que personne ne souhaitait qu'une telle chose se produise.

On ne pouvait pas dire que j'étais quelqu'un de particulièrement sociable, néanmoins je gardais le sens des responsabilités et ainsi ne pouvais m'empêcher de surveiller le feu, et ce comme si je m'en sentais responsable. Ça n'était pourtant pas le cas puisque celui ci appartenait à toute la communauté que nous étions, et il s'agissait de la tâche de chacun que d'y prendre soin. Néanmoins tout le monde n'avait pas l'air de saisir à quel point celui ci pouvait être important pour notre confort, comme si certains attendaient que tout leur tombe dans les mains sans faire le moindre effort... ce qui était très probablement le cas. Nous ne venions pas des mêmes milieux, et je supposais que si j'étais issu d'un milieu modeste où j'avais du apprendre à rapidement me débrouiller seul, ça n'était pas forcément le cas de la majorité des candidats. A vrai dire, je me disais qu'il y en avait peut-être même plus de l'autre côté que ce que je le pensais, puisque la production ne devait de toute évidence pas recruter n'importe qui, et que certains devaient être issu d'un piston quelconque. Enfin, ça me paraissait logique, tous les milieux fonctionnaient de la sorte, je commençais à être habitué, moi qui n'avais presque jamais de relations. La jeune femme semblait agaçait par le comportement de nos camarades, et de toute évidence, elle était en droit de l'être. Elle n'avait pas hésité à ajouter qu'elle aurait parfois aimé les laisser se débrouiller. Je ne raisonnais pas de la sorte, bien que je comprenais son ras le bol. « Evitons de tomber à leur niveau. » me contentais-je de lui répondre en haussant les épaules, mon calme habituel reprenant rapidement le dessus sur mon agacement. La réserve était à sec, je me demandais tout de même ce qu'ils pouvaient bien faire avec le bois. Peut-être l'avaient-ils tout simplement jeté d'un coup dans le feu, consumant ainsi tout ce que l'on avait sans réelle utilité. « On a encore de quoi s'allumer une torche, si ça te dit que l'on aille faire une balade en forêt, ça peut-être romantique. » mes lèvres s'étirèrent face à cette légère blague. Car oui, j'en étais bel et bien capable malgré les apparences.

Je n'étais pas du genre à paniquer pour un rien, il faut dire qu'avec mon métier, il fallait toujours que je sois vigilant tout en gardant un calme presque légendaire de façon à ne pas effrayer les animaux. Parait-il que certains d'entre eux pouvaient ressentir la peur de l'être humain face à leur égard, et qu'ils pouvaient prendre ça pour une agression. Alors oui, pour le coup la plupart des choses de la vie quotidienne ne me faisaient pas réagir, du moins pas quand il s'agissait de la bêtise humaine comme en cet instant présent. Et même si ne plus avoir de feu pouvait paraitre sacrément grave sur le moment, il était peu probable que nous souffririons réellement de son extinction. Au pire des cas nous n'aurions qu'à nous serrer dans nos sac de couchages, les uns contre les autres jusqu'à ce que la nuit passe. Nous n'étions pourtant pas un vendredi treize, pas encore. Enfin, il fallait bien avouer que je ne me voyais pas passer la nuit torse nu et sans feu, puisque c'était à peu près la seule chose qui réussissait à me réchauffer depuis que j'avais tiré le fameux cadeau de la tombola. Le fraicheur tombait facilement par ici, et je n'étais pas assez couvert pour l'affronter, alors il fallait tout de même penser à ma propre survie, ça n'était même plus question des autres. Je proposais donc à ma camarade d'aller faire un tour en forêt pour trouver de quoi alimenter le feu, bien qu'avec aussi peu de lumière, nous risquions avoir beaucoup de mal. « Je ne m'attaque qu'aux petites vieilles de plus de soixante ans, ne t'en fais pas. » m'amusais-je lorsqu'elle insinuait que je risquais de profiter d'elle. Ça serait bien mal me connaitre, mais je comprenais tout de même ses réserves. Nous partions donc en direction des bois, et le moins que l'on puisse dire c'est que nous ne voyions plus franchement ce qui nous entourait. « Ça va être une partie de plaisir, je sens... » ou presque oui. Je tentais donc de discerner les morceaux à même le sol, mes mains fouillant les environs et cassant des branches qui me paraissaient plus fines que d'autres. « Tu t'en sors ? »