La récolte ne fut pas très simple. Enfin récolte… on ne peut pas vraiment parler de récolte d’eau même si en apparence ça s’y apparente puisqu’avec un candidat, on a dû faire preuve d’ingéniosité pour récupérer de l’eau au fond d’un puits. Du coup, j’ai une moitié de gourde remplie. J’ai pas réussi à faire mieux. C’était trop lourd à tirer avec la corde et l’autre candidat m’a pas trop aidé. J’ai dû me débrouiller par mes propres soins. Du coup, je savoure le peu d’eau qu’il me reste en buvant des mini-gorgées. Je sais qu’il faudra que j’y retourne dans l’après-midi mais là, si je pouvais avoir de quoi me désaltérer durant mon repas, ça serait bien. D’ailleurs, j’ai décidé d’attaquer un sandwich fait par la production dès maintenant tout simplement car j’avais faim. Il est tôt mais peu importe. J’ai pas l’heure pour m’en rendre compte de toute façon. Et puis, l’avantage c’est que j’ai pu choisir les ingrédients. J’aurai pu continuer de manger en solo si un trentenaire n’était pas arrivé à ma hauteur. J’examine celui-ci en laissant de côté mon sandwich pour ne pas paraître malpolie et en écoutant ce qu’il a à me dire. Il semble persuadé de m’avoir vu exactement au même endroit il y a une heure de ça. « Et pourtant, je suis obligé de te dire que tu te trompes de blonde. Ce n’était pas moi. » C’est drôle parce qu’il me regarde d’un air suspicieux doutant de mes propos. Il doit probablement croire que je le mène en bourrique pour plaisanter. Sauf que non, son assurance lui joue des tours car je n’étais pas là il y a une heure mais en train de chercher le puits dans les bois afin de soulager ma soif. « Ou alors j’ai une jumelle et je ne le savais pas. C’est peut-être mon secret d’ailleurs. » J’aurai pu relever le fait qu’il n’oublie jamais les blondes, ce qui est un peu bizarre quand on y pense, mais j’ai préférée partir dans un délire ayant ni queue ni tête. « Shay. » Je me contente de ça sans trop rire ou sourire. Je dois surement lui paraître froide mais en même temps, j’ai passé une nuit horrible et là je suis entrain de manger un sandwich où la salade est presque congelée à force qu’il soit resté dans une sorte de glacière. « Il reste encore pleins de sandwichs là-bas si ça te tente. » C’est pas une invitation à venir manger en tête à tête avec moi, attention. Disons que c’est par esprit de solidarité et qu’il peut rester un peu en ma compagnie, si ça le chante. « Prends en un sans salade, un conseil. » Enfin s’il en veut un.

La notion du temps est un peu confuse dans mon esprit mais je reste persuadée de ne pas être venue m’asseoir ici plus tôt dans la matinée et encore moins il y a une heure où j’étais partie à la recherche du puits d’eau techniquement. Mon interlocuteur me ferait presque douter à insister là-dessus. « Absolument ! » Je réponds avec enthousiasme et un sourire amusé. Je ne saurai dire si c’est le fait que le candidat se trompe qui me plait ou alors le fait qu’il soit vraiment persuadé de m’avoir vu ici. Peut-être un peu des deux. En attendant, il se justifie comme il peut et je ne peux m’empêcher de le regarder d’un air un peu moqueur. « Mais je suis l’unique blonde dont tu devrais te rappeler ! » Je croise les bras un peu boudeuse avant de sourire à nouveau et de les décroiser. Un petit rire presque étouffé s’échappe alors de mes lèvres. « Il n’y a pas de mal ! » Et évidemment, je plaisantais un peu plus tôt mais je crois que j’ai pas besoin de le préciser et qu’il l’avait compris. Enfin j’imagine. Au pire, je passerai pour une allumeuse ou séductrice mais je ne crois pas l’être ou du moins pas volontairement donc ça me dérangerait forcément que cette réputation me suive. C’est peut-être aussi pour ça que la suite de la conversation est un peu plus froide. Comme la salade tiens. Je le préviens d’ailleurs à ce sujet. Et voilà qu’il revient quelques secondes plus tard avec un sandwich n’en contenant visiblement pas. Tant mieux pour ses papilles. « Ou alors c’est de la salade périmée. » Mais autant dire qu’une salade avec une couleur pareille même périmée cela paraît improbable alors j’imagine que non, ça n’est pas de la salade ce qu’il me montre. « Du pepperoni ? » J’hausse alors le ton de ma voix paraissant étonnée. Je cherche au fond de ma mémoire de blonde mais je ne vois pas. Alors je décide d’abandonner jusqu’à ce qu’il me propose d’échanger les sandwichs. Aussitôt je me dis que je n’aimerai peut-être pas. « Je… excuses-moi mais je sais pas ce que c’est. » J’imagine que c’est un peu la honte. Je baisse la tête d’ailleurs. Mais ce mot ne fait pas parti de mon vocabulaire. « Il est tôt pour manger tu crois ? » Je regarde aussitôt mon poignet pour chercher l’heure avant de réaliser bêtement que la production nous as fait retirer tout bijoux ou accessoires. Je reprends alors mine de rien de peur qu’il me catégorise définitivement parmi les blondes écervelées. « J’avais juste faim. Et puis, au moins, y’avait du choix. »Autant être franche, je dois avouer avoir eu un instant peur qu’il n’y ait pas assez à manger pour tout le monde ou du moins pas pour tous les goûts. Etant un peu difficile, j’ai préféré assurer le coup. « J’aurai jamais imaginé que mon premier repas dans l’aventure puisse être un sandwich en plein milieu d’arbres et d’inconnus. » Comme quoi, on ne peut rien prévoir dans la vie. Et de l’inattendue, ça ne va pas en manquer cette saison je sens.

Evidemment, je lui en tiendrai pas rigueur à ce bonhomme de m’avoir confondue avec une autre. On est plusieurs blondes ici en plus à ce qu’il m’a semblé voir. Néanmoins, y’en a pas une qui me ressemble je pense. Ranja à la limite ? Non, elle a le visage beaucoup plus carré que moi. Je décide de plaisanter là-dessus en déclarant que la seule blonde dont il devrait se rappeler c’est moi. Il semble me prendre un peu au mot. Zut ! Il va falloir que je me justifie maintenant. « Tu le découvriras bien assez vite ! » J’imagine que ça ne le satisfera pas mais c’est tout ce que j’ai trouvé à dire. « J’espère pas. » Si la réponse me semble évidente, il est vrai qu’il y a de quoi se poser la question quant aux intentions de la production. Nos conditions de vie ici sont difficiles et peut-être qu’on s’est trompé de prod’ au final et qu’on est tombé sur des malades qui veulent faire un genre de Battle Royal avec nous et… non, impossible. Je crois que je serai déjà morte sinon. En attendant, le garçon m’explique ce que c’est que le pepperoni. Tout à coup, ça me semble évident ! Comment n’ai-je pu ne pas y penser ? « Oui. Je connais merci. » Je lui offre un léger sourire pas forcément à l’aise avec la situation. Je le deviens encore moins lorsque celui-ci approche son doigt avec un bout de saucisson en me proposant de goûter. Niveau glamour, on peut pas faire pire je crois. Mais dans un sens, je trouve ça mignon cette maladresse. Néanmoins, je me dois de répondre négativement. « Non. Merci. » Je réponds assez froidement au final. Du coup, ça laisse un léger malaise. Mais je n’ai pas envie de goûter à son saucisson ( ). « Je vais me contenter de finir le mien. » Même si il est pas terrible. Tant pis. Je pars du principe que ce genre de saucisson file des boutons et qu’avec les moustiques qui traînent par ici, je risque d’en avoir déjà pas mal. Autant limiter la casse. En plus, c’est pas trop dans ma nature d’accepter quelque chose d’un homme. Disons que c’est aussi une question de confiance. « Pas faux. » Je me doutais qu’il était encore un peu tôt pour manger mais peu importe après tout. Il n’y a pas vraiment d’heure et puis je compte pas me laisser mourir de faim. En plus de cela, il y a le fait que j’aurai surement plus de choix que les autres. Mais au final, voilà le choix comme le souligne Allen. J’esquisse un léger rire en repensant aux sandwichs douteux qu’ils nous offrent. D’ailleurs, je lui confie que j’aurai pas imaginé ça pour un premier repas d’aventure et encore moins de manger dans ces circonstances. Il me rassure alors un peu en me disant que ça devrait assez vite changer pour quelque chose de bien meilleur. « J’espère oui. Mais qui nous dis qu’ensuite, ça sera pas pire ? Si ça se trouve, on va devoir faire du camping toute la saison ! » D’habitude, je suis pas autant pessimiste mais là vu la nuit que j’ai passé, je me pose sérieusement des questions quant à ce jeu de barge. En ce qui concerne la question du brun, je crois que la réponse est évidente. « Non. Pas vraiment. Ça me rappelle un peu l’époque du lycée mais en pire. » Autant dire que j’aime pas du tout les abysses et notre situation actuelle. Elle ne me correspond pas. « Et toi ? » A mon avis, il est bien plus débrouillard que moi et a déjà fait des colonies de vacances ou autres. Déjà, il est plus âgé et a en principe plus d’expérience.