La nuit était paisible, Addil pouvait entendre le vent qui soufflait doucement sur la tente. Le sommeil n'arrivait pas à le gagner et il n'avait pas envie de dormir. Son regard fixait le haut de la tente, il essayait de ne pas trop bouger pour tenter de ne pas réveiller son partenaire qui était juste à côté de lui. Mais il changeait souvent de position, une fois sur le ventre, une autre sur le dos et une autre sur le flanc droit. Il n'arrivait pas à trouver une position confortable, lui qui avait l'habitude de dormir dans un bon lit, n'était plus réellement habitué à dormir dans la nature. Il se serait bien passé d'une semaine à vivre comme un sauvage. Pour lui c'était plus une punition qu'un cadeau, il voyait ce bâtiment avec ce magnifique jardin. Le portail narguait le jeune homme. Comme pour lui dire qu'il n'y était pas encore et qu'il devait patienter. La patience n'était pas la plus grande qualité du beau brun. Il était calme, mais l'impatience pouvait le gagner très vite. Il sentait l'aventure Fake Lover qui lui pendait au nez, il ne lui manquait que quelques centimètres pour l'atteindre et pourtant elle pouvait l'échapper en une fraction de seconde. Peut-être qu'il n'était pas fait pour être un candidat d'une émission de télé-réalité ? Mais s'il est là c'est qu'il est tout de même doué non ? Les questions se bousculaient dans sa tête, mais les gestes de son voisin vinrent le tirer de sa rêverie. Il s'était redressé, c'était peut-être de sa faute, à force de bouger il avait pu le réveiller. A son tour Addil se réveilla, tentant d'apercevoir Allen qu'il ne voyait pas très bien à travers la nuit. « Excuse moi je n'arrive pas à trouver le sommeil, je ne sais pas si tu t'es réveillé à cause de moi, donc je suis désolé. » dit-il tout simplement. Il n'avait même pas besoin de sourire, car Allen ne devait sûrement pas le voir. Il pouvait apercevoir une forme, mais pas le visage entier du jeune homme. Juste une voix qui l'aidait à le guider, une voix et une forme. C'était ce que devait voir et entendre Allen. En fait c'était surtout ce que Addil voyait, donc Allen devait voir la même chose que lui. Stop. Trop de questions dans une si petite tête.

Addil était rassuré, il n'était pas le coupable dans cette histoire de réveil. En même temps il n'aurait rien pu faire même s'il avait été le coupable. Le sommeil n'avait pas voulu pointer le bout de son nez laissant le pauvre Addil seul et éveillé. Il n'avait pas envie de dormir et pourtant la journée avait été fatigante. Mais il préférait rester debout et réfléchir. Il aurait préféré dormir, mais le destin en a voulu autrement. Le beau brun n'était pas toujours maître de ses actes et même s'il voulait s'arrêter de penser pendant quelques secondes pour fermer les paupières et pouvoir dormir il n'y arrivait pas. De toute façon maintenant que son partenaire de tente était debout il allait pouvoir parler un petit peu. Au moins une bonne demie heure, cela fera passer le temps un peu plus vite. Du moins il l'espérait. « D'accord. Cela doit faire une heure et demie environ que tu dors. Il est vrai que ça ne fait pas très longtemps. Si tu veux je te rendormir je peux comprendre. Mais comme je bouge assez je pense que tu vas avoir du mal. » Petit message subliminal pour lui dire qu'en vérité il ne voulait pas dormir et en plus de ça il avait envie qu'une personne lui tienne compagnie dans son insomnie. Est-ce qu'il était égoïste ? Oui juste un petit peu. Allen le questionna. Addil ne savait pas, il avait une réponse, mais est-ce qu'elle était la bonne ? Il était psychologue et savait voir les problèmes des autres. Par contre quand il s'agissait de lui c'était une autre histoire. « Je ne sais pas. Peut-être un peu. Je pense que ça passe ou ça casse, donc il ne vaut mieux pas s'en faire. Et puis tant pis j'irai retrouver mon métier et ma petite vie. » dit-il en haussant les épaules. « Un mauvais rêve ? Et tu sais de quoi tu as rêvé ? » C'était peut-être idiot ce que demandait le jeune homme, mais en vérité il savait aussi, du moins il essayait de lire dans les rêves. Il y avait souvent de nombreuses interprétations possibles et Addil explorait les nombreuses pistes.

Allen était sympathique, il avait choisi le bon compagnon de tenter et il n'était pas déçu. L'homme à la barbe ne le prenait pas mal du tout et Addil était un peu rassuré. Pensant depuis le début être le fautif dans le réveil de celui-ci, il apprit qu'en vérité ce n'était pas lui, mais un vilain cauchemar. D'ailleurs il ne put s'empêcher de rire à la remarque que Allen fit. La soirée allait sûrement se transformer en pyjama partie ! Enfin il ne fallait pas faire trop de bruit pour ne surtout pas réveiller les autres. « Oui je n'ai pas de chance. Une heure et demie que je fixe le plafond de la tente. » dit-il en laissant échapper à nouveau un léger rire. Il était bien, tranquille, serein. Il essayait de ne pas faire trop de bruit, car son rire pouvait être assez bruyant. Déjà que lui et Allen étaient debout, il ne souhaitait pas que d'autres personnes se réveillent. « Je pense qu'il faut rester discret, déjà que je ne suis pas hyper sympathique. Si en plus je viens à réveiller tout le monde. » dit-il en faisant cette fois-ci un léger sourire. Allen parlait du prime, de dimanche, le stresse tout ça. C'est vrai que c'était compliqué à gérer et Addil n'avait pas envie de s'en faire. Il voulait rester calme et ne pas céder à la panique ou faire n'importe quoi pour tenter de se faire remarquer par la production. Cela ne servait à rien. « Dimanche on saura. Moi dans la vie je suis psychologue, j'écoute les gens. C'est peut-être pour ça que je parle beaucoup, dans mon métier je n'ai pas trop l'occasion de le faire du coup je me rattrape avec les autres. Et sinon toi tu fais quoi » demande t-il d'une voix assez basse pour que lui seul l'entende. Il tentait de contrôler sa voix, même si c'était un peu difficile de ne pas rigoler ou dire des conneries. Addil n'était pas un spécialiste en rêve, mais il s'y connaissait un peu, donc il pouvait essayer d'aider son partenaire de tente. « Oui ou peut-être quelque chose dont tu n'as pas fais attention, mais que ton cerveau a remarqué et qu'il a décidé de retranscrire dans ton cerveau. Ou alors tes pires craintes se sont mises dans ce cauchemar. J'ai de nombreuses suppositions, mais je ne peux pas te répondre concrètement. » dit-il en haussant les épaules. Pas sûr que Allen est pu voir qu'il a haussé les épaules, mais de toute façon ce n'était pas important.

Addil n'était pas sympathique, il était même agaçant. La profession qu'il exerçait n'était pas souvent apprécié par les autres, elle n'était parfois pas appréciée du tout. Le mythe du psychologue fou qui soigne des patients qui eux mêmes ont des problèmes. C'es un peu vrai, mais tout le monde a une par de folie en soit, la folie est causée souvent par des problèmes ou des maladies. Addil a eu un manque d'affection durant son enfance, c'est sûrement pour cela qu'il a dû mal à s'attacher et qu'il s'éloigne des autres et qu'en plus il parle de choses graves souvent avec un air totalement détaché. « Ce n'est pas ma principale qualité on va dire. Mais ne t'inquiète pas pour moi je ne suis pas venu ici pour être ami avec tout le monde. Donc si on ne m'aime pas je ne peux en vouloir à personne. Il est vrai que j'ai un côté agaçant, donc je comprends parfaitement. » dit-il en gardant ce léger sourire. Allen lui parla de son métier, qu'il pouvait être démoralisant d'écouter des personnes déprimées toute la journée. Addil aimait cela, donc il ne trouvait pas cela déprimant, mais très intéressant. Il ne pouvait réellement expliquer pourquoi il aimait cela, mais depuis tout petit il avait eu une sorte de vocation sur le cerveau et la psychologie. « Non c’est un métier comme un autre. Chaque métier se répète de toute façon. Moi j'ai des patients qui parfois sont très drôles et je dois toujours garder mon sérieux. Quand j'entre dans la peau de psychologue je ne suis pas en empathie envers le patient. Je dois avoir du recul sur la situation et trouver les bons mots pour trouver ce qui va et ce qui ne va pas. » Ce qui était le plus étonnant c'est qu'il gardait cet air détaché même dans sa vie de tout les jours. « Tu n'es pas moche, tu es même beau. Du coup je pense que tu vas facilement retrouver un rôle et si en plus tu es bon acteur, je pense que ça devrait arriver bientôt. C'es a partir de la trentaine que les acteurs deviennent plus séduisants et qu'ils arrivent à attirer un large public. » dit-il pour le rassurer un peu. Il n'était pas moche, s'il était bon dans la comédie il pouvait décrocher facilement un rôle. En gros il avait tout pour lui. Le sujet se tourna a nouveau sur le cauchemar de l'homme à la barbe. « Oui peut-être, je ne peux qu'émettre des suppositions sans savoir réellement si c'est bon ou pas. Mais je suis devenu psychologue parce que depuis tout petit j'ai aimé cela, les reportages à la télé, comprendre l'être humain. Ses doutes et ses faiblesses, j'ai toujours été intrigué par cela. Et moi voilà maintenant psychologue, donc pour moi j'ai réussi à ma vie en quelque sorte. » dit-il en affichant à nouveau un léger sourire. Et puis malgré son air détaché Addil aimait aider les autres, les aider à aller mieux c'était son but et c'était le but de son métier également.