@Leandro

C’est ironique de s’ennuyer alors qu’on a un hôtel hollywoodien à nous. Tout est fascinant dans cet endroit. Pourtant, ce soir, j’ai un coup de blues. Ils sont à prévoir, il y en aura certainement plusieurs d’ici les prochaines semaines. Je me demande ce s’ils vont bien… Si Cath s’en sort et qu’ils ne lui donnent pas la vie trop difficile. Si Joshua arrive à dormir la nuit et qu’il ne me réclame pas trop souvent. Mon bébé. À cette simple pensé, mon ventre se contracte en le sachant si loin de moi. Lui, Charles, Harper. Bon, j’ai besoin d’un verre moi. J’ai simplement besoin d’un verre pour me calmer et faire comprendre que ce sera ma réalité des prochaines semaines. Je dois profiter de cette aventure, m’y investir si je désire me retrouver sur le podium final. L’endroit est charmant. Je me range derrière le bar, fixant les nombreuses bouteilles, cherchant celle qu’il me faut. Ah voilà. Le bourbon dans la main droite, un verre dans l’autre, je lève les yeux lorsqu’une silhouette se glisse devant moi. Un jeune homme. Son prénom m’échappe alors que je reconnais les traits de son visage. « Qu’est-ce que je vous sers, jeune homme. » Voilà, je me la joue barmaid d’une soirée, juste pour son plaisir. « La spécialité de la maison est un old fashioned. » je lui indique en mettant la bouteille de bourbon à l’évidence. Le temps d’une seconde, je me demande s’il est en âge légal de boire, puis je me dis que ça doit être le cas. De toute façon, tout le monde boit de l’alcool avant d’avoir le droit. Je dépose donc doucement le verre sur le bar, cherchant le sucre et les autres ingrédients pour préparer ce drink classique. « On a qu’à prétendre que tu es un jeune… très jeune James Dean et que je suis disons… Marilyn. » Le décors prête à cette illusion après tout. Bien que je n’ai jamais réellement fantasmé sur Marilyn… James par contre. Et on doit avouer que le jeune candidat à quelques traits similaires à cet icône du cinéma américain. Enfin, pas autant que Clarke, mais il y avait bel et bien un lien à faire. « Le truc avec le old fashioned, c’est de faire un équilibre parfait entre le sucré et l’amère. » Je fais glisser le verre plein en sa direction, ajoutant mon fidèle sourire à l’équation. Finalement, j'avais choisi pour lui ce qu'il allait boire ce soir. « J’ai oublié ton prénom… » C’est maintenant que je l’avoue.

Être derrière un bar est plutôt naturel chez moi, me rappelant mes jeunes années, ma début vingtaine, alors que je me cherchais énormément. Enfin, comme tous les jeunes de cet âge je dirais. Ou pas. Ces années-là ne sont pas les meilleurs de ma vie, mais ne sont certainement pas les pires, c’est ce que je préfère me dire. Ce sera donc une soirée au bourbon et je suis heureuse que mon nouveau compagnon de soirée accepte mon offre. Comment refuser, je fais les meilleurs old fashioned… du moins j’essaie. L’idée d’un James Dean et d’une Marilyn me plait bien. J’ose croire que c’est le décor qui me donne ce genre d’idée. Reste que nous sommes dans ce jeu pour décrocher de la réalité en partie, donc pourquoi ne pas embrasser le rôle du mieux qu’on puisse le faire. Par contre, je me rends compte que le candidat devant moi est surement plus âgé que je ne le pensais. Grimaçant légèrement je tente tout de même un sourire alors qu’il ne doit pas se sentir vexé. « Il paraissait plus vieux… » Je tente de me rattraper du mieux que je peux. « Pour la perruque blonde, on va simplement devoir user d’imagination. De toute façon, le blond ne me va pas vraiment bien. » J’ai déjà essayé. 25 ans, juste avant Harper. Une terrible erreur. Je reporte mon attention sur le fameux drink, attrapant le verre que je me suis servi après avoir donné celui du jeune homme. « Je me débrouille pas trop mal. À force d’en boire, on finir par connaître la meilleure recette. » L’expérience, tout est dans l’expérience. Et donc le jeune candidat se prénomme Leandro. Je le savais, sans réellement le savoir. Je m’amuse à l’entendre dire qu’il est difficile de m’oublier. Ou d’oublier mon prénom… « Vraiment? Et qu’est-ce qui est si remarquable chez moi? » Je mettrais un vingt sur mes cheveux. C’est toujours une question de cheveux. Je prends à mon tour une gorgée de mon drink, me retenant de rire devant la tête que tire Leandro. « Pas trop fort? » je demande, les lèvres pincés et surtout, légèrement moqueuse. Rien de bien méchant, je le taquine. Je prends la peine de faire le tour du bar pour m’installer aux côtés du candidat, ouverte à la conversation. « Tout se passe plutôt bien. Je crois qu’on est tous marqués par cette semaine en plein air… » J’ai le sentiment que tout le monde en reste presque traumatisés. Pour ce qui est de ma partenaire. « Simone est un amour. Je suis heureuse d’être avec elle… Tu sais, un homme, une femme, ça n’a pas vraiment d’importance pour moi. Tant qu’il s’agit d’une bonne personne. Je suis comblée. » j’annonce sincèrement en haussant les épaules. Je n’ai pas à me plaindre de Simone, au contraire. « Et toi? Ta partenaire? Pas trop difficile de dormir aux côtés d’une étrangère? » Il y en a certains que ça doit déranger.

Joey me compare à un James Dean. Mais un James Dean jeune. Pire que ça, très jeune. Dans la mesure où il avait 24 ans quand il a trouvé la mort, et que j’en ai 23, on n’a clairement pas la même définition de plus jeune… La rouquine tente de se justifier, déclarant qu’il paraissait plus vieux. Mouais, c’est ça rattrape toi. J’ai comme l’impression qu’elle me donnait moins que mon âge réel. C’est vrai que je ne fais pas très vieux. D’autant plus lorsque je suis rasé de près, et que j’ai la peau douce comme un bébé. Y en a certains, tu leur donne 30 ans, mais quand tu leur rase la barbe, immédiatement, ils perdent plusieurs années, c’est fou. De mon côté, il m’arrive d’avoir la barbe des quelques jours, mais ça ne va jamais guère plus loin. Un jour, je devrais me la laisser pousser plusieurs semaines, rien que pour voir ce que ça pourrait donner. En tout cas, elle est gentille de solutionner le problème à l’envers. Parce que si on n’aime pas se faire vieillir de plusieurs années, on aime rarement qu’on nous rajeunisse, quand on est déjà jeune. Dans 20 ans, là d’accord, ça sera une bonne chose. Mais pas maintenant. « Ça doit être ça.. » Que je réplique dans un sourire. Concernant le drink, elle a l’air de très bien se débrouiller. Comme si elle avait fait ça toute sa vie. « Je me débrouille pas trop mal. À force d’en boire, on finir par connaître la meilleure recette. » C’est sur que vu son âge, elle a dû avoir l’occasion d’en boire pas mal… C’est alors qu’elle me demande ce qui est si remarquable chez elle. Mince, je ne m’attendais pas à cette question. « Je…Hm…Ta beauté… » Et je crois que mes joues prennent une légère teinte rosée là. Il y a sa beauté oui, et puis, à la vérité, aussi son âge…Bien plus avancé que le notre, donc forcément, on la remarque plus rapidement. Mais je suis un gentleman, alors ça, je le garde pour moi. Puis je bois une gorgée de sa boisson. Je tente de paraître le plus naturel possible, pour ne pas montrer que c’est un peu fort, mais malheureusement je crois que c’est raté, vu sa question. Grillé. « Non ça va… » Mensonge, mensonge. Je l’interroge alors sur ses premiers jours, son partenariat. « Tout se passe plutôt bien. Je crois qu’on est tous marqués par cette semaine en plein air… » C’est vrai. Enfin moi ce qui m’a marqué, c’est surtout la cohabitation avec tous ces gens inconnus, les caméras…Plus que la vie en plain air. « Simone est un amour. Je suis heureuse d’être avec elle… Tu sais, un homme, une femme, ça n’a pas vraiment d’importance pour moi. Tant qu’il s’agit d’une bonne personne. Je suis comblée. » Elle n’a pas tort, c’est vrai. Pour moi, c’est un peu la même chose en fait. Gigi, je ne sais pas, va falloir un peu plus de temps pour que je la cerne mieux. « C’est vrai que Simone est adorable. » De ce que j’en ai vu en tout cas, et du peu qu’on a parlé. « Je dois t’avouer que oui, c’est un peu difficile de dormir aux côtés de Kiri…Je ne suis pas très à l’aise, mais ça viendra, je vais m’habituer…Puis quand je la connaîtrais mieux…» Cela sera surement plus simple. « Mais elle est cool, ça va. » Ceci dit je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un amour, comme Simone, non. « Qu'est ce qui t'as poussé à faire cette émission ? »