+ @Shay.

Tout le monde déballe tout, avec ses valises, son barda, récupère les iPad que la prod leur donne, et ca devient vite le branle-bas de combat, dans l'hôtel. Sailor n'y coupe pas, elle traîne sa valise derrière elle, suivant Shay pour trouver leur lit, jusque dans l'ascenseur, parce que franchement, les escaliers, avec une valise plus grosse et deux fois plus lourde qu'elle, c'est pas possible.
Finalement, elles arrivent dans leur chambre, visiblement dédiée à Michael Jackson. Pour un peu, Sailor esquisserait presque un moonwalk, mais pas avec la valise. Elle pose un pied dans la chambre, et tout d'un coup, émerveillement.... « Whoaaaaaaaaaa, regarde le sol, ça s'allume, ahhhh, là aussi, c'est trop cool ! » s'exclame-t-elle en donnant des coups de pointe des pieds sur les dalles lumineuses devant elle. Elle va pouvoir s'en donner à coeur joie, que quelqu'un mette de la musique, et la chambre se transformerait en soirée disco. Sailor avance et pose sa valise de son côté du lit, pour se laisser tomber sur le matelas. « Je crois que j'ai jamais autant apprécié un lit de ma viiiiie, » laisse-t-elle échapper avec un sourire bien heureux, au contact moelleux de ses fesses avec la couette et le matelas. D'ailleurs, en parlant de lit, elle a oublié son cachet, ce soir, alors autant rattraper cette erreur. Elle pose alors sa sacoche contenant les objets les plus précieux qu'elle a pu emmener sur sa table de chevet pour avaler un comprimé rapidement. Et puis elle finit par se rouler sur le lit en laissant échapper une exclamation de ravissement, envoyant valser ses ballerines.

J’apprends assez vite que ma chambre est nommée en l’honneur du king of pop. Ça me convient. Enfin j’attends de voir en fait car je me demande à quoi peut bien ressembler la pièce. Je débarque donc avec ma partenaire Sailor dans une très belle suite faisant presque penser à un dance-floor avec les dalles lumineuses. C’est assez marrant au premier abord mais j’imagine que ça pourrait devenir pénible si ces dalles venaient à s’allumer en pleine nuit. Bon, elles ne font pas de bruit, c’est déjà ça mais si j’avais le sommeil léger, je suppose qu’elles pourraient éventuellement me réveiller. Surtout si un plaisantin décidait de se la jouer à Just Dance. Mais on en est pas encore à là. « Sympa le concept. » Je me contente quand même plus sceptique quant à la durée et l’efficacité de ces dalles. Mais je me dis que la suite reste quand même très sympa puis surtout je vais avoir droit à un grand lit ! ENFIN ! Après une semaine à dormir dans une tente presque miteuse en plein milieu des bois, je vais pouvoir poser mes fesses sur un matelas au chaud à l’abri des moustiques. Génial ! Et ce, même si je dois partager le lit. De toute façon, j’ai pas trop à me plaindre à priori vu le petit gabarit de ma partenaire. Elle m’a déjà confiée qu’elle ronflait pas en plus. J’espère juste qu’elle n’est pas aussi active la nuit que le jour histoire de ne pas me retrouver assailli de coups au matin. « Tu m’étonnes ! » Je laisse l’asiatique profité un instant seul du lit tandis que je déballe un peu ma valise pour prendre le stricte nécessaire. J’imagine que j’irai ranger le reste ensuite dans les dressings. « C’est pour quoi ton cachet ? » ça ressemble pas vraiment à une pilule banale donc ça m’intrigue forcément. « Dis, simple question, c’est vrai que les asiatiques transpirent pas ? » J’ai lu ça je sais plus où. C’est peut-être une connerie ou une énormité mais je sais pas, c’est juste un truc qui me trotte dans la tête. J’ai jamais vraiment parlé à une asiat’ de près pour me forger ma propre opinion sur la question.

Sailor pose sa valise et pose illico sa trousse sur la table de nuit. La question ne tarde pas à fuser de la part de Shay, à vrai dire, elle s'y attendait un peu, à ce qu'on finisse par poser des questions. Elle se retourne vers la blonde avec un léger sourire pour répondre. « Oh, euh, c'est pour des allergies, » fait-elle, pour replacer rapidement les cachets dans sa trousse et la fourrer dans le tiroir de la table de nuit. Ni vu, ni connu, c'était pas le truc le plus feng shui à laisser traîner dans une chambre, d'un côté. Elle se roule alors sur le lit alors que Shay commence à déballer ses affaires. Sa question laisse Sailor muette pendant quelques secondes, un sourire surpris et amusé sur le visage. « Tu veux vérifier ? » fait-elle en se penchant vers Shay en travers du lit et en levant les bras pour lui présenter ses aisselles, avec un rire. Et puis elle réfléchit quelques secondes, les yeux rivés vers le plafond, étalée sur le lit. « C'est quand même louche comme question, d'où ça vient, d'ailleurs ? Y'en a qui disent que les occidentaux, ils sentent le lait caillé, enfin, c'est ma grand-mère qui dit ça, mais elle est chinoise alors je sais pas si c'est parce que c'est vrai ou si c'est parce qu'elle est comme toute les mémés chinoises et qu'elle aime pas les américains, » fait-elle, bras tendus devant elle dans les airs, en faisant des gestes pour illustrer ses histoires. Et puis elle se retourne sur le ventre pour refaire face à sa partenaire. « Mais moi je le sens pas trop, peut-être parce que y'a plein d'américains occidentaux à Guam, ou alors parce qu'on mange les mêmes trucs que la métropole, ça doit jouer, ça, aussi, la nourriture... » continue-t-elle, en pleine réflexion, avec un sourire sur le visage, comme d'habitude. Et puis elle finit par lâcher l'affaire pour focaliser son attention sur la blonde. « D'ailleurs, j'ai même pas demandé, mais tu viens d'où toi ? Et tu fais quoi dans la vie ? » demande-t-elle, curieuse.

Evidemment, je suis un peu curieuse. Je suis pas non plus intrusive mais là étant donné que Sailor prend des cachets devant moi, je suis presque obligée de lui demander à quoi ils lui serve. Apparemment c’est pour des allergies. Hm. « T’es allergique à quoi ? » J’espère pas aux blondes sinon elle est mal barrée. J’espère aussi que c’est pas un truc trop grave pour elle du genre : le soleil. Il y a des gens qui sont allergique au soleil et ça craint un max parce qu’à peine ils s’exposent dehors qu’ils deviennent tout rouge avec pleins de plaques. C’est horrible. Mais peut-être que Sailor a une toute petite allergie aussi. Pas de quoi s’inquiéter pour l’instant. J’en viens, je-ne-sais-trop pourquoi à lui demander si c’est vrai que les asiatiques ne transpirent pas. Une question qui laisse dans un premier temps ma partenaire de marbre avant qu’elle rigole et qu’elle soulève son bras en essayant de me faire sentir ses aisselles. Forcément, j’ai le reflex de reculer et de grimacer car j’ai pas vraiment envie de poser mes narines en-dessous des bras de l’asiatique. Mais je comprends que ça doit surement sentir quelque chose et qu’elle transpire bel et bien. Ma question était une grosse connerie du genre un faux cliché. Du coup, ça inspire Sailor à sortir un autre stéréotype concernant cette fois les américains. « C’est où Guam ? » Je demande dans un premier temps un peu surprise étant donné que c’est la première fois que j’entends ce nom-là. « Techniquement, je ne suis pas américaine et je viens de l’Est donc je ne devrais pas sentir le lait caillé, t’as de la chance. » Je veux dire par là que je ne suis pas née aux Etats-Unis et que ma peau est très blanche malgré que j’ai un peu bronzée ces dernières années grâce au soleil californien. « J’habite à San Francisco. C’est pas hyper loin d’ici. J’imagine que tu connais un peu ? » Au moins de nom, c’est quand même assez connu comme ville. « Et dans la vie.. j’imagine que j’aide certains immigrés à avoir des papiers reconnus aux Etats-Unis. Du moins, je fais partie de ce processus. Je suis traductrice juridique. » C’est un peu complexe à expliquer mais j’essaye de trouver des mots simples pour une jeune fille comme elle. « Et toi ? Tu fais des études ? » J’imagine que oui. Ou alors elle a déjà un métier à son âge.

Le truc des médocs, c'est un terrain sensible, si elle pouvait, elle pourrait raconter des tonnes de choses, mais elle préfère s'abstenir et rester évasive, c'est pas le meilleur sujet de conversation qui soit, pour elle, en fait. Alors elle hausse les épaules et affiche un sourire détaché. « Oh, un tas de trucs, mais rien de pas maîtrisable ! » fait-elle. Si elle est là, c'est qu'elle peut venir sans risquer de crever dès qu'elle fait un pas dehors... peut-être, question de karma, sans doute. Certains sont quand même morts de manière particulièrement stupide, dans l'histoire de la médecine. Allongée sur le lit, elle écoute alors Shay demander où se trouve Guam, et Sailor essaie de mimer l'endroit, les bras tendus devant elle dans le vide. « Guam, c'est dans le Pacifique, c'est entre le Japon et la Nouvelle-Guinée, mais un peu plus près de la Nouvelle-Guinée, ça fait partie des îles Marianne mais c'est américain, comme territoire, alors on parle anglais comme aux Etats-Unis, même si y'a plein de japonais aussi... » fait-elle, en mimant les positions des différents pays mentionnés, fermant un oeil comme si elle utilisait une longue-vue. Et puis Shay dit ne pas vraiment être d'origine américaine, et rebondit sur cette histoire débile de lait caillé, qui fait rire Sailor, cela dit. Plus c'est idiot, plus c'est drôle. Elle éclate de rire, d'ailleurs. « Bon, ça va alors, j'allais presque te trouver un surnom en conséquence, genre, Danone, ou un truc du genre, mais faut croire que tu vas y échapper ! » fait-elle d'un air taquin. En espérant que Shay soit du genre bon public et pas trop susceptible, de toutes façons, Sailor l'est pour deux. San Francisco, le nom fait rêver, d'un côté. « Oh, je vois, je connais le nom, et les photos... j'y ai jamais été ! Ca a l'air cool, c'est beau en vrai ? Au moins, c'est pas très loin d'ici, tu n'as pas trop fait un long voyage... » répond Sailor, sur le ventre, le menton enfoncé dans la couverture du lit. L'explication du métier lui fait froncer les sourcils, essayant de comprendre un peu. « Ca a l'air compliqué, mais ca a l'air cool ! Aider les gens et tout... » Il lui semble avoir saisi l'idée, mais ces trucs de lois et de politique, elle en est encore à l'âge où c'est flou. Un peu comme quand elle avait discuté du drôle de métier artistique bizarre de Diego, dans la forêt. Si elle fait des études, bonne question. « Pas encore, enfin, je sais pas trop si j'en ferai, je suis pas sûre que mes parents auront les moyens... j'ai pas encore fini le lycée, j'ai redoublé une fois, et puis là, évidemment, comme je suis pas en cours, je vais prendre encore plus de retard, j'ai promis à ma mère de travailler encore plus en rentrant pour essayer de rattraper ! » répond Sailor en se redressant pour finalement ouvrir sa valise et commencer à sortir des trucs, un pyjama, une trousse de toilette bien fournie, les posant sur son côté du lit. « Mais j'aimerais bien aider les gens, après le lycée, aussi. Sauf que je sais pas trop comment. Peut-être être infirmière, ou un truc comme ça... ou alors, animatrice de télé, mais ça, c'est parce que je regarde trop la télé, même si ça a l'air chouette aussi ! » Genre, à Fake Lover. Peut-être que quand elle aurait fini le lycée, elle pourrait devenir animatrice, un jour... si sa mère approuvait. Une mère chinoise, c'est pas la génitrice la plus souple et ouverte qu'on pourrait penser, parfois.

Je vois bien que ma partenaire est pas forcément à l’aise au sujet des médocs qu’elle prend qui sont apparemment pour des allergies. Je reste septique mais je décide de la croire. Après tout, c’est peut-être vrai. Dans ce cas, je serai juste curieuse de connaître ses allergies histoire de ne pas l’empoisonner sans le savoir si je fais la cuisine un jour s’il s’agit d’allergies alimentaires ou encore ne pas passer le balais devant elle si c’est plus lié à la poussière. M’enfin, je ne saurais pas tout de suite puisqu’elle semble visiblement pas prête à en parler. C’est son choix et je le respecte totalement. « Hm.. d’accord. » Je crois que la description de l’asiatique sur l’île de Guam ne pouvait pas être plus précise. Cet endroit fait à présent parti de ma géographie. J’allais lui demander si cette fameuse île est belle mais je me dois plutôt de rectifier le tir sur le cliché du lait caillé en avouant ne pas me sentir concernée étant donné que je ne suis pas réellement américaine. Heureusement puisque j’échappe apparemment au surnom de Danone ; une marque de yaourt si je me souviens bien. « Quelle chance ! » J’émets un léger son en guise de rire tandis que la candidate semble vouloir en apprendre plus sur moi. Dans un premier temps, je lui décris la ville où je vis plus ou moins brièvement. J’imagine qu’elle la connait ne serais-ce que de nom. Et oui, évidemment. Elle me le confirme tout en rajoutant d’autres questions sur le sujet. « Ça c’est sûr ! Je suis venue en voiture avec une amie. » Pas d’avion pour moi donc. Pas besoin à vrai dire. « Oui c’est une belle ville. Je te conseille d’y aller si tu en a l’occasion. » Après l’aventure peut-être ? En tous les cas, c’est à faire une fois dans sa vie je pense. Moi, j’adore y vivre personnellement. Et bref, je lui décris dans un second temps mon métier. J’essaye de lui expliquer de manière simple sans utiliser de terme technique mais je vois à sa grimace que ça reste flou dans sa tête. C’est pas bien grave. Elle a compris l’essentiel : aider les gens. Je souris car elle a mis le doigt sur ce qui me plait réellement dans mon travail et ce qui me motive aussi lorsque j’ai envie de foutre tout en l’air. Car la paperasse et tout ce qui est administratif, c’est pas forcément évident tous les jours. Il faut avoir de la patience et surtout être forte mentalement. « C’est exactement ça. » En ce moment précis, je peux apercevoir l’écart d’âge avec Sailor. D’ailleurs, ma question et la réponse de la demoiselle creuse ce fameux fossé. Elle est encore au lycée. Whaou. J’aurai au moins pensée qu’elle était étudiante. « Peut-être que tu as une carrière qui t’attends dans l’animation oui. Si ça se trouve, j’ai même en face de moi une future animatrice de Fake Lover. Tu devrais leur lancer un appel d’ailleurs pour te recruter. On sait jamais. » Même si elle est jeune, elle pourrait apporter un peu de fraîcheur à la production et il est vrai que le sens de la communication de la candidate est bien développée donc ça pourrait éventuellement coller. « Et pourquoi infirmière ? Ça n’a pas grand-chose à voir. » Rien du tout même. Mais bon, pourquoi pas. J’ai rien contre ce métier. Au contraire.

Shay lui recommande donc San Francisco, et Sailor acquiesce avec un sourire. « C'est noté ! » lance-t-elle avec entrain. Un jour peut-être, elle irait visiter, oui. Mais si on l'écoutait, elle voudrait visiter le monde entier, alors il lui faudra d'abord trier ses priorités, dans un sens. Même si San Francisco a l'air d'être une destination raisonnable, tant qu'elle se trouve à Los Angeles. Shay l'écoute quand elle parle de ses idées pour plus tard, c'est vrai qu'elle se disperse tellement que c'est difficile de se décider. L'idée de faire l'animation pour Fake Lover l'enchante particulièrement. « Oh oui, ca serait trop cool ! Mais je sais pas trop, quand même, parce que mes parents, je crois qu'ils aimeraient bien que je reprenne le magasin, alors ces histoires d'émission télé, ils aiment pas trop trop... » fait-elle en réfléchissant après coup. Déjà qu'il avait fallu faire des pieds et des mains pour que maman dise oui à la candidature, ca risquait de bloquer de leur côté encore une fois. En plus, elle n'a même pas encore fini le lycée. Aider les gens, ca lui plairait bien, oui, mais elle ne sais pas trop comment, à vrai dire. Sailor hausse les épaules. « Oh, je sais pas, j'ai dit ça comme ça, c'était la première chose qui m'est venue à l'esprit quand j'ai parlé d'aider les gens ! En vrai, je sais pas du tout quoi faire, j'ai plein d'idées, mais je peux pas choisir... y'a plein de trucs qui m'intéressent ! Comme toujours, en fait, c'est aussi pour ça que je suis toujours occupée à quelque chose, un rien m'intéresse... » explique-t-elle avec un petit rire gêné pour ponctuer sa tirade. Si on l'écoutait encore une fois, elle visiterait le monde entier, et elle changerait de métier toutes les semaines. Sailor commence à sortir ses affaires, et puis scrute la chambre, avant d'entendre des bougonnements dans la pièce d'à côté. Elle galope jusqu'à la porte pour passer la tête dehors, curieuse, et puis retourne vers Shay. « En fait on a hérité de la meilleure chambre ! Y'a quelqu'un qui râle à côté, parce qu'il y a une histoire de barreaux qui se ferment dans leur chambre... je sais pas trop ce qu'il y a dans la troisième, mais si c'est dans la même veine, on a la meilleure chambre pour bien dormir ! Si tu veux pour la lumière j'ai le masque en tissu que j'ai eu dans l'avion en venant, moi ca me dérange pas du tout... » fait-elle en sortant le nécessaire donné dans l'avion en arrivant, d'un air ravi. Ca peut toujours servir, avec ces dalles lumineuses, après tout, et même si Shay ne s'en sert pas, quelqu'un sera sans doute preneur.