@shay

Houlala, j’ai la tête qui tourne. Touuurne. Touuuuuuurne. Je crois que j’ai bu un peu trop de vin à table ce soir. D’autant qu’il m’en faut pas des masses pour être chargé. Je ne suis pas très résistant à l’alcool malheureusement. Au moins, même si j’ai tendance à être pété rapidement, par contre, je ne suis pas trop du genre à vomir, c’est assez rare ça. Quoi qu’il en soit, ce soir, je suis un peu plus jovial que d’habitude. Et avec moins de réserves. Là je suis dans le couloir aquarium, à regarder les poissons, la tête collée à la vitre. Je crois que je dois mimer le poisson aussi. Je tente de communiquer avec eux, mais c’est pas gagné. Puis j’entends du bruit, tourne la tête, et aperçoit une vision enchanteresse. « Shaaaaay ! » Je suis content de la trouver là. « Tu crois que les poissons dorment ? » Question existentielle du soir. « Les pauvres, ils ne peuvent pas fermer les yeux, ils n’ont pas de paupières. Condamnés à tout voir, c’est horrible. Ils ne peuvent pas cacher leurs petits yeux si jamais ils tombent sur des trucs qu’ils auraient préférés ne pas voir. »  Bah ouais, c’est quand même horrible je pense. « D’ailleurs, t’as de très beaux yeux tu sais. » Très belle transition.

Finalement, ça a quelques avantages de dormir toute seule du genre je peux aller me coucher plus librement quand je veux ou me lever la nuit de mon lit plus facilement sans avoir peur de réveiller ma partenaire aussi. Là, en l’occurrence, j’étais dans mon lit en train de bailler quand je repense soudainement au bouquin que j’ai oublié dans la salle zen. Oh merde ! C’est celui d’Agata en plus et faudrait pas que je lui perde. Du coup, je me lève aussitôt, couette sur mes épaules, la trainant telle une robe de mariée, puis j’emprunte les escaliers en faisant attention à ne pas me prendre les pieds dans le tissus et trébucher puis voilà que j’atterris au deuxième étage. Et là, j’assiste à une scène aussi bizarre qu’étrange. Il y a un candidat qui fait littéralement du lèche-vitrine à l’aquarium du couloir. Sérieusement ?! Je croyais avoir tout vu ici mais visiblement je ne suis pas au bout de mes surprises. Dommage que je n’ai pas pris avec moi mon Ipad sinon j’aurai immortalisé le moment et affiché le candidat sur Twitter. Le candidat crie mon nom avec enthousiasme quand il me voit. J’hausse un sourcil, de plus en plus surprise. « Et bien, je t’avais manqué on dirait. » Et puis, quand il commence à faire un discours à dormir debout mais vraiment drôle sur les poissons, je comprends qu’il n’est pas dans son état normal et qu’il a dû un peu trop picoler. N’empêche que sa question n’est pas si conne. Un poisson ça dort ? En tous cas, comme il le dit, ils ne peuvent pas plisser les paupières étant donné qu’ils n’en ont pas et fermer les yeux. Et puis, je sais pas trop comment, voilà qu’il en vient à me complimenter et me dire que j’ai de beaux yeux. Non mais je rêve. Pire transition, tu meurs. « Je dois comprendre que j’ai des yeux de poissons ? » J’espère pas des yeux de merlans fris en tout cas, ça serait vraiment pas flatteur. « Si tu dragues les filles comme ça, tu dois pécho souvent. » Je me moque de lui et c’est ironique, bien évidemment. Pour autant, je compte m’amuser et profiter de sa situation alcoolisée. D’ailleurs, je prends tout à coup un air affolé en montrant du doigt l’autre bout du couloir. « Attention, un ours polaire ! » Et de là je m’agenouille en mettant la couette sur moi de façon à recouvrir mon visage et mon corps. « Brrr ! » Oui, c’est le bruit d’un ours, parfaitement. Est-il suffisamment torché pour tomber dans le panneau ?

« Bien sur que tu m’as manqué ! Tu sais, je trouve dommage qu’on ne passe pas plus de temps ensemble. » Pour ne pas dire aucun. Pourtant je suis sur que je pourrais bien m’entendre avec elle, non ? « C’est parce que tu ne me trouves pas intéressant, c’est ça ? » Elle peut bien me l’avouer, je n’en ferais pas une maladie. Puis je comprendrais totalement qu’elle préfère passer son temps avec d’autres que moi. Je la complimente sur ses yeux, et voilà qu’elle qu’ils ressembleraient à ceux de poisson. Je fais de grands yeux, choqué par de tels propos. « Mais pas du tout ! Jamais. T’as de très beaux yeux, mais d’humaine tu vois. » Jamais je n’oserais là comparer à un poisson, non non. « Puis attends, tu crois pas si bien dire…Je pécho très souvent moi tu sauras. Toutes les filles sont dingues de moi…Bon d’accord, ça se voit pas trop ici mais…mais…hein, voilà ! » Alors, si c’est pas de l’argument en béton ça. Puis c’est alors qu’elle prend un air effrayé, en désignant quelque chose à l’autre bout du couloir, déclarant voir un ours polaire. Même qu’elle se cache sous sa couette. Euh…oui ? « T’as déjà vu des ours polaires à Los Angeles toi ? » Ouais c’est la seule chose  qui m’ennuie, et pas le fait que de toute façon, jamais de la vie il ne pourrait débarquer dans le couloir de cet hôtel. « D’aaaaccord, j’ai conscience d’avoir un peu trop bu…Mais t’es sûre que t’as pas picolé toi aussi ? » Parce que bon voir des ours polaire dans le couloir, c’est un peu inquiétant quand même. « Sinon tu sais, je connais un très bon psy, je pourrais te le conseiller. »

Je ne sais pas vraiment ce qu’il se passe là mais j’assiste à une scène des plus drôles et.. étranges aussi : Leandro qui fait du lèche-vitrine à l’aquarium en imitant les poissons. Le candidat agit ensuite comme si l’ont été proches puis m’engueule presque la seconde d’après en me disant que je l’évite car je le trouve pas intéressant. WTF ?! « Mais non, tu te fais des idées. » Comme si j’avais que ça à faire de l’éviter ou de le snober. N’importe quoi. Je comprends vite que le garçon n’est pas dans son état normal et j’en profite un peu pour l’embêter. C’est tellement plus drôle que de l’amener directement à son lit. Je m’amuse de son état et de ses bêtises. Je crois bien qu’il essaye de me draguer d’ailleurs en complimentant mes jolis iris verts. Mais c’est tellement pas fin que je ne peux m’empêcher de rire. J’imagine qu’il ne doit pas avoir un franc succès avec les nanas. Il me dit qu’au contraire, il en a beaucoup même si ça ne se voit pas ici. « Aaaah oui, à ce point. Whaou. Quel tombeur ! » D’accord, c’est pas bien de se moquer mais il est drôle en même temps et ça reste mignon même si au fond, j’imagine que lui aussi c’est un zizi-sur-pattes. En attendant, j’ai décidé de pousser le bouchon un peu plus loin en lui faisant croire qu’il y a un ours polaire devant lui alias moi et ma couette. J’ai un peu l’air conne mais tant pis. Je relève la tête lors qu’il me demande si j’ai déjà vu des ours polaires à Los Angeles. Me prendrait-il pour une blonde écervelée ? « Je plaisantais, ça va. Pas besoin de psy. Je suis un éthylotest vivant et je mesure ton niveau de consommation et les effets de l’alcool sur ton cerveau. » Je me redresse et je laisse en vrac par terre la couette qui m’a donné un vrai coup de chaud. Je la récupèrerai plus tard. « Pour l’instant, t’as pas d’hallucination. Maintenant, place au test 2. T’es prêt ? » Peu importe s’il l’est ou non, je me mets sur une jambe, je passe mon coude sous celle qui est en l’air et recourbée puis j’attrape avec mes doigts mon nez. Je reste cinq secondes dans cette position sans trop bouger. Et oui, moi je suis sobre. « A toi d’imiter le flamant-rose. » J’imagine que ça va être une catastrophe et j’ai un peu peur pour l’aquarium d’ailleurs. Pourvu que la vitre soit solide au cas où il tomberait dessus. « Cinq secondes. Il faut que tu restes en équilibre cinq secondes. » Je suis une vraie tyran, moi. J’aurai pu diriger un camp militaire.