Je tombe de sommeil mais j'ai décidé que je n'irais pas me coucher avant d'avoir fait le tour de la propriété. Et puis, cela m'évitera d'avoir à aller au lit en même temps que tous les autres de ma chambre et à prendre part aux conversations qui vont forcément naître avant que chacun ne soit emporté par Morphée.
Les yeux à demis ouverts, je déambule dans le couloir du deuxième étage et suis revigorée par les lumières des aquariums qui magnifient les couleurs des dizaines de petits poissons qui ne sont, eux, pas fatigués. « salut, euh... j'suis désespéré, là, ce serait vraiment cool si tu pouvais m'éviter le suicide en fait. » Je sursaute, n'ayant pas entendu de pas derrière moi. L'évocation du mot suicide me fait toujours réagir et je glisse mes bras derrière mon dos, pour cacher ma peau apparente tandis que les doigts de ma main gauche caressent les petites bosses qu'ont créé les cicatrices sur mon avant bras. « tu sais où ils ont foutu les consoles, les jeux, tout ça ? je cherche depuis tout à l'heure et je commence à flipper là. » Je baisse les yeux et réponds, désolée de ne pas pouvoir l'aider plus que cela : Je n'ai vu que des ordinateurs... Et... et des t-tablettes pour l'instant. Oh, mais je me souviens de lui. C'est celui qui pensait que j'allais me faire manger dans la forêt. Raté, monsieur.

Visiblement les ordinateurs et les tablettes ne sont pas à son goût, ce qui confirme mon inutilité chronique. Je hausse les épaules l'air désolé alors qu'il me demande ce qu'il est censé faire sans console. Quelqu'un d'autre que moi l'aurait probablement envoyé balader en lui disant que se passer de jeux vidéos pendant la durée du jeu n'est pas la chose la plus difficile du monde et qu'il devrait se satisfaire de son sort que beaucoup envient probablement. Mais non, moi, je ne fais rien. « j'ai vu qu'ils avaient foutu, euh, un spa ! le truc qui sert à rien quoi, t'es pas d'accord ? » erm... Ca p-peut être ag-gréable... Je dois avouer que je ne suis pas personnellement une fan absolue des spa parce que tout d'abord je ne suis pas à l'aise avec mon corps, surtout lorsqu'il est dénudé, mais également parce que les massages impliquent une certaine proximité qui m'est particulièrement inconfortable. Mais là n'est pas la question. J'adresse un micro-sourire à Lamine lorsqu'il me dit qu'il voulait parler de sa frustration avec quelqu'un. Bon, au final ce n'est pas plus mal que je me sois trouvée là, à ce moment. « tout va comme tu veux sinon ? t'étais sur le point d'aller dormir ou j'me trompe ? » "Erm... Je voulais faire le tour de la propriété avant d'aller me coucher... Puis je finis par ajouter, presque malgré moi : Et puis, j'évite l'effervescence post-prime... J'irai me coucher quand les autres dormiront. Je regrette de l'avoir dit au moment à les mots franchissent la barrière de mes lèvres. Bravo Liv.

Ma nervosité se dissipe progressivement alors que je discute avec Lamine. Je ne saurais dire vraiment pourquoi si ce n'est que je n'ai pas l'impression qu'il attende quoi que ce soit de moi. Pas d'espoir donc pas de déception. Cela me va plutôt bien. « et t'as vu des trucs qui t'ont plu ? c'est canon, faut quand même avouer. » Je souris avant de répondre : "Les... les instruments et la sono du bar lounge sont époustouflants" Mille fois meilleurs que dans n'importe quel bar où il m'a été donné de chanter un jour. Plus tard dans la semaine je prendrai possession de cette scène. Et j'ai hâte. Il commence à voir clair dans mon jeu, mais en même temps je ne le lui ai jamais caché... "J'attends juste que la fin des conversations excitées des plus enthousiastes. Me retrouver au milieu de l'une de celle ci dans ma chambre serait ma hantise et je ne saurais franchement pas où me mettre. Au final, j'imagine que je ferais semblant de dormir pour qu'on m'oublie et que l'on considère qu'il est acceptable de ne pas répondre. Oui, je sais ce que tu vas dire... C'est bizarre d'être ici et de se comporter comme cela... Et encore, tu n'as rien vu l'ami.