samedi 12 mars. trois heures trente.

« Je t’attendais pour appuyer. Tu crois qu’est un siège éjectable comme dans les avions ? » Cela faisait déjà plusieurs minutes que Kitty était assise sur le canapé on ne peut plus confortable de cette petite cabane. Si elle ne savait pas ce qui se trouvait dehors, elle se serait presque crue dans la cabane des lutins du père noël. Du moins c’est comme cela qu’elle se l’imaginait lorsqu’elle était plus jeune. En bois. Avec un joli canapé. Idéalement il y aurait eu des lutins, du moins dans la maison des lutins mais là il n’y avait qu’elle. Et le bruit de fond de ses nouveaux camarades encore debout à cette heure tardive. Si elle avait donné rendez vous a Gabriel, elle n’était pas persuadée de lui avoir donné d’heures, ou même de lieu exact, elle aurait peut-être mieux fait de préciser l’intérieur de la cabane. C’est pourquoi elle était sortie deux fois pour vérifier qu’il ne l’attendait pas à l’extérieur. C’eut été bête qu’ils attendent tout deux au même endroit séparés seulement par une petite porte de bois. C’est une raison stupide de se brouiller pour pas grand-chose. En tous les cas, il avait fini par arriver, l’air plus renfrogné qu’autre chose. Elle le regarda un sourire en coin et tapota le siège à côté d’elle pour qu’il prenne place. Afin de tester le siège éjectable bien entendu. Avec un peu de chance il les mènerait directement au septième ciel …

L'aventure était donc lancée ce qui était plutôt étrange sachant que je ne savais pas réellement le pourquoi de mon engament dans celle ci, certainement par contrainte, ou par pur désintérêt d'une vie banale. Tout le monde s'était pressé les uns sur les autres au rez de chaussée alors que j'avais volontairement migré vers la cuisine, ramenant avec moi une coupe de champagne. Dégustant celle ci tout en regardant les tiroirs de la pièce -histoire d'être le premier à avoir les bons ingrédients- je me rendis vite compte qu'il n'y avait pas grand chose encore. Merde. C'est donc en trainant les pieds que je me dirigeais vers le premier étage, puis vers le second avant d'arriver enfin sur le toit, décochant une cigarette avant de la porter à mes lèvres. Kitty m'avait donné rendez-vous dans la cabane en bois il y avait de cela au moins trois heures. Secrètement j'espérais qu'elle ait attendu tout ce temps seule. Finalement je décidais de la rejoindre resserrant ma veste en laine sur mon torse tout en jetant la cigarette du toit.

« Ceci est le buzzeur et non pas un quelconque bouton de sièges éjectables. Nous ne sommes pas dans un avion mais sur un toit, tu devras t'y faire. » lâchais-je en me laissant tomber à ses côtés.

Finalement je laissais tomber ma veste sur un des sièges, il faisait au final plutôt bon dans cette petite pièce, et même si elle n'était pas réellement agréable, je m'y sentais plutôt bien, à l'écart.

Si elle n’avait pas réussi à décrire le partenaire idéal, sans doute ressemblait-il à Gabriel par certain côté, même s’il était évident que lui ne semblait pas réellement à l’aise avec elle. Ce qu’elle pouvait comprendre, elle n’était pas toujours facile à vivre, sa blondeur paraissait-il. En tous les cas, son sourire se fana dès qu’il ouvrit la bouche et elle se contenta de récupérer sa main pour la poser sur ses jambes en tailleur, tant pis pour la robe. Souffrant de ce rejet plutôt violent, elle se mura dans un silence qui ne lui était pas habituel. Joviale et entreprenante, tout avait disparu en constatant qu’il était aussi froid lorsqu’ils étaient seuls. « Ecoute je … » Ne sachant comment terminer sa phrase, elle laissa le silence prendre encore une fois possession de la cabane, cachette idéale pour éviter les autres candidats. « Je suis désolée. » Sur le point de fondre en larmes, elle se mordilla la lèvre pour ne pas craquer, pas le premier jour, c’était ridicule. Cela ne confirmerait que plus le fait qu’elle ne soit qu’une blonde idiote naïve et infantile. « Tu veux que je te laisse tout seul ? » Elle ne voyait pas vraiment quoi dire d’autre et s’inconfortait du silence qui s’était installé.

La jeune femme ne tarda pas à culpabiliser ce dont je ne m'attendais absolument pas. Elle devait certainement savoir que son inconscience naturelle pouvait en agacer plus d'un, c'était mon cas, enfin plus ou moins. « Ecoute je … » dit-elle entre deux silence comme pour combler le vide « Je suis désolée. » finit-elle par dire. Désolée pour quoi ? Je n'avais pas attrapé la grippe ni même été blessé, elle semblait gênée, très gênée alors qu'elle continuait déjà « Tu veux que je te laisse tout seul ? ». Ses yeux étaient rouge annonçant des coulées imminentes de larmes ce qui me surpris, blonde et à fleur de peau ? Décidément. Caressant de ma main droite sa joue, j'affichais un franc sourire.

« Hey, il n'y a pas mort d'homme... Du moins je l'espère. Enfin pas encore. » dis-je en attirant la tête de la jeune femme contre mon épaule comme pour la calmer.

J'avais été certainement trop froid dès mon entrée et il fallait sérieusement que je me détende. Je n'aimais pas les foules d'inconnus et ce n'était pas une première, cela avait tendance à me mettre sur les nerfs.

« Bon dis moi, que veux-tu faire ? A part appuyer sur ce bouton et nous faire perdre 5 000 €. »

Honnêtement, Kitty ne pensait vraiment pas pouvoir attendrir le jeune homme, à vrai dire elle avait presque déjà intégré le fait que son partenaire la détestait et qu’elle avait tout fait de travers. Alors le voir se rapprocher pour la rassurer était on ne peut plus inattendu. Pour autant, elle lui adressa un sourire et se laissa aller sur son épaule. Forte heureuse de ce changement d’attitude impromptu, elle reflua ses larmes et essuya seulement une conquérante qui avait réussi à passer la barrière de ses cils. « Mon attitude n’a jamais tué personne et j’aimerai que cela continue. Et quitte à choisir j’aimerai autant que ce ne soit pas toi. » Après tout le toit était tout de même très haut et l’on pouvait sauter sans crainte de survivre à l’atterrissage. Solution plus que radicale, elle espérait que personne ne pense même à ce geste à cause de sa petite personne.

Perdre 5000€ n’étant pas prévu dans le plan initial, Kitty renonça à tout appui abusif du buzzeur. N’ayant pas la moindre idée d’un quelconque secret, cela viendrait en temps voulu. Tout vient à point qui sait attendre. Comme le relâchement de la tension présente entre eux. « Je ne sais pas. Tu peux me parler de ce que tu aimes, de l’endroit où tu préférerais être en cet instant, de la fille que tu aimerai serrer dans tes bras en ce moment. D’un truc que tu aimes bien quoi. » Parle moi de toi était bien trop banal comme phrase de présentation et elle ne voulait pas qu’il se sente mal. Au contraire, elle voulait qu’il soit bien et donc qu’il parle seulement des choses qu’il aime.

« Mon attitude n’a jamais tué personne et j’aimerai que cela continue. Et quitte à choisir j’aimerai autant que ce ne soit pas toi. » dit-elle. Elle semblait enfin se calmer acceptant mon épaule comme appui, c'était une bonne chose. Être en conflit avec sa partenaire n'avait rien de très enrichissant et je n'en voyais pas le but. Quitte à faire des efforts avec quelqu'un autant le faire avec celle qui méritait le plus mon attention. Finalement elle détourna rapidement le regard du buzzeur, l'idée de perdre de l'argent l'avait très certainement refroidi, et j'en étais heureux. « Je ne sais pas. Tu peux me parler de ce que tu aimes, de l’endroit où tu préférerais être en cet instant, de la fille que tu aimerai serrer dans tes bras en ce moment. D’un truc que tu aimes bien quoi. »

« Alors. J'aime particulièrement mon travail, je suis enseignant en biologie et je fais en parallèle un peu de musique, de la guitare pour la précision. Je n'ai aucune envie d'être ailleurs qu'ici pour le moment et si je devais serrer quelqu'un dans mes bras, je pense que je choisirai une amie qui m'est chère dont je tairai le nom pour éviter que les paparazzis ne la harcèlent. » dis-je d'une traire avant d'ajouter « Et bien je pense que c'est à ton tour. »

Il ne faisait pas vraiment froid. Dehors, le temps s’était nettement refroidi mais à l’abri dans la cabane il faisait bon. Qui plus est, la proximité du corps de Gabriel augmentait la température. Pas parce qu’il était affreusement sexy mais simplement parce qu’un corps chaud en réchauffe un autre, chose scientifiquement prouvée. Passés les premiers instants gênants de la rencontre et de la présentation aux candidats, il était gentil. Compréhensif en quelque sorte. Ce qu’il fallait à Kitty pour évoluer dans une atmosphère positive et aller le plus loin possible dans le jeu. Séparés, ils n’iraient pas bien loin. Ensemble, ils avaient plus de chance, plus de pouvoir en quelque sorte. En tous les cas, ils se devaient d’essayer, même si pour elle ce n’était pas une obligation. Elle se sentait bien. « Amie ou petite amie ? » Un peu trop curieuse de nature, la blondinette avait parfois tendance à poser des questions un peu trop intimes, même si la réponse devait sans doute faire parti d’un processus admis pour faire connaissance en profondeur.

« Sinon j’aimerai être sur venus. Ou pluton, même si ce n’est plus une planète, ce qui est assez déstabilisant par ailleurs. En parlant de choses réalisable je me sens bien ici pour le moment et je crois que j’aimerai que ce soit Jerry mon ex qui me tienne dans ses bras. Jerry Fisher même. 423 Prescott Street pour être plus précise. C’est juste pour qu’il se fasse harceler. Elle baissa d'un ton pour lui murmurer à l'oreille. C'est un crétin fini. » Elle esquissa un sourire en coin avant de se lever et de lui tendre la main. « Tu danses ? J’ai toujours rêvé de faire un slow romantique comme dans les films. Sans musique tout ça mais une danse quand même. Si tu ne veux pas tu veux bien me taper la main quand même, histoire qu’elle ne soit pas là pour rien ? » Elle était passée de l’excitation en vue de sa potentielle danse à un regard suppliant en moins de trois secondes, prête à le faire plier par tous les moyens en sa possession.