C'est un truc qu'il fait beaucoup ici, prier. Dès qu'il entend du bruit. Qu'on lui parle pas, qu'on lui parle pas. Mais on lui parle souvent. Faut croire qu'il est pas trop en odeur de sainteté là haut. C'est pas comme s'il était très bon catholique aussi. Enfin, le fait est qu'il bouffe tranquille, dans son coin, qu'il emmerde personne et que les talons du diable résonnent. Ya quasiment que Gigi pour se trimballer là dedans de toute façon, il sait déjà qu'c'est elle avant même qu'elle lui parle. Et elle le fait, lui parler. C'était pas si mal quand elle était malade d'ailleurs. Il se retourne pas vraiment lorsqu'elle l'interpelle, grommelle un truc sans syllabes et lève les yeux vers elle lorsqu'elle se place en face de lui. Elle va pas partir maintenant, c'est sur. Son regard vole vers la main qu'elle a posé sur la sienne, tranquilou, comme ça. Son sourcil se hausse à son affirmation. C'est qu'elle a reprit du poil de la bête la môme, elle a peur de rien. Il a pas dit grand chose. En fait, il a rien dit du tout, a juste fixé sa main comme un con pendant cinq bonnes minutes. Elle l'a caressé. Elle. L'a. Caressé. Juste comme ça. Pour que dalle. Du coup, comme un con, double con, même, il range même pas ses affaires et se contente de se rendre au sauna. Qu'est ce qu'il faut pas faire des fois. Il se débarrasse de ses vetements qu'il laisse en tas dans un coin, drape une serviette sur ses hanches et entre s’asseoir en face de Gigi. Il dit rien d'abord, parce qu'il a pas besoin. Il est là, ça veut tout dire en fait. - Pourquoi tu m'as caressé? Il demande, toujours tout retourné par ce geste. c'est qu'on le touche pas beaucoup maintenant Ronan, si ce n'est pour lui en coller une. - Pourquoi je suis là? Il réitère parce que ouais, elle peut faire ça toute seule non?

Elle sait pas qu'elle répond, comme si c'était un truc qu'elle faisait avec tout le monde. Comme si c'était un truc qu'elle faisait sans y penser. Pourtant, il y pense pas Ronan à la dernière fois où on l'a touché comme ça. Juste, comme ça. C'est con. Tellement que c'en est presque risible qu'une petite chose comme Gigi arrive à l'atteindre autant avec un truc comme ça. Elle aime bien toucher les gens. C'est tout, c'est aussi facile. Et Ronan il est perdu lui, avec ses gestes qui veulent rien dire, ces trucs qui le bouleversent alors que ça veut rien dire. - Ouais ça me dérange. Il répond instinctivement, toute défense haute. Parce qu'il veut pas qu'elle le touche tout le temps, pas si ça veut rien dire. Et encore moins si ça veut dire quelque chose. - Je préfère pas. Il ajoute, un peu plus calmement, agressant un peu moins la môme. Sa môme, maintenant qu'ils sont partenaires. Il est content Ronan, que ce soit elle, parce qu'elle est pas trop chiante. Il lui a pas dit, il lui dit jamais rien. - Je. Il commence à répondre qu'il préférerait surement frire en enfer qu'ici quand elle fait sa tête de chien battu là, qui le force à soupirer. Elle triche. - Je m'en fous. Va pas aller jusqu'à lui dire qu'il a envie d'être ici, faut pas pousser non plus. - Ok. Il hoche la tête, comme s'il avait pigé pourquoi diable elle voulait passer du temps avec lui. Sérieusement, même lui s'éviterait s'il pouvait, allez savoir pourquoi la môme faisait tout le contraire. Il ferme les yeux Ronan, il veut pas se faire avoir deux fois avec sa tête toute triste là. - Pourquoi t'aimes autant les talons? Elle les quittent plus ces satanées chaussures, et ça le soule Ronan, le cliquetis qui lui apprend à chaque fois la présence de la jeune femme. Et ce cul incroyable que ça lui moule à chaque fois. Impossible.

Elle lui fait pas de discours improbable, lui demande pas pourquoi il préfère pas qu'elle le touche. C'est simple, elle dit d'accord et le sujet est clos. C'est sympa, ça change un peu des autres. Il sait pas si c'est parce que c'est le début ou quoi mais ils ont tous tendances à poser des questions intrusives. Du genre que tu poses jamais si tu rencontres un type dans la rue quoi. Comme s'il avait envie de répondre à un interrogatoire. Du coup il est content, esquisse un vague sourire. La chaleur devient de plus en plus étouffante et il apprécie moyen Ronan, ça s'insinue sous sa peau il à l'impression. Il attache ses cheveux pour s'accorder un peu plus de fraicheur, ce qui marche exactement trois secondes. Et Gigi recommence avec sa tête de torturée, ce qui l'ennuie tout autant. Il se trémousse presque sur son siège. - Je te mentirais pas. Il aime pas mentir Ronan, la vérité c'est toujours plus dur à entendre de toute façon. - Je comprends juste pas pourquoi tu veux passer du temps avec moi. C'était loin d'être un appel du pied à lui faire des compliments, si elle pouvait s'abstenir même, ce serait plus cool. Ya juste mieux que lui quoi, bien plus adapté à la môme. Il essaie pourtant, vaguement mais plus que d'habitude. C'est que c'est son binôme et qu'elle est pas trop relou, ça compte pour quelqu'chose. Un sourire, entier se forme sur ses lèvres à la réponse facile de Gigi. Ouais, c'est bien vrai ça, les nanas ça a un truc pour les chaussures, allez comprendre. Et c'est sympa, au demeurant, quand on peut mater. Mais va pas reconnaitre ça Ronan, elle est mariée quoi. Un soupir quitte ses lèvres. - Pourquoi ça t'importe que ce je pense, tu t'en fous. Il va pas s'en sortir si elle demande à chaque fois s'il aime, s'il aime pas, pourquoi ci et ça. Et il l'aime bien pour l'instant, ce serait con que ça change. - Tes talons me dérangent pas. Je trouve pas que tu sois moche sur les photos. Je te dis pas des trucs que je pense pas. Je te dis les trucs que je pense. Ok? Non parce qu'il faut clairement poser des limites là où ça va devenir impossible pour tous les deux. - Tu voulais qui comme partenaire, p'tetre tu peux toujours changer? Il y connait rien Ronan mais lui ça le dérange pas d'être tout seul.