La journée était déjà bien avancée, il faut dire que la veille j’avais pas mal veillé. Il devait être quatre heures lorsque j’avais daigné rejoindre ma coéquipière, Madeleine dans ce lit qui nous était attribué à tous les deux. Il était amusant de constater qu’il n’y avait pas une gêne conséquente entre nous. Nous n’étions surement pas les deux plus grosses vierges effarouchées du jeu, j’avais déjà une bonne réputation de tombeur avec le cas Winifred, mais ce n’est pas pour autant que nous avions cédés à nos pulsions. Au contraire, tout ce passait très bien, l’ambigüité n’était pas très importante, peut-être parce qu’il fallait qu’on apprenne à se connaitre ? Bref… Je m’étais donc levé aux environs des quatorze heures, bénéficiant d’une douche bien froide je repensais quelques secondes à cette petite embrouille que j’avais eu avec Caesar pour ça. Il était sur le banc des nominés cette semaine et même si je le détestais, j’espérais qu’il resterait parmi nous. La suite de l’aventure serait beaucoup plus ennuyeuse sans lui-même si Moore reprendrait bien sa place pour emmerder le monde. Bref, sortant de la douche, une serviette autour de la taille je prenais le boxer que j’avais emmené, retirant d’une manière discrète mon ancien boxer, trempé puisque je l’avais conservé sous l’eau. Quelqu’un pénétrait dans la salle de bain, je me retrouvais nu comme un ver devant cette fille, un sourire un peu gêné j’enfilais rapidement mon boxer histoire de limiter les dégâts. « Salut… » Très original, je ne la connaissais pas, il m’était donc très difficile de faire la conversation.

La salle de bain me semblait occupée – je venais d’entendre une douche s’éteindre, et à moins qu’un fantôme ne s’amuse à faire joujou avec la plomberie, il n’y avait pas d’autres options. Mais bon, pour ce que j’avais à y faire, ça n’avait aucune importance. Poussant la porte, j’eus la surprise de découvrir, pour la deuxième fois cette semaine, un candidat dans son costume d’Adam. Bon sens, est-ce que tous les hommes de ce château aimait se balader à poil ou quoi ? On n’était pas un club de naturiste, bordel ! Bon d’accord, nous étions quand même dans la salle de bain… mais voilà, je n’avais pas comme objectif de voir la queue de chaque mâle de cette aventure avant d’en sortir! Il remédia bien vite à la situation compromettant dans laquelle il se trouvait en enfilant son boxer, mais le mal était fait. « Salut… » fut tout ce qu’il dit à mon intention. Pour un mec qui n’avait pas attendu une semaine pour s’amuser dans le jacuzzi avec une autre candidate – que je ne nommerai pas – je trouvais sa réaction plutôt puérile. Le petit bonjour timide, le petit sourire gêné. Le saluant d’un simple sourire forcé sur le bout de mes lèvres, je me dirigeais vers mon rangement afin d’y sortir mon fer plat. Mes cheveux ondulés étaient peut-être fort joli, mais je les préférais lisse, et de loin. Le calvaire de toutes les filles d’ailleurs : les frisés voulaient les avoir lisses, et les lisses souhaitaient qu’ils soient frisés. Jamais contente, hein. Ce devait être la faute de nos hormones. C’était toujours de leur faute. « Alors, tu as profité du jacuzzi avec d’autres candidates, depuis? » lui demandais-je, l’air de rien, alors que je m’installais face au miroir, branchant le fer et attendant qu’il ait atteint la bonne température.

Bon, il est vrai que j'avais l'air un peu coincé. Et ça pouvait paraitre étrange après l'épisode du hammam, pourtant ce n'était qu'un fait parmi un certain nombre. Je n'étais surement pas le premier à flirter, même si nous étions presque allés plus loin. Je me doutais qu'il y avait des candidats plus scandaleux dans cette maison, il suffisait juste d'attendre quelques temps pour qu'ils soient plus à l'aise, les masques tomberaient plus facilement. Enfilant un jean en observant la jeune femme qui se lissait les cheveux. Décidément je ne comprendrais jamais les femmes, lorsqu'une avait les cheveux lisses elle les désirait frisés et vise versa. Nous n'avions pas ce problème, nous, les mecs. La plupart du temps ils étaient courts, il n'y avait pas de question à se poser sur cet aspect capillaire. « Alors, tu as profité du jacuzzi avec d’autres candidates, depuis? » Un petit sourire aux lèvres je m'approchais, enfilant mon t-shirt avant de me brosser les dents et de m'appliquer quelques gouttes de parfum sur le cou. « Pourquoi le jacuzzi ? C'était dans le hammam... » Bon je chipotais légèrement, mais c'était pour y ajouter une sorte d'ironie. Je n'avais pas honte d'avoir laissé en plan Winifred, elle le méritait et j'étais presque sûr qu'elle aurait fait la même chose quelques minutes plus tard. Elle était surement vexée, et moi je kiffais la voir dans tous ses états. « Et... Pour te répondre, non... De toute manière on ne peut pas dire qu'il se soit passé grand-chose. »

Après avoir enfilé jeans et t-shirt, il se rapprocha du comptoir, se brossa les dents et se mit quelques gouttes de parfum – un parfum qui sentait fort et qui me fit trousser du nez. Je n’aimais pas ce genre d’odeur. Ce n’est qu’après qu’il se fut occupé de sa petite personne qu’il me répondit. « Pourquoi le jacuzzi ? C’était dans le hammam… » « Du pareil au même. » fis-je en haussant les épaules. Est-ce que le lieu exact était si important que ça ? Les gestes comptaient bien plus, à mon avis. Le lieu n’était que facultatif à l’histoire, en autant que le fond reste le même. « Et… pour te répondre, non… De toute manière, on ne peut pas dire qu’il se soit passé grand-chose. » Il s’était quand même passé quelque chose. Assez, en tout cas, pour que l’on en parle. Sinon, où était l’intérêt de réveiller une rumeur s’il n’y avait pas, à la source, une part de vérité, aussi petite soit-elle ? Je me tournais légèrement vers lui, affichant une moue désolé. « Dommage pour toi. » Légèrement sarcastique, ma remarque avait été. Mais pas suffisamment pour le frustrer. Enfin, j’imagine. Ce n’était pas là mon intention. Mon ton aurait été bien différent si ça avait été le cas. Ma chevelure prenait un temps fou à lisser, et je n’en étais qu’à la moitié de ma tête, si bien que j’étais encore coincé quelques temps. « Tu profites bien de ton aventure jusqu'à présent ? » que je lui demandais d’un air détaché. À vrai dire, je m’en fichais un peu, cette discussion n’était là que pour couvrir le silence dans mes oreilles, rien d’autres.

Il est vrai que toute cette histoire avec Winifred avait bien une part de réel, nous nous étions effectivement embrassés, caressés mais rien de plus. J'imagine qu'il y aurait peut-être eu quelque chose de plus si je n'étais pas parti en plein milieu de cette action, j'étais loin d'être un garçon facile. Je n'étais pas en chien, je parvenais à tenir ma libido en laisse et je me voyais mal consommer au bout d'une semaine. C'était peut-être un principe stupide, mais au moins je ne passerai pas pour le mec que tout le monde imaginait que j'étais depuis que cette histoire s'était répandue dans l'ensemble du nid d'amour. « Dommage pour toi. » Un petit sourire sur le visage, je me retournais pour pouvoir la contempler une petite seconde. « Dommage pour elle... » Je n'étais pas certain qu'elle soit au courant pour la fin de cette histoire, mais si tel était le cas et bien elle me comprendrait. Enfilant mes baskets tranquillement, car, après tout ici personne n'était pressé. Je levais la tête lorsqu'elle me posait une nouvelle question. « Tu profites bien de ton aventure jusqu'à présent ? » Réfléchissant à peine une demi seconde je lui répondais du tac au tac. « Arf pour le moment c'est les semaines du début, tout le monde il est beau, il est gentil et on apprend tous à se connaitre... Je suis curieux de voir comment va évoluer le jeu avec les secrets... Et toi ? »