Être dans une aventure comme Fake Lover n’était pas quelque chose de commun, très peu de personnes pouvaient même avoir l’honneur et le droit de se vanter d’avoir été ici à un moment ou un autre. Au total nous devions être une centaine, peut-être deux-cent ou un peu plus à avoir vécu cette expérience, le moment où tu entres dans le jeu officiellement aux yeux des téléspectateurs et au moment où, malgré tout ce que tu as pu voir auparavant tu es ébloui par l’architecture et le cadre de rêve du chalet. C’est tout du moins comme ça que j’avais vécu les choses hier soir et autant vous dire que je n’avais pas vraiment trouvé le sommeil avec aisance. La nuit avait été courte et ce n’est pas pour autant que je comptais faire la gueule toute la journée, au contraire, ce matin j’avais la pêche et je me sentais déjà ici comme dans ma maison, je ne connaissais pas bien les lieux et trouver une tasse pour me couler un café avait été aussi difficile qu’un marathon mathématiques pour moi mais ce n’était pas bien grave, nos petites habitudes viendraient avec le temps j’en étais certaine. Après m’être tranquillement réveillée avec mon café bien chaud je m’étais sentie suffisamment motivée pour aller m’habiller mais avant cela une étape me semblait inévitable. Prendre ma douche, il n’y avait pas une fille plus propre dans cette aventure que moi, c’était impossible. Il faut dire qu’avec mon travail, soit ambulancière je devais en permanence être propre, avoir les mains désinfectées lorsque j’intervenais pour venir en aide à quelqu’un. Un mouvement répétitif et agaçant pour certains qui était devenu plus qu’une habitude pour moi. Il m’était arrivé, lorsque mon fils était toujours en vie, d’avoir le réflexe de me désinfecter les mains pour lui soigner un petit bob et je souriais toujours naïvement à cet instant, comme si j’avais besoin de le faire pour lui mettre un pansement mais c’était tellement habituel et ancré dans mon métier que faire la différence était parfois difficile. Mon poste à la main je branchais ma petite clé usb avec comme première chanson Are You Gonna Be My Girl, n’étant pas fan de rock j’adorais pourtant cette chanson parce qu’elle me donnait envie de danser, de bouger et de ne pas être une loque humaine comme ceux qui se levaient après avoir dormi deux heures comme c’était le cas pour moi. Pleine d’énergie j’entrais dans la première douche qui venait… Mauvaise idée puisqu’un homme y était déjà, je me dandinais depuis quelques minutes sans imaginer qu’il y aurait quelqu’un d’autre et me retrouvait à présent complètement nue devant lui, très bonne première approche il n’y avait pas à dire. Poussant un petit hurlement lorsque je me retrouvais contre lui je reculais et sortais de la douche pour entrer dans une autre cabine. « Désolée ! »

Première nuit, premier réveil, premier petit-déj, première douche… et première journée au sein de l’aventure qui allait s’entamer. Cela faisait à peine quelques heures qu’il s’était réveillé et Emilien avait l’impression de redécouvrir chaque petite chose de la vie de tous les jours –certaines étaient plus moins passionnantes que d’autre, c’est un fait.
Histoire d’éveiller ses pensées encore en compagnie de Morphée, il partit direction la salle de bain avec sa serviette. Une bonne douche de bon matin. Emilien souffla de soulagement en voyant que personne d’autre n’avait eu la même idée que lui. Il avait la pièce pour lui tout seul, personne avec qui partager la vue de son corps dénudé. Voilà ce qu’il semblait satisfaire le jeune homme. Puis il se mit à lever la tête en direction de la caméra, la fusillant d’un semblant regard noir. Comme s’il était capable d’endosser le rôle du gros gars qui impressionnait tout le monde. Comme si, lui, Emilien, en était capable. Il finit par se résigner de se dévêtir de ses maigres habits et d’entrer à toute vitesse dans l’une des cabines de douche. Faites que personne n’entre, pardi. Oui, il priait, pourtant il était loin d’être un bon catholique. Mais rapidement, ses bonnes vieilles habitudes revinrent au grand galop. Chantonnant sous la douche quelques yaourts musicaux peu digestifs. Cela semblait meublait la douce mélodie de l’eau qui coulait alors qu’il était entrain de se laver. Comme d’habitude, il avait réussi à se mettre de la mousse dans les yeux, s’aveuglant de plus bel. S’il avait eu le courage de se traiter de con, il l’aurait fait. Il ne resta guère longtemps dans ce moment d’aveuglement solitaire. Il fallait croire qu’il avait prié tellement fort que ses vœux ne se réalisaient même pas… Une femme s’était retrouvée dans sa cabine, lâchant un cri perçant à la vue d’Emilien. Ce dernier recula, lui aussi, manquant de glisser –et par la même occasion de se casser la figure. Il inspira une grande bouffée d’air, et éteignit l’eau. Un doux « désolée » atteignit les oreilles du jeune homme. Au fond, elle n’avait pas vraiment à être désolée… il fallait croire qu’Emilien n’était pas assez bruyant pour se faire remarquer. Trop discret, trop calme, sûrement. Après quelques minutes d’hésitation, il décida de sortir de la cabine de douche. Trottinant à la hâte pour récupérer sa serviette, tout en cachant ses parties intimes. Alors qu’il l’en roula autour de ses hanches, il se tourna vers la jeune femme… nue. Instant, il crut sentir ses joues se réchauffer et prendre des couleurs. Trouvant alors la situation un peu gênante. « Je… j’ai fini, si tu veux prendre ta douche, tu peux… » lâcha-t-il, désignant du menton la cabine de douche alors vide. « Au fait, moi c’est Emilien. ». Comme si c’était le moment pour se présenter, Emilien. Comme si, quoi !

Je ne pensais pas dès la première matinée à Fake Lover avoir droit au joli petit cul d’un candidat en fond d’écran dans les douches. En y repensant ça me mettait de plutôt bonne humeur, bon, d’accord je ne savais même plus comment on se servait de ce qu’il avait entre les jambes n’ayant jamais eu la moindre histoire de cul depuis le lycée. Il faut dire qu’après avoir couché plusieurs fois avec mon copain de l’époque j’étais tombée stupidement enceinte et après avoir été larguée et avoir accouché toute seule sans mes parents pour me soutenir, puisqu’ils me détestaient pour avoir fait un enfant alors que je n’avais que dix-huit années de vie derrière-moi, le sexe j’en avais été vaccinée. Aussi insensible à l’idée de faire l’amour que je puisse l’être je devais tout de même reconnaitre que la proximité avec un homme me manquait, connaitre une nouvelle fois le bonheur d’être avec quelqu’un d’autre, d’éprouver de l’amour, du soutien… Il n’y avait rien de meilleur et pourtant jamais je n’avais connu un tel sentiment ces douze dernières années. Maintenant que mon fils était décédé et que je me retrouvais en quelque sorte toute seule malgré un entourage omniprésent pour moi j’avoue que je repensais à m’ouvrir davantage. Je ne voulais pas être rancunière pour tous les garçons qui s’intéressaient à moi sous prétexte qu’un connard m’avait brisé le cœur au lycée. Je le comprenais presque au fond, se retrouver père à dix-huit ans ce n’était pas un truc très rassurant, surtout lorsque ce même garçon était le plus populaire du lycée avec une carrière déjà toute tracée. Passons, j’avais reculé après avoir légèrement crié, je fermais les yeux tournant le dos au jeune homme sans même me rendre compte que j’étais à poil moi aussi. Ce n’est que lorsqu’il avait fait le chemin inverse pour masquer son intimité à l’aide d’une serviette que je m’en étais rendue compte, je faisais de même l’entourant autour de ma poitrine histoire de couvrir les deux parties de mon corps plus intimes. « Je… j’ai fini, si tu veux prendre ta douche, tu peux… » Je souriais un peu gênée. Il était aussi rouge que ma valise, peut-être qu’il ne s’était jamais retrouvé en tête à tête complètement nu avec une femme d’un âge plus… Avancé dirons-nous. Il ne devait pas avoir plus de la vingtaine alors que je venais personnellement d’atteindre la trentaine. « Au fait, moi c’est Emilien. » Je retirais ma serviette rapidement pour rejoindre la cabine. Okay, je suis très blonde et surement très conne parce qu’il avait encore pu se rincer l’œil sur mon physique qui n’était clairement pas déplaisant à regarder non plus, être ambulancière me permettait de faire un peu de sport et sans être une homme qui se mettait en valeur pour un homme j’aimais être pomponnée. SUS aux poils n’est-ce pas ! « Enchantée… Moi c’est Alecia ! » J’allumais l’eau froide sur le moment, après dix ou douze petites minutes je ressortais en m’emparant une nouvelle fois de ma serviette. « Oh… J’ai oublié de te demander… Ma musique ne te dérangeait pas ? » Une chance qu’il était déjà en train de prendre sa douche, s’il m’avait vu me dandiner sur du « rock » j’aurais définitivement eu la honte de ma vie.

Elle disait s’appeler Alecia. Jolie prénom. Et Emilien n’eut même pas le nom de lui dire qu’il était lui aussi enchanté de la rencontrer, comme on le dit si poliment la première fois que l’on rencontre une personne. En effet, la blonde s’était faufilée dans l’une des cabines de douches. Emilien décida alors d’aller s’habiller. Après tout, il n’allait quand même pas rester là, les bras croisés à regarder cette femme prendre sa douche. Ce serait mal vu et très pervers. Alors pendant qu’Alecia prenait sa douche, il essuya son corps à l’aide de sa serviette et se vêtit rapidement d’un boxer afin de cacher au plus vite ses parties intimes. Plus pudique que lui, ça ne devait pas exister. Ou peut-être si, dans un couvent. Il enfila ensuite son pantalon beige qu’il avait prévu de mettre aujourd’hui. A vrai dire, en le prenant, il n’avait pas fait attention à la couleur. S’il avait été noir, bleu, blanc, rouge, rose, jaune, flashy, ça aurait été la même chose, il l’aurait mis. Ou peut-être pas, il ne faut pas abuser non plus. Il n’était peut-être pas doué dans certains domaines, mais il savait s’habiller un minimum correctement, et faire en sorte que les couleurs soient harmonieuses. C’était donc en silence qu’il continua sa toilette du matin. Moment bercé par le ruissellement de l’eau et la mélodie qu’émanait d’un petit poste radio, un peu old school. Le concerto musical s’acheva lorsque la femme eut fini de prendre sa douche. Afin de renouer le contact, elle lui demanda si la musique ne le dérangeait pas. Son peigne en main, afin de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux et de se coiffer, il stoppa tout mouvement. Et d’un signe de la tête, Emilien fit non. « Au contraire, ça meublait le silence… » lâcha-t-il, en se tournant vers Alecia qui avait une serviette autour d’elle. Son regard finit par se poser sur son reflet dans le miroir. Emilien n’avait rien d’un garçon narcissique qui passait son temps à s’admirer, mais disons que pour se coiffer, c’était plus facile avec un miroir à porter de main. « Euh… tu veux peut-être que je te laisse seule pour finir de te préparer ? Enfin de toute façon, j’ai bientôt fini… ».

Je profitais pleinement de l’eau chaude qui coulait et sublimait mon corps nu. A cet instant je me sentais un poil stupide parce que j’abandonnais en quelque sorte le jeune homme alors que nous débutions une conversation ensemble. Il faut dire que nous étions tous les deux pudiques à en voir nos têtes lorsque nous nous étions retrouvés à poil l’un devant l’autre. Après être sortie aussi vite que je l’imaginais pour attraper une serviette et l’enrouler autour de mon corps je m’étais approchée de lui tout en m’excusant pour la musique que j’avais un peu oubliée depuis tout à l’heure. J’en profitais pour constater qu’il s’était habillé, avec beaucoup de goût d’ailleurs et qu’il était à présent en train de se coiffer. « Au contraire, ça meublait le silence… » Je souriais, très bien je laisserais donc encore un peu le poste un poil vieillot et démodé si bien que même moi je n’en utilisais plus en guise de musique de fond, c’était à moi de prendre la parole et de faire connaissance un peu plus en détails avec lui. N’étais-ce pas ce qu’il y avait de mieux à faire ? « Euh… tu veux peut-être que je te laisse seule pour finir de te préparer ? Enfin de toute façon, j’ai bientôt fini… » Je souriais, il était mignon de s’inquiéter pour moi mais de toute manière il ne fallait pas s’attendre à avoir beaucoup de moments en totale solitude dans un endroit aussi fréquenté que la salle de bain, il y aurait toujours quelqu’un alors autant s’habituer avec un garçon plutôt sympathique. « Non non ne t’inquiètes pas... Tu peux rester ! » Je lui adressais un petit clin d’œil branchant le sèche-cheveux le temps de, justement me sécher les cheveux. « Alors… Emilien… Tu as quel âge ? Pourquoi tu tentes Fake Lover ? » Ou comment amener une conversation de manière on ne peut plus stéréotypée.

Elle n’avait peut-être pas envie de devoir montrer ses formes à un inconnu –quoique… en fait, c’était déjà un peu fait ça... Emilien, lui, n’aimait pas cela en tout cas. Devoir montrer son corps nu à des inconnus. Mais cela devait sûrement faire parti des contraintes du jeu. Heureusement que le jeu ne consistait pas à être dans la peau d’un naturiste… Imaginez l’horreur. Horreur visuel. C’est certain que certains candidats ne devaient pas être beaux à voir à poil. Oui, évitons donc les visions affreuses. Alecia lui dit alors qu’il pouvait rester. Il fit un petit signe de tête pour approuver. D’accord, il allait rester. Regard dans le miroir et dernier coup de peigne. II n’était plutôt bien coiffé… c’était déjà beaucoup mieux que la coupe affreuse du réveil, dans tous les cas. Il se regarda une dernière fois, puis rangea son peigne. Alecia lui posa une question. Deux questions, pour être plus précis. Deux questions remplis de curiosité ennuyeuse. Il tourna alors son attention en direction de la femme. « Vingt-et-un ans. » répondit-il. D’ailleurs, c’était quoi cette fâcheuse manie de demander constamment l’âge de quelqu’un ? Une enquête ? Un sondage pour savoir la moyenne d’âge des candidats ? Comme si des sondeurs perdaient leur temps à faire ça… A moins que ce soit pour savoir si la personne était majeure ou non. Genre, t’es majeure, on va pouvoir s’amuser (beaucoup s’amuser même) ensemble ; t’es pas majeure, retourne jouer avec ta peluche et trouve-lui son clitoris inexistant. C’est ça ? C’est pour ça qu’ils demandent l’âge, vous pensez ? Enfin, reprenons le cours du récit. Emilien attrapa sa chemise à carreaux. On aurait pu croire qu’il l’avait volé à un bucheron rustre. Il l’enfila, tout en commençant de la boutonner. Il se tourna alors vers Alecia. Elle voulait savoir pourquoi il était là, enfin pourquoi il avait tenté cette aventure. « Pour l’aventure humaine, j’suppose. On peut rencontrer plein de personnes, des gentils, des méchants… Et toi ? » lui demanda-t-il. Ses explications étaient brèves, certes. Mais il n’allait tout de même pas lui dire que s’il tentait Fake Lover, c’était parce que ses frères l’avaient forcé à le faire. Obligé même. C’était un peu risible comme situation quand même.

Je n’étais pas une femme énormément pudique, on va dire que je n’avais jamais eu le moindre problème avec la nudité n’étant pas la dernière à me trimballer à poil chez moi en sortant de la douche parce que le téléphone sonnait ou parce que je n’avais pas pris de sous-vêtements en me rendant à la salle de bain. Dans le cadre de cette émission je me montrais néanmoins tout de suite plus… Coincée comme pourraient le dire certains. Savoir que prendre ma douche, un événement pourtant habituel, était épié par quatre ou cinq caméras sous tous les angles me gênait un peu, je n’aimais pas particulièrement que des images de moi dans le plus simple appareil ne puissent circuler sur le net ou je ne sais où. Après, le fait d’être aperçue nue par un candidat ne me gênait pas plus que ça, nous devrions prendre l’habitude de prendre nos douches ensemble si bien que ce serait au final une habitude comme les autres. En attendant je restais prudente ne voulant pas non plus choquer Emilien qui regardait partout sauf dans ma direction, une fois ma serviette autour de la poitrine j’entamais un long processeur qui me permettrait d’avoir les cheveux séchés pour pouvoir les lisser et en faire une très simple queue de cheval. Histoire de discuter je demandais l’âge au jeune homme, je lui aurais donné vingt ans maximum, peut-être un petit peu plus mais je ne le voyais pas avoir plus de vingt-trois ans. « Vingt-et-un ans. » J’étais presque sur le bon nombre, il était jeune mais me paraissait déjà très mature. Sur le plan physique je n’avais rien à dire, il était parfaitement bâti… A tous les points de vue d’après ce que j’avais pu rapidement constater un peu plus tôt. Passons, je supposais qu’il se demandait quel âge j’avais moi aussi. « Je suis une petite vieille par rapport à vous tous… J’ai trente ans et encore toutes mes dents ! » Humour pourri quand tu nous tiens. « Pour l’aventure humaine, j’suppose. On peut rencontrer plein de personnes, des gentils, des méchants… Et toi ? » Il n’était pas très bavard, je le regardais longuement en profitant pour enfiler un boxer féminin, c’était confortable et terriblement sexy lorsque c’était bien porté, ma poitrine dénudée pendant un instant était vite masquée par le soutien-gorge que j’accrochais, je pouvais déjà être plus à l’aise. « La même chose… J’ai juste envie de m’amuser un peu et de faire des expériences inédites ! »