Elle prend toujours l'ascenseur en toute circonstance. Mais elle savait bien que viendra le jour où l'ascenseur sera prit trop longtemps ailleurs et qu'elle devrait se débrouiller avec les escaliers. Et bien ce jour est arrivé. Elle boude légèrement regardant ses pieds chaussés d'escarpins vertigineux qui allongent et galbent ses jambes nues. C'est pas vraiment le genre de chaussures faites pour une ascension de cette envergure. Ça ne sert à rien d'attendre plus longtemps il doit être bloqué pour donner l'occasion à deux personnes de se dévêtir ou un truc comme ça. Toujours boudeuse elle monte les premières marches et se rend compte que ce n'est pas si compliqué que ça finalement ! Suffit de mettre un pied devant l'autre et comme elle est déjà bien à l'aise avec des talons c'est pas plus compliqué que d'être en basket. Tout sourire elle continue, un peu plus vite sentant poussé des ailes énormes dans son dos. Si elle est capable de ça, elle est capable de tout. Enfin c'est ce qu'elle se dit toute fière d'une chose aussi futile. Tellement fière qu'elle en a loupé son étage. « Ah mince, demi-tour. » Qu'elle se dit à elle-même en pivotant sur elle-même. Un pied en avant, maintenant l'autre. Ah non mince ça coince. Son talon semble retenu par quelque chose. Elle constate que le tapis n'est pas bien fixé aux marches à cet endroit et que son aiguille se retrouve retenue par le tissu rouge qui colore les marches. Elle tire son pied d'un coup sec mais rien n'y fait. Ça lui vient même pas à l'idée de retirer sa chaussure, non pas une seule seconde. Le seule truc qui lui vient en tête c'est de tirer plus fort. Et à tirer plus fort elle finit par la retirer sa chaussure en même temps qu'elle perd l'équilibre. Maintenant elle dévale les quelques marches qui la sépare du palier qu'elle à franchit un peu plutôt, le cul au sol et la mine triste. « Je savais que j'aurais jamais dû prendre ces escaliers. » En plus de ça elle a la culotte à l'air avec sa jupe fluide qui a décidé de se mettre n'importe comment. Mais bon ça à la limite elle s'en fiche un peu. Elle avise Imma qui monte dans sa direction d'un air léger. « Tu peux m'aider à me relever ? » Qu'elle fait en retirant sa seconde chaussure qui elle était bien resté sur son pied. La première elle, doit toujours être un peu plus haut, telle une pantoufle de verre laissée par cendrillon.  

Imma a fini de manger depuis peu. Elle ne se sent pas bien. Une douleur la prend au ventre, sur lequel elle garde une main posée. Elle n’a qu’une seule envie : s’isoler dans son lit pour se reposer un peu et trouver le calme qu’elle n’a pas eu la chance d’avoir depuis quelques temps. C’est que c’est difficile d’avoir un peu de temps seul ici, surtout lorsque l’on aime ça. Alors pour deux voire trois heures, elle voulait simplement s’allonger. Pas forcément pour dormir, mais pour se reposer. Alors doucement, elle gravit les escaliers, pensant que l’effort ferait passer la douleur. Elle est peut-être plus désemparée qu’optimiste en fait, trouvant dans n’importe quoi la solution à son mal. Et puis au final ce n’est qu’un mal de ventre. Et puis au palier plus haut, elle remarque une fille à terre. Une fille qui l’apostrophe et tout de suite elle accourt vers elle. Imma n’hésite pas, lui proposant sa main sans même réfléchir. Parce qu’elle n’aime pas ses mains, pire que le reste de son corps. Parce que le reste de son corps, elle peut le cacher alors que ses mains ? Elle ne va pas vivre constamment avec des gants, comme elle ne pourrait vivre constamment avec un masque pour cacher son visage. Mais aussi parce qu’elle oublie totalement sa douleur d’estomac, pour faire passer le bien de Gigi avant. Elle est comme ça Imma, faire passer les autres avant elle. Ou tout du moins, elle a toujours été en majorité comme ça. « Ca… Ca va ? » Qu’elle lui demande alors, les sourcils froncés. Elle la relève, tout doucement. Gigi, c’est une fille qu’elle admire. Elle la trouve si belle, si mystérieuse. Elle a une aura précieuse, vaporeuse et sensible à la fois. Elle est impérieuse, ce qu’elle ne sera jamais. Faisant quelques pas en arrière, Imma remarque la chaussure manquante de sa camarade. « Ta chaussure » Qu’elle souffle d’ailleurs, en allant la récupérer quelques marches plus haut. Elle la lui tend alors, ne la regardant pas trop.