Être dans un studio, c'est un chance. Elle n'en a jamais vu en vrai et c'était peut-être sa seule chance dans voir un. Ca fait déjà, alors deux ou trois jours qu'elle repère les lieux. Elle regarde dans le moindre recoin, avec souvent le nez en l'air, s'émerveillant pour tout et n'importe quoi. Elle ne fait même pas attention où elle met les pieds : elle manque de tomber une fois, mais elle se rattrape bien rapidement contre le mur en carton imitant une façade. Au loin, elle remarque un espace ressemblant à une ville du far-ouest, comme l'on voit dans les western. Guillerette, Ismène s'en approche, les mains jointes et enchaînant les enjambées rapides, mais gracieuses. Elle regarde d'un côté, elle sourie. Elle regarde de l'autre, elle est aux anges. Elle aime bien les westerns, les vieux surtout. En regardant une façade, elle marche à reculons, jusqu'à pousser les portes battantes du saloon avec son dos. Une musique digne du far ouest se met en marche et la fait sursauter. Elle pose instinctivement sa main sur son cœur. Ce décor est vraiment génial. Elle pousse un peu sa frange d'un mouvement de la main tout en se retournant. Quelqu'un est déjà là, se tenant près du bar. S'il n'est pas sourd, il peut entendre la musique et deviner que quelqu'un est là... Et en se retournant, il tombera sur une demoiselle à l'allure chétive et poupon. Ismène a toujours ses mains croisées, ses genoux collés. Elle lui adresse un léger sourire, mais c'est surtout ses yeux qui parlent pour elle. Ses grands yeux bleus perçant qu'elle pose sur lui et qu'elle ne déloge pas. Elle n'est pas bloquée, elle le fixe simplement, comme elle le fait souvent. Ce n'est de sa part, qu'une simple marque d'intérêt, mais elle montre aussi qu'elle n'ose pas aller l'aborder...

AVEC ENOCH

Elle n'a pas l'habitude de côtoyer autant de monde. Elle n'a que peu d'amis. Elle sort quasiment jamais. Elle n'est pas faite pour vivre en communauté, pourtant elle est très sociable. Elle parle facilement aux autres, même si parfois, c'est pour dire n'importe quoi. Ca ne se voit pas au premier abord, mais c'est un vrai moulin à parole. Elle dirait même bonjour à un chien avec un chapeau, c'est pour dire. C'est juste que, quand elle ne connaît pas trop la personne ou que celle-ci l'impressionne et bien elle a la langue coupée. Elle ne peut plus parler ou elle ne sait pas trop quoi dire. Non pas qu'aux personnes à qui elle parle rapidement ne l'intéresse pas, non... C'est juste qu'elle ne ressent pas la même chose à leur côté. Elle le regarde s'approcher, pinçant un peu ses lèvres. « Enoch » Elle se retourne instinctivement pour voir si personne ne se trouvait près d'elle. Ca serait bête de croire qu'il lui parle, si c'est à un autre que sont adressé ses mots, mais ils sont seuls. Elle est seule devant lui, alors elle s'approche doucement à son tour. Elle enchaîne les pas en regardant le sol ; un, deux, trois... Elle est proche de lui à présent et elle esquisse un sourire timide : « Ismène. » Elle tapote le sol de la pointe de son pied droit, tout en replaçant sa frange pour être assurée d'être bien coiffée. D'être présentable, quoi. Elle ne sait pas quoi ajouter, alors elle baisse un peu la tête et elle espère franchement qu'il trouve quelque chose à dire. Que l'ange ne passe pas trop longtemps. « Euuh... » Elle lève à nouveau ses yeux sur lui, avec un léger sourire : « Toi aussi t'aime bien bien les western ? Mes préférés, c'est les spaghettis ! C'est les meilleurs... » Elle hausse un peu les épaules, avec sourire amusé.

Enoch ne semble pas à l'aise. Ce qui ne l'aide pas à être à l'aise elle-même. Elle peut parler avec n'importe qui, même avec des animaux. Des plantes. Mais quand son interlocuteur n'est pas très sûr, elle semble qu'elle l'est elle-même également. Elle réfléchit bien alors, avant de lancer une conversation. Avant même qu'il ne lui réponde, il avait l'air en accord avec elle. Ce qui est plutôt bien : elle ne se voyait pas entrer dans une longue conversation afin de lui prouver que les western spaghettis sont de loin les meilleurs comparé à ceux d'un peu avant, ceux bien sérieux tournés par les américains. « Moi aussi, je les préfère. Tu as un film que tu aimes en particulier ? » Le sourire de la jeune fille s'élargit alors en voyant qu'elle ne s'y est pas trompé. Elle doit avoir un connaisseur face à elle. Elle joue un peu avec les pans de sa robe, tout en réfléchissant. « Un en particulier ? Je dirais Mon nom est Personne..., mais en fait j'en aime vraiment beaucoup ! Les classiques, le Bon, la Brute et le Truands. Pour une poignée de dollars... » Surtout les Sergio Leone en fait. Elle n'est pas une fine connaisseuse. Elle regarde régulièrement la télé et celle-ci les passe relativement souvent. En plus son père aimait beaucoup ça, du coup elle regardait avec lui. Ismène se décale un peu d'Enoch, pour venir s'asseoir sur une chaise haute de bar en s'assurant que sa robe cache bien ses genoux. « J'aime beaucoup également les musiques d'Ennio Moriconne. Je trouve qu'elles sont vraiment super ! » Elle sourit. « Et ce décor est tout simplement merveilleux ! »