Je ne sais pas pourquoi je m’entêtais autant à parfaire mon passage dans cette galerie des Glaces, mais j’étais incapable de m’enlever de la tête cette salle et le défi qu’elle proposait. À chaque fois que je passais à côté de son entrée, j’avais une petite hésitation : est-ce que j’y retournais ou pas? Bien souvent, autre chose m’appelait, et je devais décliner son invitation, mais pas ce matin. Non, aujourd’hui, j’étais bien déterminée à la parcourir sans encombre. Enfin, c’est toujours ce que je me disais, mais je finissais toujours par me cogner sur une vitre que je n’avais pas prévu avoir sur ma route. Mon front en souffrait encore, de toutes ces rencontres glaciales. « Comme on se retrouve. » marmonais-je d’une voix basse en direction de la pièce. Sa seule présence dans cet hôtel était une provocation pure et simple. Il m’était impossible de l’ignorer. « Un jour, j’aurai ta peau. » Bon, en espérant que personne ne passait par là pour m’entendre dire de telles provocations à une porte, je passerai assurément pour la folle de la saison. Si ce n’était pas déjà le cas. Tournant la poignée, je pénétrais dans l’antre des glaces, commençant mon parcours comme toutes ces fois où j’avais décidé de tenter ma chance entre ces quatre (ou plus, difficile à déterminer) murs. Étonnamment, mon cheminement au sein de ce labyrinthe de verres et de miroirs se faisait sans rencontrer autant d’obstacles qu’à l’ordinaire. La seule chose qui me fascinait, c’est cette impression d’écho. J’entendais mes pas résonner partout autour, et je dus m’arrêter un court instant pour comprendre. Des pieds qui martelaient le sol se faisaient entendre, et c’est à ce moment que je réalisais que je n’étais plus seule. Ceci dit, il était presque impossible de retrouver quelqu’un dans ces dédales. Seul le hasard pouvait faire en sorte que l'on tombe l'un sur l'autre. « Hey, il y a quelqu’un? » lançais-je à voix haute à l’attention de l’autre candidat pris au piège dans ces couloirs. Car ma petite interruption venait de me faire perdre ma concentration, et j’étais bel et bien coincée ici, sans savoir comment en sortir. Chouette alors! Elle m’avait encore eue.

Ma voix résonna dans le vide, sans écho, laissant planer un mystère supplémentaire dans cette pièce. Qui était donc l’inconnu qui parcourait au même moment que moi ce labyrinthe de glaces dans lequel même les plus doués aurait du mal à se repérer. Car ici, même un excellent sens de l’orientation n’est d’aucun recours. Il n’y a que la chance pour nous permettre d’arriver à nos fins, et comme je semble l’avoir oublié sur le pas de la porte, j’en déduis que j’en ai encore pour un sacré moment à tourner en rond – ou en carré, selon sa vison des choses – dans les dédales de ce palace maudit. Je reprends donc ma marche, loin d’être convaincu de la direction à prendre. Parfois, j’ai même l’impression que ces pas que j’ai précédemment entendu se rapproche, pour, quelques secondes plus tard, s’éloigner aussi soudainement qu’ils sont venus. Je deviens peut-être tout simplement folle. L’enfermement, ça ne me va pas très bien. Je progressais toujours dans ma démarche pour sortir d’ici quand, au détour d’un couloir, je manquais de peine de renverser un autre candidat, qui, plus surpris que moi, laissa une note filtrer de sa bouche. Pour ma part, je me contentais d’éclater tout bonnement de rire, amusée de la situation. « C’est pas bien de vouloir faire le malin. » lui répondis-je seulement quand il m’avoue avoir volontairement omis de me répondre. « Mais rassure-moi, je ne vais pas devoir te faire un massage cardiaque dans les prochaines minutes, si? » Après tout, ce n’était jamais bon signe que son pauvre petit palpitant s’affole de la sorte à chaque fois que l’élément de surprise croisant sa route. À savoir une petite blonde inoffensive dans le cas présent.