SAYID & @LEANDRO
samedi 04 avril - 14:53

Bien que très peu concerné par les questionnements des autres à son sujet, Sayid ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu’entendait la personne qui par le biais de son détecteur lui avait demandé s’il pensait que son handicap l'empêchait de faire certaines choses comme les autres candidats. Il y avait courir, certes, quoi qu’en théorie il pouvait, simplement pas avec ces prothèses là, il n’avait ramené que celles-ci et leurs jumelles de secours. Mais en dehors de ça ...c'était tout, en fait. Le reste relevait uniquement de la volonté, et il va sans dire que la mauvaise volonté de Sayid, tout comme sa mauvaise foi, ne datait pas de son accident ... non, c'était de naissance, n’en déplaise à certains. Par exemple, rien ne l'empêchait de se baigner en théorie, s’il en avait vraiment envie. Mais il n’en avait aucune envie, justement, à la fois parce qu’il n’avait jamais été un très grand nageur et parce qu’il préférait s'épargner ce moment gênant où il faudrait se contorsionner pour sortir de l’eau, au moment où un candidat arriverait, hésitant alors entre le regarder faire sans rien dire, lui tendre une de ses jambes de substitution pour tenter de se rendre utile, voir le tirer hors de l'eau comme s'il était un animal échoué au bord d’une plage. Gênant surtout pour l'autre candidat, Sayid connaissant lui assez ses capacités pour savoir qu’il n’avait plus besoin d’aide pour se démerder depuis un bon moment maintenant, et ne se gênant généralement pas pour faire remarquer aux autres à quel point ils avaient l'air stupides à se sentir gênés comme ça. Bref, pour ces raisons et parce qu’il avait cet après-midi une flemme monumentale, il ne traînait aux abords de la piscine que par volonté de profiter à la fois du soleil, de la vue qu’offrait le toit, et du clapotis de l’eau qui seul venait troubler le silence. Il regrettait presque de ne pas avoir ramené à boire, même s'il avait déjà l'impression que buller de cette façon relevait de l'indécence ... espérer gagner du pognon en ne foutant rien, il était descendu bas. Il espérait que son comportement n'était pas mal interprété par le reste de l'équipe, et puis ce serait un peu se foutre du monde, ils faisaient beaucoup moins les malins quand il avait fallu chercher un volontaire pour les castings. Installé sur une des chaises longues il avait finalement relevé les yeux en entendant des pas, regardant à travers ses lunettes de soleil la silhouette de Leandro qui approchait dans sa direction « Est-ce qu'elle dormait seulement avec toi ? » Oui ça arrivait, ça aussi, les questions qui passaient par la tête de Sayid étaient parfois posées avant qu'il n'ait le temps de réfléchir à leur pertinence et d'éventuellement tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Remarquant d'ailleurs après coup que Leandro n'avait aucune idée de ce dont il était en train de parler, et se maudissant intérieurement d'avoir encore parlé à tort et à travers, il avait cependant rajouté d'un ton toujours aussi calme « Kiri. Elle avait pourtant l'air dégourdie, pas le genre géranium. » Et ça c'était un truc que Sayid ne parvenait pas à comprendre, pourquoi perdre son temps à s'inscrire ici, si c'était pour faire office de tapisserie une fois en jeu. Sûr que lui ne se serait pas donné tant de peine s'il n'avait pas assimilé dès le départ qu'il devrait faire un minimum d'efforts de sociabilisation, et pourtant dieu sait que cela lui coûtait un peu, d'avoir l'air de s'intéresser à ses congénères. « Tu gagnes au change de toute façon. Avec Mackenzi. » Pour le peu que Sayid avait discuté avec elle elle n'était pas parmi les plus désagréables des candidats, et si Leandro était du genre à avoir l'esprit d'équipe il serait aussi beaucoup moins frustré avec elle qu'avec l'ombre de Kiri.

Il fait beau. Comme toute la semaine. Je suis quand même reconnaissant que la production ait choisi un lieu avec du soleil pour faire son émission. Imaginez qu’on se soit retrouvé en Angleterre ou il pleut tout le temps, et où les températures sont relativement basses. Oh non. J’aime la chaleur, j’aime le beau temps. Je suis habitué à ça depuis tout petit. Je ne me verrais franchement pas habiter dans un endroit glacial, comme le Canada, ou je ne sais pas, la Norvège. Bref, qui dit beau temps, dit envie de baignade. J’enfile mon short de bain, puis grimpe les étages pour me retrouver sur le toit. C’est quand même une drôle d’idée une piscine là haut. Mais au moins on peut profiter de la magnifique vue. Lorsque j’arrive, j’aperçois la présence de Sayid sur une chaise longue. Je décide d’installer ma serviette sur le transat’ à ses côtés. Même si je sais, qu’il est plutôt du genre solitaire, à bien apprécier qu’on ne vienne pas le faire chier. Alors que je m’approche de lui, voilà qu’il me pose une curieuse question. Est-ce qu’elle dormait avec moi ? Cela vient tellement de nulle part, que les connexions ne se font pas, et je ne comprends pas de quoi il veut parler. Ça doit se lire sur mon visage. Du coup, il se reprend, apportant plus de précision. Kiri. Aaaaah d’accord, oui. Je vois. « Faut croire qu’elle a surestimé ses capacités à supporter la vie en communauté, enfermée, et sous l’œil des caméras. » Ce n’est pas fait pour tout le monde. Et à l’évidence elle ne se sentait pas très bien ici, d’où son absence d’implication. « Mais oui elle dormait avec moi. » On ne faisait pas chambre à part. Selon lui j’y gagne au change avec Mackenzi. « Elle est gentille Mackenzi, oui. J'espère qu'on ira plus loin ensemble. » Mais je ne suis pas du genre à vouloir dénigrer mon ancienne partenaire. En plus, c’est dommage, je l’aimais bien. « Et toi, ça se passe bien avec Claudia ? » Que je lui demande. Il me semble que tout roule entre eux, et ce malgré le fait qu’il l’ait nominé involontairement. Je m’allonge sur le transat, et m’applique de la crème sur le corps. « J’ai cru entendre dire que t’étais primatologue, c’est vrai ? »

C'était carrément indécent, en fait. C'était la réflexion que se faisait Sayid tandis qu'il sentait le soleil chauffer doucement sa peau et qu'il observait les alentours caché derrière ses lunettes de soleil. Il était là, à se tourner littéralement les pouces, et il réalisait que c'était pour cela qu'il avait signé ... Des mois que lui et ses collègues suaient sans et eau pour essayer de conserver et d'économiser le moindre centime, que les soirées à faire les comptes viraient en séance générale de pathos, qu'ils ne comptaient plus leurs heures et s'embrouillaient pour la moindre connerie parce qu'ils étaient à bout, et là il se tournait les pouces depuis presque quatre semaines en attendant que ça se passe. En attendant que sa cagnotte se remplisse, en attendant son sort, son élimination ou autre. C'était carrément indécent, et quelque part cela rajoutait à son malaise déjà quasi-constant. Mais il était là maintenant, et avec un objectif ... Alors que pouvait-il faire justement, à part attendre que ça se passe ? S'il abandonnait il aurait subi ces quatre semaines pour rien, et le britannique détestait faire les choses pour rien. En attendant de trouver meilleure occupation il restait donc assis là, à profiter du soleil ou bien à attendre le déluge il ne savait pas trop, jusqu'à ce que la venue d'un candidat ne lui fasse se souvenir de pour quelle raison il appréciait autant la solitude. Bon, d'un autre côté même s'il n'avait pas trop eu l'occasion de lui parler depuis les abysses Sayid ne considérait pas la présence de Leandro comme étant la plus désagréable du nid ... Non il y avait pire, bien pire. Du coup il ne savait pas trop pourquoi, au lieu de tenter de paraitre civilisé, critiquer son ancienne partenaire avait été la première chose qui lui était passée par la tête ... Mais Sayid ne l'avait pas caché dans son casting, il n'aimait pas les plantes vertes. « Faut croire qu’elle a surestimé ses capacités à supporter la vie en communauté, enfermée, et sous l’œil des caméras. Mais oui elle dormait avec moi. » C'était donc clairement l'un des rares à avoir pu approcher Kiri, Sayid lui de son côté n'était même pas certain d'avoir entendu le son de sa voix ... Et la seule raison pour laquelle il trouvait son quasi-abandon dommageable, c'était qu'elle était tout sauf désagréable à regarder. « Désolé, je ne voulais pas avoir l'air irrespectueux. » En réalité il ne l'était pas vraiment, désolé, mais en revanche il avait très bien compris au fil du temps que c'était toujours mieux perçu de faire croire que c'était le cas. C'était le genre de petits mensonges nécessaires à la vie en communauté. Lui en tout cas adhérait beaucoup plus à la nouvelle partenaire de Leandro, Mackenzi, avec qui il avait déjà eu plusieurs fois l'occasion de discuter « Elle est gentille Mackenzi, oui. J'espère qu'on ira plus loin ensemble. » Et il irait sans aucun doute plus loin avec elle que s'il était resté accroché à Kiri, même s'il ne l'admettrait sans doute jamais à voix haute ... Il avait l'air d'être un gentil, Leandro, le genre qui ne voulait froisser personne. A défaut d'être aussi doué que lui dans ce domaine Sayid allait donc se contenter d'essayer de ne pas le froisser lui. « Et toi, ça se passe bien avec Claudia ? » Il avait dodeliné un instant de la tête, se décidant finalement à se redresser sur son transat tout en remontant ses lunettes de soleil sur le sommet de son front pour regarder Leandro directement. « Je sais pas, je crois ... Jusqu'à ma prochaine bourde à la roulette, je suppose. » Parce que Sayid ne resterait pas loin de la roulette pour autant, il avait déjà mis les choses au clair avec Claudia à ce sujet. Il avait trop besoin d'argent, et c'était pratiquement le seul moyen de remplumer un peu sa cagnotte lorsque l'on n'avait pas le charisme suffisant pour squatter les premières places de la popularité. « Je pensais pas que ça la secouerait autant. » Pas au point de la trouver en train de pleurer tout en faisant sa lessive en tout cas. Peut-être parce que lui ne prenait pas tout cela à coeur ... Il avait envie de gagner du blé, bien sûr, mais la victoire et le fait de se faire une place dans le coeur des téléspectateurs en revanche cela lui apportait assez peu. Presque pas, en vérité. « J’ai cru entendre dire que t’étais primatologue, c’est vrai ? » Y'en avait beaucoup dans cet hôtel qui croyaient entendre des choses, parfois c'était carrément n'importe quoi, mais pour une fois les bruits de couloirs semblaient un minimum fondés puisque le garçon avait visé juste. « Hmhm. » avait-il donc acquiescé en pinçant légèrement ses lèvres « Et c'est un vrai métier. » Il précisait, parce qu'il s'était déjà entendu dire que ce n'était pas le cas, et que cela avait le don de l'agacer. A la fois parce qu'il ne prenait pas son métier à la légère et en avait pratiquement fait un sacerdoce, mais aussi parce que bon dieu il ne s'était pas farci toutes ces années d'études pour s'entendre dire que son métier n'en était pas un. « Et toi, qu'est-ce que tu fais, des études ? Ou bien déjà un métier, je ne sais pas. » Il parvenait déjà difficilement à évaluer l'âge du candidat à vrai dire, il prenait Sailor comme point de repère pour tenter de s'y retrouver et Leandro lui semblait tout de même un poil plus vieux qu'elle ... Mais bon, à peine assez vieux pour avoir du poil au menton, quoi.