@ADELIE - LE 10/04 À 14H40

Aujourd’hui est un grand jour. J’ai enfin décidé d’affronter la forêt et la vue des abysses par le belvédère. Après un mois à m’être contentée du toit et du jardin, c’est un grand pas. Il faut dire que j’ai vraiment été traumatisée par la forêt des abysses et les multiples piqûres de moustiques dont j’ai été victime. Du coup, me voilà avec un legging noir, un haut blanc et une bouteille d’eau en train de courir. Si ce n’est pas mon premier jogging de l’aventure, c’est le premier que je fais dans les bois. Et finalement, je ne suis pas effrayée ou perdue. Je reconnais assez bien mon chemin. Peut-être que la forêt est plus petite que celle des abysses aussi. Je ne sais pas. La route est bien tracée disons et je ne m’aventure pas en dehors en coupant par les arbres. Non loin du terrain de sport, je décide de m’arrêter et de me poser sur un tronc d’arbre qui fait un peu office de banc. De là, une jeune fille passe pas très loin. Je n’ai jamais vraiment adressé la parole à cette candidate. Il y a une première fois pour tout j’imagine. « Adèle c’est bien ça ? » De mémoire. Peut-être que je me trompe. « Tu sais où est la cabane en bois ? » Il me semblait qu’elle était dans le coin mais visiblement non ou alors j’ai pas bien ouvert les yeux. En attendant, j’ai toujours un souffle saccadé. C’est ça de courir. J’ouvre le bouchon de ma bouteille et j’en bois une bonne gorgée tout en resserrant l’élastique dans mes cheveux.

 Aujourd'hui, elle se sent l'âme d'une aventurière, elle en a assez de traîner dans le nid et dans le jardin exotique. Elle a besoin d'un endroit un peu plus sauvage où la nature a le dessus sur l’œuvre de l'Homme, ce qui se révèle compliqué quand on voit tous les aménagements entrepris pour faire de cet hôtel un paradis du luxe et du bon goût. Il n'y avait qu'un endroit dans le nid capable où la nature a été un minimum préservé et où elle aura tout le loisir de se sentir un peu comme chez elle. Finie la salle zen, elle a besoin d'authenticité, même si la forêt du nid ne ressemble en rien aux grandes étendues de conifères dans ses montagnes, elle se sentira quand même en communion avec la nature. Ni une ni deux, elle prend la direction du dressing pour enfiler un short jean, un tee-shirt noir et une paire de Converse, une tenue qui devrait suffire pour une petite balade en forêt. La jeune femme traverse le jardin exotique non sans s'attarder un peu sur les jolies plantes qui fleurissent en même temps que le printemps avance, un spectacle des plus ravissants. Elle dépasse le terrain de sport de quelques mètres quand une voix féminine l'interpelle, enfin plutôt sa grand-mère puisqu'elle l'appelle Adèle et non Adélie. Elle comprend tout de même que la blonde assise sur un tronc d'arbre s'adresse bien à elle, il ne semble pas que sa grand-mère soit dans le nid aux dernières nouvelles. « Presque, c'est Adélie pas Adèle, c'est pourtant bien tenté. ». Elle rectifie d'un ton neutre avec un petit sourire aux lèvres. Oui parce que son prénom avait beau être proche de celui de sa grand-mère du côté maternel, ses parents avaient eu la bonne idée de le croiser avec celui de son autre grand-mère, Amélie. Splendide. Elle se garderait bien de l'expliquer à Shay qui devait probablement s'en foutre royalement. D'ailleurs la blonde lui demande la direction de la cabane en bois ce qui surprend la française. « Pourquoi tu comptes buzzer ? Tu es une serial buzzeuse ma parole. ». Elle s'étonne, Shay avait déjà buzzé en début de semaine, elle se demandait bien qui serait sa prochaine victime, si toutefois elle comptait appuyer sur le gros bouton rouge à nouveau. « Dis, tu reviens de la forêt hein ? Il y a des bêtes sauvages là bas ? Du genre des loups, des lapins mutants, des pumas ou même le Big Foot, non parce que je comptais y aller mais si ça fait trop peur je vais m'abstenir ». Oui, bon elle était pas sûre pour les lapins mutants mais on était aux États-Unis, tout était possible, et puis dans cette émission rien ne la surprenait plus. Elle est déjà passé dans la forêt pour se rendre au belvédère mais jamais elle ne s'était aventurée hors des sentiers battus, qui sait ce que cette forêt pouvait lui réserve.    
     

Assise sur un banc et reprenant peu à peu mon souffle après avoir couru dans les bois, j’en profite pour demander mon chemin à une passante. Une candidate que je ne connais pas vraiment. Preuve en est, je déforme son prénom même si j’étais pas bien loin du compte. « J’y étais presque ! » Je ne peux m’empêcher de repenser à une blague que je pourrai aisément lui faire du genre : « toc toc toc » « c’est qui ? » « Adélie » « Adélie qui ? » « A-délieve I can fly, A-délieve  I can touch the sky ». Ouais, non, je crois qu’il faut que je m’abstienne. Ça vaut mieux pour toutes les deux. Du coup, est-ce qu’elle pourrait m’aider en m’indiquant où est la cabane en bois à partir d’ici ? Apparemment non. Elle me traite même de serial buzzeuse. Pas tout à fait. Je n’ai pressé la gâchette qu’une fois seulement. « Noooon, pas encore. Mais je vais bientôt avoir ma confrontation je crois. » Enfin j’espère car à ce rythme-là, y’a moyen qu’Agata ou moi soyons éliminées. Mais je garde espoir et je patiente presque sagement. Au pire, j’irai relancer la production prochainement. J’imagine qu’elle est débordée donc y’a pas de mal. « Je crois qu’il y a.. des écureuils. » Ça fait peur, hein, comparé à toutes les créatures horribles et inimaginables qu’elle a citées auparavant. Non, sérieusement, elle n’a rien à craindre des bois. Surtout de jour, on voit bien ce qu’il y a et pas de bêtes sauvages à l’horizon. « Après, je ne te garantis rien. Il y a des chances que tu rencontres des spécimens qui appartiennent à la famille des FLiens de cette saison 14. » Autrement dit, elle pourrait rencontrer quelques candidats un peu spéciaux du genre l’asiatique qui a un balais coincé dans le cul, un mec qui porte des slips éléphants ou encore une cougar, il paraît qu’il y en a pleins cette saison. « Mais je crois que les abysses, c’était plus dangereux. » Déjà, il y avait plus de monde et puis on devait vivre dehors et y camper comme des clochards. J’ai des frissons rien que de repenser à cette semaine horrible.

Adélie est d'abord surprise d'entendre raisonner le prénom de sa grand-mère dans le nid, elle met même un peu de temps à comprendre que la blonde assise sur un banc s'adresse bien à elle. Elle ne lui a jamais parlé depuis le début de l'aventure, peut être une banalité par-ci par-là histoire de rester polie mais rien de plus. Même au bout d'un mois d'aventure elle n'avait pas discuté avec tout le monde, une situation regrettable qu'elle allait s'empresser de réparer dans les jours qui suivent. La française décline sa véritable identité auprès de la candidate qui, si elle s'en souvient bien, s’appelle Shay. Elle y était presque c'est vrai, une petite lettre en plus et elle aurait pu trouver son vrai prénom. Finalement sa camarade lui demande la direction de la cabane en bois et elle croit pouvoir lire dans les intentions de la blonde. Cette cabane en bois n'a qu'une seule utilité, elle n'est utile que lorsqu'on décide de buzzer, Shay est sûrement piste d'un autre secret. Quelle serial buzzeuse celle-là. Apparemment ce n'est pas son objectif du moment, voilà qui laisse Adélie perplexe. Qu'est-ce qu'elle peut bien avoir à faire dans cette cabane ? C'est tellement bizarre, la réponse lui apparaît soudainement comme une évidence. « Oh je sais, tu vas y rejoindre ton amoureux secret du nid. ». Elle lance avec un petit regard complice à sa camarade, elle sait pertinemment que c'est faux mais si elle peut récolter quelques infos sur sa camarade elle ne se fait pas prier. « Alors c'est qui ? Promis personne ne nous entend, j'irai pas le répéter, promis juré ». Elle ajoute levant sa main droite, preuve de sa bonne foi. Peut être qu'avec un peu de chance son hypothèse était la bonne et qu'elle allait tout lui raconter de sa supposée liaison secrète avec un candidat ou une candidate du nid. « C'est par là. » dit-elle en indiquant la direction de la cabane à sa camarade. C'est pour cette raison qu'elle l'avait interpellé en premier lieu, autant répondre à sa question une bonne fois pour toute. La française demande à Shay si elle n'a pas croisé d'animaux trop féroces pendant son jogging en forêt, sa réponse la rassure il n'y a rien à signaler. Si, peut être des écureuils à la limite. « Je pense que je pourrai survivre à une attaque d'écureuil alors ». Elle annonce en esquissant un bref sourire. La française aurait le force de résister à une attaque de ce genre mais elle ne faisait clairement pas le poids contre le Big Foot. Shay la met tout de même en garde, il se peut que sur cette route elle croise de drôles de spécimens de l'espèce des candidats de cette saison. « Oh, ceux là, c'est vraiment les pires. On dit même que certains se transforment en horribles ogres verts les soirs de pleine lune ». Elle ne vise personne bien entendu, libre à sa camarade de se faire sa propre opinion sur la question. Les abysses étaient plus dangereuses que le nid, ça elle ne pouvait que l'approuver. « M'en parle pas, un candidat à faillit me jeter au fond du puit pour m'éliminer. Au final la production ne l'a pas pris, ils ont dû sentir que ce garçon était un dangereux psychopathe. Heureusement que Ranja était là pour me sauver. » Elle ne prend pas le temps de finir son récit, elle avait presque oublié que sa camarade avait décidé d'abandonner l'aventure, c'était tellement dommage, elle la voyait déjà aller loin dans l'aventure. Tant pis.