Celse & Danaé
#8

Le prime vient tout juste de se terminer et chacun retourne vaquer à ses occupations. Il est bien trop tôt pour aller se coucher. De toute façon, je n’en ai pas envie. Je n’ai pas sommeil. Aliénor est encore là et n’a pas eu à quitter l’aventure ce soir. Tant mieux. J’ai au moins ma super copine encore à mes côtés. Je ne suis pas certaine de supporter son départ après celui de Zoran. Zoran. J’ai dû quitter le prime en plein milieu de la soirée pour venir me réfugier dans ma chambre et verser quelques larmes en toute tranquillité. Il me manque, un petit peu. Peut-être même beaucoup. Disons que je n’ai jamais pensé être autant attaché à lui. Certainement car il m’avait fait comprendre qu’il n’avait pas envie de plus que d’une relation basé uniquement sur le sexe. Je crois que je me suis emporté un petit peu trop vite avec lui. N’empêche que je trouve le château bien vide sans lui. J’ai bien envie d’aller en discuter avec Aliénor, mais j’crois qu’elle est en train de fêter son retour au sein du jeu en compagnie de son partenaire, Lewis. Je n’ai pas vraiment envie d’aller en parler à ma partenaire. On est censé être proche, mais ce n’est pas vraiment le cas. On échange seulement quelques banalités et un baiser parce que madame a besoin de tendresse. D’ailleurs je peux officiellement dire que je suis certaine de ne pas aimer les nanas. Ce n’était pas un baiser désagréable, mais ce n’était pas non plus un baiser super excitant. Je marche dans les couloirs du château sans aucun but précis. J’irais bien dans la salle de bain pour me démaquiller et me changer, mais il y a trop de monde à cette heure-ci. J’ai envie de calme. Je fais un détour par la cuisine pour grignoter un petit quelque chose avant de passer par le grand salon pour me rendre dans les jardins. Un visage familier attire mon attention. Celse. Assit dans l’un des divans, le jeune homme semble bien pensif. Peut-être que je devrais ne pas le déranger, mais c’est plus fort que moi, il faut que je m’approche. Je ne fais pas de bruit, je n’ai pas envie de lui faire peur. Il ne tarde pas à lever la tête vers moi. Je lui adresse un petit sourire avant de prendre place à ses côtés, en tailleur, et de, machinalement, laisser ma tête se poser contre son épaule. « Prime éprouvant pour le candidat le plus charismatique du nid ? » que je demande d’une toute petite voix douce en levant brièvement les yeux pour observer sa réaction. Après tout sa partenaire était sur le banc des nominés alors je suis parfaitement en état de comprendre qu’il soit sur les nerfs durant toute la durée du prime de ce soir. Surtout que j’ai l’impression qu’ils s’entendent plutôt bien tous les deux.

Je n’aurais pas osé venir poser ma tête contre l’épaule d’un candidat que je connais à peine et que je n’apprécie que moyennement. Je le fais parce que c’est Celse. J’ai ben vu qu’il n’était pas dans son assiette toute la soirée alors je viens prendre de ses nouvelles. C’est normal entre amis. Enfin si je peux le qualifier comme un ami bien évidemment. « Un peu stressant » J’imagine bien. Une petite moue désolée se dessine sur mon visage, mais je ne suis pas certaine qu’il puisse le voir. Je peux comprendre ce qu’il a pu ressentir vu que ma super copine Aliénor était sur le banc des nominés elle aussi. Par chance, elle fut sauvée. Heureusement. Je n’aurais pas supporté de perdre une seconde personne importante en l’espace d’une toute petite semaine. Ma main glisse jusqu’à la sienne pour la serrer brièvement dans la mienne. Une façon comme une autre de lui montrer que je suis en mesure de comprendre et que je suis là s’il a besoin de parler ou d’un truc dans le genre. Je ne suis pas très forte avec les mots alors peut-être bien les gestes seront mieux. Celse vient à évoquer ma présence partielle, ou mon absence partielle suivant comment on le voit, lors du prime. « Ne me dis pas que tu as pleuré Zoran, et que c’est pour ça qu’on ne t’a vue qu’à moitié prime ?... » Je me demande bien comment il a pu s’apercevoir que j’ai pleuré. L’une de mes mains vient essayer mes joues comme si j’avais envie de cacher les larmes que j’ai pu verser lors de mon isolement durant le prime. Je n’ai pas envie que quelqu’un se mette à me plaindre. Ce n’est pas mon genre. Je reste muette un instant. Comment a-t-il pu mettre le doigt sur la raison de mes yeux tout rouge ? Mes dents viennent mordre ma lèvre inférieure. Je crois bien que je suis en train de me chercher une excuse. Seulement je n’en trouve pas. Je soupire et lâche d’une toute petite voix : « Beh, je l’aime bien donc … » Sous-entendu « oui je n’étais presque pas là au prime parce j’ai voulu rester toute seule pour pouvoir pleurer le départ de Zoran en paix ». Je sais je suis stupide. « Je suis stupide, non ? » que je demande machinalement en venant me blottir un petit peu plus contre lui comme si j’avais envie de me cacher. Je suis certaine que je suis stupide. Même moi je ne comprends pas pourquoi je me suis attaché à lui alors je n’ose pas imaginer ce que peuvent bien penser mes petits camarades et les téléspectateurs. J’ai presque honte en fait.

Les mots ne sont pas mon point fort lorsqu’il s’agit de réconforter quelqu’un. Je suis plus à l’aise avec les gestes. C’est bien plus simple de prendre quelqu’un dans ses bras, de serrer sa main ou encore de lui faire une petite tape sur l’épaule que de prendre la parole. J’ai toujours peur de faire une bourde quand je prends la parole. J’ai peur de ne pas trouver les mots et de passer complètement à côté de ce que je veux réellement dire à la personne. C’est pour ça que je trouve les gestes plus adaptés que les mots. En plus les gestes ils ne mentent pas. Sauf si on est un super bon comédien. C’est simple de mentir, mais c’est tout de suite plus difficile avec un sourire ou encore un regard. C’est beaucoup plus parlant les gestes. C’est mieux un baiser qu’un « je t’aime » marmonné juste avant d’aller se coucher. Bref. Ma main glisse jusqu’à la sienne pour la serrer brièvement histoire de lui faire comprendre que je suis tout à fait capable de ressentir ce stress qui a pu l’envahir durant le prime vu que ma super copine Aliénor était, tout comme sa partenaire, sur le banc des nominés. Je vois bien qu’il a l’air un petit peu surpris de mon geste, mais il ne dit rien et ne fait rien. Tant mieux. Je n’ai pas envie qu’on me hurle dessus pour si peu parce que je crois bien que je suis capable de me mettre à nouveau à chialer comme une madeleine. Celse me demande alors pourquoi j’étais si peu présente lors du prime. Il insinue que je suis allée pleurer le départ de Zoran. Il n’a pas tort et je le lui fais bien vite comprendre. Oui, je l’aime bien à Zoran. Peut-être même plus que ce que les gens peuvent pensé. Je suis sûre que j’ai l’air idiote à le dire comme ça alors que lui doit être en train de s’amuser avec la dernière nana qui a croisé sa route. « Certainement pas » Je relève légèrement la tête et fronce les sourcils. Tout le monde me trouve stupide à apprécier Zoran de la sorte alors pourquoi Celse trouve que non ? Mon regard est tellement insistant qu’il ne tarde pas à reprendre ses explications. « Je me suis sûrement laissé abuser par les apparences » Possible. « Je suis sûr que tu le connais mieux que moi. » Peut-être bien. Ma tête retrouve sa place sur l’épaule du jeune homme alors que je pousse un soupir. Je ne sais pas vraiment où j’en suis et encore moins ce que je dois faire. « Tu le vois comment toi à Zoran ? » que je demande en murmurant. Je crois bien que j'ai besoin de savoir comment une personne que j’apprécie énormément voit un garçon qui me plait. J’ai confiance en Celse. Je ne le pense pas capable de me donner de mauvais conseils. Il tourne sa tête vers moi. « La vie continue une fois dehors, qu’est-ce qui t’empêchera de le contacter à ce moment-là ? Quitter le nid ne veut pas dire quitter ce monde » Ce qui m’empêche de le contacter une fois ma sortie du nid ? « Il ne veut rien de plus que du sexe. » Je ne parle pas fort. Je n’ai pas envie que tout le monde puisse entendre ce que je suis en train de confier à mon camarade. « C’est lui qui me l’a dit. » que je rajoute comme pour lui faire comprendre que je sais d’avance qu’il n’y aura jamais rien de sérieux entre Zoran et moi. « J’ai l’impression d’être une gamine de douze ans qui s’attache trop vite à une histoire qui, au final, ne va mener nulle part. » que je dis en fermant les yeux comme pour retenir une larme qui aurait envie de s’échapper.