Les yeux perdus dans le vie, Adélie se laisse bercer doucement pour la mélodie  répétitive des machines à laver qui offrent un concert des plus monotones à la jeune femme qui n'est pas loin de s'endormir. La corvée du linge est d'autant plus pénible depuis qu'elle est seule dans la pièce, elle a pu croiser un de ces camarades se débrouiller tant bien que mal avec sa lessive ce qui n'avait pas manqué de la faire sourire. Lancer une machine était sûrement une des choses les plus simples dans ce monde et pourtant la moitié des candidats restait plantée comme de parfaits piquets devant la grosse boîte blanche qui fait du bruit. Cette fois-ci pas question d'aider son petit camarade puisqu'elle prenait un malin plaisir à la regarder se débattre avec son linge, elle n'allait pas risquer d'écourter sa seule distraction de la journée. Toutes les bonnes choses ont finalement une fin et le garçon finit par se dépatouiller avec son linge  pour lancer une machine, ne souhaitant sûrement pas poireauter comme la rouquine il préfère vaquer à ses occupations, Adélie espère au moins qu'il ne compte pas sur elle pour surveiller sa lessive car il peut se gratter ça c'est sûr et certain. Ne sachant trop que faire, elle décide de s'asseoir sur une machine à laver balançant ses jambes d'avant en arrière comme pour mieux passer le temps avant qu'un grondement familier ne la rappelle à l'ordre.  Une fois de plus, la française a oublié de manger ne laissant à son organisme pas d'autres choix que celui de se manifester pour exprimer son mécontentement. La rouquine prend la direction de la cuisine pour s'y préparer un sandwich qui devrait faire l'affaire jusqu'à ce soir au moins, elle décide d'embarquer une pomme avec elle au cas où. La jeune femme ne s'est pas absenté très longtemps et pourtant à son retour la laverie est méconnaissable. Les machines ont été stoppé, ses vêtements ainsi que celui de son camarades jonchent le sol pendant qu'un candidat qu'elle reconnaît comme Lamine grâce à ses cheveux semble fouiller dans les vêtements d'un autre sans éprouver la moindre sensation de gêne. La jeune femme est surprise et un peu décontenancée il faut l'avouer, à l'idée de retrouver ses vêtements par terre sans que le garçon n'éprouve aucun remord. « Oui ce sont mes vêtements que tu as violemment agressé ». Elle confirme encore un peu surprise par la dimension surréaliste de la situation. La prochaine fois qu'elle décide de faire une machine elle ne bougera pas d'un iota et ne quittera pas des yeux son linge. Il ne faudrait pas que ce genre de situation devienne récurrente. « Tu sais ça me gêne pas que tu décides de tripoter mon linge mais je suis pas sûre qu'Hugo apprécierait que tu mettes ton nez dans ses sous-vêtements ». Elle ajoute sur le ton de la plaisanterie parce qu'elle est incapable de se mettre en colère dans cette situation. Pauvre Hugo qui venait de passer un temps fou à démarrer sa machine, le sort s'acharne sur lui on dirait. « Est-ce que tu es un genre de fétichiste ? » Elle se hasarde reprenant peu à peu son sérieux, peut être que le garçon souffrait d'une sorte d'addiction qui le poussait à s'emparer des sous-vêtements des autres, après trois semaines d'aventures plus rien ne l'étonnait ici.  

S'absenter pendant une petite quinzaine de minute avait sûrement été la pire erreur de sa vie, lorsqu'elle retourne à la laverie, la pièce est dans un état pitoyable. Les machines ont été déplacées, arrêtées et vidées alors qu'elles étaient en route. Pour clôturer le tout, elle remarque que son linge est éparpillé un peu partout dans la pièce alors que la machine n'avait pas fini son travail. Cette vision d'horreur la surprend, elle croit même avoir laissé tomber sa pomme par terre misérablement, elle ne pensait pas qu'une telle chose pouvait se produire dans le nid. Elle se demande bien quelle genre de tornade était passée par là avant d’apercevoir Lamine occupé à fouiller dans le linge de son petit camarade dans le plus grand des calmes. D'ailleurs lorsqu'il remarque la présence de la jeune femme, il ne semble pas éprouver la moindre gêne à l'idée d'avoir été pris sur le fait. Non, il est plutôt du genre effronté et préfère lui faire remarquer que ses vêtements auraient bien besoin d'une nouvelle lessive après ça. Adélie n'est pas du genre à piquer une crise d'hystérie pour si peu, elle s'énerve très rarement et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle a prévu de crier sur son camarade. Elle reste calme même si elle a dû mal à comprendre les motivations de son camarade. « Tu as de la chance que ce ne soit que moi, les deux costauds du nid n'auraient sûrement fait qu'une bouchée de toi ». Elle lui répond en toute honnêteté. Le garçon devrait s'estimer heureux qu'elle ne soit pas la plus susceptible des candidates, peut être que Ronan ou Cecil n'auraient pas réagis de la même manière. La jeune femme les imaginait secouer le pauvre Lamine comme un prunier, ce qui avait le don de lui arracher un maigre sourire. Peut être qu'Hugo dont le linge était éparpillé aux quatre coins de la laverie aurait été moins clément avec le jeune homme que la rouquine. La simple évocation du prénom de son camarade arrache un rictus de satisfaction à Lamine qui devait sûrement avoir quelque chose à reprocher à Hugo. « Tu ne l'aimes pas ? ». Elle se hasarde à lui demander même si la réponse lui semble tellement évidente puisque le jeune homme semble attendre le retour de son camarade avec impatience pour que celui-ci vienne lui faire des reproches. « Je crois que je vais rester ici histoire de vous séparez si vous décidez d'en venir aux mains ». Nul doute que le tempérament belliqueux de ses deux camarades devaient faire des étincelles. Elle allait attendre de voir la réaction de son camarade face à ce désastre pour éviter tout débordement, ça serait vraiment bête de se faire expulser pour une histoire de machine à laver. Elle espérait que les deux garçons sauraient se tenir. Adélie trouve cette histoire beaucoup trop surréaliste pour être vraie, elle en vient même à se demander si Lamine n'est pas le genre de fétichiste à renifler les culottes d'illustres inconnus. Il lui assure, il n'a rien d'un fétichiste même s'il se pourrait qu'un individu de ce genre se ballade dans le nid. Elle arque un sourcil incrédule en attendant plus d'explication de la part de son camarade. C'est une histoire de vêtements volés et une enquête rocambolesque digne des plus grandes séries policières qui l'ont mené à venir fouiller la laverie. Il a l'air tellement passionné par son récit que la rouquine finit par se prendre au jeu et essaye de visualiser la visage de tous ces camarades pour essayer de trouver lequel d'entre eux a une tête de fétichiste, sans succès. « Tu t'es fait des ennemis ici dernièrement ? ». Elle l'interroge, s'il voulait commencer par quelque chose autant fouiller dans les affaires de quelqu'un qui lui en veut, le coupable devait sûrement être quelqu'un qui voulait nuire au style de son camarade. « Du coup mes fringues ont permis à ton enquête d'avancer ? Je n'aimerais pas avoir d'ennuis avec la justice alors que je suis totalement innocente ». Elle était même pas au courant qu'on pouvait voler des fringues dans le nid mais il fait bien de lui dire, elle allait faire plus attention à l'avenir. Lamine en profite pour la persuader de balancer le nom d'un de ces camarades si jamais elle est courant de quoi que ce soit en rapport avec cette affaire. « Je ne sais absolument rien sur cette affaire, promis juré. ». Elle lui promet tout en  levant sa main droite comme au tribunal en gage de bonne foi. Elle espérait ne plus être sur la liste des suspects potentiels au moins pour éviter de retrouver ses fringues en vrac une seconde fois.              

Ce qu'elle retrouve en retournant dans la laverie après une petite pause déjeune bien méritée la laisse sans voix, elle est vraiment brusquée de retrouver la pièce dans un tel état. Elle a l'impression qu'une tornade s'est abattu sur le nid au moment même où elle se sentait motivée pour faire son linge. La française ne met pourtant pas longtemps à comprendre que cette tornade a un prénom et des traits très humains, c'est donc bien un candidat qui est responsable de toute cette pagaille. Elle pense d'abord à une mauvais blague, une sorte de bizutage que chaque candidat doit subir à chaque début de saison mais l'auteur du crime étant présent dans la pièce elle se dit que les raisons doivent être tout autre. Elle ne s'énerve pas, à vrai dire elle ne perd jamais son sang-froid, elle pardonne tout même l'impardonnable alors ce n'est pas une petite lessive foutue en l'air qui allait la faire sortir de ses gonds. Lamine devrait se montrer beaucoup plus odieux avec elle pour arriver à la mettre vraiment en colère, si toutefois c'était le but recherché. Tout dans l'attitude du jeune homme traduit un véritable désir de provocation mais pas la moindre trace de regret, à sa place elle se saurait confondue en excuse pour cette mauvaise blague mais il fallait croire qu'ils avaient deux façons très différentes de réagir à ce genre de situation. D'ailleurs il est plutôt chanceux d'être tombé sur Adélie, peu de gens seraient capables de rester stoïque face aux agissement du garçon. Il est peut être prêt à se défendre et à jouer les sourdes oreilles mais les deux costauds du nid n'auraient fait qu'une bouchée de lui. « Ronan et Cecil tu sais.  Ils sont tous les deux plus ou moins dans le sport. Même si je crois beaucoup en tes capacités physiques, je suis pas sûre que tu fasses le poids. Mais c'est pas grave tu as sûrement beaucoup d'autres qualités. ». Comme le fait de saccager une pièce en un rien de temps, il devrait songer à la rajouter sur son CV, ça pourrait faire bonne impression. Ses soi-disants muscles ne pourraient rien contre les deux armoires à glace du nid, au moins avec Adélie il ne risquait rien, elle  ne risquait pas de l'intimider avec son visage de poupon et son corps frêle. Peut être qu'il avait plus à craindre d'Hugo qui avait lancé sa machine en même temps que la rouquine, même si une nouvelle fois Lamine semblait impatient d'entendre ce qu'il avait à dire sur la situation. Il semble d'ailleurs satisfait de savoir que ce sont les fringues d'Hugo qu'il a sorti de la machine. Elle préfère demander si les deux candidats s'apprécient. Lamine lui confesse qu'il ne déteste pas son camarade mais qu'il ne lui trouve aucune utilité dans le jeu ce qu'elle réplique par un haussement d'épaules. « Je peux pas te dire, je ne le connais pas ». Elle est loin de pouvoir emmètre un jugement sur son camarade, elle ne lui a pas parlé, tout ce qu'elle sait de lui c'est que ses fringues traînent comme des chiffons sur le sol. Même si une haine viscérale ne s'est pas installée entre les deux candidats, Adélie préfère rester pour les séparer au cas où ils en viendraient aux mains. Un affrontement à mains nues ne semble pas être dans les plans de Lamine, c'est plutôt rassurant de toute façon elle n'aurait jamais pu les séparer, elle aurait plutôt eu la trouille de les voir se battre pour une histoire de lessive. « Je suis pas contre une joute verbale non plus ». Elle ajoute un sourire mutin aux lèvre. Les imaginer s'engueuler comme deux mégères était une idée beaucoup plus plaisante qu'une bagarre sur fond de machine à laver et de caleçons sales. Lamine finit par lui conter sa drôle d'histoire, ce vol de vêtement et cette inspection surprise dans la laverie qui n'a conduit à rien. Le voleur court toujours dans la nature, la rouquine va sûrement devoir faire plus attention à ses affaires à l'avenir. Son camarade déclare ne pas avoir d'ennemis à sa connaissance même si le coupable ne sera sûrement pas son meilleur ami une fois son identité révélée. « Alors on a sûrement affaire à un kleptomane, trouve le coupable et tu auras son secret en prime ». Il était gagnant en plus dans cette histoire, il retrouverait ses vêtements et empocherait la cagnotte du candidat. « Tu les as perdu quand tes fringues ? ». Malgré elle, la rouquine se retrouve un peu prise dans le feu de l'action et en vient même à être intéressée par l'histoire et l'enquête du garçon. Elle est rassurée lorsqu'il lui apprend que ses fringues n'ont rien apporté à l'enquête, elle n'aurait pas aimé qu'il retrouve quelque chose de compromettant dans son linge. Elle était innocente elle pouvait l'attester. « Est-ce que je suis rayée de la liste des suspects potentiels du coup ? Non parce que, pour ma défense, le détecteur de mensonge a prouvé que j'étais honnête à 100% alors quand je te dis que j'ai rien fait ni rien vu c'est vrai. Les machines ne mentent pas. ». Son bon score au détecteur allait sûrement la sauver et elle allait être innocenté. De toute façon, elle n'avait aucun intérêt à voler les fringues d'un mec qu'elle connaît à peine. Elle lui jure qu'elle n'a rien vu de suspect enfin pas dans les environs du dressing, non parce que des agissements suspects au sein du nid elle en voit des dizaines par semaine dans le nid. Un mec qui décide de retourner la laverie en fait parti. « Le coupable finira par craquer un jour ou l'autre maintenant qu'il sait que tu le traques ». Lamine poursuit son interrogatoire en demandant à la rousse si elle connaît un candidat très observateur capable de le renseigner sur la situation. « Tu devrais aller voir Addil, c'est le psychologue du nid, si un candidat avait un profil très suspect il devrait l'avoir remarqué. ». Peut être même qu'il avait commencé une thérapie avec le coupable du vol, mais secret professionnel oblige il ne pouvait rien révéler à Lamine. Un bon coup de pression devrait suffire à le faire parler surtout s'il savait se montrer persuasif.