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Les présentations à peine terminées, je posai ma coupe de champagne et débarrassai la petite rousse de la sienne avant de lui tendre le bras et de me diriger à l'intérieur de notre nouvel habitacle, le tout évidemment en prenant soin de garder mes distances avec Abygaëlle. Je savais de toute évidence que l'asperge blonde me collerait aux basques comme une abeille collait à son miel et qu'elle n'aurait aucun mal à me retrouver dans les couloirs sinueux de cet « hôtel ». Une première porte nous donna vue sur une piscine intérieure et je tournai aussitôt la tête derrière moi, y ayant deviné la présence d'Abygaëlle à qui je jetai un regard vicieux.

T'en penses quoi Ismaëlle, on se débarrasse d'elle tout de suite ou je referme sagement cette porte et on continue à chercher le jacuzzi ? Oh je t'ai pas dis, mademoiselle a peur de l'eau. Ça passera facilement pour un accident.

Sans m'attendre à une quelconque réponse de l'une ou de l'autre, j'attrapai de nouveau la main de ma nouvelle connaissance et gravis d'interminables escaliers avant de finalement arriver à notre lieu de prédilection. Un bref coup d'œil aux alentours et je constatai avec une pointe d'amertume que l'odeur du pot de miel attirait Winnie l'Ourson avec toujours autant d'efficacité, en somme, je n'étais pas parvenu à semer cette balourde d'Abygaëlle. Un long soupir s'extirpa de mes lèvres tandis que j'ôtai déjà mon polo sans gêne, préférant tout de même anticiper la réaction de l'une des deux femelles frissonnantes.

Bah quoi... « ce sont les chemises qui doivent valser les premières », non ? En tout cas jeune fille, belle interprétation du rôle de la fausse sainte, fais donc tomber la robe maintenant qu'on est à l'abri des regards trop curieux.

Un bref clin d'œil à la principale intéressée et je me rappelai aussitôt de la présence de la bien gênante blonde qui nous avait suivis, m'approchant d'elle un air espiègle collé au visage. Enfin je me plaçai derrière elle et lui enlaçai la taille pour finalement la pousser en direction du bac bouillonnant avec une facilité infantile.

Prête à affronter les terreurs du monde marin Aby ? Viens avec nous, je suis persuadé que tu vas faire jalouser toutes les limandes.

J'étais enchantée que les deux énergumènes soient restés avec moi. Scrutant les lieux que nous traversions d'un regard avisé, toujours accrochée au bras du jeune homme, je constatais avec un certain malaise le luxe de l'hôtel dans lequel j'allais être logée pendant quelques jours. Ce n'était clairement pas dans mes habitudes de fréquenter ce genre d'endroit. Nathan ouvrit ainsi une première porte. La piscine intérieure. Je m'imaginais déjà m'y écraser dans un plat dont moi seule avait la maitrise parfaite. Le candidat me fit alors part de la phobie de la chère blondinette qui nous accompagnait, et je le fusillai aussitôt du regard avant de sourire malicieusement, mes yeux naviguant entre la française et la piscine.

T'es teeeellement cruel! C'est tentant je nie pas, mais je ne voudrais pas me retrouver seule avec toi après ca.

Le jeune homme ne nous laissa pas le temps de s'attarder étant donné qu'il vint naturellement saisir ma main pour nous amener aux étages supérieurs. Je pris celle d'Abygaëlle au passage afin qu'elle n'hésite pas à nous suivre malgré les menaces de l'autre bougre. Ce dernier était d'ailleurs un peu trop rapide pour moi qui peinait a le suivre sans trébucher sur mes talons. Nous arrivâmes finalement à bon port, il faisait étrangement chaud d'ailleurs et le jacuzzi était déjà mis en route. La production avait décidément tout prévu. Me rappelant que j'avais oublié mon maillot de bain, je poussai un long soupire de dépit. Mes sous-vêtements n'étaient pas des plus décents, disons-le franchement et je me demandais même pourquoi je les avais mis sachant que je n'avais personne à séduire. Je ne pouvais me permettre d'ôter ma robe devant les caméras, je risquais d'en affoler plus d'un sur leur canapé. Nathan lui ne semblait pas s'offusquer des caméras. Mes iris se posèrent ainsi sur son torse, éberluée, avant de se détourner sur les bulles du bassin lorsqu'il m'apostropha.

Sainte? Je pourrais en dire autant de ton interprétation de branleur, tu excelles en la matière! Je ne vais pas me risquer à tes moqueries si je refuse, mais t'es prié de fermer les yeux un instant.

Rougissante, je fis glisser le zip de ma robe, la retenant néanmoins contre ma poitrine en constatant que le brun venait déjà chercher des mouises à la pauvre Aby. Ni une ni deux, je fis valser contre son dos mon escarpin d'un mouvement du pied contrôle. Désormais pieds nus, je fonçai ainsi vers la grand gaillard avant toute la bonne volonté du monde, agrippant à ses épaules afin de le séparer de l'aquaphobe, en oubliant mon vêtement qui ne cachait plus grand chose de ma poitrine à peine couverte par le tissu de mon soutien-gorge.

Mais t'es un sale gosse putain, laisse-la tranquille ou c'est moi qui vais te les faire bouffer tes limandes.

Solidarité féminine oblige.

« T'es teeeellement cruel! C'est tentant je nie pas, mais je ne voudrais pas me retrouver seule avec toi après ça. » J’entrouvris à peine la bouche pour renchérir suite à la réplique de la petite rousse que déjà Abygaëlle-la-bougre s’empressa de rajouter son grain de sel. Je tournai mon visage vers cette dernière, la gratifiant généreusement d’un sourire on ne pouvait plus mesquin. Le message était passé, si j’avais pu enterrer cette idiote je l’aurais fait bien volontairement, de plus les motivations qui m’y poussaient étaient tout à fait à la hauteur de justifier un tel acte. Nous trouvâmes finalement le jacuzzi en question où bien vite je me déshabillai, ne m'attendant cependant pas à susciter autant de commentaires d'un coup. Décidément rien qu'avec deux jeunes filles à mes côtés je ne savais plus où donner de la tête. Je choisis d'ignorer l'allumette blonde, considérant qu'il était préférable d'afficher mon plus beau sourire au futur membre de mon harem que je venais de trouver en la personne d'Ismaëlle.

Tu comprendras bien vite que la glande c'est inné chez moi.

Elle m'ordonna ensuite de fermer les yeux le temps qu'elle retire sa robe, me laissant quelque peu perplexe face à son manque de crédibilité renforcé par sa silhouette menue et sa taille de gnome. Je m'exécutai néanmoins dévoilant alors ma facette respectueuse envers les filles qui m'étonnait moi-même. Ce fut sans compter sur mon subconscient qui s'empressa bien vite d'ajouter une remarque provocatrice à l'encontre d'Abygaëlle... Déférent, certes, mais il ne fallait pas abuser des bonnes choses. Visiblement la solidarité féminine était de mise ce soir puisqu'en quelques secondes à peine j'essuyai un violent choc dans le dos suivi d'un assaut soudain à ce même dit-endroit et enfin de deux remarques totalement désobligeantes de la part de ces ridicules femelles. Je les laissai se défouler comme bon leur semblait puis posai mes mains sur l'épaule de chacune d'entre elles, faisant vaciller mon regard tour à tour dans les leurs.

Avant toute chose Ismaëlle, je tiens à te dire que si tu as honte de ton corps dis toi que j'ai déjà vu la blondasse sans vêtements je crois qu'on peut difficilement faire pire. N'est-ce pas Aby ? Et toi en ce qui te concerne... tu sais ce que j'en pense, garde ton air angélique pour toi. (...) Sale gosse et tu n'as encore rien vu ma chère. Un problème avec les limandes ? Crois-moi l'analogie avec le thon m'a traversée l'esprit mais j'ai trouvé ça beaucoup trop simplet et facile. En attendant j'ai lâché prise à cause de toi et elle ne t'a même pas remerciée, j'espère que cette attitude ingrate va te suffire pour rallier mon camp.

Sans attendre je poursuivis mon ascension en me débarrassant de mon pantalon puis tirai sur l'élastique de mon caleçon en fixant les iris bleus d'Abygaëlle, un air suggestif pendu aux lèvres.

T'y auras droit ce soir si t'es sage chérie, en attendant je ne souhaite pas heurter la sensibilité de notre hôte. Dieu je jubile, j'aimerais pouvoir vivre ici en permanence, on s'est compris.

Je ponctuai ma phrase d'un clin d'œil amusé puis entamai mon périple vers le jacuzzi dans lequel je finis par enfin me plonger.

La remarque de Nathan n’eut pas pour mérite de me rassurer, le corps de la jeune Abygaëlle m’apparaissait comme parfait et du haut de mon mètre soixante cinq je ne parvenais que difficilement à croire que l’on pouvait faire mieux en la matière. Je passais aisément pour une obèse à ses côtés, une obèse rousse, un comble. Enfin, sans vouloir exagérer. Au fond, le jeune homme ne cherchait qu’à provoquer son ami ça crevait les yeux, et l’évocation de leur passé commun qui m’échappait ne fit que m’enfoncer dans mon mutisme soudain. Je détournai finalement les yeux avant de piquer une crise de complexe déprimante, hochant simplement la tête. Pfff.

Hum, quel amour de garçon n’est-ce pas.

Je remis en place quelques mèches de ma chevelure tout en me raclant la gorge. Plus le temps passait, plus montait en moi un certain malaise au fur et à mesure que je constatais à quel point Abygaëlle et Nathan semblaient se connaitre. Je me demandais ce qui m’avait pris de les accompagner, il était clair que je devais passer pour une véritable sotte en tentant d’ainsi m’intégrer au sein d’un duo plus lié que je ne l’avais supposé. Et la subjectivité des paroles du français ne faisait que me conforter dans cette idée. J’en étais au point de presque les intimer de ne plus se soucier de ma présence. Ennemis, partenaires sexuels ? Quoi qu’il en soit, je me sentais de trop avec eux. La dernière action de l’homme de la soirée ne manqua pas de creuser mon embarras. Dans un autre contexte je me serais d’ailleurs déjà éclipsée mais, avec le peu de motivation qu’il me restait et séduite par la température qu’affichait le thermomètre plongé dans l’eau, je fis finalement tomber la robe à mes pieds. J’étais fagotée comme une nana des couvertures de charmes que l’on pouvait trouver en kiosque, bien loin du coton que j’avais l’habitude de porter. Écarlate, je ne perdis pas mon temps avant de grimper les marches menant au bassin, m’immergeant dans celui-ci avant que quelqu’un n’ait eut le temps de détailler quoi que ce soit de trop intime à mes yeux. Mon regard se perdit dans la contemplation de l’eau avant de se poser sur le jeune homme à quelques centimètres de moi, le plus naturellement possible.

Aby ne sait pas ce qu’elle manque, c’est juste royal…