Immobile devant une rangée de cannes de conserve, je tentais tant bien que mal de me décider sur ce que j'allais bien pouvoir manger ce midi-là. Rien ne m'inspirait, pas même les fruits ou les pâtes diverses. Puis, soupirant de découragement, j'ai tenté d'attraper une canne de soupe aux tomates. Mon geste dut être quelque peu malhabile, car la boîte de conserve glissa d'entre mes doigts, entraînant dans sa chute quelques autres cannages.
«Génial, quoi. », murmurai-je à moi-même. Je me suis penchée, un peu découragée, tentant de ramasser les boîtes qui semblaient bien s'amuser à rouler dans tous les sens. Je relevai la tête vers le plafond, posant une canne sur une tablette. Il y avait des caméras partout, dans cet hôtel - normal, direz-vous, c'est carrément le but du jeu - et j'espérais franchement que cette gaffe ne soit pas présentée au pays en entier. Je me suis remise à quatre pattes, attrapant les boîtes rebelles, quand je tombai face à face avec une jolie paire de chaussures féminines. Je me suis relevée, gênée, et je reconnus une grande blonde dont le nom m'échappait. Sur le sol, quelques boîtes de conserve roulaient encore, un peu éparpillées. J'ai souri à la jeune femme, décidant d'user d'humour pour ne pas être totalement découragée de moi-même.
«J'essaie de détruire l'hôtel. Tu veux m'aider? »
Je lui ai souri, puis je suis retournée à mon agréable ramassage. Me redressant, une boîte dans chaque main, j'ai ajouté:
«Je suis Tara. »

J’étais à la cuisine, en train de me préparer quelque chose qui ressemblait à un repas, quand j’entendis une espèce de fiasco sonore en provenance du cellier. Qui pouvait bien avoir fait un tel raffut? Ce n’était certes pas en me questionnant que j’allais trouver la réponse… une seule solution : aller investiguer les lieux. Le spectacle sur lequel je tombai fit apparaître une onze de sourire sur mes lèvres, il n’y avait pas à dire, voir quiconque courir après des cannes de conserves s’avérait être d’un comique… Le plus amusant étant que la coupable ne semblait même pas s’être rendu compte de ma présence, jusqu’à ce que son nez se retrouver face à mes pieds. Relevant la tête, elle me souri, semblant s’excuser de ce bordel qu'elle avait mit dans la place. « J’essais de détruire l’hôtel. Tu veux m’aider? » En tout cas, si c’était véritablement son plan, elle n’avait pas la bonne méthode. De toute façon, nul n’était mon intention de la laisse faire. « Et être obliger de retourner vivre dans la maison hanté des saisons précédentes… jamais ! » Car il fallait l’avouer : nous avions de la chance. Troquer le luxe de cet hôtel pour un vieux manoir, je ne l’envisageais même pas. « Je suis Tara » me mentionna-t-elle finalement en se relevant, visiblement chargé. Dieu merci, car j'avais complètement oublié son nom. « Et moi, Neve. » fut ma simple réponse, en guise de rappel. « Tu vas t’en sortir ou… besoin d’un coup de main? Tu as fichu une sacré pagaille ici. » ajoutais-je finalement. Je n'étais en rien responsable de tout ce qui s'était déroulé ici, mais rester là, à ne rien faire, me donnait l'impression d'être franchement hautaine. Ça aurait tout aussi bien pu être moi, à sa place. Les chances étaient minces, mais comme je croyais au karma, mieux ne valait pas prendre de chance. Je me penchais, sans attendre sa réponse, pour attraper le contenant le plus proche de moi, que je lui tendis pour lui démontrer ma bonne volonté. Fallait savoir être bon joueur, la cohabitation, ce n'était pas facile tous les jours.

La grande blonde répliqua quelque chose à propos de la maison hanté des années précédentes, ce qui me fit rire. Je ne savais pas si elle avait saisi la blague, mais je l'espérais bien. De plus, il aurait été étonnant que j'aie réellement tenté de détruire l'hôtel simplement en faisant tomber quelques fournitures sur le sol... Je chassai ces réflexions peu pertinentes de mon esprit, puis je souris à l'autre candidate, qui se présenta à son tour. Elle me proposa son aide alors que je me retrouvais à nouveau penchée par terre, ce que j'acceptai avec joie, même si elle n'avait pas attendu ma réponse pour attraper quelques conserves.
« Ça serait super de ta part. Je ne sais pas ce que j'ai fait à ces boîtes de malheur, mais elles me fuient... »
Comme pour appuyer mes propos, la canne que je m'apprêtais à saisir roula un peu plus loin, m'arrachant un soupir de découragement. Je n'étais habituellement pas la maladresse même, et c'était tant mieux, car ma patience n'était pas illimitée. Je me suis alors décidée à rationaliser la situation. Ouais, il était carrément stupide de ma part d'être aussi fâchée pour un évènement dont la gravité n'était pas si importante que cela, au final. J'ai relevé la tête vers Neve, lui offrant un sourire en guise de préambule à mes paroles.
« Merci, en passant. Au moins, mon manque d'habileté nous aura permis de... nous rencontrer, non? »