Un verre d'eau dans une main, un tube de crème solaire dans l'autre, j'emprunte l'ascenseur afin de me rendre à l'endroit le plus élevé du nid; le toit. Je compte bien profiter du soleil et de sa chaleur aujourd'hui et j'espère même prendre un peu de couleurs. C'est pour cela que j'ai opté pour une tenue qui ne dévoile pas trop de parties de mon corps mais qui n'en couvre pas trop non plus, un short en jeans et un débardeur blanc. Je m'installe confortablement sur l'un des fauteuils, j'étends mes jambes et veille à ne pas être dans l'ombre. Bien installée, je dépose mon verre à côté de moi et commence à étaler ma crème grâce à des mouvements circulaires sur mes bras. Je veille toujours à me protéger lorsque je me rends au soleil. Je m'applique, veillant à bien masser chaque parcelle de peau parce que dans ma tête, cela va l'empêcher de vieillir et de pendre façon gueule de bouledogue. Cette application m'occupe toujours lorsque je vois Sailor débarquer à son tour. « Salut Sailor» J’accueille la candidate de cette façon pour lui montrer qu'elle est la bienvenue.  « Toi aussi tu viens profiter un peu de ce temps magnifique avant le prime ?» La réponse me parait évidente mais bon, on sait jamais. Elle pourrait très bien n'être que de passage.

Elle avait promis à Janette en partant, qu'elle lui montrerait à quoi ça ressemble, Fake Lover, les environs, les candidats. Et en fait, ça va faire un mois et demi, et elle n'a toujours rien tweeté d'intéressant. Disons que ses selfies, c'est pas du plus grand intérêt non plus. Alors avant le prime, elle prend l'ascenseur jusqu'à la terrasse, iPad à la main, pour finalement tomber sur Mackenzi qui s'étale de la crème solaire. Visiblement pour profiter du soleil et bronzer, elle n'est pas bien foncée, en même temps, mais ca a pas l'air d'être le genre. « Oh, bonjour ! » répond Sailor avec un large sourire. Elle plisse les yeux un peu, la lumière virulente, pour s'approcher de la rambarde. Le soleil, pourquoi pas, elle en a déjà pas mal chez elle, et elle a pas besoin de crème solaire, elle bronze facilement naturellement. Merci Papa et ses gènes philippins, surtout. Sailor brandit l'iPad avec un sourire. « Je voulais prendre une photo pour la mettre sur Twitter, je me suis rendue compte que j'ai jamais trop fait ça et ma soeur voulait que je prenne plein de photos pour voir comment c'est ici, Los Angeles, la maison, et en fait, bah j'en ai même pas pris une seule ! » fait-elle avec un petit rire. Et puis elle tourne le dos pendant quelques secondes à Mackenzi pour prendre le panorama en photo, plusieurs fois, dans plusieurs angles, puis se retourne vers sa camarade. « Tu étais déjà venue à Los Angeles ? Je sais même pas d'où tu viens en fait, on s'est pas beaucoup parlé ! Américaine non ? J'entends pas trop trop d'accent bizarre alors... j'ai essayé de deviner pour les autres mais en fait je suis nulle en accents, » fait-elle, toujours souriante, avec un petit rire gêné pour ponctuer sa phrase. Elle avait réussi à identifier Adélie et son accent français, mais y'avait des candidats qui restaient un mystère, alors elle avait dû leur demander directement, histoire de pas tourner autour du pot.

Je n'ai pas vraiment beaucoup de choses à faire aujourd'hui et je peux bien me permettre d'aller prendre un bain de soleil. Oh, j'ai bien conscience  de ne pas avoir réellement le teint fait pour bronzer mais cela fait du bien à tout le monde le soleil. Il parait que ça met de bonne humeur et puis évidemment, ça apporte des vitamines. Et je suis tranquillement installée lorsque j'aperçois Sailor qui fait son apparition sur la terrasse. Elle m'explique rapidement que si elle est venue, c'est parce qu'elle a promit de faire des photos de l’hôtel pour les ramener en souvenir à sa petite soeur. C'est mignon. Personne ne m'a demandé de ramener des photos, Jack n'a fait que brièvement déposer un baiser sur ma joue en me souhaitant une bonne aventure lorsque je l'ai quitté. Rien de très glorieux. «Vous avez l'air proches ta soeur et toi» Je constate oralement tandis que je me redresse un peu du fauteuil. J'attrape le verre d'eau que j'avais emmené avec moi pour en boire une gorgée tandis qu'elle fait le même constat que moi, il est vrai que nous ne nous connaissons que très peu. «Je suis américaine en effet, j'y suis née et j'y ai passé une grande partie de ma vie. C'est à Miami que j'ai décidé de revenir il y a un peu moins d'un an.» Miami, c'était une ville qui m'avait toujours fait rêver et comme j'avais le budget pour m'installer où je voulais dans le monde, je n'avais pas hésité une seule seconde. Puis c'était également un choix que j'avais fais avec Jack. «Et toi, quelles sont tes origines exactement ?» Lui demandais-je très curieuse d'en apprendre plus sur la jeune femme.

Ah ça, la relation entre Sailor et Janette, c'est toute une histoire, mais au final, c'est surtout beaucoup d'affection. Si Sailor était fille unique, elle s'ennuierait drôlement, aussi, et puis mine de rien, Janette a beaucoup fait quand Sailor a fait sa rechute, même si elle râle beaucoup. « Oh je l'agace beaucoup, mais je l'aime bien quand même, j'ai le rôle de la grande soeur énervante qui embête sa petite soeur, c'est assez drôle ! » fait-elle avec un large sourire. C'est ça d'avoir une petite soeur de quatorze ans, l'âge où nos parents et nos grands frères et soeurs nous énervent. C'est encore plus drôle, du coup, Sailor s'en donne à coeur joie, pour rattraper aussi les années pendant lesquelles elle n'a pas pu jouer avec sa petite soeur. Mackenzi est bien américaine, donc, mais elle sous-entend avoir vécu ailleurs, et ça pique la curiosité de Sailor qui acquiesce en posant une nouvelle question. « Je vois ! Et tu as vécu où à part Miami ? Désolée, c'est beaucoup de questions, mais comme je connais pas trop d'autres endroits que chez moi alors... » fait-elle avec une grimace. Elle aime bien savoir d'où les autres viennent, comme ça, elle peut avoir des informations et se faire sa propre idée de l'endroit en question. Quant à elle, c'est toute une histoire. « Je suis née et j'ai grandi à Guam, c'est une île américaine dans le Pacifique, entre le Japon et la Nouvelle-Guinée ! Mais mon père est chamorro, c'est la population locale là-bas, enfin, techniquement américains, mais un peu mélangé à des gens des philippines avec la colonisation... et ma mère est à moitié taïwanaise, à moitié sud-coréenne ! Ca fait pas mal de choses à retenir, » fait-elle avec un large sourire. En gros, américaine avec des racines asiatiques, pour faire court. Mais bon, à part l'anglais, elle parle pas grand chose, peut-être juste le strict minimum de chinois pour comprendre sa grand-mère, et un peu de chamorro et de japonais, langues quasi-nationales, sous un certain angle. Mais elle ne connaît pas grand chose sur Mackenzi alors elle est curieuse, et pose une nouvelle question. « Tu fais quoi dans la vie ? C'est vraiment les questions qu'on pose dans les premières semaines, désolée, tu dois déjà y avoir répondu mille fois... ! » demande-t-elle en s'excusant à nouveau. Demander ça maintenant, c'est un peu tard, mais mieux vaut tard que jamais, après tout.