Je tente de dominer un instant mon estomac mais la nature est bien trop forte pour moi, je crois. Je vais donc tenter de me faire à manger sans blesser personne si possible, ça va être difficile. Je débarque dans la cuisine, sifflotement distraitement lorsque je tombe sur ma seconde âme sœur après Lamine : mon partenaire. Je balaie la cuisine et je me rends rapidement compte que nous sommes seuls, on va enfin pouvoir se faire un petit déjeuner en tête à tête, avec les chandelles et j'en passe. Plus sérieusement, j’ai l’impression que cela fait des siècles que l’on ne s’est pas parlé en plus. Je me dois bien évidemment de réparer cette grossière erreur. « Je te manque ? » je lui demande parce qu’il remarquera que j’ai fait des efforts depuis deux semaines, je m’efforce d’aller dormir ailleurs juste pour lui, je mérite un peu de reconnaissance quand même. D’ailleurs, depuis la cohabitation va quand même mieux, évidemment, on ne se voit quasiment plus et je crois que c’est mieux pour notre santé mentale respective. Il ne pourra pas dire le contraire. Je laisse mes opales parcourir un moment son visage, à la recherche des premiers signes d’agacement visibles qui ne vont pas tarder à venir. « Je sais que tu vas nier mais la réponse est oui » je claironne alors en me versant un bon verre d’eau frais. « Sérieusement, tu aurais voulu une partenaire comment ? » je l’interroge alors en arquant un sourcil parce que je pense que tout le monde a compris que je n’étais pas sa partenaire idéale.

Il est seul face aux fourneaux, c'est l'idéal. Ce cuistot en herbe aime s'atteler à la préparation de son plat en silence. Etonnant pour ce grand bavard n'est-ce pas ? Mais pour le coup la cuisine demande un minimum d'attention, beaucoup de précision et pour ça, c'est essentiel de ne pas être perturbé par des nuisances extérieures. En parlant de nuisance, alors qu'il se réjouissait d'être seul, voilà sa partenaire qui débarque. Si elle lui manque ? Il n'avait même pas remarqué qu'elle avait quitté le lit qu'il partageait avec cette dernière. Pour dire qu'il s'en fout royalement. « Et moi, je te manque ? » Comme ça elle aura sa réponse. La tête dans le frigo, notre homme ne va pas s'arrêter dans sa préparation parce que Mademoiselle lui parle. Bien au contraire. Il sort plusieurs ingrédients, du poisson, quelques légumes et les dépose sur le plan de travail. Puis elle lui demande soudain quel type de partenaire il aurait aimé avoir. « Une qui ne parle pas » Autant dire une muette. Pour exemple on peut prendre Imma avec qui il s'entend plutôt bien alors que c'est la candidate la plus discrète et la moins bavarde du nid. Avoir pour partenaire quelqu'un avec la personnalité d'Imma aurait été plus accommodant pour notre homme. Elle ne lui rentre pas dans le lard, ne l'emmerde pas et en plus c'est en sa compagnie qu'on constate le plus d'amélioration et de changement dans son attitude. Preuve qu'avec une personne plus calme et moins agaçante, notre Gekko aurait été plus à son aise. Bien sûr si la production a décidé de le mettre avec Maha, c'est qu'il doit bien y avoir une raison. Donc il ne regrette pas totalement. A sa manière elle le pousse dans ses retranchements, bien que ça ne soit pas visible au premier coup d'oeil. « Toi par contre je pense que tu aurais préféré tomber sur quelqu'un qui soit à l'opposer de ma personne » C'est évident.

Depuis le temps qu'il est dans ce nid à côtoyer ces individus, il a appris à discerner lorsqu'ils faisaient dans l'ironie. Il en déduit donc que la réponse de la demoiselle est accompagnée d'une part d'ironie. Sinon il n'y aurait aucune logique. Il serait même inquiet si elle venait à être sincère en lui disant qu'il lui manque. Même si les échanges n'ont jamais été simples avec la candidate, il commence à la connaître un peu. Bien sûr avec sa personnalité changeante, parfois explosive et agaçante, une grande part de mystère subsiste autour de ce personnage. Une demoiselle difficile à cerner. « Un truc d'insociable. » Dit-il lorsqu'elle énonce ne pas comprendre son attitude avec les autres et sa difficulté à communiquer. C'est bien plus qu'un truc d'insociable, mais c'est l'explication la plus courte et la plus simple à apporter pour se justifier. Puis il la laisse parler. Elle semble en avoir envie, donc pourquoi l'interrompre. Et bizarrement il est attentif face aux paroles de la candidate. Oui ça l'intéresse. Ils n'ont pas l'habitude de simplement discuter calmement l'un avec l'autre, alors que je suis sûr qu'ils peuvent avoir des échanges intéressants et constructifs. « Ce qui pourrait, heureusement que ce n'est pas le cas. Tu n'es pas névrosée, je le suis ... » Dit-il afin de rectifier les propos de la jeune femme. C'est peut-être l'image qu'elle a d'elle, mais Gekko pense différemment. Devant le plan de travail, il reprend la préparation de son plat. Couteau bien aiguisé et volumineux dans sa main, il coupe via un coup brutal et sec la tête de son poisson qu'il a sorti entier du frigo. Dans la peau d'un véritable poissonnier, il enlève les écailles, vide entièrement le poisson, enlève les arrêtes, un véritable travail d'orfèvre. Une à deux minutes se sont écoulées depuis sa dernière prise de parole, mais notre homme décide de reprendre la conversation en interpellant la demoiselle. « La névrosée aime le poisson ? »