@sayid

Hm, je ne sais pas ce que j’ai, mais j’ai un coup de moins bien aujourd’hui. Ça m’arrive de temps en temps, sans qu’il y ait de réelles explications. Pas d’éléments spécialement déclencheurs. C’est juste que je me suis mis à penser à ma famille. A mes parents. A mon frère et ma sœur. A ma situation en générale. A mes raisons de ma venue dans ce jeu…Le fait est qu’on doit être plus près de la fin que du début de l’aventure. Le moment où je devrais tout révéler se rapproche de plus en plus. Et ça m’angoisse je dois l’avouer. Je me demande si j’ai bien fais… Si tout ceci n’est pas une erreur au final…A quoi bon ? A part raviver des souvenirs douloureux. Et puis je me rappelle les vraies raisons, et je ne peux pas lâcher non. Il le faut. Et peut être que ça m’aidera à tourner la page, je ne sais pas… De toute façon maintenant, c’est un peu tard pour reculer. Quoi qu’il arrive, je suis dedans jusqu’au cou. Bref, je me rends au bar lounge. Je ne recherche pas la compagnie. Je ne serais pas forcément de bonne compagnie de toute façon. Je me sers un verre. Un whiskey. J’erre, je tapote en même temps sur quelques touches du piano. Un peu de batterie. Je me ressers un nouveau verre, puis finalement m’installe dans un des fauteuils. Je pose le verre sur la petite table à côté, et attrape la guitare. Le seul instrument que je maîtrise. Je l’accorde, avant de commencer à jouer quelques notes, et pousser la chansonnette. Il n’y a qu’Agata qui est courant de ma passion secrète : la musique. J’ai écris et composé quelques morceaux. Et je chante. Mais bien évidemment tout ça reste de l’ordre du privé. Jamais personne n’a lu  mes mots, ni même entendu chanter. Mais ce soir, ce n’est pas de moi, mais un morceau de Luther Vandross que je chante.

« Back when I was a child, before life removed all the innocence
My father would lift me high and dance with my mother and me and then
Spin me around ‘til I fell asleep
Then up the stairs he would carry me
And I knew for sure I was loved
If I could get another chance, another walk, another dance with him
I’d play a song that would never, ever end
How I’d love, love, love
To dance with my father again.
When I aaaaaaaaaaaaaand »

Je bug sur le dernier mot et me stoppe immédiatement. La raison ? Je viens d’apercevoir Sayid dans l’encadrement de la porte. « Qu’est ce que…hm… » Je suis gêné qu’il m’ait surpris ainsi. « Cela fait longtemps que tu es la ? » J’espère que non.

Sayid ne saurait pas trop dire quand, mais quelque part entre cette semaine et la semaine précédente il avait décidé d'arrêter de se poser des questions quant à son taux de fréquentation du bar de l'hôtel, parce qu'au fond à part lui-même cela ne regardait personne, et puis surtout il était fort probable que personne n'en ait rien à foutre. Et ils avaient tous bien raison. Sayid lui estimait s'ennuyer déjà assez ici sans en plus se rajouter des contraintes et des interdictions, et croyez-le ou non une bouteille de whisky était à ses yeux une compagnie bien meilleure que celle de bon nombre de candidats ... Mais ce n'était sans doute pas correct, d'avouer cela à voix haute, et heureusement pour lui Sayid avait jusqu'à présent réussi à garder cette pensée pour lui. Rien d'étonnant donc à ce que n'ayant pas sommeille il ait décidé ce soir-là d'aller boire un verre - ou deux - parce qu'assurément cela l'aiderait à dormir ... et puis c'est vrai, i avait un petit faible pour l'ambiance Shining-like du bar de l'hôtel. Il avait donc été déçu d'entendre une voix à l'intérieur de la pièce en s'en approchant, mais en même temps atteint d'une curiosité qui l'avait poussé à écouter tout en se rapprochant à pas lents, coupant involontairement Leandro dans son éan en apparaissant sur le seuil de la porte. « Qu’est ce que … hm … Cela fait longtemps que tu es là ? » Sayid avait d'abord secoué la tête, dans un sens qui ne voulait dire ni vraiment oui, ni vraiment non. Il avait comme le sentiment que Leandro préfèrerait une réponse négative à cette question cependant, à en juger par la façon dont il le regardait, et après quelques instants le britannique avait donc consenti « Pas trop non. » Ce qui en réalité était totalement faux, mais ça Leandro n'avait pas besoin de se savoir, et après tout ce qu'on ne savait pas ne pouvait pas nous contrarier. Pas le moins du monde décidé à laisser Leandro à sa solitude pour l'instant Sayid s'était dirigé vers le comptoir du bar et s'était saisi de la bouteille de whisky déjà entamée par le jeune homme, s'en versant un verre en le remplissant au tiers, avant de reporter son attention sur le chanteur d'un soir. « Intéressant choix de boisson. » Quoi qu'aux yeux de Sayid Leandro avait toujours plutôt la tronche du gamin qui se contentait de sodas et jus de fruits, mais c'était probablement son côté vieux grincheux qui prenait le dessus. « Et intéressant choix de chanson. » Ou au moins très révélateur. Faisant machinalement tourner son verre entre ses doigts le britannique n'avait d'ailleurs pas tardé à ajouter « Vous êtes proches, ton père et toi ? » sans réaliser que peut-être suivant la situation cette question pouvait apparaitre comme une véritable bourde.

Spoiler:

Je suis complètement prit dans ma chanson, si bien que je ne me rends pas compte de la présence de Sayid. Pas tout de suite en tout cas. Il faut dire qu’il n’a rien fait pour se manifester. Enfin, peut être vient il juste d’arriver ? Je ne sais pas trop, j’espère. « Pas trop non. » Hm me dit il ça simplement pour me rassurer ? De toute façon dans le fond, qu’il m’ait entendu deux minutes ou dix secondes, c’est déjà trop. Je ne fais pas ce genre de choses en public. D’autant que là il m’a surpris dans un moment de vulnérabilité… où le choix de chanson est loin d’être prit au hasard. Ce n’est pas comme si je chantonnais le premier titre venu, juste comme ça. Je pose ma guitare par terre, puisqu’à l’évidence Sayid a l’intention de rester. Et en présence de témoins, je ne compte guère me remettre à chanter, non non. Il se sert un verre de whisky a son tour, déclarant que j’ai fais là un choix intéressant de boisson. « Que veux tu, il n’y avait plus de jus d’orange. » Que je réponds sur un ton froid. Beaucoup trop froid. Allez savoir pourquoi, je me sens agressé. Parce que je l’imagine bien se dire que je dois plus avoir la gueule du type qui boit des sodas. Comme on trouve surprenant que je fume. Comme si il y avait une tête particulière pour chaque truc. Mais là en vérité, c’est surtout le fait d’avoir été surpris durant ce moment intime qui fait que je réagis vivement… Parce que dans le fond sa phrase était innocente. « Désolé… » Que je reprends sur un ton plus doux. Mais le fait est qu’il n’aide pas avec sa question. « On l’était…Mais il est mort aujourd’hui. » Oui, j’étais proche de mon père dans le temps. Et même lorsqu’il s’est fait arrêté, et jeté en prison, j’ai continué à aller le voir. Le plus possible. Les gens n’ont pas compris, mais c’est ainsi. Sur ces paroles, je finis cul sec mon verre, avant de m'en resservir un. ça va, il ne restait pas grand chose dans mon verre de toute façon.