Depuis son départ, la jeune femme traîne sa misère dans le nid, elle a les yeux vides et des envies d'ailleurs. Elle ne supporte plus la vue de ce grand lit de la chambre Elvis désormais vide et froid totalement impersonnel. Elle avait dit à Leandro en début de semaine qu'elle n'était sûre de rien ici, qu'elle ne savait même pas si les liens qui l'unissaient aux autres candidats étaient réels et depuis le départ de Clarke il apparaît comme une évidence que les amitiés tissées au sein de son jeu ne sont pas le pur produit de son imagination. Tout est bien réel, il a fallut que son partenaire abandonne le jeu pour qu'elle en prenne conscience et c'est sûrement ce qui fait le plus mal. Ce soir, elle n'a pas sommeil comme chaque nuit depuis son départ, elle n'a pas le courage de se retrouver toute seule dans ce grand lit et dans cette chambre qu'elle ne partage plus qu'avec Sayid. La jeune femme se contente de traîner dans le nid avant que le sommeil ne la gagne ce qui l'oblige à s'endormir dans les lieux plus qu'improbables. Ce matin elle ouvre les yeux dans le bar lounge où elle s'est assoupie sur la scène où elle vient parfois jouer de la guitare quand l'ennui la gagne. Elle étire son corps encore tout courbaturé par sa pseudo nuit sur le sol d'une scène de spectacle. On a connu mieux en matière de confort. La jeune femme prend la direction de la salle de bain de sa démarche traînante, une moue boudeuse plaquée sur le visage de poupon de la rouquine. La française n'a pas la notion du temps, elle sait juste qu'il est encore un peu trop tôt pour croiser ses autres camarades. Elle entreprend de sa débarbouiller et en apercevant son reflet dans la glace elle prend conscience de l'urgence de la situation. La jeune femme applique donc soigneusement un gant d'eau fraîche sur son visage, le froid la saisit mais lui fait tout de même un bien fou, relevant doucement son visage elle aperçoit le reflet de Mylah dans la glace. Elle voit déjà la mine déconfite de sa camarade devant les cernes de quatre kilomètres de long qui ornent son visage, c'est terriblement laid associé à ses grands yeux bleus. « C'est stupide mais j'aurais vraiment préféré qu'on ne s'apprécie pas lui et moi. Comme pour toi et Léo. ». Elle annonce détournant son regard du miroir, de son reflet et de celui de sa camarade qui devait sûrement se demander de quoi elle voulait bien parler. « Au moins je n'aurai pas été ridicule en me rendant malade pour un simple départ et sans compter cette tête de mort vivant que je me trimballe depuis deux jours. ». Elle conclue sur une note un peu plus positive en essayant de plaisanter même si le cœur n'y était pas.

Comme à son habitude, Mylah s’éveille aux alentours des huit heures du matin. On ne change pas une équipe qui gagne. Globalement, son sommeil se maintient au rythme dont elle a l’habitude à l’extérieur, à quelques exceptions près. Il lui arrive de ne plus être fatiguée ou de ne pas parvenir à retrouver le sommeil, dans quel cas elle abdique, sa patience étant limitée. Or, aujourd’hui, comme la plupart du temps, elle est dans les temps. Elle a changé quelque peu ses habitudes depuis qu’elle est ici, mais il ne faudrait pas exagérer non plus, elle tient à ce que certaines choses restent en place, du moins pour l’instant. Ainsi, elle ne tarde pas à sortir de son lit pour prendre le chemin de la salle de bain afin de prendre sa première douche de la journée, mais surprise lorsqu’elle arrive, elle fait face à une candidate ayant visiblement passé une mauvaise nuit, à en croire le reflet qu’elle surprend dans le miroir. Vraiment, Adélie n’a pas bonne mine. C’est presque effrayant. « Qu’est-ce qui… » Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’Adélie prend les devants, évoquant sa relation avec son ancien partenaire et avouant qu’elle aurait préféré qu’ils ne s’apprécient pas, comme ce fut le cas pour elle avec Léo. Elle fronce légèrement les sourcils, si elle pense que c’était facile pour elle, ce n’est pas le cas. Même si Léo s’est amélioré les trois semaines précédant son départ, on ne peut pas dire qu’être en binôme avec lui fut de tout repos, c’était même l’inverse. Alors non, ce n’était pas plus facile, même s’il est vrai qu’elle s’abstient de pleurer son départ. En parlant de départ, d’ailleurs. « Il n’est pas mort, tu sais. » Elle glisse d’un ton neutre, en captant le regard de la rousse dans le miroir. Elle ne dit pas cela pour être méchante, mais elle ne peut pas non plus se mettre à la place d’Adélie, elle n’a vécu – pour le moment – aucun départ l’ayant peinée. En parlant de mort, voilà que la demoiselle se compare à un mort-vivant. « Tu vas le revoir. Et puis, le retour des éliminés, c’est pour bientôt, je crois. » Il faut donc qu’elle cesse d’afficher cette mine. Au plus vite. Parce que Mylah n’a pas pour vocation d’être psychologue, elle n’a pas particulièrement envie de se retrouver à prêter son épaule à Adélie pour que celle-ci laisse échapper les larmes qu’elle retient. C’est pour cette raison qu’elle tente tout de même de lui parler du retour des éliminés ou du fait qu’elle reverra Clarke, que ce soit ici ou dehors. Ils s’apprécient, ils vont garder contact, cela lui parait évident. En tout cas, ce n’est pas par bonté d’âme qu’elle tente de rassurer la rousse, mais pour des motifs purement égoïstes. « Mais il est vrai qu’il faudrait faire quelque chose pour ta tête. » Elle se mord la lèvre par la suite, a-t-elle encore été aussi indélicate qu’à son habitude ? Probablement. Adélie ne fait pas peur à hurler, mais on voit qu’elle a pris un coup. « Tu sais pourquoi il est parti ? » Elle demande, curieuse, parce qu’elle ignore la réponse et qu’elle n’aime pas ne pas savoir. Mais la raison du départ de Clarke n’a pas été expliquée, elle ne peut concevoir de s’en tenir à des hypothèses. En parlant d’hypothèse. « C’est donc Sayid, ton nouveau partenaire ? » Elle suppose. Il s’est retrouvé célibataire à l’issue du précédent prime, Adélie l’est désormais, en toute logique ils doivent être mis en binôme. Elle ne sait pas. Ce cas de figure lui échappe, elle n’aime pas cela, mais alors pas du tout.

 Cette histoire d'abandon a pris des proportions démesurées dans son esprit, elle le sait, si les autres candidats ne comprenaient pas bien pourquoi elle était aussi affectée par le départ de quelqu'un c'est qu'ils n'avaient pas toutes les pièces de l’échiquier en main. Il leur manquait les pièces du puzzle nécessaires pour comprendre à quel point Adélie avait une peur bleue de l'abandon. Ses proches depuis leur écran allaient comprendre même s'ils allaient déplorer de la voir aussi abattue, au moins ils comprendraient. Même si elle n'a vraiment pas la tête à se mêler à ses camarades, la française se force en faisant le strict minimum certes mais elle a au moins le mérite de faire des éfforts pour ne pas errer dans le nid comme un fantôme. Après un réveil brutal, elle décide donc d'aller constater l'étendu des dégâts sur son visage dans un miroir de la salle de bain. Sans surprise elle a une mine affreuse et elle serait presque tenter de s'excuser auprès de Mylah de lui imposer cela de bon matin. Au fond d'elle, la rouquine est sûre d'avoir effrayé sa camarade avec ce teint cadavérique et ces cernes cadavériques qui trônent fièrement sur le visage de la jeune femme. Elle lance l'air de rien qu'elle aurait préféré ne jamais avoir eu cette complicité avec son binôme pour être aussi détachée que Mylah après le départ de son partenaire. Parce qu'elle se trouve ridicule de réagir de la sorte surtout que sa camarade le dit très bien, il n'est pas mort. « Encore heureux ». Elle réplique en écarquillant les yeux, elle serait sûrement dans un état pire que celui-ci si ça avait été le cas. Mylah en serait sûrement tombée dans les pommes. De toute façon, elle va le revoir, il va revenir pour le retour des anciens, elle ne se faisait pas trop de soucis mais c'est maintenant qu'elle aurait préféré le voir et pas dans quelques semaines. « Je sais tout ça ». Tout le monde se tue à lui répéter mais la leçon ne semble pas vouloir rentrer dans sa tête, elle est bien trop bornée pour ça Adélie. Mylah ne manque pas de lui faire remarquer qu'il faut vraiment faire quelque chose pour sa tête, elle n'en attendait pas moins de sa part mais c'est loin de la vexer. Il n'y a qu'à regarder son reflet dans la miroir pour savoir que la blonde dit vrai. « M'assommer et venir me récupérer dans douze heures. Tu t'en sens capable ? ». Elle suggère à sa camarade, c'est la seule solution, l’assommer pour qu'elle puisse enfin s'assoupir quelques heures le temps de retrouver une mine présentable. « Mais si tu as d'autres suggestions, ne te prive surtout pas ». Elle est ouverte à toutes les propositions lui permettant de ressembler enfin à quelque chose ce qui est plutôt rare ces derniers jours. « Non, du tout ». Elle répond à sa camarade lorsque celle-ci lui demande si elle connaît les raisons du départ de Clarke. Personne n'est au courant, elle en premier et c'est peut être ce qui la frustre le plus, de ne pas avoir été mise au courant. Au final, elle s'imagine tout un tas de scénario dans sa tête au point même de s'imaginer qu'il est parti par sa faute. D'ailleurs la blonde enchaîne les questions, se demandant si Sayid est le nouveau partenaire de la française qui fronce un sourcil. « Tu crois ?  Personne n'a rien dit sur le sujet alors je suppose que je vais faire cavalier seul jusqu'au prochain prime. Enfin je n'en sais trop rien. ». A vrai dire, elle n'a jamais réfléchie à la question puisqu'elle ne se voyait pas continuer l'aventure sans Clarke mais maintenant qu'il était trop parti, Cupidon allait sûrement la recaser avec un autre candidat. Mylah avait laissé échapper le nom de Sayid légitimement puisqu'il était le seul autre célibataire du groupe et que la logique voudrait que les deux célibataires soient mis en binôme ensemble. « Il n'est pas un peu trop tard pour reformer des binômes ? ». Les demi-finales approchant à grand pas, reformer de nouveaux binômes ne servait à rien.