w/@lamine
Je vous cache pas que quand la production a décidé que ce serait l’idée du siècle de nous envoyer au milieu des candidats, j’ai quand même un peu flippé. Parce que bon, hein, on va pas se mentir, on peut pas dire que je suis hyper cool avec eux, j’en ai entendu des bonnes sur mon cas alors que je persiste, je fais le bien autour de moi en permettant aux téléspectateurs de se marrer grâce aux candidats. Et puis parfois je leur ouvre la voie avec mes questions, donc ils devraient plutôt me remercier cette bande d’ingrats. Enfin bon, j’ai hésité un peu, parce que j’ai pas trop envie qu’on m’attende avec des sacs de farine et des boites d’œufs, même si j’ai pas honte de ma rubrique, qu’on se le dise. Enfin pour le coup je me la suis jouée discrète à mon arrivée, certains sont quand même bien susceptibles. Au final, ça me fait quand même plaisir de revenir ici même si ça ressemble en rien à l’habitation qui était la mienne quand j’ai participé à Fake Lover en tant que candidate. Sans pour autant être totalement nostalgique – parce que je me suis bien remise de mon aventure même si j’ai pas gardé contact avec beaucoup de gens – c’est quand même cool de connaître à nouveau ces sensations. Et puis le luxe quoi, ils se sont donné, je connais pas ça en temps normal alors j’avoue que ça me branche bien. J’ai exploré l’hôtel, j’ai déjà testé quinze fois le spa, et là je m’apprête à tester le cinéma, parce que quand même, un cinéma privatif ça reste la grande classe. Je lance la machine à pop-corn et je tente de maitriser la console pour choisir un film, mais elle bug cette ingrate. Ah non, je crois que c’est bon, il me semble que le film va se lancer. J’ai pris un truc au hasard, si ça se trouve c’est une comédie romantique et je vais vite être  saoulée. Je m’installe sur un siège au centre, à moitié vautrée, les pieds sur le fauteuil de devant et j’entame mon saut de pop-corn. Il va plus en rester d’ici la moitié du film, c’est atroce ces trucs-là, quand tu commences tu t’arrêtes plus. Le film se lance pas, je râle, mais je suis bien installée, je crois qu’au final je vais juste prendre cinq kilos et ça ira aussi. Et puis j’entends la porte, je tourne la tête dans un effort surhumain et j’ai un gros sourire sur la face parce que celui qui vient d’entrer, c’est pas n’importe qui. « Mon plus grand faaaaaan ! » Je m’exclame en voyant la silhouette de Lamine. Si j’avais pas autant la flemme de bouger mes fesses j’irais lui en taper cinq. C’est mon pote, oui, tout à fait. On dirait pas comme ça parce qu’en fait on s’est jamais parlé, mais je le considère comme tel, j’ai pas besoin de beaucoup faut dire. Enfin bon, en fait c’est un peu comme si je le connaissais depuis perpet’ le type, parce que j’en bouffe des heures d’émission pour faire mon job d’animatrice, limite je pourrais dire sa couleur de caleçon préférée tellement on est des copains qui le sont pas vraiment encore. C’est compliqué, comme les statuts facebook, oui. « Oui, bon ok, t’es peut-être pas mon plus grand fan parce que je dois pas en avoir en fait, mais laisse-moi rêve un peu, sois gentil. » Ouais je suis comme ça moi, je suis réaliste, hein, déjà que je suis taxée de moche à droite et à gauche, je sais bien que c’est pas avec ma tronche et mes gages foireux qu’on me kiffe. Et puis à côté d’Alix renommé Ken par mes soins ou encore Zoey et Siomha les bombasses, je me ramasse les miettes, mais c’est ok pour moi. « Enfin bon on pourrait dire que moi je suis ta plus grande fan, parce que sérieux, j’ai adoré comme tu m’as défendue face à Shay, c’était cool, vraiment, je trouve ça un peu facile qu’elle s’en prenne aux handicapés. On est des gens comme les autres, quoi. » Tu la sens, la victime, là ? Voilà, Shay, si tu tombes sur ces images j’espère que t’auras mauvaise conscience, encore faudrait-il que t’aies une conscience, t’es blonde après tout. Moi je compte pas, j’en suis une fausse, c’est pratique même si ça m’a valu d’être exclue du club des blondes lors de la saison douze, quelle bande de racistes, sérieux. « Du coup puisque t’es là, tu nous choisis le film, moi j’ai déjà fait le pop-corn. » Je dis en tendant fièrement mon saut en l'air, en mettant quelques-uns à côté. Oui, bon, il y a une femme de ménage je crois, une blonde, c’est bon, elle s’en occupera. Et Lamine il est un peu geek sur les bords, il va trouver comment dompter la console, j’ai foi en lui.

Je pense que tout le monde a remarqué que je suis pas du genre à m’énerver pour un rien, alors je cherche pas à batailler longtemps avec cette foutue console. Ouais, c’est clair, ça m’énerve un peu de pas pouvoir me mater un film, je suis venue pour ça à la base, mais j’ai bien compris que c’est elle qui a gagné le combat. Et puis moi, si je cherche une solution, je risque plutôt de casser le truc que d’arranger les choses, alors on va s’arrêter là, hein. J’sais que je dois être dans les bonnes grâces de Cupidon vu mon job, mais je vais quand même éviter de me mettre le bonhomme à dos. De toute façon, j’ai du pop-corn à ne plus savoir qu’en faire, c’est bon, j’ai de quoi m’occuper, j’ai qu’à faire ma morfale, ça m’avait manqué. Enfin pas que je peux pas le faire chez moi, hein, mais là je suis payée à le faire, ça rend la chose d’autant plus cool. Ce qui est encore plus cool c’est que Lamine se ramène et je dois dire que ça me fait plaisir de le voir. De base, je l’aime bien ce type, il se prend pas la tête, il est marrant, c’est bon, il en faut pas plus pour que je l’aime bien. Je suis pas trop branchée dépressifs, heureusement que j’en ai pas vraiment croisé quand j’étais candidate et même là en tant qu’animatrice je tâche de me porter loin des Sayid et autres Imma, qui respirent pas vraiment la joie de vivre. Et Lamine c’est un peu mon chouchou depuis qu’il a pris ma défense face à Shay. Elle a un peu abusé la blonde, si mon gage l’emmerdait tant que ça elle avait qu’à pas le faire, point final, je lui ai jamais mis un couteau sous la gorge contrairement à ce qu’elle avait l’air de penser, donc faut qu’elle se calme un peu là. En plus son secret a été découvert donc ça lui aurait rien fait de perdre un peu d’argent parce qu’elle a pas voulu m’écouter. En plus c’est facile de s’attaquer à moi à travers un écran, hein. Enfin bon, je m’en fous, je la déteste pas pour autant. Par contre là, le Lamine il me déçoit un peu, si j’avais voulu voir la nuit des morts-vivants, j’aurai lancé le film, hein. Parce qu’un mort-vivant, c’est à quoi il ressemble là, on dirait qu’il va s’écrouler d’un moment à un autre. Fallait que ça tombe sur moi, le seul jour où il est complètement à l’ouest alors que je me faisais une joie de le rencontrer. « Ouais, ouais, tu dis si je te gêne, surtout. » Il a du bol que je sois du genre tolérante et que du coup ce soit pas méchant ce que je dis, parce que si j’étais du genre susceptible je penserais sérieusement qu’il a un problème avec moi, là. Je l’ai appelé mon plus grand fan mais je suis pas sûre qu’on puisse dire ça, parce que j’pense pas en avoir, tout simplement. Pas que ça me dérange, hein, je vis très bien sans. Lamine débute une phrase mais j’ai pas le droit à la fin, parce qu’il s’écrase dans un râle incompréhensible. La nuit des morts-vivants, je vous disais. « Ah ouais, ça me parait être une raison tout à fait valable. » Je dis, convaincue, hochant même de la tête en mode ouais tout à fait mon gars, j’ai tout compris. Il m’avoue qu’il est crevé. Nuit des morts-vivants, vraiment, ça se tient. « Ouais, t’inquiète pas, j’avais remarqué. » Je suis blonde mais pas totalement débile non plus. « Ça va comme tu veux ? Tu veux un oreiller, une couverture, une berceuse ? » Ouais, je me fous un peu de lui, mais ça reste gentil. Parce que franchement, il y a d’autres endroits où trainer s’il arrive plus à tenir debout. Un lit, à tout hasard. Comme je sais pas trop si je le recroiserais – vu que c’est évident que tout le monde veut se partager ma présence tellement désirée, j’en suis sûre – j’en profite pour lui dire que c’était cool, ce qu’il a répondu à Shay après sa petite description, totalement erronée hein on est d’accord, de ma personne. J’utilise même mon handicap en ma faveur, faut bien que ça me serve de temps à autre alors si Shay peut tomber sur ces images et avoir mauvaise conscience juste pour l’emmerder, moi j’dis pas non. « Je vais te le dire moi, pour certains, le physique c’est le seul truc qui peut les sauver. » Voilà pourquoi ils se focalisent sur l’apparence. Je déteste personne mais faut reconnaître que certains sont creux hein, donc ils se rattrapent comme ils peuvent, les pauvres. « Enfin t’inquiète pas, tu sais à l’extérieur il y a des dizaines de filles qui sont en adoration devant toi, t’auras l’embarras du choix. » Voilà, Tata Rowan réconforte son poulain. Non mais c’est vrai, il y a même des filles qui sont intéressées par Gekko, donc tout est possible, hein. Ici c’est hyper sélectif donc ça représente pas l’extérieur. « Ouais t’inquiète, j’ai fait ‘euh, enfin, voilà’ en première langue. » C’est bon, je suis une experte maintenant, tranquille. « Mais ça fait du bien au moral, c’est cool, merci. » Par contre moi je vais me passer de lui dire quoi que ce soit sur son physique, relation professionnelle oblige. Et puis j’aurai l’air de la draguer alors que non, c’est pas mon but. Toute façon je lui ai parlé de ce qui l’attend dehors, j’ai fait ma part du marché. Je lui demande ensuite de nous choisir le film, moi j’ai déjà donné, j’ai fait les pop-corn. Et là, c’était le truc à pas demander vu qu’il se met en mode bug. « Ouais, Nemo c’est une bonne idée, mais je l’ai déjà vu, alors c’est foutu. » Non parce que là il m’a fait une superbe imitation du poisson, yeux vides, bouche entrouverte, j’ai eu le film en direct. « J’en ai entendu parler, mais c’est pas le genre de truc où tu te tires une balle après ? Parce que je tiens quand même à ma bonne humeur. » Enfin je l’ai jamais vu, je sais pas ce qu’il vaut, mais on me l’a pas présenté comme un film qui te file la pêche. « Mais c’est bon, vendu, je suis bon public. » Et ça personne peut dire le contrairement, franchement je suis pas chiante. « Ouais non, c’est bon, tout fonctionne de ce côté-là. » Je dis en mode grande révélation. Et sinon on peut laisser mon vagin tranquille à un moment donné ? « Enfin j’espère que j’ai pas un quota de larmes à verser pour te faire plaisir, parce que je suis sensible mais vite fait quoi. » Non parce que s’il s’attend à ce que je chiale tout le film ça risque d’être compliqué, moi je suis pas habituée à faire des crises pour rien, enfin je suis pas insensible, mais je vais pas me rouler en boule non plus. Ce qui l’arrangera je pense, il y a rien de plus désagréable que d’entendre quelqu’un chialer durant un film.

Le Lamine que j’ai face à moi ressemble en rien à celui que j’observais jusqu’ici à travers un écran. Et ça me désole un peu, parce que les candidats me font ni chaud ni froid, il y en a quelques-uns que j’aime bien, mais je suis pas à fond dans l’émission, si j’avais pas un job à assurer je pense que je me contenterais des primes. Mais parmi les candidats qui restent, il y en a quand même un que je voulais rencontrer personnellement, sorte de petit objectif personnel pour faire l’animatrice qui prend son job à cœur, même si pour le coup rencontrer Lamine ressemble pas à une obligation, qu’on soit d’accord. Mais il est l’un des seuls que je pourrais soutenir si j’avais envie de dépenser mon fric. J’aime bien Imma aussi même si elle a l’air au bord du suicide, mais voilà, Lamine c’est Lamine, je pense qu’il y a moyen que le feeling passe bien entre nous. À condition qu’il soit réveillé parce que là il ressemble à un zombie et autant dire que c’est mort, oh oh. Du coup je me gêne pas pour lui demander si je le gêne vu que c’est un peu l’impression que j’ai. Bon, faut croire que je me trompe parce qu’il reste éveillé juste pour moi et qu’il fait de grands efforts. « Ah si, j’ai une petite idée quand même. » Oui, bon c’est pas hyper plaisant de le voir à deux doigts de s’effondrer, mais oui, du coup j’ai une petite idée des efforts qu’il fait vu qu’il arrive à parler, c’est déjà un bel effort. J’ai qu’à regarder sa tête de toute façon, on voit qu’il souffre quand même, le petit. Bon, au pire, je lui ai offert la possibilité de me dire si je gêne, il a l’a pas saisie, alors je compte pas dégager pour le laisser dormir. « Bon alors je pars du principe que je suis une privilégiée et tu vas pas me contredire. » J’ajoute, parce qu’il reste éveillé rien que pour moi. Rien me dit qu’il l’aurait pas fait avec quelqu’un d’autre, mais j’aime parfois me sentir plus important que je le suis vraiment, faut bien faire avec ce qu’on a. Et puis, il reprend la parole et c’est plus clair, on est sur la bonne voie là, ça peut donner quelque chose. Il s’excuse parce qu’il est crevé, ouais je m’en doutais un peu, du coup. Lamine veut que je le ranime au bouche-à-bouche s’il vient à perdre connaissance. Ben voyons. Il va vite le regretter. « Ouais, enfin, ça ressemble plus à une dernière volonté, vu mes talents de secouriste je suis capable de provoquer ta mort même si à la base t’es juste tombé dans les pommes. » C’est un petit mensonge vu que sans être un exemple d’adresse, je suis pas non plus maladroite au point de tuer quelqu’un, mais bon, je suis d’humeur à l’embêter, alors je continue sur la même voie. « Mais c’est entendu. » Je dis moqueuse, parce qu’il doit être vachement rassuré maintenant, et qu’il peut plus se rétracter du coup, c’est bête. Toute façon, je pense pas qu’on arrivera à ce stade vu qu’il va sûrement pas tarder à s’endormir, chose tout à fait flatteuse, évidemment. Heureusement que j’ai bien conscience que c’est pas moi qui l’ennuie, car même sans être susceptible c’est pas hyper agréable. Je me moque un peu de lui, je lui demande s’il veut une couverture, un oreiller ou même une berceuse, allez, je suis pleine de bonne volonté au point où j’en suis. Je risque probablement de lui casser les oreilles, mais s’il insiste, hein. « Je serais toujours à tes côtés, je peux pas t’abandonner, pas toi. » Je dis en exagérant la chose. Si je savais battre des cils sans avoir l’air ridicule, ce serait un gros plus, là. « J’irais chercher tout le matos nécessaire à la minute même où tu tomberas dans les bras de Morphée, tu vas voir, tu vas trop bien dormir grâce à moi. » Quand je l’aurais enveloppé dans une couverture et que me serais assurée qu’il risque pas un torticolis. « Je t’amènerais même quelques gâteaux pour que ton réveil se fasse en douceur. » Je suis prévoyante. Et presque crédible, vu que je suis hyper serviable, c’est bien connu. Je prends quand même la peine de le remercier pour avoir pris ma défense face à Shay, parce que bon, c’est sympa et je suis pas du genre ingrate. Et forcément la conversation dérive sur nos physiques disgracieux, on se comprend bien les deux, vu qu’on est les vilains petits canards de nos saisons respectives et encore, je me tape cette réputation encore maintenant en étant dans la team animateurs. J’ai une théorie qui explique que beaucoup s’arrêtent uniquement sur le physique. C’est juste que certaines personnes ne peuvent compter que là-dessus, vu que l’intérieur est bien pourri, il reste plus que l’extérieur, hein. « T’apprendras que j’ai jamais tort. » Faut qu’il garde ça dans un coin de sa tête, c’est hyper important. Et c’est pas du tout de la mauvaise foi, non, non, c’est tout à fait sérieux, hm. « Bah on va pas les plaindre vu qu’ils nous éclipsent. » J’ajoute, convaincue. Ouais, ces gens-là sont tellement beaux qu’on nous oublie nous, les moches, alors je vais pas commencer à pleurer parce qu’à un moment donné, ils n’auront plus rien, vu que ce sera enfin notre tour de briller. « Nous au moins on peut s’améliorer avec l’âge, eux, ils vont que se détériorer, la chute n’en sera que plus dure. » Ils partent trop haut, c’est foutu de se rattraper par la suite, tandis que c’est à notre portée. Non, vraiment, au final être moche c’est pas plus mal. Je précise quand même qu’il y a des nanas qui l’attendent à la sortie, il a son petit cercle de fans, mais monsieur est pas convaincu, il pense même que c’est juste parce qu’on le compare avec Richard Ramirez. Je vois vaguement qui c'est quand il me parle de tueur en série et je l’observe un instant, les yeux plissés. « Ah ouais maintenant que tu le dis. » C’est flippant. Non mais c’est les cheveux, ça fait tout, s’il se faisait la boule à zéro ce serait bon, il serait tranquille niveau comparaison. Bah du coup maintenant je suis plus sûre de ce que j’avance. Non mais si c’était des fangirl elle attendrait devant une prison pour être sûre de tomber sur un bon gros psychopathe comme on en fait plus, c’est clairement pas Lamine qui peut tenir ce rôle. « Mais non, c’est pas ça. Même Gekko il a des nanas à ses pieds, faut pas chercher plus loin, la télévision ça fait le même effet que si t’étais un vieux milliardaire. » Bon la comparaison est maladroite, je sais bien, mais il a compris le truc, hein. « Moi je te conseille d’en profiter à la sortie, peut-être qu’il y en a une qui va se démarquer, tu sais pas. » Puis dans le pire des cas ça lui fera toujours de la compagnie vu que certaines nanas n’attendent que ça. Ouais j’avoue, j’ai de la peine à le voir galérer avec Kira, faut que je lui trouve des solutions parce que clairement, c’est mort de ce côté-là. Et là il me demande tranquille si j’étais abonnée à la friendzone durant ma saison. Bah c’est pas parce que j’ai une sale gueule que je dois faire vœu d’abstinence ou que je fais fuir les autres, il y a quand même pire que moi, hein. Bon, j’ai pas couché dans l’émission parce que j’ai un peu d’estime pour moi et que ça aurait plus ou moins grillé mon secret si la personne était attentive, mais bon, c’est un peu rapide comme conclusion là. « Je sais pas si on peut dire ça vu que j’me focalisais pas trop là-dessus. » Si j’avais craqué pour quelqu’un on pourrait dire que j’étais abonnée à la friendzone vu que j’étais clairement pas en haut du classement des candidats canon du nid, mais ça va, je m’étais faite à l’idée. Mais moi je venais pour m’amuser, donc je suis pas un exemple niveau friendzone vu que ça me faisait ni chaud ni froid de plaire à personne. « Enfin bon, je suis désolée de te le dire, mais j’avais quand même un peu plus d’avance que toi de ce côté-là. » Je crois que j’ai embrassé un type une fois pour rigoler, je sais plus lequel, mais je me souviens surtout d’avoir embrassé Amy histoire de tester le truc, c’était pas désagréable d’ailleurs. Alors ouais, désolée pour lui, mais j’ai une longueur d’avance, parce que je crois pas qu’il en soit arrivé là. C’est pas pour rien que je lui parle des nanas qui l’attendent à la sortie, il pourra évacuer sa frustration, car je suis pas dupe, j’ai bien compris qu’il rêvait de pécho la petite Kira, hein, c’est aussi évident que le nez au milieu de la figure. Enfin bref, assez parlé de nos petites aventures amoureuses inexistantes, j’ai fait le pop-corn alors il va gentiment nous choisir un film, hein. Je m’approche plus de cette console, faut pas déconner, je suis indulgente et franchement relax, mais là je sens que je pourrais pas compter sur ma patience légendaire. Il me propose The Fall, je suis moyennement chaude quand même parce que j’ai cru comprendre que c’était le truc parfait pour se tirer une balle, un peu déprimant quand même, et c’est pas dans ma nature de déprimer, donc bon. J’ai touché un point sensible je crois, au moins maintenant je sais qu’il faut pas que je déconne sur ce film et que j’ai tout intérêt à l’apprécier. « Roh, ça va, je  te fais confiance. T’es mal luné quand t’es fatigué, hm. » Je glisse l’air de rien. Pour preuve, je lui fais tellement confiance que j’accepte sa proposition. Non mais toute façon je suis pas une grande cinéphile alors c’est pas difficile de trouver un film qui me convienne. Je passe outre sa remarque sur mon vagin inexistant – enfin plus maintenant. Qu’il se rassure, oui, j’ai des émotions. Mais je préfère lui demander si j’ai un quota de larmes à fournir, que je sache si j’essaie de me crever un œil au milieu du film si j’ai pas assez pleuré. Mon œil peut respirer, j’ai pas de quota à fournir, tout le monde est content. « Ah parfait, parce que je suis pas une actrice née donc je peux pas pleurer sur demande pour respecter un quota. » Me retenir de pleurer c’est dans mes cordes et ça m’arrange bien comme option, c’est certain. Lamine se lève et je peux pas m’empêcher de rire quand je le vois se diriger péniblement vers la console. Limite faut lui lancer une corde pour le sauver, il est au fond du trou le pauvre. Et puis voilà que monsieur râle, tiens, ça faisait trois bonnes minutes. Je l’écoute, mais je réponds pas, je hoche vaguement la tête pour lui faire comprendre que je compatis à sa douleur – alors que pas du tout – mais comme je suis sûrement à l’origine du problème, je vais éviter de me mettre en avant. Sait-on jamais, j’aimerais autant sortir de ce cinéma vivante. « Je te proposerais bien de t’aider, mais la technologie c’est vraiment pas mon truc. » Je dis finalement, pour pas paraître suspecte. En fait je me débrouille vite fait, quand ça concerne des machines à impression, je peux les remettre en route en deux temps trois mouvements, mais un truc aussi sophistiqué, non, parce que j’ai jamais vu un truc comme ça de ma vie, je me contente de mon lecteur dvd en principe. « À la rigueur je peux t’offrir mon soutien mais je suis pas certaine que ça change grand-chose. » Et vu son humeur, j’en doute sérieusement. « Je te dirais bien de me raconter le film sinon, mais bon, tu vas t’endormir au milieu de ton récit et ça craint de pas avoir la fin. » J’aime autant avoir l’histoire complète. « Hé, dis-moi, ça paie bien gamer pro ? » Ouais, ça sort de nulle part, mais ça m’intrigue. Parce qu’animatrice, je pense pas que ce soit un job d’avenir et comme je sais pas si je retrouverais un boulot dans le graphisme, faut déjà que je me cherche une reconversion, je vise loin. Bah je pense pas que ce soit à ma portée gameuse pro, mais je peux toujours rêver, ce serait assez cool comme job. Et puis bon, j’ai bien compris que Lamine se sentait sous-estimé par rapport à son métier, alors j’essaie de l’aider, et puis c’est de bon cœur, je trouve ça assez fun comme activité.

Spoiler: