“ you got to lose to know how to win ”

w/@gekko

C'est parce qu'Allen avait souvent tendance à faire les choses au dernier moment qu'il avait aujourd'hui décidé de profiter de son après-midi pour ranger ses affaires, parce que le prime aurait lieu d'ici deux jours et que se connaissant, il allait mettre un petit moment à remettre la main sur l'ensemble de ses fringues. Il faut dire que s'il avait au début du jeu pris soin de garder sa partie du dressing parfaitement bien rangée, un certain désordre avait fini par y régner, parce qu'il avait eu d'autres choses à penser, au fil des semaines, qu'à ranger son compartiment chaque fois qu'une chemise n'avait pas été rangée à sa place. Il se réjouissait d'ailleurs du fait que Mylah n'ait jamais mis le nez dans ses affaires, parce que la connaissant, elle se serait très certainement fait un devoir de mettre un peu d'ordre là-dedans. Mais maintenant que la fin du jeu était toute proche, il était grand temps de s'intéresser un tant soit peu à l'état de sa petite penderie, auquel cas il en serait encore à trier ses fringues dans deux mois. Ce n'était toutefois pas parce qu'il prévoyait forcément de quitter le nid à l'issue du prime, en cas d'élimination, qu'il commençait à remplir sa valise. Après tout, qu'il atteigne ou non la finale, il était à peu près certain qu'il aurait envie de soutenir les candidats qui auraient cette chance, étant en bons termes avec l'ensemble des demi-finalistes. Il avait simplement envie d'être prêt au cas où, c'était en quelques sortes psychologique. Mais voilà qu'alors qu'il avait passé plusieurs minutes à trier la plupart de ses vêtements, le canadien fit un bien étrange constat : son compartiment paraissait beaucoup plus rempli qu'au tout début du jeu, si bien que lorsqu'il imaginait sa valise remplie, il tendait à penser qu'elle ne fermerait jamais. C'est ainsi ce qu'il ressentit le besoin de partager avec le premier candidat qui franchit la porte du dressing. « Comment est-ce que je peux me retrouver avec plus de fringues que lorsque je suis arrivé ? » C'était là toute la question, et s'il osait, il missionnerait son camarade d'y répondre en un essai de deux copies doubles. Quoi qu'à bien y réfléchir, s'agissant manifestement de Gekko, il allait peut être oublier. « Je devrais peut être vérifier que je n'ai pas rangé par erreur des affaires qui ne m'appartiennent pas. J'ai déjà pu constater que Lamine était possessif avec ses slips et ses paires de chaussettes, alors ça n'est pas la peine de prendre le risque de me le mettre à dos pour si peu, surtout à ce stade. » Il est clair que ce serait d'autant plus dommage que l'aventure touchait à sa fin et que ça n'aurait pas de sens de se faire un ennemi maintenant alors que jusqu'à présent, il était parvenu à cohabiter avec tout le monde. « Au fait, félicitations. Je suis content pour toi. » Il avait en tout cas ajouté, après s'être tourné complètement vers son camarade, un large sourire aux lèvres. Il voulait bien évidemment parler de la place en demi-finale de Gekko, qui d'après lui était méritée. Il savait que tout le monde n'en penserait pas la même chose, ayant cru comprendre que le candidat n'avait pas fait que des satisfaits sur le prime, mais le principal était que lui l'appréciait suffisamment pour que ses propos soient tout à fait sincères.

Ranger n'était pas une chose que le canadien avait en horreur, il était même relativement ordonné et ne pourrait décemment pas vivre dans une porcherie où les fringues joncheraient le sol. Pour autant, il avait laissé un certain désordre s'installer dans sa partie du dressing, parce qu'il avait préféré se concentrer sur d'autres choses durant les semaines qu'il avait passé ici. Alors bien sûr, aujourd'hui il regrettait très légèrement de ne pas avoir fait preuve de plus de rigueur à ce niveau-là, car tandis qu'il avait passé brièvement en revenue la plupart de ses fringues, il lui était apparu évident que quelque chose clochait. Et pour cause, il avait l'étrange impression d'avoir plus d'affaires que lorsqu'il était arrivé, ce qui aurait été logique s'il avait fait les boutiques durant son aventure, mais il est évident que ça n'avait pas été le cas. Alors oui, ce constat l'étonna grandement, il en fit d'ailleurs part au premier candidat qui poussa la porte du dressing, ne notant qu'après coup qu'il s'agissait de Gekko. Son camarade supposa qu'il pouvait s'agir d'un manque d'organisation, et il soupira doucement. « J'admets ne pas avoir mis de l'ordre dans mes affaires aussi souvent que je l'aurais du » confessa-t-il alors, parce qu'il n'irait jamais prétendre qu'il avait passé des journées entières à tout ranger alors qu'il avait plutôt retardé ce moment. Gekko, en tout cas, disait avoir le même nombre de fringues qu'au départ, ce qui l'amusa. « Ça veut dire que tu avais fait un premier inventaire de tes affaires en arrivant ? » Il semblerait, puisqu'il avait forcément comparé ses comptes avec ceux qu'il avait effectué plusieurs semaines plus tôt. « Remarque, pourquoi pas après tout. Je suis sûr que certains sont allés jusqu'à broder leurs initiales sur chacun de leurs vêtements. » Il lâcha un léger rire, car sans avoir l'intention de juger qui que ce soit, c'était le genre de choses qui lui paraissaient facilement absurdes. Peut être parce que lui ne ferait pas une maladie d'égarer l'un de ses vêtements. Ce n'était pas comme s'il avait beaucoup de choses de grandes valeurs, après tout. Le canadien en profita en tout cas pour féliciter son camarade, parce qu'il se réjouissait du fait que Gekko ait atteint la demi-finale, c'est honnêtement ce qu'il lui souhaitait. La réplique de son camarade l'amena toutefois à se pincer la lèvre. « Le principal, c'est que le public t'ait voulu en demi-finale. A ce stade, je crois que l'opinion des uns et des autres n'importe plus vraiment. » Il avait bien vu que la façon dont Gekko avait choisi  de répondre à son dilemme avait déplu, dimanche soir. Lui, il ne l'avait pas trouvé particulièrement injuste, ou disons plutôt qu'il s'était mis à sa place. Mais d'une façon plus générale, c'est vrai qu'à ce stade c'était surtout l'avis du public qui comptait. Continuant en tout cas son rangement, il fut clairement étonné de voir son camarade se saisir d'un caleçon qui apparemment lui appartenait. « Te serais-tu trompé dans tes calculs ? Moi qui te pensais infaillible ! » s'amusa-t-il alors, parce qu'il repensait forcément au moment où il lui avait dit avoir scrupuleusement fait le tri. Allen hocha en tout cas à la tête au conseil que lui donna son camarade. « Oui, je pense aussi que ça vaut mieux. » C'est donc sur ses mots qu'il vérifia avec attention que ce qu'il avait rangé était bel et bien à lui, car à vue d’œil c'était difficile de se rendre compte, mais en se concentrant, ça devenait possible. La preuve ici. « Tiens, ce jogging n'est pas à moi » s'exclama-t-il en notant la présence d'un bas de survêtement inconnu au bataillon. « J'ai des pantalons en toile, en coton, et même quelques jeans, mais absolument rien de ce genre. » Tout simplement parce que ça n'était pas son genre, il n'était pas particulièrement sportif, et pas davantage sensible à la mode qui voulait qu'on porte des joggings à toutes les sauces. « Olala, j'espère qu'il n'appartient pas à un candidat qui a quitté le jeu plusieurs semaines plus tôt. Ou, si c'est le cas, qu'il est revenu depuis. » Parce que dans le cas contraire, le candidat en question risquait de le chercher longtemps. C'était en tout cas assez incompréhensible qu'un vêtement de ce genre ait atterri dans ses affaires, mais c'était de sa faute, il l'aurait vu plus tôt s'il n'avait pas autant attendu pour faire du tri.